[Suivi lecture] Claire C

 
  • Ciboulette

    Tourneur de pages compulsif

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    #611 02 Septembre 2024 20:04:59

    Je ne connaissais pas Sismique, ni Olivier Hamant, ça a l'air très intéressant, merci pour la découverte.
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #612 04 Septembre 2024 20:47:57

    Je remonte un peu : je crois que je relirai avec plaisir (enfin façon de parler) A l'ouest rien de nouveau même si la suite n'en est pas vraiment une. C'est un bon souvenir de lecture ado pour moi.
    Et merci pour la référence du podcast.

    Bon courage pour Thoreau, je suis entièrement d'accord avec ce que tu as écrit sur la LC.
    Bonne lecture :)
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #613 08 Septembre 2024 18:22:29

    Coucou ici !

    A Ciboulette et My : Trop contente si je vous ai fait découvrir quelque chose !
    Et ça me fera plaisir de lire tes avis sur Remarque pour une lecture ou une relecture, My !

    ***

    Je viens de terminer Les armoires vides, d'Annie Ernaux (lien BBM).

    <image>J'avais besoin d'une lecture intense ces jours-ci.
    Je me suis un peu empêtrée dans des lectures qui m'énervent assez fort parfois (entre Walden et La vie secrète des arbres), je n'en dis pas plus pour l'instant pour la seconde, du coup comme mon temps de lecture est très limité, j'ai carrément fait une pause.

    J'ai pioché dans ma petite pile d'Annie Ernaux, au moins je sais que ses mots m'accrochent. Et bien je ne suis pas déçue, j'ai été secouée par ce livre comme d'habitude.

    Elle se pose la question ici de l'origine de sa haine pour ses parents, sujet tout ce qu'il y a de plus léger, c'était parfait pour moi. Même si j'avais choisi celui-là pour ne pas me plonger dans l'Evénement, qui m'attend aussi. En effet, je n'avais pas envie de lire son avortement, ça me paraissait trop chargé pour moi en ce moment. Et bien on y a droit quand même dès les premières pages... Dans tous les livres que j'ai lu d'elle, elle en parle d'ailleurs, j'aurais dû m'en douter.

    Je commence à bien connaître sa vie, parce que ses livres se recoupent souvent. J'aurais préféré un découpage avec moins d'intersections dans ses récits, mais bon, j'ai toujours plaisir à la lire. La violence de ses mots et des situations me parle, me secoue.

    Je reste malgré tout un peu interrogative sur la fin de ce livre, je ne sais pas trop où elle voulait en venir. Peut-être qu'il faut que ça repose et que ça mûrisse dans ma tête.

    Dernière modification par Claire C (17 Septembre 2024 09:10:03)

  • Livrepoche.fr (Nicolas)

    Lecteur professionnel

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    #614 08 Septembre 2024 18:35:02

    Je crois que c'est pour ça que je retourne pas vers Annie Ernaux, j'ai cette sensation que je vais relire ce que j'ai déjà lu. Et comme je ne suis pas une femme, (mais quand même un homme ouvert, à l'écoute de sa féminité et du ressentie de femmes) elle ne me parle pas.
  • Ciboulette

    Tourneur de pages compulsif

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    #615 08 Septembre 2024 20:18:05

    Il faudrait que je relise Annie Ernaux, j'avais lu La place il y peut-être 20 ans, je crois me souvenir
    que j'avais bien aimé mais je n'ai pas trop aimé l'Occupation. Dernièrement j'ai regardé son film Les années super 8
    qui a la sincérité et la beauté simple de son style.
    Et oui, on fait des découvertes avec toi :ok:

    Dernière modification par Ciboulette (08 Septembre 2024 20:18:31)

  • Claire C

    Passionné du papier

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    #616 08 Septembre 2024 20:36:34

    Je comprends ton ressenti Nicolas. Je t'avoue que même si je suis une femme, je ne comprends absolument rien à sa vision de la féminité ni de la sexualité.
    Au moins je découvre un autre point de vue que le mien !
    Ce qui me touche surtout dans son écriture, c'est sa sincérité (comme tu le dis très justement Ciboulette), et son histoire sociale. Elle est capable de dire l'envers du décor, et j'aime la manière dont elle le fait. Sa vision de l'école, du regard des gens, la confrontation de deux milieux sociaux avec le vocabulaire qui va avec, ça me pénètre énormément.

    Oh, je ne savais pas qu'elle avait fait un film ! Je vais regarder ça !! Merci Ciboulette !
    Je fais aussi des tas de découvertes grâce à vous :pink:.
  • Ciboulette

    Tourneur de pages compulsif

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    #617 13 Septembre 2024 18:38:09

    Claire C a écrit

    Je comprends ton ressenti Nicolas. Je t'avoue que même si je suis une femme, je ne comprends absolument rien à sa vision de la féminité ni de la sexualité.
    Au moins je découvre un autre point de vue que le mien !
    Ce qui me touche surtout dans son écriture, c'est sa sincérité (comme tu le dis très justement Ciboulette), et son histoire sociale. Elle est capable de dire l'envers du décor, et j'aime la manière dont elle le fait. Sa vision de l'école, du regard des gens, la confrontation de deux milieux sociaux avec le vocabulaire qui va avec, ça me pénètre énormément.


    Tout à fait d'accord pour l'envers du décor, on le voit un peu dans son film : ses difficultés à écrire, par exemple, alors que ses enfants
    font du bruit à côté et qu'elle continue à donner des cours. Quant à sa vision de la sexualité, j'avais été assez décontenancée par
    L'occupation, je me disais souvent que je voyais les choses de manière totalement opposée :D

    Je vois par ailleurs que tu n'as pas fini La vie secrète des arbres, j'attends ton avis et pour l'instant :chut:

    Dernière modification par Ciboulette (13 Septembre 2024 18:39:34)

  • Exuline

    Petit rat de bibliothèque

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    #618 16 Septembre 2024 10:31:41

    Bonjour Claire,

    Après avoir lu l'événement et n'avoir pas été vraiment séduite, je ne suis pas non plus persuadée d'y retourner et pourtant le thème "Elle se pose la question ici de l'origine de sa haine pour ses parents" doit être intéressant.
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #619 16 Septembre 2024 18:09:21

    Je n'ai jamais lu Annie Ernaux et ce que vous dites me rend très dubitative : à la fois un peu curieuse de voir de quoi vous parlez mais en même temps sans avoir vraiment envie d'essayer :lol:

    Bonne semaine Claire :)
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #620 21 Septembre 2024 14:43:38

    Coucou ici !

    A Ciboulette : ah, contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir des vues différentes d'Annie Ernaux sur la sexualité ! Je vais aller jeter un oeil au synopsis de l'Occupation.

    A Exuline : oui, c'est passionnant, même si sans surprise, elle explique beaucoup cela en termes de classes sociales et donc avec le prisme sociologique.

    C'est vrai My que c'est particulier Annie Ernaux (je ne sais pas pourquoi, je l'écris toujours Ernoux, ça fait plusieurs fois que je me reprends), mais moi ça me touche beaucoup. Sans doute parce que ma mère a vécu ce changement de classe, et moi à un degré moindre. Donc elle met des mots sur des ressentis non compris de mon histoire familiale. J'avais lu aussi Retour à Reims de Didier Eribon, qui m'avait aussi beaucoup touchée. Mais j'avoue que j'aime particulièrement la sociologie.

    ***

    J'en ai enfin terminé avec La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben (lien BBM).

    <image>Et... c'est une déception ! En résumé, j'ai conseillé à mon chéri de ne lire que le premier et le dernier chapitre. Il voulait le lire en entier, mais mes commentaires au fil des jours lui ont passé cette envie.

    Je recopie en partie ce que j'ai écrit ce matin sur le Book Club au sujet de ce livre (je vois plutôt des avis très positifs sur ce bouquin d'ailleurs...). Attention pavé !

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Le premier chapitre m'a vraiment emportée, découvrir des relations de soutien, d'amitié entre les arbres, m'a fait plaisir et a ouvert plein de portes chez moi qui côtoie beaucoup des arbres. Mais hélas, j'ai des reproches assez durs à faire à cet auteur.

    Déjà, on ne sait pas souvent de quoi il part, s'il nous dit ses propres élucubrations ou s'il part d'études, donc j'avoue que je ne savais pas vraiment si je pouvais donner foi à quoi que ce soit de ce qu'il racontait. Quand il parle de ses observations personnelles et des conclusions qu'il en tire ça me va, ou de certaines études précises, c'est très bien, mais tout le temps où il dit "les arbres ci, les arbres là", je ne sais pas quoi en faire ni quoi en penser.

    Un deuxième reproche : je trouve que cette lecture ne donne pas tant que ça envie d'aimer les arbres. Déjà il dit qu'il sont stupides avec un idéal de compétition aveugle, merci pour eux. De toute façon le récit est tellement anthropomorphique que je ne peux pas y donner du crédit. Et puis on dirait que ce n'est qu'une lutte à mort avec des espèces, des champignons, des animaux et des insectes qui ne cherchent tous qu'à s'entretuer. Ou, au mieux, s'en foutent royalement les uns des autres. On a l'impression que les arbres sont toujours dans des conditions terribles selon lui. Je n'aime pas ce point de vue même si cela relève pour chacun de son intime conviction. Cela m'a donné une impression de tension et de malaise tout au long de ma lecture.

    J'ai trouvé aussi le récit complètement fouillis, parfois il y a des contradictions, certains passages sont redondantes, je n'ai rien compris au chapitrage ni à l'ordre des idées présentées. C'était le grand bazar pour moi et cela ne m'a pas mise à l'aise.

    Je suis d'accord qu'un peu de respect pour ces êtres ne ferait pas de mal, aussi bien dans les villes, que dans les forêts, les jardins, les campagnes, mais je ne suis pas sûre que son livre soit vraiment un appel à cela. Je n'ai ressenti ni d'admiration ni de profond respect ne d'émerveillement de cet auteur quand il parle des arbres, et même de la nature en général.

    Comment citer avec aplomb des études scientifiques aussi terribles que celui qui a pulvérisé de l'insecticide sur le tronc d'un trop grand arbres pour voir qui se trouvait dessus ? Comment valoriser ces horreurs sous prétexte que c'est de la "recherche" ? Quand cessera-t-on d'être intouchable parce qu'on est "chercheur" ? Ne peut-on pas apprendre à respecter l'environnement aussi et à l'étudier dans les seules limites où on ne fait pas de dégâts ? Bon, ce point dépasse largement le cadre de cet ouvrage j'en conviens. Et le point de vue de l'auteur sur la recherche n'est pas très cohérent. A la fois il voudrait qu'on mette un arbre entier dans un laboratoire en prônant la moindre intervention humaine sur les arbres. Et ensuite il n'hésite pas à dire qu'il est opposé aux conclusions de la recherche, notamment en ce qui concerne le lierre...

    Je ne sais pas si ça vous a fait le même effet que moi, mais j'ai fait une overdose du mot "houppier". Je l'avais déjà entendu avant, mais peu, et le fait de le lire quasiment à chaque page m'a carrément dégoûtée pour un bon moment de ce mot !

    Quelques points plus positifs pour finir quand même :

    J'ai quand même appris des choses à cette lecture, surtout quand je pouvais comparer avec ce que j'observe dans mon jardin-forêt. En effet, nous avons une géante maman chêne, et sous elle, comme je ne tond pas, il y a des milliers de bébés qui... ne grandissent pas d'année en année. C'est une pelouse de petits chênes, et c'est assez impressionnant, je comprends mieux maintenant. Pareil sous une grande maman sapin, même si ce n'est pas la mêm envergure, il n'y a que quelques petits sapins comparé au milliers de chênes.

    Et je croyais naïvement que les sapins pousseraient plus vite que les chênes. Dans mon jardin, ce n'est pas vrai. A la lumière, ils sont a égalité voire les chênes sont plus rapides. Je comprends du coup que c'est un mélange de plein de conditions qui font la rapidité de la poussée et pas seulement une définition selon les espèces.

    Je confirme aussi la formidable résistance d'un bouleau qui est venu s'implanter tout seul en pionnier dans un coin pas évident et qui contribue à le transformer.

    Quand je me suis installée sur le terrain, il y avait un petit endroit qui faisait une mini forêt de sapins (douglas ?) plantés là par l'homme. Avec les sècheresses de ces dernières années et les vents violents, ils sont quasiment tous morts. J'observe comment cette partie du terrain maintenant exposée à la lumière se repeuple. Les ronces sont les premières sur les lieux, et les essences locales qui ont eu le temps de les dépasser s'imposent progressivement. Il s'agit chez moi du robinier, de frêne, du chêne, du sureau et du cerisier sauvage. C'est passionnant d'observer progressivement les transformations d'année en année de la végétation avec plusieurs microcosmes très différents.

    J'ai aussi aimé le fait qu'il avoue qu'on ne comprend toujours pas bien comment les arbres respirent, je ne savais pas qu'on n'avait pas encore tout percé à jour, et cela me plait. J'ai bien aimé l'idée de s'ouvrir à ce qu'on ressent en présence d'arbres ou de forêts, mais c'est encore une fois très spéculatif et peu développé.

    J'ai aussi pu mieux comprendre l'action des fourmis que je vois régulièrement élever des pucerons sur les branches basses des chênes, et aussi des fourmis qui sont très présentes sur les cerisiers. Je ne comprenais pas pourquoi sur ces espèces là particulièrement.

    Pour finir j'ai aimé ses explications sur l'importance de la forêt sur le climat et les précipitations notamment. Le dernier chapitre était aussi agréable et je ne peux qu'être d'accord avec lui sur l'entièreté de son propos dans ces pages. Ouf. Oui, laissons vieillir nos forêts !



    ***

    Pour me détendre et relativiser un peu (à chaque fois que je le lis je savoure le fait que notre pays soit en paix, c'est tellement précieux !), je lis quelques chapitres des Essais de Montaigne, c'est toujours un plaisir. En ce moment il traite de la lâcheté (doit-on systématiquement tuer ceux qui ont fui le combat ou qui ont survécu à une défaite ?) et de la peur. A voir si après cette pause bienfaisante de quelques pages j'ai le courage de reprendre Walden ou si je poursuis d'autres aventures...

    Dernière modification par Claire C (21 Septembre 2024 14:52:56)