[Suivi lecture] domi_troizarsouilles

 
  • domi_troizarsouilles

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    #31 08 Mars 2021 23:18:47

    Coucou,

    Et voilà, je termine ma mise à jour avec les deux coups de coeur de ces derniers jours, très différents l'un de l'autre - autant qu'un excellent Policier peut l'être des Mémoires d'une femme archi-connue et pourtant pleine de surprises...

    Voici donc:

    Surface d'Olivier Norek
    Premier livre que je lisais de cet auteur qui a pourtant déjà fait son nom, c'était un énorme coup de coeur: 19/20

    <image>

    Moi qui adore les Policiers, j’en ai rarement lu qui me fasse autant vibrer ! Acheté à la base car il faisait partie de la sélection pour le Prix LA 2020 dans cette catégorie, je ne l’ai finalement pas lu à temps, et il est resté plus ou moins enfoui dans ma PAL électronique. J’ai été plusieurs fois à un doigt de cliquer dessus, mais chaque fois un autre livre passait devant… jusqu’à ce qu’une consigne temporaire d’un challenge soit de choisir un livre entre 300 et 350 pages : et voilà !

    Ce livre a beau être le 5e livre de cet auteur, pour moi c’est une découverte… On a une enquête menée intelligemment, j’allais presque dire « tambour battant » même s’il y a des moments plus calmes. On a des indices disséminés çà et là tout au long du livre, quelques retournements de situation révélateurs, et si tout cela ne m’a pas suffi à deviner qui était le meurtrier, on ne s’en étonne pas outre mesure… et même plus : on s’en émeut ! Bref, rien que pour l’aspect strictement « technique » quant à la façon de mener l’enquête, je suis tout à fait satisfaite et convaincue. Indéniablement, on « sent » l’homme de terrain que fut Olivier Norek avant de se lancer dans l’écriture, il sait de quoi il parle, et il en parle bien.

    En effet, bien au-delà de ce contentement d’une énième enquête policière lue avec une fin crédible, ce sentiment d’émotion que j’évoquais, est dû à une raison essentielle, je crois : la façon d’aborder toute l’histoire est profondément, terriblement humaine ! Dès le début (je ne dévoile rien puisque c’est ce qu’on lit sur le synopsis de LA, bien loin de l’énigmatique 4e de couverture de l’éditeur !), on se penche sur ce terrible accident de Noémie dans l’exercice de ses fonctions, et son lent retour à la vie malgré tous les obstacles, dont son « exil » dans ce coin perdu de l’Aveyron – où on a tout à coup envie d’aller avec elle, soit dit en passant ! L’auteur prend tellement bien le temps de s’attacher à cette protagoniste principale, tellement sombre mais habitée d’une lumière, d’une énergie qui ne demandent qu’à se redéployer ; tant de temps disais-je donc que, sans me lasser pour autant, je me suis quand même demandé au bout d’un certain nombre de pages : mais quand l’intrigue policière va-t-elle commencer ? C’est à peu près à ce moment-là que, les jalons d’une certaine tranquillité campagnarde ayant été posés, les choses sérieuses se mettent en route… Ainsi donc, malgré toutes ses contradictions, Noémie est terriblement attachante, dès les toutes premières lignes, et ça ne cesse de se confirmer tout au long de l’histoire. Et les personnages secondaires ne sont pas en reste ! Si Milk et Bousquet attirent eux aussi de la sympathie dès les premières lignes, ce sont surtout Romain et sa fille Lily, la vieille madame Saulnier, Hugo (et son équipe) ou encore Picasso qui sont très touchants et, même s’ils n’ont pas forcément la même importance dans le déroulé des faits, on les retrouve toujours avec bonheur… et mention d’honneur à Melchior ! => pour savoir qui sont ces différents personnages, il vous reste à lire ce livre ! ;)

    On suit donc ces personnages très « vivants » grâce à une écriture au scalpel : précise et nerveuse, sans fioritures inutiles, elle va toujours à l’essentiel de façon incisive, avec juste ce qu’il faut de tendresse pour que ça sonne juste sans être jamais larmoyant (même si l’un ou l’autre passage a réussi à me faire verser une petite larme). Le tout se découpe en chapitres assez courts, qui ont pour résultat de faire tourner les pages encore et encore, sans plus pouvoir s’arrêter. Je n’ai plus qu’une hâte – à conditions toutefois que ma PAL et mes différents challenges me le permettent : relire dès que possible un autre livre de cet auteur dont la découverte est un énorme coup de cœur !





    Et on passe donc à un livre complètement différent, mais tout aussi réjouissant dans son genre (18/20):
    Devenir de Michelle Obama

    <image>

    Attention: mon avis est bien davantage un ressenti qu'un commentaire littéraire, comme je le dis plus loin... et c'est aussi très belge! Quand je vous disais que j'assume tout à fait ma belgitude ;)

    Je lorgnais depuis un moment sur ce livre (et celui de Barack Obama lui-même), quand mon mari m’a fait la surprise de m’offrir l’un et l’autre à Noël ! J’ai commencé par celui-ci pour une raison de facilité : je l’ai reçu en traduction française, format poche facile à transporter, alors que mon cher et tendre a opté pour le GF cartonné de la VO d’un « Promised land ».

    Si ce livre est divisé en trois parties (devenir « moi », puis « nous » et enfin « plus »), moi je le vois surtout divisé en deux parties principales : l’enfance et les jeunes années de Michelle y inclus les débuts de sa carrière professionnelle, puis sa rencontre avec Barack et tout ce qui a suivi, car ces deux principales étapes de son récit sont ressenties très différemment. Et donc, on le comprend : mon avis ici est bien davantage un ressenti entraîné par ma lecture, qu’un réel commentaire de type littéraire.

    La première partie (« moi », et peut-être une partie de « nous ») est essentiellement la narration d’une vie dans un quartier relativement défavorisé et en pleine mutation vers du bien pire, dans une famille aimante qui, malgré tous les revers auxquels des générations avant eux avaient été confrontés, continue de croire en l’avenir et à tout miser sur l’épanouissement des enfants, en l’occurrence Michelle et son frère Craig. C’est raconté avec lucidité, une certaine fierté du parcours accompli dès cette tendre enfance (sans jamais la brandir exagérément non plus, elle sous-tend néanmoins tout le livre) mais aussi beaucoup d’émotion et de reconnaissance envers tous ceux qui l’ont accompagnée. Même si ma réalité est et a été bien différente à plusieurs égards, je n’ai pu m’empêcher de m’identifier à cette femme battante mais presque toujours pleine de doutes par d’autres aspects et, sans vouloir les développer ici, ce sont des pans entiers de mon enfance et de mon adolescence (parfois juste des flashes, parfois des événements plus longs) qui me sont revenus en mémoire et qui m’habitent depuis lors – avec un certain ressentiment pour certains, mais aussi cette même reconnaissance envers ceux qui ont toujours été là pour moi : à croire que l’écriture de Michelle a un effet « magique » !

    La deuxième partie est bien davantage politique. Michelle souligne à plus d’une reprise à quel point elle a freiné des deux pieds quand son mari a embrassé une carrière politique, comme elle ne voulait pas qu’il se présente aux élections présidentielles… mais aussi comme elle l’a toujours encouragé, parce qu’elle le sentait convaincu, parce qu’elle croyait en lui, et parce qu’elle espérait un changement pour son pays et qu’elle croyait que ce changement pouvait arriver grâce à ce mari. C’est ahurissant quand elle révèle l’incroyable intelligence de Barack (que l’on pouvait deviner depuis notre lointaine Europe, mais en lisant certains exemples concrets, on se dit que cet homme est définitivement un « génie » sur le plan intellectuel), tout en soulignant aussi plusieurs fois sa nonchalance qu’elle associe toujours à l’adjectif « hawaïenne », ce qui fait sourire.

    Tout comme font sourire, avec un brin de condescendance désolée, tous ces aspects très « américains » de son récit. Je pense notamment à tous ces combats qu’ils ont dû mener (bon, surtout Barack en tant que président, elle insiste là-dessus aussi) sur des points qui sont acquis chez nous depuis parfois très longtemps. Une sécurité sociale universelle par exemple… En Belgique, elle est acquise depuis 1944 et, si certains gouvernements ont parfois tenté d’y toucher d’un doigt, ils n’ont jamais pu aller bien loin ! Dans un tout autre style, le mariage pour tous, qu’elle soulève comme une grande victoire, a été adopté en Belgique 12 ans plus tôt qu’aux États-Unis (2003 contre 2015), sans faire aucune vague. Enfin, toutes les discriminations existantes aux États-Unis semblent tellement « anciennes » et pourtant survivantes envers et contre tout ! Prenons par exemple la suprématie éternelle de l’homme blanc, qui a été tristement illustrée en 2016 par l’élection de son représentant extrême contre Hillary Clinton, de nombreuses femmes ayant elles-mêmes voté pour ce sexiste affiché et souvent vulgaire, dont je ne souhaite pas prononcer le nom (Michelle elle-même le mentionne aussi peu que possible, si ce n’est pour soulever l’effarement que son élection a provoqué auprès de tous les gens de bonne foi) ! Chez nous, la loi salique a été abolie dès 1991, bien avant la naissance de la princesse Elisabeth, qui devrait ainsi devenir un jour la Reine des Belges régnante ; et au niveau politique, les lois sur la parité dans les listes de candidats aux différentes élections datent de 2002 ! Eh oui, comme dans sa vie personnelle, la suite des événements prête à une certaine comparaison… qui, même si ça semble très tardif pour la soi-disant plus grande démocratie du monde, on mesure l’énormité du travail accompli par Barack Obama et son équipe en seulement 8 ans, pour faire passer ce qui a pris près d’un siècle, par petites touches, chez nous ! et dans cette véritable petite révolution, il était toujours accompagné d’une femme qui n’a jamais cessé de croire en lui et de le soutenir, malgré bien des moments de doute.

    Finalement, c’est la ligne la plus présente (et la plus compréhensible) du récit de Michelle, qui est la moins « comparable », car si elle est une femme dans un milieu très masculin, elle est aussi (et surtout) une Noire dans des milieux souvent, traditionnellement, très voire exclusivement blancs. L’histoire de nos pays est trop différente pour qu’un quelconque parallèle soit possible : entre une tradition d’esclavage au sein d’un même (certes grand) pays, qui s’est cristallisée dans une guerre fratricide et qui en traîne aujourd’hui encore des séquelles trop souvent ravivées, ou une histoire colonialiste mais à des milliers de kilomètres de distance, qui a transité sans guerre (« seulement » quelques troubles, après l’indépendance du Congo-Kinshasa) vers divers programmes d’entraide et d’échanges privilégiés – là mon esprit tourne en boucle et ne se retrouve pas dans ce que Michelle raconte, mais se désole immanquablement de toutes ces inégalités, qui ne sont que le reflet « vu de l’intérieur » (et dès lors plus touchant encore) de ce qu’on voit trop régulièrement aux nouvelles internationales, et de se demander si elles cesseront jamais ?

    Au final, et malgré ces comparaisons bien involontaires qui n’ont cessé d’être suscitées tout au long de ma lecture, je retiendrai surtout son message d’espoir en la jeunesse, à travers l’éducation. Il revient encore et toujours, en boucle, depuis les plus jeunes années de Michelle jusqu’à son entrée dans une université prestigieuse ou son travail pour que d’autres universités tout aussi renommées s’ouvrent davantage aux jeunes de toutes origines, comme un leitmotiv qui permettra que les choses changent vers un mieux, même si cela prend du temps, et malgré tous les obstacles.

    Enfin, s’il faut soulever les aspects purement littéraires de ce livre, je dirais qu’il est écrit dans une langue plutôt soutenue, mais fluide et agréable, et aussi très, très dense. En quelques phrases à peine on ingère une énorme quantité d’informations, qu’il faut ensuite digérer ; en outre, vu le nombre de pages de ce livre, il faut prendre son temps ! Si je n’ai pas eu accès à la VO, j’ai néanmoins décelé deux petites erreurs sans doute de traduction (une tournure de phrase un peu maladroite qui n’a pas tenu compte des éventuelles connotations d’un terme dès lors mal choisi, et une très bête faute d’orthographe *), mais ce sont deux gouttes dans un océan de travail extraordinaire, car le texte en français est d’une grande qualité, avec juste ce qu’il faut d’explications çà et là (en note de bas de page concises et bien avenues) pour ne pas perdre le lecteur francophone. Aux traductrices comme à Michelle Obama, je dis juste bravo !


    * Je me suis dit que, juste pour ce suivi, je pouvais bien noter ces deux coquilles ;) que j'ai relevées, car autrement je vais les oublier... Prenez-les sans prétention de ma part, on fait tous des fautes ici ou là! Mais disons que ça m'a sauté aux yeux, et c'est assez remarquable que l'armée de correcteurs d'une grande maison d'édition ait laissé passer cela...

    - à la page 340, quand Michelle explique sa difficulté à tomber enceinte: "Nous avions beau essayer, je ne parvenais pas à tomber enceinte. Pendant un temps, j'ai pensé que c'était simplement par manque d'opportunités, à cause des va-et-vient de Barack entre Chicago et Springfield."
    => est-ce moi qui ai l'esprit mal tourné? Mais les "va-et-vient" dans un tel contexte, même si c'est tout à fait correct du point de vue de la langue française, ça fait quand même très fort penser à Gainsbourg avec Jane Birkin aussi, et du coup l'effet est vachement douteux (et m'a bien fait rigoler, à vrai dire)!

    - à la page 575, évoquant une sortie au restau avec Barack (sic): "Tous ceux qui ont franchi la porte de l'établissement après nous ont été soumis à une fouille en règle par une équipe du Secret Service - une formalité relativement rapide, mais contrariante. Là encore, je m'en suis voulue."
    => sérieusement? "S'en vouloir" reste pourtant invariable à tous les temps composés!


    Voilà voilà!

  • Grimhilde

    Serial lecteur

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    #32 08 Mars 2021 23:30:29

    Coucou par ici

    domi_troizarsouilles a écrit

    Attention: mon avis est bien davantage un ressenti qu'un commentaire littéraire, comme je le dis plus loin... et c'est aussi très belge! Quand je vous disais que j'assume tout à fait ma belgitude ;)


    Ahah j'adore ton avis "belge", pour moi il est tout de même très littéraire ! Cet avis m'a plu alors que franchement les mémoires de politique sont vraiment des choses qui m'intéressent peu... A part ceux de Christiane Taubira (ex Ministre de la justice française, qui a justement fait passer la loi du Mariage pour tous en 2013, on avait 10 ans de retard par rapport à la Belgique) mais parce que Christiane Taubira elle écrit vraiment très très bien.

    Sinon je viens de terminer L'Ickabog (un passage sur ton suivi m'avait définitivement convaincue de le lire) et comme toi j'ai passé un bon moment de lecture :)

    A bientôt.

  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #33 09 Mars 2021 16:25:38

    Catysprint a écrit

    Coucou par ici
    Ahah j'adore ton avis "belge", pour moi il est tout de même très littéraire ! Cet avis m'a plu alors que franchement les mémoires de politique sont vraiment des choses qui m'intéressent peu... A part ceux de Christiane Taubira (ex Ministre de la justice française, qui a justement fait passer la loi du Mariage pour tous en 2013, on avait 10 ans de retard par rapport à la Belgique) mais parce que Christiane Taubira elle écrit vraiment très très bien.

    Sinon je viens de terminer L'Ickabog (un passage sur ton suivi m'avait définitivement convaincue de le lire) et comme toi j'ai passé un bon moment de lecture :)

    A bientôt.


    Merci! :pink:
    Je t'avoue: je n'avais encore jamais lu de mémoires de politique, rien que l'idée m'agace d'avance... mais Obama, "c'est quand même quelque chose" comme on dit chez nous, et j'en suis encore plus convaincue après avoir lu Devenir. J'ai entendu parler de Christiane Taubira (les Belges francophones suivent quand même, avec plus ou moins d'intérêt, la politique française... ne serait-ce que parce qu'on tombe dessus quand on veut voir le film du soir qui passe sur l'une de vos chaînes! ;) ) mais je ne savais même pas qu'elle avait écrit un quelconque livre...

    Ah, super que L'Ickabog t'ai plu aussi!




    Et voilà, une fois n'est pas coutume: je viens mettre ici avant n'importe où ailleurs (c'est-à-dire avant les posts des différents challenges auxquels je participe) mon avis sur un livre que j'ai terminé pendant ma pause-déjeuner.

    C'est Une seconde de trop de Linda Green, un thriller qui paraissait intéressant, mais qui ne l'était finalement pas autant qu'espéré - du moins à mon goût, il semble que la majorité des autres lecteurs LA l'ont plutôt bien aimé! Pour moi: 14/20, et je suis gentille.

    <image>

    Un roman qui me laisse un goût à mi-chemin entre perplexité et sentiment d’inachevé… Je suis tombée dessus en parcourant les lectures des différents participants à des challenges LA, il m’a semblé intéressant, et comme en plus il remplissait les consignes de plusieurs de « mes » challenges, je m’y suis lancée.

    D’abord, c’est l’exemple parfait (on en parlait tout récemment avec @Grominou notamment ;) ) du roman dont le 4e de couverture est tellement mal fait qu’il induit en erreur à propos du contenu espéré. En effet, il laisse entendre que ce livre (je cite) « explore la culpabilité d'une mère et le cauchemar de tout parent : la disparition d'un enfant ». Certes, cette disparition est comme un fil rouge à travers toute l’histoire, c’est certain, mais pour le reste, ce n’est pas ça que j’ai lu – ni la culpabilité, ni le cauchemar – et ce pour une raison bien simple, que le lecteur comprend tellement vite que ce n’est même pas vraiment un spoiler : on a en effet l’histoire des parents, mais on sait aussi dès le tout début où est cette petite Ella et pourquoi elle se trouve là, et on la suit elle aussi tout au long du livre !

    Ainsi, s’il y a bien un peu de la culpabilité de la mère (qui fait ping-pong avec celle du père jusqu’à un certain point), j’y ai surtout vu le regard des autres sur notre propre façon d’exercer la parentalité. Cela va du regard des voisins parents d’enfants du même âge, celui de la vieille dame un peu (ou complètement) cinglée, celui des inévitables beaux-parents (même s’ils ne font que passer) ou celui a priori bienveillant de la directrice de l’école où Ella aurait dû faire sa rentrée. Ce regard avive une certaine culpabilité en effet ; il n’est jamais tout à fait approbateur, et renvoie à nos propres erreurs bien plus qu’à nos succès en tant que parents… En outre, une fois que l’action est enclenchée, on a aussi de très nombreux passages sur le travail de la police dans une telle épreuve et, clairement, l’auteure trouve ce travail formidable (même s’il n’aboutit pas vraiment) : elle le met en avant d’une façon qui semble très neutre, mais qui montre à quel point la présence et le suivi des policiers sont précieux au fil des jours. Cela va de l’application stricte de la procédure en cas de disparition d’enfant, à l’accompagnement des parents au jour le jour, sans oublier les mini-découvertes qui sont autant de fausses pistes. Si j’étais policière, j’aurais indéniablement apprécié cet hommage implicite !

    Mais pour parler de « cauchemar », par contre, je suis beaucoup plus mitigée. Ce livre est très inégal au niveau des émotions qu’il suscite. En tant que mère moi-même, je ne peux pas faire autrement que m’identifier à cette femme, et de me demander : comment réagirais-je si cela m’arrivait, si mon enfant disparaissait ? c’est tellement inimaginable, ça provoque un tel sentiment d’horreur impuissante que le cœur se serre à cette seule idée ! Sentiment que je n’ai pas une seule fois ressenti en lisant ce livre, pourtant… Lisa, la mère, paraît tellement détachée, froide, analytique même, qu’elle en perd l’adhésion du lecteur. Certes, on croit comprendre que c’est sa façon de réagir à ce malheur indicible, une espèce de carapace, car il n’y a pas de mode d’emploi face à cela, et c’est tout à fait défendable ! sauf qu’on veut aussi voir et sentir sa peine en-dessous de cette carapace. Mais non, sous cette carapace il n’y a rien, juste quelques phrases passe-partout qui ne suffisent pas à vriller le coeur… Or, si on choisit une telle lecture, c’est bien qu’on a un petit côté maso, qu’on a envie de ressentir ces sentiments horribles, pour mieux refermer le livre en se disant que ce n’est qu’une fiction, et aller embrasser nos enfants bien présents auprès de nous ! Seul le père de Lisa (donc le grand-père d’Ella) nous émeut par ses réactions extrêmes – mais peut-on avoir autre chose que des réactions extrêmes face à un tel drame ?... et la petite Ella elle-même touche très fort, car ses réactions de petite fille perdue sont vraiment crédibles, tandis qu’elle s’adapte tant bien que mal à sa nouvelle situation…

    Enfin, en ce qui concerne l’écriture, là aussi c’est inégal. Ni particulièrement fluide, ni trop agréable, elle se laisse lire mais « sans plus » - et parfois c’est même pire, comme ces passages du journal d’un jeune homme de 18 ans, à qui j’aurais spontanément donné plutôt 14-15 ans tant c’est mal écrit et peu crédible ! A part ça, le début m’a semblé tellement confus que j’ai dû relire deux fois les premiers chapitres pour y comprendre quelque chose, et même ainsi je n’étais pas convaincue… si je ne détestais pas tellement abandonner un livre, je l’aurais peut-être déjà lâché à ce stade précoce ! La suite se défend, avec des moments intenses, d’autres glaçants dans leur apparente banalité… et puis peu à peu on a une impression de longueur, et ça se traîne, et on a envie de passer des pages, jusqu’à un soudain retournement de situation qui fait qu’on continue malgré tout ! mais bon, à ce moment-là on est déjà à peu près aux 80% du livre, on sait qu’on arrive au bout, une fin quelque peu haletante mais tellement peu réaliste qu’on ferme le livre avec ce sentiment de légère déception perplexe que je relevais d’emblée.

    Dernière modification par domi_troizarsouilles (09 Mars 2021 16:26:46)

  • Grominou

    Modératrice

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    #34 09 Mars 2021 17:29:51

    Mince alors, tu es patiente, moi j'aurais déjà abandonné dès les premiers chapitres trop confus! :lol:
  • Melissa_etseslivres

    A la découverte des livres

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    #35 10 Mars 2021 08:14:19

    Je m'abonne :) Bien hâte de lire tes avis au cours de tes lectures. Une bonne journée à toi!
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #36 10 Mars 2021 12:49:57

    Grominou a écrit

    Mince alors, tu es patiente, moi j'aurais déjà abandonné dès les premiers chapitres trop confus! :lol:


    Je me dis parfois aussi que je ne devrais pas m'entêter...
    Mais je fais partie de cette génération à qui on apprenait (parfois sévèrement) à ne rien "gaspiller": quand tu achètes un livre, tu dois le lire (et de préférence en entier =D ) sinon c'est de l'argent perdu, un peu comme pour la nourriture: tu dois vider ton assiette à table, surtout si tu t'es servi toi-même, tu vois le genre?
    Et puis (c'est sans doute lié à mon sale caractère :ptdr:), abandonner un livre me donne un certain sentiment de défaite... et j'aime pô ça!

    Melissa_etseslivres a écrit

    Je m'abonne :) Bien hâte de lire tes avis au cours de tes lectures. Une bonne journée à toi!


    Bienvenue! et belle journée également.

    Dernière modification par domi_troizarsouilles (10 Mars 2021 12:51:01)

  • GOUPILPM

    Lecteur professionnel

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    #37 10 Mars 2021 13:05:48

    Pareil pour moi je n'abandonne jamais un livre même s'il ne me plait pas
    je me dis que je n'avais qu'à mieux choisir !!!
  • Grominou

    Modératrice

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    #38 10 Mars 2021 16:16:22

    Moi je n'hésite pas à abandonner!   Mais il faut dire que je lis surtout des livres de la bibliothèque, ou alors achetés d'occasion.  Donc il n'y a pas cette pression de vouloir «en avoir pour son argent»!:lol:
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #39 10 Mars 2021 22:08:35

    GOUPILPM a écrit

    Pareil pour moi je n'abandonne jamais un livre même s'il ne me plait pas
    je me dis que je n'avais qu'à mieux choisir !!!


    Oui voilà! enfin parfois on croit avoir bien choisi, et puis non, mais tant pis...
    Et puis aussi (plus rarement), certains livres commencent bizarrement (pour ne pas dire pire), mais deviennent de très bonnes surprises au fil de la lecture!
    (bon, je n'ai pas d'exemple en tête là tout de suite, mais je sais qu'il y en a eu ;) )

    Grominou a écrit

    Moi je n'hésite pas à abandonner!   Mais il faut dire que je lis surtout des livres de la bibliothèque, ou alors achetés d'occasion.  Donc il n'y a pas cette pression de vouloir «en avoir pour son argent»!:lol:


    Oui sans doute...
    Mais, dis-moi, elles sont gratuites chez vous les bibliothèques? J'avoue: pour ma part ça fait des siècles que je n'ai plus été en bibliothèque... Pourtant, j'y ai été pendant des années avec mes parents, jusque loin dans la vingtaine même, autant pour les lectures-plaisir que pour les travaux, à cette époque préhistorique où Internet n'existait pas! C'était une bibliothèque paroissiale, et il fallait payer je ne sais plus combien (presque rien mais quand même) par livre, les nouveautés étaient un peu plus chères que le reste. Avec mon papa (qui était grand lecteur aussi), on allait quelquefois dans une bibliothèque communale, et là il y avait un droit d'inscription annuel il me semble, + un prix d'emprunt par livre, et dans les deux cas des pénalités de retard!! Bref, ça m'étonnerait que cette "politique" ait changé, au contraire!

    Cela dit, depuis toute petite, j'ai toujours eu une fascination pour "l'objet-livre" (ou peut-être une possessivité exacerbée? ou un peu des deux... :lol:); tous ces livres qui me sont passés entre les mains, et surtout ceux qui me plaisaient, comme j'aurais aimé qu'ils soient à moi! Mais mes parents n'avaient pas beaucoup de moyens, et n'auraient certainement pas pu suivre ma soif de lecture s'il n'y avait pas eu la bibliothèque... Il n'en reste pas moins que, depuis que je gagne ma vie, je n'ai jamais plus arrêté d'acheter des livres... raison aussi pour laquelle j'ai longtemps refusé d'avoir une liseuse, j'avais vraiment "besoin" de l'objet!
    Et puis mon fils a demandé une liseuse pour ses 13 ans, j'ai découvert à quel point il avait raison... et j'ai craqué à mon tour!
    (ah, j'oublie! j'ai aussi l'abonnement Kindle: ça compte un peu comme des emprunts, ça, non?)

    Enfin bon, ce n'est pas à cause du prix payé que je m'entête dans les livres hein! :ptdr: c'est davantage une question d'habitude, un peu d'auto-flagellation peut-être... :ptdr:
    Là j'ai noté 4 livres abandonnés dans mes lectures: deux parce que je les ai interrompus et puis perdus (je laisse toujours traîner mes livres papier partout! :O je crois que l'un des deux est resté au bureau... où je n'ai plus pu aller depuis mars dernier à part quelques brefs passages en août, mais alors ma priorité n'était pas de rechercher un livre oublié!). Et donc j'ai commencé un ou plusieurs autres, entre-temps j'ai oublié de quoi parlaient les précédents, et le synopsis n'est plus suffisant pour me replonger dans l'ambiance. En fait ces deux-là sont davantage en suspens qu'abandonnés, je pense bien les reprendre tôt ou tard.
    Puis il y en a un dans lequel je me suis entêtée mais je m'ennuie prodigieusement (celui-ci), mais je me suis rendu compte après coup que c'est le 20e (et actuellement dernier) tome d'une saga dont je n'ai lu aucun autre épisode, or il semble bien que les personnages récurrents ont évolué etc., je pense donc que mon ennui vient du fait qu'il me manque trop d'infos que je devrais pouvoir trouver dans les tomes précédents!
    Enfin, il y a Le Sorceleur! Je ne comprends pas l'engouement que ce livre a provoqué... Je l'ai recommencé deux fois (!!), à plusieurs mois d'intervalle, mais décidément je n'arrive pas à accrocher! et chaque fois j'ai finalement laissé tomber... Je crois que le format "Nouvelles" me dérange beaucoup - en général je n'aime pas, et là c'est vrai que j'avais d'abord abordé le livre comme un roman, du coup je ne trouvais pas le fil rouge et c'était hyper-frustrant! Il paraît que ça devient un vrai roman à partir du tome 3 ou 4... mouais... faudrait déjà que j'arrive au bout du 1!

  • Grominou

    Modératrice

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    #40 10 Mars 2021 22:20:51

    Oui, les bibliothèques sont gratuites, il y a seulement des pénalités pour les retards, et aussi les best-sellers les plus en demande sont d'abord offerts en location avant de devenir gratuits.  Enfin ça c'est pour Montréal, ce n'est peut-être pas la même chose partout en région.

    Je ne pensais pas aimer la liseuse, c'est quand j'ai su l'existence du prêt numérique que j'ai eu envie d'essayer!