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Avant de donner mon avis, j'adresse un avertissement aux plus jeunes car ce livre comporte des éléments et des thèmes qui peuvent heurter leur sensibilité. Je ne ressors pas avec un coup de cœur mais j'ai apprécié ma lecture qui sort un peu de mes sentiers battus, des thèmes que je peux lire habituellement. C'est vraiment un roman graphique riche et instructif.
Évoquons tout d'abord les dessins, la couleur, l'esthétisme pour résumer. Je dois dire que je ne suis pas très fan du style de dessin mais ce n'est qu'une question de goûts. En revanche, je dois bien reconnaître ce style va bien avec l'histoire. Livio Bernardo, le dessinateur, fait des choix audacieux avec des corps anguleux, des lignes soit audacieuses, soit hésitantes. C'est fouillis mais les expressions se voient bien dans les visages. C'est un style original et très stylisé, j'aime le fait que le dessinateur assume son style que nous aimons ou non. J'ai tendance à voir dans ce graphisme une forme de caricature en exagérant les traits de nos divas trans soumises à l'oppression. En tout cas, ce style est cohérent avec cette créativité exubérante de l'époque puisque les muses de ce livre sont celles d'Andy Warhol. Nous sommes alors bien dans cette culture pop underground par l'esthétisme.
Quant aux couleurs, j'aime beaucoup le choix de couleurs qui renforce clairement ce monde pop. Les dessins sont d'un côté en noir et blanc pour les personnages, rappelant l'underground. D'un autre côté, nous retrouvons une couleur dominante en fond pour la créativité : bleu, orange, jaune, rose... Toutes les couleurs renvoient directement à la culture pop comme on l'entend, j'adore !
Concernant la structure du livre, elle se veut évolutive et chronologique. En effet, on suit l'histoire de Candy Superstar qui ne part de rien dans les années 60 jusqu'aux années 70, c'est-à-dire au sommet de sa gloire. On la suit sur plusieurs années avec ses deux copines. Dès lors, la structure est totalement logique et cohérent surtout qu'une part biographique est présente même si elle est romancée.
Pour conclure, je ne suis pas fan de l'esthétisme mais je dois reconnaître que ce style nous plonge bien dans la culture underground pop avec cette palette de couleurs. Il y a beaucoup d'audace et d'originalité qui renforcent l'esprit et l'univers de ce roman graphique.
Poursuivons la chronique en analysant cette BD en profondeur. Les auteurs ont parfaitement réussi à nous plonger dans le New-York des années 60-70 où les mœurs se libèrent par les queers, les trans, l'homosexualité, entre autres, qui sortent. Pourtant, cette libération à la fois sociale et créative se retrouve freiner par des règles, par une société divisée. En effet, la police n'hésite pas à les arrêter, on refuse de leur fournir de l'alcool ou on les vire de manière arbitraire de leurs emplois : on est clairement dans du puritanisme. On se retrouve vraiment dans une société remplie de contradictions avec ce puritanisme et cette liberté à la fois ; je dois dire que les auteurs ont su nous représenter ce contexte socio-politique et historique par le dessin, par cette ambiance qui incarne l'effusion artistique avec le Factory qui n'est autre qu'un atelier d'artistes, tout en montrant la misère humaine avec la drogue, la prostitution, la précarité, les règles. C'est clairement le New-York underground. J'aime également les évènements historiques qui sont évoqués comme la tentative d'assassinat d'Andy Warhol pour ne citer qu'un exemple. Maintenant, je vais rentrer dans l'intrigue en profondeur. Nous suivons Candy, Holly et Jackie qui sont des femmes trans et qui veulent devenir des étoiles, des célébrités. On suit dans leur quotidien tant privé que professionnel avec les jugements, la liberté qui s'y mêlent. Il est clair qu'on les suit dans leur vie nocturne où la libération a véritablement lieu. On assiste à leur lutte pour vivre totalement et pleinement comme n'importe qui, on constate une sacrée sororité. C'est clairement le thème de ce livre : la sororité. Certes, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages mais je reconnais qu'ils se démarquent de cette société conservatrice et s'assument pleinement quitte à subir des conséquences injustes. Je ne connaissais pas vraiment les muses d'Andy Warhol mais j'ai pu les découvrir même si leur histoire est romancée, certains éléments sont véridiques mais c'est surtout l'atmosphère, la difficulté d'être queer, trans dans une société qui commence à s'émanciper. En outre, j'adore cette effusion créatrice que nous avons tout au long du livre entre les figures de la pop culture (Andy Warhol, Lou Reed...), les différents arts, etc. J'adore ! En revanche, j'ai rencontré des difficultés à suivre l'histoire car je me suis perdue plusieurs fois entre les différents personnages et leur histoire, c'était un peu décousu pour moi. Concernant les thèmes, nous avons énormément de thèmes aussi divers que variés. J'aime beaucoup les thèmes proposés qui poussent à la réflexion comme la question de l'identité tant individuelle que sexuelle qui est clairement au cœur de ce roman graphique. Ce thème permet d'aborder tout le processus créatif et l'engagement politique. Je reviens sur la création artistique car c'est l'autre sujet majeur de ce livre. On a vraiment l'art dans tous ses états puisque la culture pop s'impose, le cinéma est mis en avant comme les comédiens...
Nous avons donc une histoire qui nous plonge bien dans les années 60-70 à New-York avec cette libération des mœurs malgré un puritanisme encore bien ancré, la création artistique à foison. C'est une histoire profondément humaine avec cette solidarité. La communauté LGBTQIA+, plus précisément les queers et les trans, est bien représentée par les muses d'Andy Warhol dans un récit romancé avec des éléments biographiques.
Pour conclure, cette lecture était particulièrement intéressante dans cette culture underground pop. Elle met bien en avant la création artistique et la libération des mœurs par la lutte des trans, des queers pour battre le puritanisme. Chacun est ce qu'il veut être et faire ce qu'il veut, c'est une lecture très inspirante et dépaysante en retrouvant des figures de la pop culture (Lou Reed, Andy Warhol) et en reprenant des évènements historiques ou des personnages qui ont réellement existé. Les choix d'esthétisme sont audacieux même si je n’en suis pas très fan et je me suis souvent perdue dans l'histoire. C'est une lecture intéressante mais pas un coup de cœur.