#682 14 Avril 2020 10:34:17
Coucou !
J'ai à peine lu hier. J'ai donc la chance de pouvoir rattraper mes lectures sans devoir ajouter de nouvelles. Pfiou !
Damp dezhi !
<image>Pour le book club de ce mois d'avril, j'ai lu L'Histoire sans Fin de Michael Ende (Fiche BBM).
Avis : J'ai reçu ce livre dans un SWAP il y ... 5 ans. Cela vous donne une idée du temps que peut passer un livre dans ma PAL, et c'est loin d'être le plus ancien... Je m'en souviens assez bien, j'étais intriguée et contente de l'avoir reçu. Et oui, je ne connaissais pas du tout - jamais entendu parlé - l'Histoire sans Fin. Je découvre seulement que c'est une histoire qui a accompagné beaucoup d'enfants, notamment grâce à son adaptation en film. Je le regardais souvent sans trouvé plus que ça l'envie de le lire vraiment. Il me manquait l'impulsion. Le Book club s'en est chargé.
J'ai littéralement a-do-ré la première partie. Je trouve très chouette l'idée du jeu entre le lecteur et l'histoire. C'est bien construit et le livre est une véritable plongée dans le merveilleux. La deuxième partie m'a moins emballée mais je dois reconnaître qu'elle est nécessaire pour nous amener à cette magnifique fin. J'ai été émue comme je ne le suis pas souvent à la lecture d'un livre. C'est beau. Je comprends parfaitement son statut de classique de la littérature jeunesse. C'est le genre de roman qui me donne envie d'avoir des enfants pour pouvoir leur lire :D
L'écriture est soignée tout du long et le récit est méticuleusement construit. Jusqu'au détail que je n'ai pas remarqué tout de suite : Chaque première lettre de chapitre est une lettre de l'alphabet dans l'ordre. Un sacré casse-tête pour la traduction sans doute. Je m'en suis d'ailleurs rendu compte au chapitre 11 dont la première phrase me paraissait un peu bancale. Elle dénotait par rapport au reste du texte. Dur dur en effet de trouver quelque chose avec le K ! J'en profite pour féliciter le travail d'édition. L'objet-livre est superbe.
Bref, un très beau roman qui rejoint Le Petit Prince de St Saint-Exupéry et Tistou les Pouces Vert de Maurice Druon dans la listes des livres que je lirai à mes enfants (ou neveux et nièces en désespoir de cause !).
<image>La dernière lecture que je voulais vous présenter hier n'a rien à voir avec la précédente. Il s'agit de Il était minuit cinq à Bhopal de Dominique Lapierre et Javier Moro (Fiche BBM).
Avis : J'ai récupéré ce livre dans la bibliothèque de mon grand-père parmi ceux que mes oncles et tantes (et môman) ne souhaitaient pas garder. Je n'avais jamais entendu parlé de cet accident industriel (et pourtant, avec le côté militant de ma famille, ce sont des enjeux dans lesquels je suis tombée toute petite...) et j'étais très curieuse. Pourtant, la quatrième de couverture parle de la "plus meurtrière catastrophe industrielle de l'histoire". Le livre étant paru en 2001, je me disais "Il ne peuvent quand même pas ignorer Tchernobyl..." et j'avais peur d'être confrontée à un ouvrage qui en ferait des tonnes dans le mélodramatique, montant tout en épingle. Heureusement, le choix de @Nounyxx pour le challenge Pioche dans ma PAL m'a fait sortir de ce statu quo.
LA indique "Témoignage" mais le livre est plutôt un "Reportage", le résultat de trois ans d'enquête. En 1984, deux ans avant donc la catastrophe de Tchernobyl, explosait à Bhopal (Inde) une usine de production de pesticides, le Sevin, produit par les entreprises Cardibe. Pourquoi est-elle présentée comme la plus grande catastrophe industrielle par Lapierre et Moro ? Le nombre de morts est mis en avant : entre 16 000 et 30 000 la nuit en question. Les chiffres sont variables selon les sources (Tout comme Tchernobyl : entre 200 et presque 1 million...). Mais alors, bon sang de bon sang, pourquoi n'en garde-t-on pas le souvenir ? Parce que ça s'est passé en Inde ? Un pays en développement donc, ben, fallait bien se douter que ça arriverait là-bas, ils font jamais rien correctement ces gens-là ? Parce que les premières victimes venaient des bidonvilles à côté desquels s'étaient (très judicieusement n'est-ce pas...) implantée cette Usine de Mort ? Parce que c'était une usine de production de pesticides et que ce serait bad for business ? On est habitué aux controverses sur le nucléaire mais cela ne fait finalement pas si longtemps que l'image de sauveur de l'humanité contre la famine des pesticides s'est ternie. Parce que l'entreprise a payé pour qu'il n'y ait pas de procès ? Son président est mort en Floride, protégé par les USA qui refusèrent de l'extrader, sans jamais avoir été jugé. Après tout, c'était une filière de l'usine qui était en charge, non ? Il n'était pas responsable. Bon, les pressions pour la réduction des coûts venaient de la maison mère mais on ne leur a jamais dit de baisser la sécurité, n'est-ce pas ? En réalité, il n'y avait aucun système de sécurité en état de fonctionnement ce soir-là.
Je m'énerve mais en réalité, cette enquête n'a pas ce ton. Ils ont fait un important travail de documentation et d'interviews. Il est très intéressant de voir que une de leur source d'informations importante est l'échange avec l'homme à la source du projet d'usine à Bhopal et celui qui en était à la tête dans ses premières années de production. Deux personnes importantes dans le groupe Cardibe, et pas vraiment satisfaites de la manière dont les choses ont été gérées... Les auteurs rappellent intelligemment les enjeux liés à la production de pesticides. Comment ils sont vraiment longtemps apparu comme un bienfait pour l'humanité. C'est un ouvrage que je conseille de lire. C'est un peu perturbant au départ. Il y a un style un peu romancé, un peu épique. Je me suis plusieurs fois posée la question de la sincérité ou de l'ironie. Et puis, les faits s'accumulent et la conclusion met en évidence ce que l'on sait depuis un moment : les industries comme la Carbide se fichent bien de "sauver l'humanité de la famine", elles s'intéressent surtout à leurs profits. N'est-ce pas Mosanto ?
Je vais m'arrêter là avant de paraître encore plus aigrie. Il faut quand même que je mentionne que le livre propose en parallèle une véritable plongée dans la culture indienne. Les auteurs aiment ce pays et ses cultures sans se voiler la face sur leurs contradictions et aspects les plus tristes. Rien que pour ça, ça vaut le coup.
C'est tout pour aujourd'hui.
Bonnes lectures à tou.te.s !
Challenge personnel : 96 / 100 (Retour à 0 : 1 ; retour à 25 : 0, retour à 50 : 2, retour à 75 : 0) Ca se rapproche, ca se rapproche !!
Dernière modification par Alhweder (14 Avril 2020 20:55:13)