Bonjour !
@Mypianocenta : contente d'avoir attisé ta curiosité :)
Je sais que ce roman (et celui de Duvivier) divise mais pour ma part, sans que ce soit un vrai coup de cœur, ce fut une agréable lecture.
Je m'excuse par avance mais je vais un chouia raconter ma vie parce qu'il m'est arrivé un truc pas cool cette semaine et je pense qu'en plus d'avoir besoin d'en parler, j'ai besoin d'avis extérieurs parce que je ne comprends pas trop pourquoi je réagis aussi mal.
Je vais essayer d'être brève. Depuis l'année passée, une collègue et moi nous nous rendons dans un centre de réfugiés pour y donner des cours d'informatique.
En général, tout se passe très bien, les apprenants sont contents d'être là et ont envie d'apprendre. Bref. On sait qu'il y a des tensions au sein de ce centre parce qu'ils sont plus de 800, de nationalités différentes et que des bagarres éclatent souvent. Ce qui est à mon sens, un peu inévitable vu tout ce que ces gens ont traversés et de se retrouver comme ça dans un si petit espace, ça ne peut que déraper.
Donc, tout se passait très bien, je ne m'étais d'ailleurs jamais sentie en danger, peut-être un peu mal à l'aise parce que c'est un public avec lequel je n'ai pas l'habitude de travailler, il y a le fait que beaucoup ne parlent pas français donc ça reste compliqué.
Depuis début février, on a entamé un cycle de 4 ateliers (tous les jeudis) et le groupe est constitué d'hommes uniquement. Bon jusque là pas de problème. Lors de la deuxième séance, il y a un type qui a tenté une approche douteuse pour me draguer, avec des regards un peu déplacés, limite quoi. Mais encore, là... ça passe, il n'a pas insisté non plus.
Jeudi passé (enfin, celui de cette semaine), j'y vais avec mon collègue cette fois-ci. Au début tout va bien aussi, ce sont les mêmes personnes, le type qui avait essayé de me draguer me fout même la paix. Mais un autre gars arrive, hyper énervé. Il baragouine des trucs dans un anglais approximatif, fin on ne comprend pas du tout ce qu'il veut. Du coup je lui demande s'il veut s'installer, s'il veut suivre le cours. Il me répond sèchement que non mais il reste près de moi. Je le laisse tranquille et je m'occupe d'un apprenant et je sens que l'autre se rapproche de plus en plus, jusqu'à finir par me coller. Littéralement, épaule contre épaule. Et là je commence un peu à paniquer parce que nous sommes seuls, mon collègue et moi, personne de l'institution aux alentours, bref il pourrait se passer quelque chose qu'on ne pourrait rien y faire. Je n'ose même pas lui dire de se reculer tellement il est tendu, je suis incapable de prévoir la réaction qu'il aura donc je ne dis rien. Il finit par me tapoter l'épaule et me demander de traduire un truc sur son téléphone. Ok, je me détends un tout petit peu, il a besoin d'aide, j'essaie de l'aider comme je peux. Sauf qu'il ne comprend pas, que je ne le comprends pas et qu'il s'énerve à nouveau. Mon collègue vient à mon secours, il essaie aussi mais l'autre finit par le traiter bien comme il faut.
Là, heureusement un responsable arrive, je lui fais signe de rentrer et j'explique le truc. Il me sort tout naturellement, pas tendu pour un sou "ah oui mais ça faut lui dire qu'il doit voir ça avec son assistante sociale". Ben déjà non, ce n'est pas à nous de faire ça et il n'a pas l'air de se rendre compte que le type est à deux doigts de péter un câble (ou alors il a l'habitude). Bon finalement ils s'en vont (le responsable et lui), on respire un peu. Sauf qu'il revient. Toujours aussi sur les nerfs et il revient me coller en me disant "I know you, you are Marie right ?" bref, je ne sais pas ce qu'il me veut, je recommence à paniquer et je m'éloigne de lui. Il reste encore un peu, je sens vraiment son regard sur moi (et moi pendant ce temps-là je suis en panique totale, on est de retour tous seuls mon collègue et moi et les apprenants n'ont pas l'air de s'inquiéter ce qu'il se passe et encore une fois, je pense qu'ils ont l'habitude). Il finit par partir pour de bon et ça s'arrête là. Enfin, on le recroise en partant, je prends bien soin de ne pas le regarder mais mon collègue m'a dit par après qu'il nous fixait et qu'il nous a traité de je ne sais plus quoi.
Et "c'est tout". Au final, nous n'avons rien eu. Mais depuis, dès que j'y repense l'angoisse me reprend, j'en pleure le soir. Je sais qu'il y a des eu des bagarres à coups de couteaux dans ce centre et que nous laisser comme ça seuls alors que n'importe qui peut entrer dans cette pièce et péter une durite, on est d'accord que ce n'est pas normal ? J'espère que nous n'allez pas interpréter mes propos comme étant racistes parce que ça aurait été un belge j'aurais réagi pareil. C'est le comportement qui posait problème.
Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en parler avec ma directrice et la connaissant, j'ai peur qu'elle juge ma réaction démesurée parce que oui, il ne s'est rien passé en soi mais je me suis vraiment sentie en danger et je suis sensée y retourner tous les jeudis jusqu'au mois de juin. J'en ai mal au ventre rien que d'y penser.
Voilà, sorry pour cet étalage mais j'en avais vraiment besoin. Rien que le fait de l'écrire déjà, ça aide.
(Promis, après je reparle de livres)