Au sablier du temps
Nicole Ricaud2019

Du jour où ne nous sommes plus quittées, nous avons joué une drôle de partition Sylvie et moi. L’idée nous en est venue avec un jeu de devinettes qui commençait par un « et si… »
Et avec ce « et si » nous avons composé une symphonie de notre nouvelle existence. Une symphonie détachée du monde. Tout en rêves et en illusions. Un univers de fées et de magie, où rien ne serait impossible. Nous avons rebaptisé le service des soins palliatifs « le train fantôme » et nous lui avons attribué la fonction de nous conduire vers l’endroit où s’ébattaient les esprits des disparus, illustres ou pas de notre monde. A partir de là nous avons imaginé et dessiné, dans un carnet de croquis, ce que donneraient des rencontres insolites. Les aventures qui naitraient entre les spectres de ces hommes et de ces femmes qui nous avaient fait rêver ou cauchemarder. Napoléon s’éprendrait de Lucrèce Borgia, Nefertiti du Roi Soleil, Emile Zola de Jeanne d’Arc, Landru de Violette Nozières… et comme ils n’avaient plus à leur disposition des outils terrestres qu’ils avaient connus autrefois pour se faire entendre ou même disparaître, il leur faudrait faire preuve, et à nous aussi par voie de conséquence, d’une imagination diabolique pour éconduire l’amoureux ou l’amoureuse qui aurait cessé de leur plaire.
Nos histoires ne manquaient pas de rebondissements et de coups de théâtre, l’humour était toujours présent, noir forcément, et les rires en étaient plus puissants.