[Suivi lecture] domi_troizarsouilles

 
  • Bouledechat

    Passionné du papier

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    #81 09 Avril 2021 09:41:30

    Aie aie aie, jamais je ne pourrais lire ça !! (où est le smiley qui vomit ?) Non je ne pense pas que tu sois hyper sensible Domi, sinon à mon humble avis, tu n'aurais pas pu !!

    Mais je comprends ta position double par rapport à cette lecture, j'ai ressenti la même chose dans une certaine mesure avec Des milliards de tapis de cheveux : il est relativement glauque aussi même s'il n'aborde pas la question des abattoirs ou du cannibalisme mais de la misère, de la vacuité/vanité de l'existence, et de la dictature. Je n'ai pas pu apprécier ma lecture à cause de ça, j'étais révulsée par ce que tous les personnages vivaient de terrible et d'aliénant sans qu'il y ait de raison derrière (enfin on en cherche la raison pendant le livre justement). Mais en même temps, le mot "indispensable" me venait aussi : indispensable dans le message, parfois la monstruosité pousse à réfléchir. Mais personnellement, je cherche de moins en moins à réfléchir en lisant (smiley mouton ? Non toujours pas ? ^^), plutôt à m'évader, et si réflexion il y a, j'aime autant qu'elle ne passe pas par la violence et le glauque.

    Mais bref ! Je suis choquée par cet avis que tu développes, ce livre a l'air vraiment monstrueux ! Ravie cependant que tu ais pu tirer des réflexions et un sentiment positif de toute cette morbidité. C'est probablement la marque des bons livres, et j'aimerais être un peu moins sensible pour pouvoir y parvenir aussi.

    Concernant les sujets relatifs au féminisme, oui ça se sent que tu es réactive, mais pourquoi ne pas l'être ? Et je te dis ça alors que c'est un sujet d'indignation que je ne partage pas du tout avec toi. Comme tu le dis, c'est ta liberté de lectrice, et c'est ce qu'il y a de riche dans la littérature, la musique, le cinéma : chacun peut y piocher ce qui fait résonnance avec son état d'esprit du moment (ou de toute une vie), et y réfléchir, s'en indigner, en rire, en pleurer... C'est ce qui en fait toute la richesse à mon sens ! :-)
  • Kah Rane

    Lecteur fou

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    #82 09 Avril 2021 22:25:12

    Coucou Domi :)

    Comment vas-tu ? :)
    De mon côté, ça va plutôt bien et je viens tout juste de te faire une demande d'ami sur discord :)
    Comme nous sommes sur plusieurs serveurs en commun, je n'ai aucun mal à te trouver :)

    Concernant la broderie dont je parle dans mes messages, sur mon suivi-lecture, je vais me le permettre de te le mettre ici.
    Suffit juste de cliquer sur "spoiler" pour qu'il s'affiche.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    <image>



    Concernant Place aux immortels, je te conseille de te le prendre la première fois que tu croises sa route.
    Son contenu est très intéressant car on apprend plein de choses et puis le personnage principal possède un certain charisme dans ses façons d'agir.
    En tout cas, c'est un homme que je n'ai pas pu détester :)

    Au sujet du clown à ressort, je connais.
    Ma nièce fait partie de l'équipe et elle n'a que trois ans.
    Un vrai garçon manqué qui n'en fait qu'à sa tête.
    On a beau lui donner des ordres pour se faire écouter, pour elle, pas pour l'embêter mais elle s'en fout royalement u_u
    J'aurais tendance à pouvoir la canaliser de temps en temps mais généralement... c'est galère T_T
    C'est dans ces moments que je suis content de ne pas avoir d'enfants.
    Avec ma chance, je m'en serais fait huit comme elle, j'aurais ouvert la fenêtre et je me serais jeté dans le vide...
    ...
    Bon, du deuxième étage, je pense que je me serais cassé un cheveu mais c'est tout T_T :lol:

    Concernant mes grands-parents, je les ai connu tous les quatre.
    Le premier nous avoir quitté était mon grand-père maternelle.
    je suis né en 83, il est parti en 89, vaincu par son deuxième cancer.
    Il venait juste de conduire ma mère à l'autel... comme s'il avait tenu jusqu'à ce moment.
    J'y tenais beaucoup à mon grand-père :)
    Et puis j'ai perdu ma grand-mère maternelle, cela va faire huit ans maintenant.
    A mes yeux, c'était ma grand-mère éternelle.
    J'ai vu sa santé se dégrader très vite sur le laps de dix ans et puis à la fin, vu comment qu'elle souffrait, son décès fut une délivrance pour elle.
    Du coup, il ne me reste plus que mes deux grands parents du côté de mon père et je ne suis pas encore prêt à les perdre.
    Ils ont dépassé tous les deux les 90 ans, on doit s'y attendre mais le plus tard possible.
    Déjà, savoir que mon grand-père sera placé en ehpad m'inquiète pour lui.
    Avec son Alzheïmer, il va perdre encore trois fois plus vite ses repères et j'ai peur qu'il se laisse dépérir.
    Avec le covid, j'ai un peu peur de lui rendre visite car l'ehpad dans lequel il sera placé... ben la moitié des résidents sont morts à cause de ce virus...
    La directrice de l'époque est aussi en cause, ce qui explique les procès qu'elle a au postérieur à l'heure actuelle :)

    Pour "l'entre les deux", je suis bientôt concerné.
    J'y pensais jeudi quand je suis monté voir ma mère et ma nièce.
    On discutait avec ma maman, au sujet de mes grands-parents et elle aussi n'est pas prête à voir partir ses beaux-parents.
    Mine de rien, on est soudé entre nous et j'aime quand ma famille est ainsi.
    Les décès nous font resserrer les liens et il est dommage d'attendre ce genre d'évènements pour agir de la sorte mais que veux-tu ?
    On se dit que tout va bien, qu'on doit faire nos vies et on s'attend pas à ce que le malheur vienne frapper et vienne changer la donne :/

    Bref, je vais poursuivre ma promenade sur le suivi-lecture des copines avant de poursuivre ma lecture.
    je te souhaite une belle soirée, d'excellentes lectures et j'espère à très bientôt :)
    Des poutous :pink:

    Dernière modification par Kah Rane (09 Avril 2021 23:47:24)

  • Grimhilde

    Serial lecteur

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    #83 10 Avril 2021 11:37:32

    Coucou par ici

    J'ai beaucoup aimé ton billet sur les 4 filles du docteur March, ils t'ont bien énervée Gallmeister :lol: . J'avais lu ce roman ado et je ne m'en souviens même plus... Il ne m'a pas marquée, il m'a semblé être d'un autre temps. Je n'ai pas eu envie de le relire pour le BC

    Je ne connaissais pas du tout La fille au revolver, ça a l'air vraiment pas mal ! Mais sais-tu si les tomes peuvent être lus séparément façon Fantômette (eh oui, j'ai de grosses références culturelles :ptdr: ) , ou est-ce qu'ils se suivent tous ?

    Cela fait longtemps que Cadavre exquis est dans ma wish list... Et je ne l'ai toujours pas trouvé ! Je suis sûre que les réflexions me plairaient (je suis végétarienne depuis longtemps, donc je suis habituée à réfléchir sur ce que je mange ou non) , le thème a l'air fort... Après je suis sensible et tu dis qu'il est "nauséabond et nécessaire"... donc j'espère que je tiendrai le choc d'une telle lecture ! De toute façon, sensible ou pas, je pense que c'est un thème dérangeant et qu'il faut être bien accroché.e .

    Et maintenant que lis tu ?
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #84 12 Avril 2021 00:15:06

    Bonsoir,

    Je vous réponds plus complètement au plus vite (probablement demain dans la journée... ou soir...), mais je vais commencer par ajouter une nouvelle chronique, avant de l'oublier! ;) et mettre à jour mon index, que j'ai laissé tomber depuis 3-4 livres. Voici donc un nouveau livre bien sympathique, qui ne faisait pas du tout partie de ma liste à lire pour ce mois-ci, mais quand Olive l'a proposé (avec un délai assez court), j'ai regardé le synopsis... et aussitôt craqué! Ce n'est finalement pas un coup de coeur, pas tout à fait, mais j'ai quand même beaucoup apprécié cette lecture!

    Les clones déviants de Paul-Jean Hérault - 16/20

    <image>

    Synopsis : Depuis des générations, la Grande Fédération de Sirius conduit une guerre acharnée contre Véga, en envoyant au combat... une armée de clones.
    Mais que se passe-t-il lorsque le coordinateur opérationnel de cette armée, Jivane Périch, se surprend à remettre en question sa propre fonction, sa condition, ou encore son honneur ?
    Alors que l’un de ses supérieurs tente de s’approprier ses exploits, Jivane sombre progressivement dans la colère et la haine contre les humains et voit dans cette hiérarchie une cruelle injustice envers son peuple. Partageant ce qu’il ressent avec les siens, il les amène à se remettre en question et les rassemble pour mener la rébellion du siècle, celle qui pourrait les conduire à l’indépendance, et surtout, la reconsidération.


    Mon avis :
    Voici un livre qui est venu s’ajouter de manière inopinée dans ma liste de lecture du mois, à la suite d’une proposition de LC d’une amie sur un certain challenge. J’ai été séduite par le synopsis, et me suis très vite plongée dans ce livre qui n’en est pas à sa première édition, mais qui était pour moi une découverte. Ce n’est pas un coup de cœur, je ne le ressens pas ainsi, pourtant j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre.

    Puisqu’on parle de synopsis : celui qui est proposé ici représente assez fidèlement l’histoire en effet… à un mot près ! A aucun moment Jivane ne sombre dans la haine ! Ce dernier mot est absolument inadéquat ! Au contraire : au fur et à mesure de sa prise de conscience de l’oppression systématique des humains O (pour humains originaux) envers les clones, Jivane va chercher diverses solutions pour revendiquer ses droits – d’abord les siens, puis ceux de toute la « nation clone » - mais toujours dans un souci d’épargner des vies, d’éviter la guerre qu’il ne connaît que trop bien, de ne pas aller à l’affrontement physique s’il est évitable, de ne pas tuer le moindre humain O. Dans une telle logique, le mot « haine » n’a pas la moindre place, c’est à croire que celui (ou celle) qui a pondu ce synopsis pour la maison d’édition n’a pas lu le livre, ou n’y a rien compris !

    Certes, ce roman traîne un message du genre « Si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre)… mais vu le contexte, c’est carrément normal : Jivane et ses plus proches compagnons sont des soldats, ils font partie d’une énième génération de clones qui ont été créés et éduqués (pour ne pas dire dressés) pour devenir de bons petits soldats dans les guerres des humains, et quelques-uns seulement arrivent à des grades d’officiers subalternes, qui ont alors une grande expérience militaire et une connaissance du terrain – par opposition aux officiers supérieurs humains, qui ont quant à eux une formation stratégique, sans aucune connaissance ni expérience pratique. Or, si Jivane comme ses proches sont des militaires aguerris, justement ils ne veulent plus de ces guerres, de ces oppositions stériles, de ces tueries ; et si parfois ils s’énervent selon les circonstances, ils ne prennent plus les armes qu’en dissuasion ou en défense. Et jamais le message ne devient « Si vis pacem, face bellum » (fais la guerre…)

    C’est l’un des premiers romans que je lise qui parle de clonage de cette façon. Ici, pas de questionnement bioéthique : dans la société proposée par l’auteur, le clonage reproductif existe depuis 200 ans, est tout à fait légalisé, et les clones sont en effet utilisés pour toute une série de tâches inférieures que les humains O ne veulent et ne peuvent plus accomplir. Mais ce qui est nouveau pour moi, c’est qu’on se rend compte que ces clones seraient bel et bien des êtres humains comme vous et moi ; qu’ils sont capables de penser par eux-mêmes, d’avoir des avis sur ce qu’ils connaissent, de ressentir et d’aimer même ! On est très loin de la vision d’une armée de clones obéissants et semblables à des robots, image sur laquelle j’étais restée, sans doute à cause de références comme l’éternel « Star Wars » (dont je suis archi-fan ;) ). Cette nouvelle vision interpelle évidemment beaucoup, à travers tout le livre…

    En outre, si ce livre ne pose pas la question de la justification du clonage, ce n’est clairement pas son objet, il en pose d’autres, plus ou moins directement. On a par exemple une dénonciation du racisme, mot qui a disparu du vocabulaire courant des protagonistes du livre, il faut même aller le rechercher en encyclopédie, mais c’est bien le premier qui ressort quand il s’agit de définir le sentiment des clones par rapport aux humains O… et si bien vite on n’en parle plus vraiment, il ne cesse de « planer » à travers toute l’histoire jusqu’à la fin ! Mais on a aussi, comme indiqué plus haut, tout un message prônant la non-violence et la discussion quel que soit le point de discorde. Et bien sûr, Jivane émet le rêve d’une société idéale, qui dénonce au passage (dans l’ordre ou le désordre, et de façon tout à coup très concentrée) toute une série de travers de notre société actuelle.

    Comme on l’a compris, j’adhère plutôt pas mal à toutes ces idées… mais alors, pourquoi n’est-ce pas un coup de cœur malgré le plaisir de lecture ? Peut-être à cause de l’écriture… Elle est tout à fait fluide, et même assez agréable, aucun reproche à ce sujet. Mais elle est aussi très « explicative », un tout petit peu trop à mon goût. C’est quelque chose entre un style journalistique sans trop d’émotion, et un ton très didactique qui explique les choses à la façon d’un prof, qui répète encore et encore un même concept, de différentes façons et avec diverses images, mais ça a un petit côté « trop » - et je dis cela sans vouloir en aucune façon critiquer les profs, après tout j’en ai un à la maison avec qui je partage ma vie depuis près de 20 ans ! ;)

    Pour le dire autrement : il y a beaucoup, beaucoup de dialogues et autres parties explicatives, sur ce qu’il se passe, sur les actions à prendre, sur les recherches « historiques ». Or, ce procédé rend l’univers créé par P.J. Hérault très dense et pourtant très limpide mais, comme en revers de la médaille, ça devient aussi assez théorique, avec plus de « blabla » que d’action. Oh, certes, il y en a, de l’action… mais on la suit toujours d’une façon un peu détournée. Les scènes des quelques batailles par exemple, non seulement ne sont pas époustouflantes (et ce n’est pas le but !), mais en plus on ne les voit qu’à travers la visière du casque de combat de Jivane, ce qui ajoute au manque d’émotion. Ainsi, on a un livre avec des sujets extrêmement touchants et interpellants, rendus par une écriture qui paraît un peu trop descriptive, alors qu’on voudrait juste se sentir vibrer.

    Ca n’en reste pas moins un très bon roman qui, bien au-delà des aspects science-fictionnels très travaillés et parfaitement crédibles, touche au cœur de certaines imperfections (voire pire) de notre société actuelle, d’une façon certes très didactique mais toujours très juste, et fait passer un superbe message de tolérance et de dialogue. Un tout bon moment de lecture !
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #85 13 Avril 2021 23:15:27

    Bonsoir,

    Comme promis, je reviens pour un peu de blabla... ;)

    @Bouledechat et @Catysprint : oui, Cadavre exquis est un livre monstrueux, mais "l'air de rien", grâce à cette écriture limpide et aisée assez typique d'une bonne lecture contemporaine qui ne se fait pas remarquer a priori. Mais je pense qu'elle vaut vraiment la peine, évitez juste de le lire avant de passer à table!

    Oh, je note Des milliards de tapis de cheveux pour ma WL, ça a l'air bien intéressant! (bon, ce n'est pas comme si j'avais plus de 800 livres dans cette WL... certains depuis si longtemps que je ne sais plus pourquoi je les y ai mis, il faudrait à l'occasion que j'y fasse un tri...

    @Kah Rane : Place aux immortels est désormais dans ma bibliothèque, il me reste à l'inscrire "officiellement" dans ma PAL ;) 
    Oh pas cool pour ton grand-père! c'est fou comme chacun réagit différemment au "placement" (je ne trouve pas d'autre mot) en maison de retraite (en Belgique on dit encore comme ça, parfois "MRS" pour maison de retraite et de soins, mais "ehpad" c'est vraiment très français! ;) ) : mon papa en rêvait et avait déjà fait les démarches pour y avoir sa petite place au cas où maman partirait avant lui... mais finalement c'est lui qui est parti... et maman vit seule dans son petit appartement. Elle est très sociable et est constamment entourée, et avec "tout ça" elle voit des tas de gens bien davantage que sa famille! mais c'est comme ça... nous on est 5, et la Belgique limite les "bulles", donc voilà...


    Et à part ça, j'ai actuellement 3 lectures en cours, mais aucun qui soit super-proche de la fin!
    * Le Hobbit de Tolkien, car ma binôme @cerisia m'a proposé le SdA n° 1 pour le LDPA en cours, or ça me semblait indispensable de d'abord me replonger dans les origines de l'histoire - une vieille histoire puisque je devais avoir 15-16 quand j'ai lu ce Hobbit pour la 1re fois! :O

    * Brasier noir de Greg Iles, une brique policière d'environ 1.000 pages (et ce n'est que le 1er tome d'une trilogie!), j'ai dépassé le 1er quart mais évidemment, vu le nombre de pages, ça a l'air interminable... Une lecture passionnante et dense, et dès lors aussi un peu "lourde", il faut s'arrêter régulièrement car ça aborde beaucoup, beaucoup de sujets... avec une intrigue principale autour de certaines actions de proches du Ku Klux Klan dans l'Amérique des années 1960. Certaines scènes sont d'une cruauté à vomir, d'autres sont érotiques, il y a vraiment "tout" dans ce livre! L'avis suivra... bah je ne sais pas quand!

    * Biotanistes d'Anne-Sophie Devries, un livre de SF qui était présenté au rayon Jeunesse de ma librairie... Il m'avait tapé dans l'oeil mais j'avais déjà trop de livres dans mon panier, et puis miracle: il était dispo dans ma bibliothèque lorsque j'ai rendu le dernier livre emprunté! Une écriture "lumineuse" - je ne sais pas pourquoi c'est ce mot-là qui s'impose, il faudra que je creuse si je veux le placer dans mon avis quand je le rédigerai! ;) malgré un sujet assez dur au départ... et une mise en place très déroutante (si je n'avais pas lu le synopsis, je n'aurais rien compris je crois!) Bon et puis, surtout, cette auteure française a eu la bonne idée de venir vivre en Belgique, et visiblement prendre la nationalité car elle est reprise "officiellement" sur le site des auteurs belges francophones! ;) Bref, affaire à suivre, c'est le moins avancé...




    Et comme annoncé dans un de mes premiers posts, je profite de cette période "entre-deux-avis" pour aller piocher dans mes anciennes lectures que j'avais commencé à chroniquer, mais pour moi toute seule dans un album privé sur mon Facebook... L'avis ci-dessous date du 26 juillet 2020... et ça vous montre le genre de lecture que j'apprécie toujours beaucoup, même si là pour le coup j'ai fait fort...

    Les protecteurs, tome 1: Absolution de Sloane Kennedy - j'ai mis 16/20

    <image>

    Synopsis : Après quatre années passées à l'étranger, l'artiste Jonas Davenport revient à la maison pour réaliser son rêve de posséder son propre studio et galerie d'art. Mais, alors qu'il est prêt à mettre son obscur passé derrière lui pour toujours, celui-ci revient le hanter avec une ardeur redoublée.
    La seule chose qui retient l'ex-policier Mace Calhoun de retourner son propre pistolet contre lui après une perte douloureuse est son rôle dans une organisation souterraine cherchant à obtenir justice pour des innocents en prenant la vie des coupables. Mettre fin à la vie du jeune artiste qui avait commis des crimes indicibles contre les victimes les plus vulnérables aurait dû être la chose la plus facile au monde. Alors, pourquoi ne peut-il appuyer sur la gâchette ?
    Après des années de combats dans une guerre dévastatrice et sans fin, le Navy Seal Cole Bridgerton rentre à la maison pour se livrer à une tout autre bataille – faire face à la découverte que la jeune soeur qui a fui la maison huit ans plus tôt est perdue à jamais. Il a besoin de réponses et la seule personne pouvant les lui donner est un jeune homme luttant pour se reconstruire. Mais il ne s'attendait pas à ressentir quelque chose de plus fort pour l'artiste torturé. Cole et Mace. L'un vit selon les règles, l'autre fait les siennes. L'un veut rendre justice par la loi tandis que l'autre veut utiliser son arme. Deux hommes, l'un lumière, l'autre obscurité, se retrouveront eux-mêmes et l'un l'autre lorsqu'ils seront obligés de collaborer afin de protéger Jonas d'un mal invisible qui ne reculera devant rien pour faire taire à jamais le jeune artiste. Mais les cicatrices de chaque homme sont profondes, si bien que la force de leur trio pourrait ne pas être suffisante pour les sauver...


    [u]Mon avis (du 26 juillet 2020)[/u] :
    J'ai lu il y a quelques années les 6 premiers tomes d'une série M/M - à savoir la série Ty & Zane d'Abigail Roux, et puis j'avais arrêté après le tome 6, car le 7 n'était pas encore traduit et je n'avais pas envie de le lire en anglais... A la même période, j'avais aussi acheté un autre livre M/M dont j'ai complètement oublié le titre, mais qui m'avait tellement embêtée que j'avais laissé tomber après quelques pages... Et puis, malgré le fait que le tome 7 - et d'autres même je crois - sont sortis entre-temps, je ne suis plus retournée à ce genre...

    .... jusqu'à ce que "J'aime" la page Facebook liée au blog d'une lectrice de romances: Lire ses rêves, où une amie virtuelle de longue date est inscrite aussi, sans qu'on en ait jamais parlé... De la lecture ok, puis j'ai peu à peu découvert que ça parle beaucoup de romances - et ma première réaction a été: bof!
    ... jusqu'à ce que je tombe sur un post qui demandait ce qu'on pense des romances M/M/M (ou avec F, mais à trois), et paf ça m'a redonné envie d'en lire. J'ai un peu exploré sur Amazon, il y en a des tonnes et des tonnes, à boire et à manger bien sûr, et surtout des M/M (à deux donc), mais vraiment j'avais envie de retenter ce type de lecture.

    Celui-ci est donc un M/M/M assez dur, avec trois hommes qui parlent à tour de rôle, qui ont tous trois eu un passé (eux-même ou dans leur famille) plutôt dur, qui sont évidemment tous trois beaux comme des dieux chacun dans son genre, mais qui finissent par s'aimer réellement et forment ainsi un "trouple" (il paraît qu'on dit ainsi, la contraction de triple et couple) solide et heureux.
    L'histoire démarre un peu lentement et semble même incompréhensible, j'ai même presque regretté mon achat, mais j'ai persévéré... et peu à peu ça s'affine, le passé de chacun se dévoile peu à peu et contribue à la compréhension totale, tout en rendant chaque protagoniste extrêmement attachant. Mon seul regret finalement, c'est que pendant de longues pages, ces trois hommes ne font que s'effleurer tout doucement, se "tester", se poser des questions les uns sur les autres... mais les scènes de sexe, qui sont celles qu'on attend finalement, arrivent assez tard dans l'histoire, mais alors elles sont "hot" comme on les aime, ouf!

    Dernière modification par domi_troizarsouilles (13 Avril 2021 23:20:39)

  • Cendre

    Gollum littéraire

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    #86 14 Avril 2021 15:57:51

    Dans une telle logique, le mot « haine » n’a pas la moindre place, c’est à croire que celui (ou celle) qui a pondu ce synopsis pour la maison d’édition n’a pas lu le livre, ou n’y a rien compris !


    Ou alors il l'a lu mais il a fit exprès de mettre un terme "coup de poing" et poussif pour attirer le lecteur :)
    Le fait de supprimer des mots "tabou" en socitété de notre vocabulaire fait assez peur car c'est comme si on voulait cacher une vérité mais elle est d'autant plut flippante que c'est une pratique qui tend à se mettre en place dans notre réalité. Je trouve que c'est un procédé assez dangereux sachant qu'on évite aussi de répéter les erreurs du passé lorsqu'on en a connaissance. En devenant "aveugle" sur certains termes, c'est comme jeter aux oubliettes tout cela (par extrapolation). Je pense par exemple au livre Dix petits nègres qui a été renommé "Ils étaient dix" et les statuettes dont il est questions dans l'histoire sont devenues des petits soldats et plus des figurines de personnes de couleur. Ca a fait débat et je comprends pourquoi ! Ceci n'est qu'un exemple sans réelle importance mais c'est un bon indicateur de la facon de penser véhiculée par notre société "trop bien pensante". On commence avec ca et on finit avec des choses un peu plus critiques...

    Pour le SdA, tu n'as en toute honnêté aucun besoin de lire le Hobbit avant. J'ai lu le SdA en premier et je n'ai pas ressenti de manque. Le livre du SdA est déjà bien assez détaillé sur la mythologie du monde Tolkien et des légendes qui ont eu lieu avant. Surtout que le ton du Hobbit n'a pour moi rien à voir et il va peut e^tre te donner un maucaise idée de ce qui t'attend dans le SdA...
    Je t'aurais plutot conseillé de regarder tout simplement l'intro du film de Peter Jackson (il va plus loin que le Hobbit !) et c'était bon : prologue ici en VF et il dure moins de 7 minutes :D

  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #87 18 Avril 2021 15:11:18

    Bonjour à tous,

    Je profite d'un relatif moment de calme à la maison pour enfin mettre en ligne mes avis sur mes deux dernières lectures...
    Mais avant ça, @Cendre, pour revenir brièvement aux Clones déviants,  je suis quand même "choquée" qu'un éditeur vienne parler de haine dans son synopsis, alors que tout le livre est un appel à la non-violence! C'est plus que poussif, c'est complètement inadéquat, et ça trompe complètement le lecteur - attirant ainsi un lectorat qui sera peut-être déçu, tandis que les lecteurs à qui ça pourrait plaire vont peut-être s'en détourner...
    Pour le reste, je suis assez d'accord avec ce que tu dis! Cette manie du politiquement correct à tout prix, quitte à dénaturer une oeuvre car on la retire de son contexte! ça m'agace profondément, et l'exemple des Dix petits nègres (que je n'ai jamais lu, j'avoue, mais tout le monde en a déjà entendu parler! et j'ai dû voir l'une ou l'autre adaptation à la télé...) est effectivement très parlant!

    Ah le SdA! J'ai désormais lu le Hobbit, c'est d'ailleurs mon 2e avis que je vais mettre en ligne aujourd'hui ;) ... mais du coup ce sera un très long avis, car j'explique toute l'histoire, toute mon histoire qui m'a conduite autrefois à aborder Tolkien dans un contexte "historique" précis, et qui explique aussi le fait que, jusqu'à aujourd'hui, je ne parviens pas à détacher le Hobbit du SdA - il y a des ces petites choses qui marquent pour toujours, et cela en fait partie. ;)
    Ce n'est pas une justification, ni un refus d'admettre les théories élaborées par le spécialistes autour de l'oeuvre de Tolkien - je les entends, et je les respecte! Mais, comme je l'ai déjà dit ici ou là, quand je lis, c'est aussi toute mon histoire personnelle -mon histoire de lectrice- qui intervient aussi, et qui prend bien plus de place que tout le reste.




    Bref... je vous avais dit que j'étais occupée sur trois "gros" livres et qui n'avancent guère... Le Hobbit est désormais terminé, et les deux autres ont dépassé les 50% ;) et ce sont des lectures qui accrochent bien, même si elles ne sont pas forcément hyper-aisées, vu leur "densité d'une façon ou d'une autre... C'est donc ainsi que, en tout logique :sifflote:, j'ai tout à coup eu envie de lire un truc beaucoup plus léger, et me suis donc ajouté une 4e lecture, que j'ai terminée en quelques heures!

    Thorne & Dash, tome 1: Distance professionnelle de Silvia Violet
    ... et j'ai carrément mis un bon 17/20!

    <image>

    Synopsis : Thornwell Shipton est riche, collé monté, renfermé ainsi qu’un incurable drogué du travail. Une histoire d’amour tragique l’a rendu terrifié par les relations amoureuses, c’est pourquoi il se dit que le sexe, c’est mieux programmé et payé.
    Riley Dashwood est jeune, facile à vivre, et bien dans sa peau. C’est un pâtissier passionné et un chef en herbe, travaillant comme escort afin d’économiser pour rentrer à l’école culinaire.
    Ils sont clairement faits l’un pour l’autre.
    Lorsque Thorne engage Dash, c’est un coup de foudre charnel. Après quelques nuits torrides passées ensemble, les deux hommes commencent à se demander si ce qui se passe entre eux n’est pas plus que physique, mais leur différence d’âge et leur opposition farouche à l’amour les freinent à transformer leur relation professionnelle en relation personnelle. Dash pousse Thorne à admettre qu’il désire désormais les choses qu’il s’est refusées pendant des années. De tendres et chaleureuses choses. Des choses qui le forcent enfin à ouvrir son coeur, pas seulement son corps.
    Pour aller de l’avant, l’un ou l’autre devra prendre un risque et demander ce qu’il désire vraiment.


    Mon avis :
    Un petit retour dans le monde des romances, et pour le coup je choisis ce que je préfère : une « gentille » petite romance M/M. Mais ciel, ce synopsis (qui est aussi celui que l’on trouve sur le site de l’éditeur), est vraiment très spoilant je trouve… et pas tout à fait correct ! Sans parler du fait que la fiche LA , au moment où j’ai entamé cette lecture, parlait de « romance contemporaine », alors que « romance érotique » serait beaucoup plus approprié – j’ai demandé le changement sur le post BBM ad hoc et entre-temps la super-équipe a fait le nécessaire ! :pink:

    Voici ce que moi j’ai lu (sans spoiler j’espère) : Thorne, quadra workaholic fortuné, mais aussi gay jamais sorti du placard, vit pour travailler et ne se permet plus la moindre fantaisie depuis des années. Sa vie bien réglée comprend le sexe du vendredi soir, avec un escort grassement rémunéré. Lorsque son habituel du vendredi quitte la profession, il se retrouve face à son remplaçant : Riley « Dash », de 20 ans son cadet, qui n’a jamais caché son homosexualité. Le jeune homme pratique en tant qu’escort afin d’économiser assez d’argent pour pouvoir intégrer une école supérieure de cuisine et pâtisserie, sa passion dont il fait son vrai métier. Très vite, tous deux se découvrent une intense entente charnelle, qui reste toutefois dans le cadre de leur relation professionnelle. Pourtant, peu à peu de vrais sentiments éclosent au cœur de chacun des deux protagonistes, mais pourront-ils surmonter leurs différences et s’avouer leur amour ?...

    Quel que soit le résumé, on l’a compris : c’est donc bien une romance qui s’inscrit dans un schéma assez classique dans pas mal de M/M. Deux hommes se rencontrent et se retrouvent quasi immédiatement au lit, et comme en plus ça marche bien, ils n’arrêtent plus. Je dirais même que les trois premiers quarts (oui, oui : à peu près 75% ! même si je n’ai pas vraiment fait gaffe aux pourcentages) de ce livre sont un condensé de scènes de sexe, avec une légère tendance BDSM. Et ce ne sont pas des scènes suggérées comme j’ai parfois lu dans d’autres romances plus prudes, non ! Ici on a tous les détails, on a presque l’impression d’être en train de regarder une vidéo porno !

    Cela dit, si cette lecture procure un effet vidéo porno, et même plutôt hot, elle est aussi très agréable (tant qu’à faire !) et vraiment touchante, car à travers des petits mots de-ci de-là, l’expression de l’un, le regard de l’autre, etc., l’autrice parvient à rendre cette ambiance de sentiments naissants que l’on touche du doigt, qui se crée petit à petit, grâce à une écriture limpide faite de phrases courtes qui vont droit au but. C’est aussi le fait que, si elle présente l’évolution de Thorne ou de Dash à tour de rôle, depuis le point de vue d’un narrateur extérieur, elle entre aussi régulièrement dans la tête de l’un ou de l’autre par le jeu de brefs passages en italique – et ce procédé, qui pourrait être agaçant s’il était mal géré, apparaît ici tout simplement parfait, juste ce qu’il faut pour toucher le lecteur au bon moment ! Dans le même ordre d’idées, considérant qu’on a là une littérature « facile » sans grande recherche, si ce n’est le plaisir du lecteur, il faut savoir qu’on n’échappe pas à quelques traditionnels du genre : des « waouh » sur certains détails physiques de l’un ou de l’autre, des « merde » ou « putain » à des moments bien précis… mais contrairement à d’autres (trop nombreuses) romances du même genre, où on trouve ces expressions toutes les deux pages, ici c’est vraiment bien dosé ! Il y en a, mais pas trop, et quand tout à coup ces expressions surgissent, elles ne choquent pas car elles tombent juste au moment opportun, et le lecteur n’est pas loin de penser la même chose, d’une façon ou d’une autre…

    A côté de ça, on a bien sûr les effets habituels à ce genre de romance : l’amour qui grandit, les obstacles bien gros et qu’on sent venir dès le début, l’inévitable rupture à un quelconque moment du parcours, les ex qui réapparaissent et font plus ou moins de l’ombre, etc. – ce n’est même pas un spoil, ce sont juste les ingrédients typiques d’une telle lecture avec, comme je l’ai dit plus haut, beaucoup, beaucoup de scènes très érotiques … et très plaisantes ! Mais à nouveau : ici ça ne m’a pas dérangée, peut-être parce que j’avais précisément envie de ce genre de lecture et du coup étais prête à cette légèreté un peu préfabriquée… mais aussi grâce à cette écriture tellement agréable que je relevais plus haut. En outre, les sentiments entre les deux hommes sont traités avec une certaine douceur, malgré (ou peut-être grâce à ?) l’érotisme puissant de la plupart des scènes de sexe, ce qui amène le lecteur à y croire vraiment… jusqu’à verser une petite larme à certains passages – ou alors j’étais vraiment fatiguée !

    Bref, une très bonne lecture-plaisir, pour un moment d’échappée de mes quelques autres lectures plus élaborées que j’ai en cours. Or, parfois, et notamment en cette période où j’ai besoin de penser à des choses légères quand je « quitte » (sachant que je suis en télétravail depuis plus d’un an) le travail chaque soir, c’est vraiment réconfortant !





    Et voici maintenant celui que l'on attendait ;)

    Le Hobbit de J.R.R. Tolkien

    <image>

    Synopsis : Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible qui n'aime pas être dérangé quand il est à table. Mais un jour, sa tranquillité est troublée par la venue d'un magicien nommé Gandalf, et de treize nains barbus qui n'ont qu'une idée en tête : récupérer le trésor de leurs ancêtres, volé par Smaug le dragon sur la Montagne Solitaire. Suite à un malentendu, Bilbo se retrouve malgré lui entraîné dans cette périlleuse expédition.

    Mon avis... et la petite histoire autour de cette lecture et du SdA :
    Quelle vieille histoire que ce Hobbit ! J’ai entendu parler de Tolkien pour la toute première fois en 1989, j’avais 17 ans et je terminais ma 5e année secondaire (la première au lycée, pour les lectrices françaises qui me suivent ;) désolée pour les autres nationalités je ne sais pas à quoi ça correspond...). Et je m’en rappelle avec une grande précision, c’est même surprenant après tout ce temps, mais ça m’avait semblé tellement interpellant que, jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais pu oublier… même si je suis un peu dubitative désormais. C’était en cours de français, je ne sais plus sur quel sujet ; le prof nous avait parlé de Tolkien. Excellent auteur disait-il, et il nous avait présenté le Seigneur des Anneaux comme une œuvre majeure qui dénonçait… le communisme ! Eh oui ! c’est tellement énorme, ça ne s’invente pas…

    A la réflexion, ce n’est pas tellement étonnant, pourtant… Les connaisseurs savent que le SdA a été publié pour la 1re fois (en anglais) en 1954 – c’est-à-dire moins de 10 ans après la fin de la 2e guerre mondiale, en pleine guerre froide, la guerre de Corée venait de finir. Les blessures étaient encore vivaces, toutes les interprétations étaient possibles, et c’est celle-là qui s’est acheminée jusqu’à mon cerveau d’ado qui adorait déjà lire. Ensuite, faisons un petit saut jusqu’en 1989, donc, l’année de ma découverte et de cette référence au communisme… Tout le monde a les yeux tournés vers l’URSS. Depuis la lente ouverture vers la démocratie sous Gorbatchev, le géant communiste est en train de chanceler ; les républiques baltes réclament leur indépendance. Les autres pays du « bloc de l’Est » commencent à bouger, c’est cet année-là que la Hongrie va ouvrir sa frontière avec l’Autriche, ébranlant le Rideau de Fer, ce qui conduira jusqu’à la chute du Mur de Berlin dans les mois suivants !

    Ces mots appartiennent aux manuels d’histoire pour les plus jeunes, mais pour ma génération alors adolescente, et peut-être plus encore pour la génération de jeunes adultes comme l’était ce prof de français, c’était l’Histoire (avec un grand H) qui s’inscrivait sous nos yeux – je crois que personne, parmi ceux qui l’ont « vécu » à travers les images de la télé cette année-là, n’oubliera ce Mur de Berlin en train d’être dépecé, et les Allemands des deux côtés s’embrassant et faisant la fête… et quand je les revois lors de l’un ou l’autre reportage, c’est toujours la même émotion qui m’étreint. C’était autrement plus passionnant que notre pandémie actuelle ! Dans un tel contexte, il ne me semble pas étonnant qu’une épopée telle que le SdA ait été associée à cette Histoire en marche… et que, dès lors, elle m’ait tellement interpelée. Je n’ai plus jamais revu ce prof de français, et tant pis si cette association au communisme me semble aujourd’hui assez improbable (mais j’y reviendrai une autre fois) : je ne pourrai donc jamais épiloguer sur le sujet avec lui qui était si convaincu !

    Cette longue introduction est peut-être un peu digressive, mais elle montre surtout que j’ai abordé Tolkien à une époque bien particulière, et avec un a priori très fort, sachant aussi que, même si ses différents livres étaient déjà largement traduits et diffusés, en 1989 la Fantasy restait un genre encore relativement confidentiel. Après tout, on est plus de 10 ans avant la sortie des films, dont le succès phénoménal (auquel je n’ai jamais adhéré, mais c’est une autre histoire) a rendu l’œuvre célèbre auprès d’un public beaucoup plus large. Mais on n’y était donc pas encore, et en tout cas, ça ne faisait pas partie des livres vers lesquels mes parents et moi nous dirigions lors de nos visites hebdomadaires à la bibliothèque.

    Mais, après avoir lu tout cela, vous me direz : mais on ne parle pas du SdA, ici ; c’est le Hobbit qui a été lu ! Ah ben oui… Et là, le souvenir s’estompe un peu quand même. Je sais que j’ai emprunté le livre à la bibliothèque, et ma mémoire visuelle me dit que je l’ai lu dans cette édition-ci :

    <image>

    J’ai regardé les images avant les détails, et je suis assez sûre de moi (mais n’ai aucun moyen de vérifier, après tant de temps !) ; or, si LA dit que cette édition date de 1992, il semble qu’il s’agit d’un retirage, alors que la 1re réédition du Hobbit avec cette couverture daterait de… 1989 ! (ma source est ici, consultée une première fois le 16/04/2021) : https://www.noosfere.org/livres/Edition … umItem=468) Alors, pourquoi Le Hobbit (qui affichait encore Bilbo dans son titre) plutôt que le SdA ? Là, c’est mon imagination qui prend le relais. Je peux assez facilement me représenter ma bibliothécaire d’autrefois, une vieille dame que je connaissais depuis l'enfance et qui avait (à mes yeux d'enfant sans aucun doute, mais mes parents l'estimaient beaucoup aussi) une immense culture littéraire, et j'entends encore ses conseils (presque) toujours avisés quand je lui demandais quoi lire… Est-ce donc elle qui m’aurait proposé « Bilbo le Hobbit », plutôt que le SdA, pour une première approche de Tolkien ? Je la connaissais depuis bien plus longtemps que mon prof de français mentionné plus haut, et lui faisais toute confiance… et ce choix est d’autant plus probable qu’il correspond à la 1re sortie du livre sous cette nouvelle couverture : ma bibliothécaire préférée était sans doute bien contente de sa nouvelle acquisition qui rencontrait tout de suite le succès !

    Résultat : pour moi, et quoi qu’en disent les spécialistes de cet auteur ;) , l’histoire « première » du Hobbit restera éternellement indissociable de celle du SdA, comme une espèce de préquel. Certes, je suis bien consciente que l’analyse historique de l’œuvre et de son auteur, ou son interprétation communément admise ont plutôt tendance à récuser un lien aussi important, concédant tout au plus que les deux histoires se passent dans un même univers. Et alors ? Je ne lis pas Tolkien en spécialiste, mais en lectrice curieuse et ayant besoin de se faire son propre avis, et tant pis s’il s’éloigne des chemins balisés (au moins, je ne vous embêterai pas avec mon féminisme, ici ! :ptdr:). En effet, bien sûr, toujours en 1989, j’avais entamé le SdA dans la foulée de cette découverte du Hobbit, et à cette époque c’était logique, c’était naturel, et c’est le souvenir inaliénable qui m’est resté. C’est aussi pour cette raison que, 32 ans plus tard, lorsque ma binôme du LDP m’a proposé le tome 1 du SdA, j’ai choisi de me rafraîchir la mémoire en commençant par le Hobbit, parce que dans mon esprit c’est impossible de faire autrement ! Après tout, le 4e de couverture de cette nouvelle édition parle de « prélude » au SdA…

    Et donc, on y arrive enfin, à ce fameux Hobbit… J’ai vraiment, complètement redécouvert l’histoire ! Je me rappelais très vaguement de Bilbo et de sa vie rangée (au début du moins), comme un vague reflet de la vie sans surprise de l’Anglais moyen qu’il ne faut pas trop bousculer, et surtout pas à l’heure du thé - ou, pour le moins, l’image que cet Anglais moyen donne au monde extérieur, et dont Tolkien semble se moquer gentiment à travers ce personnage presque trop irréprochable. C’est fou de se dire, d’ailleurs, comme cette image a peu changé depuis 1937, année de la première parution du Hobbit en langue originale ! Cela dit, ce personnage de Bilbo ne m’a jamais été particulièrement sympathique : j’ai le vague souvenir que l’apparence d’un Hobbit, ainsi que son côté casanier malgré quelques gènes plus aventureux, m’avaient d’abord déconcertée lors de ma 1re lecture autrefois. Bien sûr, désormais je m’attendais à ces caractéristiques physiques ou de caractère… mais elles ne me séduisent toujours pas vraiment ! De même, je me souvenais de Gandalf – j’ai toujours eu un faible pour les mages et autres sages ;) . Il est toujours en tête de mes chouchous, toutes sagas confondues (même si je n’en ai pas encore lu tant que ça) ! Sa sagesse, un certain humour pince-sans-rire, son côté secret aussi qu’il ne dévoile sous aucun prétexte (ou alors tout à la fin en quelques mots à peine esquissés), vraiment j’adore tout ça… et j’aurai plaisir à le retrouver dans le SdA – car, si j’ai bonne mémoire, on l’y retrouvera ! Enfin, bien entendu, comment aurais-je pu oublier Gollum, tellement déterminant (malgré lui) dans cette histoire d’anneau  – à ceci près que sa description dans ce livre présente plusieurs différences avec le personnage du film du SdA, or c’est ce dernier qui s’est imposé dans mon imagerie mentale, au point que la description originale par Tolkien m’a presque semblé embêtante… avant que je me rappelle que c’est quand même lui qui avait « raison », si l’on peut dire ! c’est quand même lui qui l’a créé…
    En revanche, aussi étrange que ça puisse paraître, j’avais complètement oublié les Nains, si nombreux en plus, de même que j’avais oublié la plupart des contrées traversées, ou personnages ou autres créatures rencontrées tout au long de cette quête. Certes, certains noms ont évoqué quelque chose de très lointain : Elrond par exemple, ou les Aigles, ah les Aigles ! mais pour tout le reste c’était presque comme une première lecture.

    Et ladite lecture me laisse un sentiment que j’ai parfois ressenti à la lecture d’autres livres « Jeunesse », vraisemblablement destinés à un public assez jeune (je le vois abordable pour mon Julien, actuellement 8 ans, d’ici un ou deux ans, peut-être même plus tôt, après tout il est déjà très largement contaminé par un Harry Potter ou Star Wars !), mais qui ne peut lire un tel livre en solo : d’abord parce que 400 pages, c’est beaucoup trop long pour un enfant ou un préado (sauf s'il s'agit d'un vraiment bon lecteur passionné), et aussi parce que plus d’un passage peut être réellement effrayant pour les plus jeunes… Toutefois, l’écriture est plutôt fluide et agréable, avec çà et là des pointes d’humour l’air de rien. Les petites répétitions, notamment à propos de la nostalgie de Bilbo pour son trou de Hobbit qu’il aspire tant à retrouver, ou ses rêves récurrents de bonne nourriture, ne sont pas pesantes car elles sont chaque fois très courtes juste en passant, tout en donnant un certain rythme au récit.

    Cela dit, je ne pourrais dire si j’ai retrouvé l’enchantement d’autrefois, puisque je ne me rappelle pas assez clairement les sentiments que cette lecture du Hobbit seul avait suscités. L’univers est plutôt sombre avec toujours l’une ou l’autre touche d’espoir, mais reste malgré tout léger aux yeux de l’adulte que je suis devenue (enfin, je crois… ;) ) et qui a lu bien d’autres choses depuis lors. Ainsi donc, je referme aujourd’hui ce livre avec la satisfaction d’avoir (re)lu une œuvre classique clairement destinée à un public plus jeune. Je reste admirative, aussi, pour tout ce que représente une telle œuvre, la création d’un monde tellement travaillé et convaincant, presque « parfait » dans son genre, et tout à fait accessible malgré tout, à une époque où la Fantasy n’avait pas encore rencontré le formidable succès qu’elle connaît de plus en plus – je me plais à citer Wikipedia (ça vaut ce que ça vaut, et c’est ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_fantasy ) : « (…) c'est la naissance de la high fantasy et, surtout, la popularité de Bilbo le Hobbit  et du Seigneur des Anneaux font de la fantasy un genre à part entière. Si le premier, paru en 1937, est un livre pour enfants, le second, paru dans les années 1950, est une œuvre sérieuse de fantasy épique, d'une grande ampleur. » Toutefois, je n’ai pas ressenti cet emballement que quelque chose en moi espérait bien un peu… mais, quoi qu’il en soit, le mot final qui s’impose est : respect !

  • Grominou

    Modératrice

    Hors ligne

    #88 18 Avril 2021 20:57:58

    8 ans c'est effectivement un peu jeune, moi je l'ai lu à 12 ans sans difficulté et j'aurais sans doute été capable à partir de 10 ou 11.

    Ah! que tu me rappelles de bons souvenirs!  Je l'ai relu en 2013, juste avant la sortie des films, et j'ai vraiment eu l'impression de retrouver mon âme d'enfant.  Contrairement à toi, je m'identifiais à Bilbo et en plus je trouve les Hobbits très mignons avec leurs pieds poilus!
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

    Hors ligne

    #89 21 Avril 2021 23:45:15

    Coucou,

    J'avance enfin dans mes quelques briques... Presque 90% pour Brasier noir de Greg Iles, mon 2e livre pour le challenge Whitechapel en cours (je suis sensée en lire ... un certain nombre, environ 3 par mois si je les étale, ça va être plus "chaud" que je n'aurais pensé... mais bon, je n'ai que deux énormes briques dans la liste, la plupart des autres devraient être lus bien plus rapidement!), et entre-temps j'en ai entamé deux autres: L'illusion de Maxime Chattam pour le LDPA en cours (et c'est mon tout premier Chattam), et Le gang des prodiges de Marissa Meyer, emprunté à la bibliothèque en coup de coeur alors qu'il ne faisait pas (du tout) partie de mes lectures prévues ce mois-ci!

    Mais entre-temps, donc, j'ai enfin fini l'autre brique, 600 pages, également un emprunt à la bibliothèque!
    Voici donc, avec un avis mitigé qui ne dépasse pas les 14/20:

    Biotanistes d'Anne-Sophie Devriese

    <image>

    Synopsis : Quelque part dans le futur.
    La terre est sèche. Des grappes d’humains survivent dans les dernières oasis. Terminé les ruisseaux, terminé les animaux, terminé… la domination masculine. Parce qu’elles semblent être les seules à survivre à une maladie qui décime l’humanité, les femmes ont pris le pouvoir et les hommes sont relégués au rang de reproducteurs.
    Rim, jeune sorcière élevée au convent, voit son premier saut dans le passé approcher avec impatience et fébrilité : et si elle n’atterrissait pas en zone utile et devait renoncer pour toujours à voyager dans le temps ? Et puis, qui est Alex, cette nouvelle venue qui la déroute tant, la pousse à reconsidérer ses certitudes ? Et si… Et si les hommes, en vérité, pouvaient survivre au fléau ?


    Mon avis :
    J’avais repéré ce livre depuis un moment au rayon Jeunesse de ma librairie habituelle mais, comme c’est souvent le cas (sauf pour les coups de cœur immédiats, généralement sans explication), je l’ai ensuite reposé en me disant : « plus tard »… En revanche, quand je l’ai vu apparaître parmi les nouveautés de ma bibliothèque, là je n’ai plus hésité !

    Mais en refermant ce livre, je suis assez perplexe. D’abord, pourquoi donc mon libraire l’avait-il classé au rayon Jeunesse ? parce que certains des héros sont des ados ? l’éditeur ne mentionne rien de particulier, et sa ligne éditoriale bien marquée SFFF ne semble pas particulièrement orientée vers les plus jeunes… et quand je vois Amazon indiquer « 6 années et plus » pour l’âge de lecture, ça n’a aucun sens ! Pour moi ce n’est pas un écrit jeunesse, au mieux du young adult peut-être, pour une raison bien simple : ça fait référence à trop de notions diverses, de l’Histoire ou de l’actualité plus récente, qu’un (jeune) ado ne comprendra pas, à moins d’avoir atteint un niveau de connaissances culturelles suffisantes. Cela dit, LA ne fait pas cette erreur… mais je vais devoir le signaler à mon libraire !

    En outre, ce livre n’est décidément pas d’un abord facile. Il faut le premier quart du livre pour une lente mise en place, avant que l’ensemble commence à faire (un peu) sens. Et c’est même pire : si je n’avais pas d’abord lu le synopsis, je n’aurais rien compris ! Ce n’est pas que ce synopsis dévoile l’intrigue outre mesure, mais les choses sont présentées d’une manière fort décousue : les divers petits événements semblent n’avoir aucun lien les uns avec les autres, les personnages parlent de notions dont le lecteur n’a aucune idée - amusez-vous avec les chasseresses, finalement assez identifiables, ou les nornes, quant aux semeuses je cherche encore qui elles sont vraiment... Certes, on comprend assez vite qu’on est dans un certain futur, pas tellement lointain, mais assez pour que le réchauffement climatique ait eu fini de faire son œuvre : la terre est devenue désertique, l’eau est une denrée rare (en tout cas il n’y a plus de rivières, plus de pluie), les abeilles ont disparu. Avec elles, la biodiversité également a disparu, les arbres sont rarissimes et rabougris. Dans cet univers qui a un petit côté apocalyptique, plusieurs destins s’entrecroisent, entre histoires d’amour ou d’amitié, de secrets, de trahisons, de limites longtemps floues entre bons et méchants… tandis que le sentiment de ne pas avoir toutes les cartes en mains pour une bonne compréhension de l’intrigue est persistant.

    De plus, on ne sait jamais précisément où on est ! On est bien sur Terre, l’autrice n’a clairement pas placé son histoire dans une quelconque autre galaxie, mais dans ce monde sans eau, toute notion de désert « traditionnel » pourrait être n’importe où sur la planète. Or, pour moi, c’est très frustrant, car par ailleurs l’autrice sème quand même un certain nombre d’indices sur des lieux possibles qui auraient traversé le temps… si bien que je n’ai cessé de me creuser la tête à essayer de savoir dans quelle ville de notre monde on a les différents éléments évoqués:

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    un édifice de type religieux, peut-être un couvent, avec un dôme reconnaissable; un cours d’eau important avec un pont majestueux; des minarets; et un quartier pauvre que l’on nomme à l’espagnole « barrio » ? J’ai bien quelques petites idées, mais rien qui la confirmerait… la plus évidente étant Istanbul avec ses minarets, la cathédrale Sainte-Sophie et le Bosphore… mais le « barrio » ne s’explique pas, alors.



    Par ailleurs, l'autrice évoque des sujets forts, comme par exemple les conséquences du réchauffement climatique quand il est devenu irréversible ; ou la dénonciation de la domination d’un genre par un autre, pris ici complètement à l’envers comme pour mieux l’accentuer (ce sont les hommes qui travaillent dans les maisons closes, ce sont les hommes qui craignent de se retrouver seuls le soir dans certains quartiers, etc.), mais tout cela manque singulièrement de profondeur – peut-être, à nouveau, à cause de cet aspect généralement décousu de l’écriture ? En tout cas, j’aurais envie de voir les protagonistes rêver de prendre une douche… mais à aucun moment tout ce sable ne m’a semblé insupportable ;

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    j’aurais voulu les voir se tartiner de miel, tout à la joie d’en avoir trouvé lors d’un passage du livre… mais ils se contentent de dire que c’est bon ; j’aurais voulu vibrer avec Ulysse lorsqu’il se fait agresser dans le barrio… mais il s’en sort presque trop facilement.



    Ainsi donc, ce mélange de notions d’un futur désolé auxquelles le lecteur n’accède que lentement et partiellement, cette géolocalisation impossible et frustrante, et le fait que le lecteur (moi en tout cas) ne parvienne pas à vraiment ressentir les choses, tout cela crée une certaine confusion qui ne s’en va jamais tout à fait… Si on ajoute à ça que, lors de leurs "voyages", les jeunes héroïnes se retrouvent dans des contextes historique ou plus actuel précis et brûlants, mais qui sont tout juste effleurés alors qu'ils mériteraient un réel appronfondissement, on a l'impression d'une surenchère de digressions et on se perd vraiment de plus en plus. Oh ! rassurez-vous : à partir des 80% de la lecture, on a tout à coup une flopée de révélations diverses et variées, qui donnent sens (ou pas) à ce qu’on avait deviné – un peu comme dans certains mauvais policiers, où tout est résolu à la fin, sans que l’auteur ait jamais donné le moindre indice tout au long de la lecture…

    Et pourtant… on continue de tourner les pages ! car l’écriture est très agréable, avec un petit côté presque poétique parfois, et on a envie de savoir, quoi qu’il en coûte, ce qu’il va advenir des personnages ! Eh oui : on passe outre le fait que le contexte manque de clarté et/ou de profondeur, car les personnages sont quant à eux plutôt bien travaillés, et on s’attache réellement à eux : Rim et Alex ont bien sûr ma préférence, mais Ulysse et Antho sont également très touchants ! Leur évolution est suivie avec un intérêt grandissant. C’est même plus fort encore : on s’attache aussi à quelques-uns des méchants, car ils interpellent d’une façon ou d’une autre ; jusqu’au bout en tout cas, on rêve d’un destin heureux pour Olympe… et même Magda a réussi à m’émouvoir par moments !

    Au final, c’est un peu comme si toute cette histoire était une immense énigme, que le lecteur doit résoudre alors qu’il lui manque la majorité des clés pour y parvenir. Quand tout à coup l’intrigue se dénoue, après quelques péripéties certes mais de façon quand même très abrupte, on est déjà trop loin dans le livre pour s’en réjouir vraiment, et  ce sentiment d’avoir lu un ouvrage décousu s’accentue peut-être encore davantage ! Il ne reste plus qu’à tout relire, avec ce nouvel éclairage, qui aurait dû venir (ne serait-ce que par bribes) beaucoup plus tôt dans l’intrigue – malheureusement je n’en ai plus vraiment envie, malgré toute la sympathie que les personnages ont pu susciter, et de toute façon j’ai bien trop d’autres lectures prévues prochainement… Ainsi, la note est mitigée, alors que le talent de l’autrice est clairement là, mais trop caché à force de vouloir faire des effets qui gâchent la cohérence de l’ensemble.
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

    Hors ligne

    #90 23 Avril 2021 12:16:39

    Bonjour à tous!

    J'ai enfin fini ma brique de chez brique... et waouh, quel coup de poing!
    Je l'ai terminé hier, en réalité, et j'ai rédigé mon avis dans la foulée... mais j'ai voulu le laisser "décanter". Et finalement, à part quelques tournures de phrases qui ne me plaisaient plus, je n'ai quasi rien changé.
    Alors, attention: j'ai été inspirée c'est un très long avis! Pour ceux et celles qui n'auraient pas le courage de tout lire ;) , je mets aussi systématiquement un avis plus court (dans la limite des 400 signes) sur la fiche BBM.

    La trilogie du Mississipi, tome 1: Brasier noir de Greg Iles
    Un tout bon 18/20!

    <image>

    Synopsis : Ancien procureur devenu maire de Natchez, Mississippi, sa ville natale, Penn Cage a appris tout ce qu’il sait de l’honneur et du devoir de son père, le Dr Tom Cage. Mais aujourd’hui, le médecin de famille respecté de tous et pilier de sa com­munauté est accusé du meurtre de Viola Turner, l’infirmière noire avec laquelle il travaillait dans les années 1960. Penn est déterminé à sauver son père, mais Tom invoque obstinément le secret professionnel et refuse de se défendre. Son fils n’a alors d’autre choix que d’aller fouiller dans le passé du méde­cin. Lorsqu’il comprend que celui-ci a eu maille à partir avec les Aigles Bicéphales, un groupuscule raciste et ultra-violent issu du Ku Klux Klan, Penn est confronté au plus grand di­lemme de sa vie : choisir entre la loyauté envers son père et la poursuite de la vérité.
    Imprégnées de l’atmosphère poisseuse du Sud, tendues par une écriture au cordeau et un sens absolu du suspense, les mille pages de ce Brasier noir éclairent avec maestria la ques­tion raciale qui continue de hanter les États-Unis. Dans ce volume inaugural d’une saga qui s’annonce comme l’un des projets les plus ambitieux du polar US, Greg Iles met à nu rien de moins que l’âme torturée de l’Amérique.


    Mon avis :
    2005. Natchez, Mississipi, ville-frontière avec la Louisiane, posée sur les bords du fleuve. Penn Cage, ancien procureur, en est devenu maire. Sa vie bascule le jour où Viola Turner, née à Natchez et qui a travaillé quelques années comme infirmière avec son père, revient y mourir après en avoir fui plus de 40 ans plus tôt. C’est que le fameux Tom Cage, le père de Penn donc, médecin vieillissant et malade du cœur, apprécié depuis toujours par les Blancs comme par les Noirs de la région, dans ce Sud qui ne s’est jamais débarrassé de ses haines ancestrales, est accusé de l’avoir tuée, au mieux sous forme d’un suicide assisté (quand le médecin prépare la seringue fatale), au pire sous forme de meurtre (quand le médecin, en plus, est celui qui injecte le produit). Dès lors, Penn n’aura de cesse de se demander si son père est vraiment coupable, et de chercher à le protéger, quelle que soit la réponse.

    Et j’avoue : comme le début du livre traite essentiellement de ça (et quand je dis « début du livre », il faut le mettre à l’échelle des presque 1200 pages, donc ça dure sur plus de 100 pages !), j’ai eu peur de m’ennuyer… La Belge en moi ne comprend pas cet acharnement de tant et tant de pays (pourtant démocratiques et prônant des valeurs humanistes) à refuser à ses citoyens le droit de mourir dans la dignité, et à poursuivre en justice ceux qui, aux prises avec la souffrance humaine au quotidien, choisissent d’assister avec sérénité ces patients quand ils arrivent au bout du chemin. La loi sur l’euthanasie, dans mon petit pays, est passée en 2002, et n’a jamais été remise en cause par aucune majorité politique depuis lors ! Oh, ce n’est pas un sujet facile pour autant, et quand mon père a commencé à en parler en fin de vie, toute la famille a bien sûr commencé par le freiner des quatre fers ! (finalement le sujet n’a pas dû être approfondi, la Faucheuse est passée toute seule bien plus tôt que prévu, bien trop tôt…)
    Mais disons que je n’avais pas vraiment envie de lire un livre entier sur le sujet… Des pages et des pages de débat pour savoir s’il s’agit d’une euthanasie-suicide ou d’une euthanasie-meurtre, non merci !

    Heureusement, très vite (à nouveau, et promis, je ne le répéterai plus ensuite : toutes les expressions de rapidité ou de longueur doivent toujours être considérées à l’échelle de ce très gros livre), on comprend que cette histoire va bien au-delà d’un simple débat prolongé sur l’euthanasie, même si le sujet revient quelquefois. Ce livre aborde bien d’autres thèmes – je ne vais pas tous les épingler, mais les plus évidents, à mes yeux, sont, outre la position d’un médecin face à l’euthanasie : les magouilles politiques et autres dérives policières, le rapport des journalistes au monde (que ce soit un certain acharnement à trouver la vérité quoi qu’il en coûte… ou, tout à l’opposé, une certaine fièvre à publier l’article avec un grand A, qui marquera les mémoires et vaudra une reconnaissance éternelle dans le milieu) et alors, couvrant tout d’un nuage éternellement sombre et écœurant, le racisme dans ce qu’il a de plus extrême. Personne n’est vraiment épargné… mais sont-ils tous mauvais pour autant ?
    Ainsi, au cours des deux journées hyper-détaillées que couvre ce livre, on croise plusieurs personnages récurrents, vus à tour de rôle par un narrateur omniscient, tandis que les interventions de Penn (qui va en quelque sorte mener l’enquête, dans le seul but d’éviter la prison, ou pire, à son père qu’il considère bien un peu comme un héros) sont toujours celles d’un narrateur interne à la 1re personne du singulier, ce qui donne un effet « roman choral » assez particulier. Or, ces personnages, au fil d’une action, d’une rencontre, à la faveur de leur passage dans telle ou telle rue, nous replongent dans leurs souvenirs, qui tournent majoritairement autour de l’année 1964 – ce contexte bien particulier, ici fictionnel mais inspiré de faits réels, où Martin Luther King a osé avoir un rêve, ce qui n’a pas plu au Ku Klux Klan, et encore moins à un groupuscule composé de certains de ses dissidents ultra-violents, qui se font appeler les Aigles bicéphales.

    L’auteur le souligne lourdement, d’une façon qui se veut neutre, mais d’où ressort un mélange de honte et de colère d’être blanc dans un tel pays : on est dans le Sud profond de 1964 où, 100 ans après la guerre de Sécession pourtant perdue, rien n’a vraiment changé, les mentalités ont à peine évolué, les meurtres raciaux sont courants et impunis, au plus fort du Mouvement pour les Droits civiques.
    C’est aussi ce Sud de 2005, bien-aimé semble-t-il pourtant ; l’ouragan Katrina vient de passer, faisant des ravages parmi une population composée à plus de 80% de Noirs, alors que la plupart des rares Blancs sont encore et toujours esclavagistes dans l’âme, détiennent la majorité des richesses, et tirent toutes les ficelles par un jeu de relations phénoménal et qui semble indestructible. Or, faire remonter ces différents meurtres d’autrefois, qui n’ont jamais été élucidés, dans le silence assourdissant des différentes forces de l’ordre (en partie corrompues, d’ailleurs), c’est risquer sa peau jusqu’en ce début de XXIe siècle où a lieu l’action. C’est le cas par exemple de l’un des personnages que j’ai trouvé parmi les plus attachants : le journaliste d’investigation Henri Sexton, qui a essayé de son côté d’élucider ces différents crimes tout au long de toutes ces années, jouant ainsi lui aussi le rôle d’un enquêteur, même si sa quête est autre que celle de Penn.

    On alterne ainsi constamment entre deux époques (avec aussi çà et là des évocations de la guerre de Corée ou du Vietnam), sans jamais s’y perdre tant elles sont bien balisées. Ces deux journées de 2005 sont marquées par divers rebondissements, et un climat de tension de plus en plus oppressant jusqu’à une certaine horreur, c’est un véritable crescendo narratif ; tandis que les événements passés remontent peu à peu à la surface, de plus en plus clairs, et toujours baignés d’un voile de violence extrême. Certaines scènes, certains passages qui évoquent ce que ces Aigles bicéphales ont alors infligé à leurs victimes est évoqué en quelques mots à peine, bizarrement ça ne prend jamais beaucoup de place… mais ça prend toute la place dans la tête du lecteur, car c’est au-delà de l’imaginable, au-delà du racisme, ce sont presque des scènes de guerre – âmes sensibles s’abstenir ! Et ça touche profondément la part humaine qu’on a en nous (du moins je l’espère), car on devine trop bien à quel point c’est réaliste, on sait trop bien que certains membres du Ku Klux Klan ont infligé une mort lente abominable à ceux qui avaient commis le seul crime de ne pas avoir la « bonne » couleur de peau… C’est bien simple : j’ai dû refermer le livre à certaines pages, partagée entre larmes et haut-le-cœur.

    On pourrait donc se demander : comment et pourquoi suis-je parvenue jusqu’à la fin d’un tel livre ? Il y a plusieurs raisons. D’abord, la plume de l’auteur est exceptionnelle. Malgré la longueur de ce livre (oups ! j’avais promis =D ), qui ne représente qu’un gros tiers de la trilogie – car, oui, rien n’est résolu à la fin de ce livre : il reste deux tomes d’environ 900 pages chacun ! - , il n’y a pas un seul temps mort, tout au plus des temps de « repos ». L’auteur maîtrise de façon extraordinaire la façon de distiller l’intrigue : on passe par divers registres, entre dialogues relativement « calmes » qui font se reposer le lecteur, révélations intenses qui provoquent des réactions très physiques comme mentionné plus haut, scènes d’action au cours desquelles le cœur s’emballe au rythme de celui des personnages, ou réflexions de l’un ou l’autre personnages (et notamment de Penn) qui remet ainsi les choses à plat au fil de la lecture, comme pour s’assurer que le lecteur puisse suivre. Le tout donne une impression de grande densité, eh oui, il n’y a pas que le nombre de pages qui fait que ce livre est une brique... mais plus encore une véritable bombe !

    Ensuite, s’il est clair que l’auteur a un avis assez tranché sur toute une série de questions, à travers ses différents personnages, il ne l’impose jamais, au contraire. Il le présente d’une façon mesurée, néanmoins touchante, et n’hésite pas à relever que tout est toujours plus complexe que ce que l’on croit, même du côté des « bons ». Je ne peux m’empêcher de citer l’une des phrases finales (qui n’est en rien un spoil) : Tom se rappela une citation du cousin de Peggy, Robert Penn Warren : « Or toutes les recherches des historiens tendent à mettre en lumière cette vérité universelle selon laquelle l’être humain, dispositif extrêmement complexe, n’est pas bon ou mauvais, mais bon et mauvais, car le bon se dégage du mauvais et réciproquement. » (fin de la citation)
    À l’image de cette citation, ce livre est écrit dans un langage assez soutenu, ce qui accentue l’impression de densité. Cela dit, même si ce niveau d’écriture rend l’ensemble un peu moins abordable que nombre de policiers plus « faciles », ça multiplie d’autant le plaisir d’une lecture vraiment intéressante et approfondie… et aussi très orientée, mais dans un sens qui me parle vraiment.

    Enfin, bien au-delà de ses aspects de roman policier de haut vol, sur une période particulièrement noire (sans mauvais jeu de mots !) de l’histoire américaine, ce livre est aussi profondément humain, et dès lors porteur de très nombreuses émotions. On espère même une certaine rédemption pour les Aigles bicéphales, au moins certains d’entre eux ; tandis qu’on tremble pour tous les « bons ». Cela dit, bizarrement, à part le journaliste (et véritable enquêteur) Henri mentionné plus haut, ou le Dr Tom Cage et son vieux copain Walt, aucun d’entre eux ne m’a paru attachant au sens classique du terme. Penn a un côté trop formel, presque « lisse », à l’image du politicard pourtant investi pour sa ville, qu’il représente, tandis que sa compagne, journaliste carriériste qui oscille toujours entre son espoir d’un nouveau prix Pullitzer et son attachement à des valeurs davantage liées à la famille, a un petit côté agaçant. Cependant, on vibre pour eux et avec eux… et tout cela résonne d’une façon encore plus particulière, sachant que, par un hasard tout à fait imprévisible de mon calendrier de lecture, j’ai terminé ce livre le lendemain du jour où Derek Chauvin, ce policier blanc qui a tué le malheureusement célèbre George Floyd, a été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation retenus contre lui. Mon cœur a tressailli d’un certain soulagement, en voyant cet homme quelque peu altier, arrivé libre au tribunal, tout mignon dans son costume (selon les mots de ma fille de 12 ans !!…), mais reparti menotté !
    Et de se dire avec une certaine aigreur qu’il aura fallu attendre 2021 pour qu’un policier blanc, manifestement « dangereux » quand on lit sa biographie (il a même une page sur Wikipedia !), soit enfin reconnu coupable du meurtre d’un homme noir, dans ce pays où de tels meurtres ont lieu bien trop souvent, alors qu’il se définit comme la plus grande démocratie du monde et prétend aller des leçons de démocratie aux 4 coins du monde… Greg Iles a dû quant à lui faire des bonds de joie !

    Oui, on l’a compris, malgré le défi qu’il représentait j’ai vraiment adoré ce livre ! C’est un coup de poing très dur et prolongé, j’en ai encore mal jusqu’au fond des tripes, mais il est en quelques sorte incontournable, de par les thèmes forts qu’il aborde. Et, bien entendu, je pense que je lirai les deux tomes suivants – même si mon calendrier de lecture pour les prochaines semaines est déjà très chargé et ne les inclut pas, je crois que je vais les y insérer sans trop tarder !