Petite nature, tome 3 : Prêt à tout
Jean-Christophe Chauzy et Barrois2009

Suite des mésaventures de J.C, double de papier de l’auteur, Jean-Christophe Chauzy. Ou comment être un grand échalas très éloigné de l’image habituelle du héros de BD et, pourtant, se révéler l’un des personnages les plus drôles et les plus décalés de la bande dessinée contemporaine…

A priori, être grand, dégingandé et dégarni n’est pas contradictoire avec le statut d’auteur de bande dessinée. Cela peut même constituer un atout. Prenez Jean-Christophe Chauzy, par exemple. Voilà un type qui correspond pile poil aux critères énumérés un peu plus haut. Eh bien, il n’hésite pas à en tirer profit dans ses albums, où il se met en scène dans le rôle du quadra urbain, dessinateur de BD de son état, célibataire (mais en charge de deux ados) et en quête permanente de la complice féminine idéale. Enfin, n’allons pas trop vite, tout de même : le personnage que dessine Jean-Christophe Chauzy n’est pas vraiment Jean-Christophe Chauzy. C’est un alter ego de fiction, avec toute la distance de rigueur entre l’auteur en chair et en os et son double de papier. D’ailleurs, le « héros » (les guillemets sont de rigueur) ne se prénomme pas Jean-Christophe, mais tout simplement J.C. pour éviter toute confusion… Voilà déjà quelques années que Chauzy s’amuse – et le lecteur avec – à raconter les mésaventures contemporaines d’un grand échalas à la taille improbable confronté à des situations pour le moins inattendues. Dans ce troisième tome de la série Petite nature, réalisé en collaboration avec Anne Barois, J.C. n’a pas renoncé à rencontrer la femme de sa vie. Et il est même prêt à affronter toutes les épreuves nécessaires. Comme, par exemple, s’inscrire sur Facebook, accepter de se faire « relooker » et de se faire coiffer par Pedro, sculpteur de mèches de son état (surtout, ne pas dire à Pedro qu’il est « coiffeur », il déteste), s’offrir une séance de Vibroplate (« un corps de rêve sans effort », annonce la pub… tu parles !) ou participer à une démonstration d’éducation sexuelle (qui tournera mal, forcément) au collège de l’un de ses fils… J.C., tout comme Chauzy, possède une qualité essentielle : il est drôle. Malgré lui, d’accord, mais drôle tout de même. On espère que, dans la vraie vie, le vrai Jean-Christophe Chauzy n’est pas confronté aux mêmes galères. En même temps, on se dit qu’elles lui donnent peut-être l’occasion de se dessiner avec autant de sincérité et de réalisme dans les situations les plus inconfortables - pour le « héros » - mais tellement irrésistibles pour le lecteur, qui pense avoir enfin trouvé un type encore plus maladroit et à côté de la plaque que lui… En tout cas, et même si on ne sait rien de la véritable existence de Chauzy, on espère, de manière très égoïste, que J.C. continuera à galérer pour notre plus grand plaisir de lecteur…