[Suivi lecture] domi_troizarsouilles

 
  • stephanius

    Lecteur professionnel

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    #191 10 Mars 2022 08:25:08

    Ho waou ça m'a l'air assez complexe quand même. Je n'avais pas accroché à N. E. O moi le tome. 2 m'attends d'ailleurs dans ma pal. J'ai commencé à lire bussi avant tout le côté médiatique et je trouve que son style est un peu moins bon. Mes 2 tomes préférés un avion sans elles et nymphéas noirs
  • domi_troizarsouilles

    Propriétaire d une PAL boulimique

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    #192 10 Mars 2022 13:47:16

    Hello,

    @stephanius : ces deux livres que tu cites sont les deux qui sont le mieux cotés il me semble... et j'avoue que je n'ai lu aucun des deux!
    C'est vrai que Michel Bussi est l'un de ces auteurs "bankable", alors que, bien évidemment, tout ce qu'il écrit ne se vaut pas forcément!
    Mais quand je lis les commentaires sur cette Nouvelle Babel ici ou là, je suis quand même chagrinée de voir que, essentiellement à cause de son succès, comme plusieurs autres, il a perdu en crédibilité littéraire... Moi je trouve ça contradictoire: si les gens le lisent avec tant d'engouement, c'est qu'il y a bien "quelque chose" quand même, non?
    Cela dit, moi je cherche encore ce quelque chose chez d'autres auteur.e.s également populaires, comme Laetitia Colombani ou Virginie Grimaldi par exemple... =D

    Et puis bon, ça pose une autre question: faut-il absolument écrire d'une façon (plus ou moins) hermétique pour être reconnu comme un auteur qui vaut la peine? c'est parfois ce dont j'ai l'impression en lisant certaines critiques...
    Ici, le style est fluide et agréable sans être extraordinaire, c'est vrai, mais ça se lit facilement et avec plaisir. En outre, on "sent", en arrière-plan, tout le travail (qui paraît tellement minime, mais écrire un livre, c'est parfois passer des heures de recherche pour un détail!) du géographe qu'il était à la base, et ça, c'est quelque chose que j'aime bien dans un livre - quand un auteur a eu une "autre vie" et la met au service de ses livres, sans en faire des tonnes pour autant, mais ça donne une autre saveur je trouve...
  • domi_troizarsouilles

    Propriétaire d une PAL boulimique

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    #193 11 Mars 2022 22:06:16

    Bonsoir,

    Et voici deux nouveaux livres, l'un terminé assez tard hier soir, l'autre ce matin... Du plutôt bon et du très moyen - mais à nouveau, comme vous le verrez si vous me lisez en détails ;) tout est question du moment de lecture, de l'état d'esprit dans lequel on se trouve, etc.

    Le jeu de l'assassin de Ngaio Marsh,
    c'est la 1re enquête de l'inspecteur Alleyn (32 livres publiés au total, semble-t-il), réédition en fin d'an passé chez Archipoche, d'un livre publié en français en 1984 sous le titre "Et vous êtes prié d'assister au meurtre de...". Pas mal mais un peu "ancien": 14/20.

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    Synopsis : "Si on jouait au jeu de l'assassin ?" Le principe est simple : un faux meurtrier désigné à l'insu des autres participants, une fausse victime, un faux procès... Bref, les hôtes de Sir Hubert Handesley sont terriblement excités. Oui, mais quand Charles Rankin est retrouvé poignardé dans le dos, le week-end tourne au cauchemar. Qui donc avait intérêt à le tuer ? Tous, sans exception... Impossible dans ces conditions, de mettre la main sur le coupable ! Pourtant l'inspecteur Alleyn n'a pas dit son dernier mot...

    Mon avis :
    Les cosy crimes étant un (relativement nouveau) genre qui assure le succès des éditeurs plus ou moins policiers, plus d'un s'est engouffré dans ce créneau, avec – il faut bien le reconnaître – des couvertures qui se font concurrence à coup de recherche esthétique et/ou d'inventivité. Je n'ai donc pas honte d'avouer que c'est bel et bien la couverture de ce petit livre qui m'a attirée… et puis j'ai découvert qu'il s'agit de la réédition d'un ouvrage paru en anglais dès 1934 ! Il est à noter toutefois qu'il aura fallu attendre un demi-siècle pour qu'il soit (enfin ?) traduit, une première fois, en français. Il paraît ici dans le même texte qu'en 1984 (en tout cas, c'est la même traductrice, et il n'est pas précisé si le texte français a été revu), mais avec un nouveau titre, tout aussi infidèle à l'original (A man lay dead), mais plus court et qui se veut sans doute plus accrocheur.

    Tant que j'en suis aux aveux : toute amatrice de polars que je dis être, je n'avais encore jamais lu un seul livre de cette autrice, qui m'était inconnue, pas davantage que de celle qu'on présente comme sa grande rivale (et qui est pourtant beaucoup plus célèbre) : Agatha Christie ! En ce qui concerne cette dernière, c'est même pire : sachant que les diverses adaptation ciné ou téléfilm que j'ai pu voir de l'un ou l'autre de ses livres m'ont le plus souvent ennuyée, je n'ai jamais ressenti d'envie particulière de lire lesdits livres... Ce total manque d'intérêt m'avait fait conclure qu'il ne sert à rien de m'acharner à tenter de lire les classiques du roman policier, puisqu'ils ne m'attirent pas (pour l'instant). Pour citer un autre exemple, dans un style certes bien différent, semble-t-il, et bien plus éloigné du cosy comme on le connaît aujourd'hui, mais ils sont contemporains : je ne suis jamais arrivée au bout d'aucun livre de mon compatriote Georges Simenon, fierté nationale, dont j'ai pourtant dû lire l'un ou l'autre extrait (je ne me rappelle pas avoir dû lire un livre entier) à l'école autrefois.

    Et voici l'inconnue Ngaio Marsh… Sachant que le risque que je n'accroche pas était élevé, j'ai beaucoup hésité à acquérir ce livre, mais évidemment, l'acheteuse compulsive de livres en moi a fini par craquer. Toutefois, comme vous pouvez imaginer, ce livre s'est très vite retrouvé dans le fond de ma PAL. Il a pourtant suffi d'un challenge me proposant de lire un auteur de Nouvelle-Zélande en ce mois de mars, pour qu'il revienne dans la liste des livres à lire à court terme, et c'est maintenant chose faite !
    Alors, soyons honnête : ce n'est pas une révélation, je ne vais certainement pas classer ce livre parmi mes coups de coeur de l'année. Cependant, je suis beaucoup moins déçue que je n'aurais craint, et ça, c'est une bonne nouvelle !

    Au risque de me répéter : pour l'amatrice de romans policiers et thrillers, ainsi que de (quelques) séries policière télévisées, que je suis, l'histoire d'un homicide réel dans le cadre d'une murder party, ce fameux « jeu de l'assassin », c'est du vu et re-re-vu ! Ngaio Marsh était-elle la première ou, pour le moins, parmi les premiers, à se risquer dans une telle histoire ? Peu importe, en réalité, car il y a 1.001 façons de traiter un tel schéma de départ…

    L'autrice a pris le biais propre à son époque : on est dans une grande demeure qui a les allures d'un véritable petit manoir, le maître de maison est un « sir » et ses invités semblent d'un certain niveau social, tandis qu'un nombre assez important de serviteurs divers et variés font tourner la maison – et bien sûr, tous, serviteurs compris, sont autant de suspects potentiels ! Dans un premier temps, j'ai cru que la multiplication des personnages allait être problématique, mais finalement non : Ngaio Marsh a ce véritable don de rappeler, et à plusieurs reprises mais toujours de façon simple et naturelle, qui est qui, au fil de l'avancée de l'enquête par ce fameux inspecteur Alleyn, qui sera semble-t-il le personnage récurrent de la série initiée ici. En tout cas, si je me suis un peu sentie perdue dans les présentations initiales, j'ai très vite réussi à reconnaître les différents personnages et les interactions qu'ils avaient les uns avec les autres.

    Pourtant, la psychologie de ces différents personnages n'est guère fouillée, à peine survolée ! On en sait juste assez pour pouvoir les soupçonner (au moins quelques secondes) les uns après les autres ; on se sent un peu plus proche de l'inspecteur Alleyn, du jeune journaliste Nigel Bathgate qui apparaît bien un peu nigaud (en tout cas c'est ainsi qu'Alleyn le qualifie, et il l'en remercie presque !) et de la jeune femme Angela North, particulièrement émancipée pour l'époque – sans pour autant s'attacher vraiment à aucun d'entre eux.
    On est plutôt dans un récit qui va à toute vitesse, les scènes se succèdent à un rythme effréné, le plus souvent grâce à des dialogues qui, eux, sont réellement travaillés – on sent tout le travail de celle que Wikipedia présente comme « dramaturge » (et non comme « femme de lettres », ce qui est le cas d'Agatha Christie par exemple). Je ne veux pas débattre ici de la question si une dramaturge est (ou non) une femme de lettres – j'ai envie de dire que oui, évidemment ! – mais clairement, Ngaio Marsh maîtrise l'art de la mise en scène, de l'enchaînement (rapide) de situations qui apparaissent comme très visuelles, grâce à des dialogues parfois saccadés, souvent empreints d'une touche de cet humour pince-sans-rire qu'on qualifie si souvent de britannique. Oh ! il y a bien quelques événements qui nous sont contés au fil de l'histoire, et on voyage à Londres, on retourne au manoir, etc. En outre, on n'évite pas divers questionnements qui apparaissent comme autant de fausses pistes (qui ne m'ont que moyennement convaincue), avec notamment une « composante russe » dont je n'ai pas trop compris l'utilité et qui m'a semblé embrouiller l'intrigue plus qu'autre chose, mais elle ajoute un peu de piquant à l'ensemble. Cependant, j'insiste pour dire que ces dialogues, réellement maîtrisés, sont le moteur principal de ce livre et font avancer l'intrigue.

    Ainsi, de scène en scène, on arrive à la résolution de l'enquête, inévitablement très classique. En effet, on est dans un schéma final plus qu'attendu : tandis que les deux acolytes désignés de l'inspecteur continuent de mouliner sans trop rien comprendre (vous aviez dit nigaud, en parlant de Nigel ? et l'image de la femme, même émancipée comme Angela, reste assez archaïque), l'inspecteur Alleyn a quant à lui rassemblé tous les éléments presque en catimini, comme le fin limier au flair exceptionnel qu'il dit être (il y a quelques allusions à sa prétendue grande intelligence), et les expose à l'assemblée qu'il a fait réunir, dans un pseudo-coup de théâtre final au bout duquel le coupable est effectivement arrêté.

    Ce n'est donc pas un grand polar qui fait vibrer et/ou frissonner, ce n'est pas non plus un cosy crime exceptionnel ni même agréablement piquant comme ceux qui ont fait le succès du genre dans un décor de village à la Agatha Raisin, de toute façon les repères temporels sont trop anciens, mais c'est une image intéressante de la société aisée de ces années 1930, qui occupe ses week-ends en jouant à une murder party qui tournera mal. le tempo rapide du texte empêche de développer en profondeur la psychologie des personnages, ce qui crée un sentiment de non-attachement, mais l'autrice maîtrise à merveille l'art du dialogue, jusqu'à une résolution classique et attendue, qui donne néanmoins la vague envie de poursuivre la série - avec, je me répète mais c'est ainsi, un grand bravo pour la couverture!





    La Voleuse des Toits de Laure Dargelos,
    publié en auto-édition en 2019, lu dans la version ebook Kindle. Une déception malgré plusieurs bons points: 10/20.

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    Synopsis : Véritables piliers de la société, les règles écarlates ont prohibé toutes formes d’expression : l’art, la littérature et la musique n’existent plus. Chaque jour, la milice multiplie les exécutions pour asseoir l’autorité du régime. Demoiselle respectable le jour et voleuse la nuit, Éléonore Herrenstein s’élève contre l’ordre établi. Elle qui espère rejoindre la rébellion et renverser le gouvernement, la voilà brusquement fiancée à l’un des hommes les plus puissants du royaume. Qui est donc Élias d’Aubrey, cet être impénétrable qui semble viser le pouvoir absolu ? Et pour quelles sombres raisons sa famille dissimule-t-elle une mystérieuse toile, peinte un demi-siècle plus tôt ? Éléonore ignore encore que sa quête l’entraînera bien plus loin qu’elle ne l’imagine. Dans un voyage au-delà du possible…

    Mon avis :
    Ce livre est pour moi une déception…
    … et je suis sidérée quand je lis les avis dithyrambiques qui lui ont été donnés, ou quand je vois les moyennes qu'il a obtenues à ce jour sur les différentes plateformes de lecteurs (17,7/20 sur Livraddict, 4,49/5 sur Babelio - c'est-à-dire 17,96/20 si on veut comparer). Mazette ! on croirait avoir là un chef-d'oeuvre – alors qu'il s'agit d'un premier roman, plein de maladresses que plusieurs critiques soulignent, en plus. Certes, c'est un livre « young adult », et on m'a déjà reproché en d'autres temps d'être trop sévère envers cette littérature… Rassurez-vous, j'ai parfois trouvé de vraies pépites, mais ici, décidément, je n'ai pas accroché. Ce n'est pas que l'histoire soit foncièrement mauvaise, je dirais même au contraire, mais au fil de ma lecture je ne voyais plus que les défauts, et pour moi c'est rédhibitoire.
    Je tiens toutefois à répéter mon leitmotiv dès à présent : ce présent commentaire n'engage que moi, et reflète mon ressenti sur une lecture à un moment précis de ma vie, ce n'est donc en rien une condamnation absolue contre l'autrice (d'ailleurs j'ai un autre livre d'elle dans ma PAL, et je lui laisserai une autre « chance »), même si ce qui suit sera clairement moins enthousiaste que la majorité des autres avis !

    Alors, pour commencer, soyons justes : l'écriture est fluide et plaisante, cela ne fait aucun doute, nous avons là un énorme potentiel ! Mais ici, je suis désolée, il s'exprime avec trop de maladresses, des incohérences, des longueurs aussi, si bien que c'est un sentiment général de lassitude qui prédomine – sans parler de l'épilogue à la bisounours, qui décrédibilise complètement ce que j'avais déjà peiné à appréhender au rythme de l'autrice.

    D'abord, l'univers que l'autrice a créé est original et bien amené, mais pas extraordinaire non plus. On est dans une société de type médiéval, et surtout excessivement manichéen (ce qui me dérange toujours un peu, mais ce n'est pas le sujet) : d'un côté, le pouvoir et les richesses sont partagées entre quelques grandes familles qui sont rassemblées dans la « Ligue écarlate » qui gouverne tout, avec à sa tête le mystérieux et implacable Oméga ; de l'autre côté, le reste du monde est divisé entre quelques riches qui paradent et acceptent tout pour garder leurs privilèges, tandis qu'une majorité de pauvres survivent tant bien que mal dans « les bas-fonds » (il n'y a clairement aucune classe moyenne ou assimilé, dans ce roman), subissant attaques de la milice ou appels pour le front dans une guerre qui s'éternise contre leurs voisins, mais gardant envers et contre tout l'espoir d'un avenir meilleur. Là, le marché noir règne en maître, et un vague mouvement de rébellion mené par deux frères appelés « les princes maudits » s'organise vaille que vaille.
    C'est aussi un monde dans lequel les arts sont strictement prohibés : peinture, musique et littérature n'ont plus droit de cité et quiconque voudrait défier ces interdits, risquerait sa vie. Quand je disais que c'est original sans être extraordinaire, c'est précisément à ça que je pensais : tout régime dictatorial commence toujours par anéantir ceux qui osent s'exprimer, notamment à travers les arts, ce n'est guère une invention très originale (hélas !)… Quant à la couleur écarlate, si c'est celle du sang des victimes de ce régime, n'est-ce pas aussi celui d'une certaine Servante ?... Est-ce un hasard ?

    Bref, c'est dans ce monde qu'évolue notre personnage principale : Plume, jeune fille de la haute société à la périphérie de la Ligue écarlate, s'amuse la nuit à défier les autorités en se baladant sur les toits, et en dessinant sur les murs à la craie des oeuvres éphémères que les gardes effacent dès le matin suivant. Elle ne cesse de rêver d'un monde meilleur, et va tenter de s'approcher de ces fameux « princes maudits », mais sa rencontre avec Élias, insupportable héritier de la Ligue, va peut-être bien tout changer…

    Tout ça n'est qu'une partie infime de l'histoire, car ce roman est réellement foisonnant, avec de nombreux rebondissements, des virages à 210°, et certains sont tellement inattendus qu'on en reste bouche bée ! Divisé en trois parties, ce livre invite aussi à un voyage dans le temps de façon inattendue (et en disant ça je suis déjà à la limite du spoil), et surtout dans un univers qui devient de plus en plus noir et désespérant.
    Ainsi, la 1re partie m'a laissée dubitative mais peu à peu on se laisse prendre par l'ambiance et l'espoir qui y est entretenu ; la 2e partie est tellement, complètement différente qu'il m'a fallu du temps pour seulement « accepter » ce rebondissement radical, mais peu à peu on est presque heureux de découvrir nos héros différemment et ce qui ressemble à une vague romance de type « ennemies to lovers », et à nouveau on se nourrit d'espoir pour un avenir meilleur… et puis paf, la 3e partie casse à nouveau tout, et là j'ai complètement lâché prise, je ne pouvais plus lutter contre mon désenchantement.

    Tournons-nous plus avant vers les personnages : ils ne m'ont pas semblé attachants une seule seconde ! parce qu'ils ne sont pas crédibles… Plume a un côté très gnangnan, elle passe son temps à foncer dans le tas sans jamais réfléchir aux conséquences, puis se lamente comme une donzelle éperdue quand elle se rend compte que certains choix provoquent des catastrophes… et là je lève les yeux au ciel, car dans plus d'un cas, c'était tellement prévisible ! Certes, on peut dire que son caractère est bien trempé, mais elle m'a surtout fait l'effet d'une gamine capricieuse de 17 ans, entêtée et écervelée, qui n'a jamais connu que les draps de soie et se prend tout à coup à jouer les justicières, comme on jouerait avec des Barbies transformées tout à coup en preux chevaliers, sans aucune once de réflexion derrière ! (imaginez-vous les Barbies ainsi transformées ? on est d'accord que c'est plutôt risible…) le bien-connu Zorro, d'origine tout aussi noblionne et qui se baladait lui aussi la nuit sur les toits, faisait quand même beaucoup mieux, dans le genre !
    Bref, de façon générale, elle m'a énormément agacée, à travers tout le livre !

    Élias, quant à lui, héritier de la Ligue quelque peu mystérieux, est présenté d'emblée comme une espèce de monstre, manipulateur, avide de pouvoir et sans coeur. Cependant, si c'est dit et re-redit un nombre incalculable de fois, c'est beaucoup plus rarement « montré » dans l'action, du moins au début, si bien qu'on n'y croit que partiellement. En effet, la première fois où il commet vraiment un acte potentiellement répréhensible

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    orsqu'il tue de sang-froid le chef de la garde… pour tenter de mettre fin à la répression qui a suivi l'affichage de l'oeuvre peinte, cette fois, de Plume sur les murs de la ville !! – donc, en plus, en brave chevalier servant, il est en train de réparer une des bêtises de la justicière inconséquente, lui le très méchant !? avec un certain détachement, mais que pouvait-il faire d'autre ?

    , en fait on aurait presque envie de l'applaudir, car même si c'est cruel, c'est contre un « méchant », donc ça passe… C'est à tel point qu'on finit par imaginer que tout ça n'est qu'une façade, et qu'il va jouer un grand, beau rôle dans l'histoire, mais là non plus je ne peux pas en dire plus. Il n'en reste pas moins que l'autrice propose ainsi un personnage ambigu et torturé, offrant de grandes possibilités de développement ; malgré ses côté (très) sombres, il paraît d'emblée touchant aux yeux du lecteur (du moins à mes yeux)… et puis l'autrice l'entraîne dans une destinée tout à fait inattendue, qui ne « colle » pas avec les indices qu'elle avait elle-même semés, faisant de lui une espèce de caricature très noire du personnage. Ainsi, au premier revirement de situation, elle m'a surprise, ensuite elle m'a perdue (et surtout navrée)…

    À leurs côtés, on a toute une palette de personnages secondaires, qui à mon sens auraient pu être beaucoup mieux développés (quitte à laisser tomber quelques autres longueurs, sur lesquelles je reviens plus loin). On ne sait que très peu, et très tard, sur les « princes maudits » ; on s'attache vaguement à Jack mais il reste trop ambigu jusqu'au bout ; on se demande ce que vient faire le petit Pipo dans toute cette histoire et son intervention tient un peu du joker que l'autrice aurait tout à coup sorti de sa manche pour trouver une échappatoire de fin. Quant à Andreas, c'est sans doute le personnage qui m'a le moins convaincue : je l'ai trouvé félon dès sa présentation (à vouloir prendre le trône de son frère avec l'aide d'un avocat véreux ! et puis on veut nous faire croire que c'est un type bien ?) et ne suis jamais parvenue à outrepasser ce sentiment, même quand l'autrice l'a tout à coup transformé en presque-héros d'un coup de baguette magique.

    Pour le reste, comme je disais, on notera quelques maladresses ou longueurs, notamment dans la relation entre Plume et Élias, qui d'une certaine façon tourne en boucle, avec à peine une petite avancée dans la 2e partie, et un revirement tellement improbable dans la 3e partie qu'on n'y croit plus. Plume en particulier n'évolue pas vraiment ; certes, elle change de rôle car tout à coup les « princes maudits » l'adoptent grâce à son don exceptionnel, mais dans le fond elle reste cette gamine capricieuse qui n'en fait qu'à sa tête, sans même envisager les conséquences…
    Mais ce qui m'a le plus gênée, c'est cette allusion en dents de scie à la magie… Tout ce qui touche à la « mystérieuse toile » (ceci n'est pas un spoil, puisque c'est présenté ainsi dans le synopsis !) est vraiment bien trouvé et intelligemment exploité – oui, oui, j'ai vraiment trouvé des points positifs à ce livre ! Malheureusement, l'autrice casse ses propres effets en intervenant en tant qu'autrice dans l'histoire même. Je me réfère là à l'espèce de mini-prologue qui ouvre la partie II, puis idem pour la partie III : sérieusement, à quoi servent-ils ? L'effet de surprise du retournement de situation survenu la page précédente est complètement piétiné par l'autrice elle-même, qui vient cajoler le lecteur potentiellement dérouté en lui disant un truc du genre « t'inquiète pas, ce n'est que moi »… et au lieu de me précipiter sur la suite pour savoir ce qui s'était réellement passé, et peut-être accrocher à la suite avec avidité, je me suis retrouvée à me demander « mais avec quoi elle vient maintenant ? ». Ce n'est sans doute pas la seule raison pour laquelle j'ai eu tant de mal à accrocher aux premiers chapitres de cette 2e partie, mais ça n'a pas aidé à la transition, contrairement à ce que l'autrice espérait sans doute, avec ce blabla. Parfois, il vaut mieux une coupure bien nette qu'un piètre pansement…

    Toujours dans le contexte de la magie, j'ai eu beaucoup de mal avec nos chères « gargognes ». L'univers n'était-il déjà pas assez noir et glauque, fallait-il vraiment ajouter ces êtres monstrueux ? Si leur présence trouve effectivement une logique selon l'histoire que propose Laure Dargelos, je continue de penser qu'elles n'étaient pas absolument nécessaires (depuis quand une dictature a-t-elle besoin de justifier ses interdits ?) et qu'elles n'apportent pas grand-chose à l'histoire ; pire : elles participent à l'allonger inutilement, tout en servant à peine l'intrigue principale… mais même ainsi : l'autrice a largement montré qu'elle a suffisamment d'imagination, elle aurait sans aucun doute pu débloquer certaines situations, dans lesquelles elle a fait appel à ses gargognes, en utilisant d'autres subterfuges…

    Pour conclure, je ne peux donc que répéter que je suis déçue de ce livre, qui paraissait pourtant prometteur rien que par la couverture. L'écriture fluide et plaisant de l'autrice laisse entrevoir tout son potentiel, dans un univers bien amené mais beaucoup trop manichéen à mon goût. Mais je n'ai ressenti aucun attachement envers les personnages, qui vont de revirement en revirement trop radicaux pour qu'on puisse les suivre, sans même parler du fait que l'héroïne m'a paru agaçante du début à la fin ! Ajoutons à ça quelques maladresses et/ou longueurs inutiles, ou les effets de surprise cassés par l'autrice elle-même, et la boucle est bouclée. Je lirai sans aucun doute l'autre livre que j'ai dans ma PAL, mais je ne garderai définitivement pas un souvenir inoubliable de celui-ci !





    À part ça, j'ai comme toujours plusieurs livres en cours: L'île des amours éternelles, dans le cadre du BC de... février :O , j'aime beaucoup mais je ne suis pas près de le finir! J'ai aussi entamé Glissement de temps sur mars car il répond à plusieurs consignes du challenge astrologique de ce mois de mars: ce n'est certes pas un page-turner, mais il accroche vraiment! Citons aussi Une bouteille à la mer qui servira pour plusieurs challenges, c'est une romance un peu lente et à l'ancienne - j'ai halluciné quand ils parlaient d'envoyer des photocopies de documents par fax! mais bon, ça se passe dans les années 1990, Internet existait déjà mais n'avait pas encore "explosé" comme aujourd'hui...

    Enfin, j'ai eu l'idée de m'inscrire sur NetGalley, à force de voir passer le nom dans pas mal de commentaires ici et là! J'ai commencé à lire aujourd'hui De rouages et de sang qui y est en accès libre, et c'est vraiment sympa... sauf que, à part le contexte qui est ici steampunk au lieu de dystopie fantasy, il ressemble furieusement à la Voleuse des Toits que je viens de terminer, pas de chance...

    J'ai aussi postulé pour plusieurs livre: 1 refus, 2-3 titres en attente, et 1 acceptation :pompom: ... et puis je me suis rendu compte ce soir même que, en fait, j'avais déjà ce livre dans ma PAL, car il est sorti en avant-première l'an passé chez Belgique Loisirs, et je l'avais donc acehté, c'est ballot! (c'est Briseurs de coeur) bon, du coup c'est l'occasion de le sortir de ma PAL! =D



    Et vous, que lisez-vous?
    En vous souhaitant déjà un très bon week-end!

  • Stellade

    Englouti sous les livres

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    #194 12 Mars 2022 10:10:23

    :birthday4: BON ANNIVERSAIRE!!!!
    Belle journée à toi!  :party6:
  • Grominou

    Administratrice

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    #195 12 Mars 2022 10:12:20

    Bonne fête! :party6:
  • cassie56

    Livraddict Team

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    #196 12 Mars 2022 10:20:27

    :birthday4:
  • stephanius

    Lecteur professionnel

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    #197 12 Mars 2022 13:52:26

    :party6::birthday4:
  • stephanius

    Lecteur professionnel

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    #198 13 Mars 2022 22:17:14

    Bon dimanche et bonne semaine livresque
  • domi_troizarsouilles

    Propriétaire d une PAL boulimique

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    #199 14 Mars 2022 12:39:35

    Bonjour à tous,

    Merci pour vos voeux! :pink:
    Le weekend a été bon, sans rien de particulier - mon homme vient d'une famille où on ne fêtait pas les anniversaire (eh oui! ça existe), dès lors je ne m'attends plus à rien depuis longtemps, j'ai donc été bien surprise de recevoir un livre !! : Le vin, c'est pas sorcier, qui est bien sympathique... et quelques bouteilles pour "illustrer" l'histoire! :O Mon cher et tendre connaît mes faiblesses... :trinquent:

    Avec ça, j'ai aussi été gâtée par toutes les cartes (et souvent plus) reçues dans le cadre du swap Cartes d'anniversaire : ça a beau être un truc organisé (mais quelle organisation!), ça fait toujours plaisir - autant de préparer les cartes tout au long des mois, que de recevoir tout ce lot de souhaits quand c'est notre tour! :heart:

    Tout cela ne m'a pas empêchée de lire... et ce sont à nouveau deux livres que je viens ajouter à ce suivi, en plus deux romances - ce n'est même pas fait exprès: je vous avais cité l'une la fois précédente, et l'autre était prévue en LC mais je l'avais complètement oubliée, et puis je l'ai lue quasi d'une traite!


    Une bouteille à la mer de Nicholas Sparks,
    lu dans la version GF paru chez Robert Laffont "Best-sellers" en 1999 avec la couverture du film (que je n'ai jamais vu). Agréable mais il a mal vieill: 15/20.

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    Synopsis : Seul sur son bateau, un homme lance une bouteille à la mer. Au gré des vagues et du hasard, la bouteille aurait pu finir sa course n'importe où, et le message qu'elle enfermait ne jamais être lu... Mais elle a échoué sur une plage de Cape Cod. Et transformé la vie de la jeune femme qui se trouvait là. Theresa, journaliste et mère de famille divorcée, découvre, bouleversée, la plus belle lettre d'amour qu'elle ait jamais lue, la lettre d'un homme à la femme de sa vie, qui vient de mourir. Dès lors, elle ne pense plus qu'à retrouver l'auteur de cette lettre. Connaître son histoire, voir quel visage se cache derrière ces mots qui ont éveillé au plus profond d'elle-même un sentiment qu'elle n'ose pas encore nommer... Mais lui, saura-t-il de nouveau aimer et être aimé ?

    Mon avis :
    Bien loin d'une romance facile où tout est (plus ou moins) couru d'avance, comme j'en ai tant lu ces derniers temps, on a là un vrai roman d'amour où les sentiments sont très construits, entre deux êtres de plus de 30 ans (ça aussi, ça change !) qui ont une vraie maturité, mais blessés par la vie d'une façon ou d'une autre. le titre déjà est évocateur : tout commence avec une bouteille contenant un message et jetée à la mer, de ces bouteilles qui parcourent les flots depuis les débuts de la navigation – rien que cette idée, avant même que l'histoire commence, est pour moi éminemment romantique !

    Quand Theresa tombe par hasard sur l'une de ces bouteilles échouées sur une plage sur son lieu de vacances, elle est bouleversée par l'intensité du message d'amour qu'un dénommé Garrett adresse à une certaine Catherine. D'autres hasards, associés à son métier de journaliste, vont l'amener à découvrir que plusieurs lettres du même auteur ont échoué dans d'autres bouteilles ici ou là, lui permettant d'esquisser un profil de cet inconnu. Plus intriguée qu'elle ne veut bien le reconnaître, et poussée par une grande amie, Theresa décide d'essayer de rencontrer ce fameux Garrett, qui vit pourtant à 1.500 km de chez elle…

    C'est ainsi le début d'une histoire qui aborde des sujets plus ou moins habituels des romances et autres romans d'amour : la séparation (ici par la mort ou par le divorce) d'avec un être aimé, la difficile reconstruction de soi (si seulement c'est possible), ou l'opportunité de se donner la chance d'un second amour, mais aussi les difficultés d'un amour à distance, ou l'acceptation de l'enfant de l'autre, avec en plus une touche opposant vie affairée au coeur d'une grande ville vs. vie plutôt libre et indépendante dans une toute petite ville tournée vers l'océan…
    La construction de l'intrigue est assez classique, avec la rencontre improbable entre deux personnages très différents, leur relation naissante et les difficultés de cette relation quand elle s'approfondit. Et sans vouloir divulgâcher quoi que ce soit, il faut savoir que la fin de l'histoire est extrêmement triste, même si elle insiste sur un petit point positif qui en ressort, mais on a plutôt envie de pleurer !

    Les personnages principaux sont travaillés, notamment sur le plan du physique, plutôt avantageux pour l'un comme pour l'autre (évidemment !), mais qui reste réaliste sans tomber dans le cliché. On notera ainsi par exemple le regard que Theresa porte sur Garrett lors de leur première rencontre (rôle joué par Kevin Costner dans le film qui a été inspiré de ce livre, film que je n'ai jamais vu… mais j'aime beaucoup l'acteur !) et qui colle tellement bien, je cite : « Et, si ce n'était pas le plus bel homme qu'elle ait jamais rencontré, elle devait reconnaître qu'il se dégageait de lui un charme indéfinissable, fascinant. » Leurs états d'âme au moment de l'histoire sont analysés à la loupe – ça aussi, c'est assez classique dans un roman d'amour -, mais toujours avec finesse et délicatesse, ce qui rend ces personnages proches et sympathiques.
    Avec ça, nos personnages principaux ont tous deux un « aîné » qui veille sur eux tout au long de l'histoire : Theresa est toujours encouragée par une collègue plus âgée et bien un peu son mentor (y compris au sein du journal), qui a vécu, et vit encore, une magnifique histoire d'amour avec son mari ; tandis le père de Garrett semble s'inquiéter presque au quotidien pour son fils, lui le père qui a perdu sa femme trop tôt, alors que Garrett n'avait qu'une dizaine d'années, et qui ne s'est jamais remarié, assumant mais regrettant désormais sa solitude, et soucieux que son fils ne vive pas le même refus d'une seconde chance. Ces deux personnages, relativement présents, apportent une touche de maturité supplémentaire. Par ailleurs, ils permettent à nos deux personnages principaux d'exprimer leurs sentiments à travers des dialogues souvent touchants, en alternance avec des moments d'introspection sous l'oeil d'un narrateur omniscient, ce qui dynamise le texte.

    Bref, tout cela donne un roman très agréable à lire, dans un style fluide sans accrocs, à travers une histoire bouleversante et avec des personnages particulièrement touchants. Hélas, il n'évite pas un gros bémol contre lequel on ne peut plus rien : c'est le fait qu'il est terriblement ancré dans son époque, désormais dépassée.
    Écrit en 1998 et traduit dès l'année suivante en français, il reflète de façon évidente les réalités notamment techniques de l'époque, jusque dans les détails. Or, ce qui donnait sans doute un côté très réaliste si on lisait ce livre dans ces années-là, devient indéniablement obsolète quand on le lit quelques années plus tard… et que les choses ont tellement changé ! Pour citer quelques exemples : j'ai souri dans ces passages où on voit Theresa faire ses recherches sur l'auteur des lettres des bouteilles ! Il s'agit alors de téléphoner à une liste de contacts ; Internet existe, mais pas (encore) de moteur de recherche super-puissant, et donc il faut aller sur l'un ou l'autre site spécialisé, comme un autre journal ou une université, etc. Les méthodes de recherche mises en oeuvre alors, semblent presque laborieuses…
    Ou bien, on lève les yeux au ciel quand elle découvre qu'il existe d'autres lettre du même Garret, et qu'elle parvient à localiser celui qui les a trouvées (et veut les garder) : il est question de photocopier les originaux, quelque peu fragiles, pour pouvoir les envoyer par fax, et elle espère que ça prendra moins de 24h… de nos jours, on fait une photo et on l'envoie à l'instant par mail depuis son smartphone, et en tout cas, sur mon lieu de travail notamment, les faxes ont complètement disparu ! On aurait presque l'impression de se retrouver à l'âge de pierre, ce qui donne un sentiment bizarre et de grand décalage, même pour moi qui l'ai connu.

    Certes, on peut ressentir ce côté désuet dans un certain nombre de livres qui se passent dans un passé proche, mais passé quand même, sans que ça apparaisse réellement comme un obstacle à l'appréciation globale de l'intrigue. Le problème, ici, c'est que tous ces aspects techniques propres à une époque donnée, proche de nous mais déjà archaïque ; bref, tous ces détails prennent quand même beaucoup de place dans l'histoire, puisque l'auteur va jusque dans les détails à plus d'une reprise, comme dans les deux exemples tout juste cités. On les ressent peu à peu comme des longueurs inutiles, qui font sourire au début, et puis qui font lever les yeux au ciel avec un brin d'irritation, même si on sait que l'auteur ne pouvait prévoir un tel développement des différentes techniques – ou n'a tout simplement pas pensé que cette foultitude de précisions quotidiennes ferait perdre une partie du plaisir de la lecture.

    Plus tard, et plus marquant encore – et même carrément irritant, à vrai dire-, il y a tout le questionnement sur comment Theresa et Garrett pourraient réduire la distance entre eux, ce qui leur semble impossible à cause de leurs jobs respectifs. Certes, ça peut être un vrai problème dans pas mal de relations à distance. Mais ici, ça semble définitivement exagéré, du moins quand on considère les choses avec notre regard actuel.
    En effet, si Garrett semble avoir une marge de manoeuvre limitée (quoique…), lui qui tient un magasin dont il est propriétaire et par ailleurs professeur de plongée (ce qu'on ne peut pas non plus faire tout à fait n'importe où, re-quoique…), pour Theresa c'est carrément surréaliste de lire qu'elle doit rester à Boston pour être joignable n'importe quand à son journal. Mais oui ! on est encore à l'époque du téléphone fixe avec cornet, on n'en est qu'aux balbutiements du portable et encore loin des smartphones (tellement courants aujourd'hui, et dès le plus jeune âge, que ceux qui n'en ont pas sont des extraterrestres !). Pour communiquer, ils doivent être chez eux, les sms semblent inexistants ; quant à la présence proche d'un lieu de travail précis, c'était sans doute encore vrai alors, mais entre-temps le télétravail s'est largement répandu, notamment dans des métiers comme le journalisme, justement, et est devenu une certaine norme depuis le covid !
    Ainsi, lire que l'un ou l'autre de nos protagonistes sont bloqués géographiquement – et dès lors psychologiquement - à cause de leurs boulots respectifs, et sachant en plus que cela créera l'un des gros problèmes de leur relation, c'est devenu tout à fait archaïque dans un contexte actuel… ce qui fait perdre une grande crédibilité au livre ! Eh oui, à peine plus de 20 ans ont passé, on n'est pas dans un roman « historique », et pourtant ça en a bien un peu le goût, mais en version négative.

    Ça n'en reste pas moins un roman très agréable à lire, avec des côtés bouleversants (dont une fin extrêmement triste) et des personnages touchants. Cependant, le gros bémol qu'est l'ancrage très marqué dans une époque désormais ancienne (la fin des années 1990), mais trop proche pour être qualifiée d'historique, fait que l'on ressent ce livre un peu comme on boirait un grand crû qui aurait mal vieilli, présentant ainsi un côté désagréable. Ce n'est pas réellement grave, mais c'est dommage car ça donne une impression de longueur et d'obsolescence, si bien que la portée dramatique du récit en est indéniablement affectée.





    Rat des champs, tome 1 : Amour et bottes de foin de Valentine Stergann,
    publié chez MxM Bookmark en 2019, lu en version ebook. Lecture légère et agréable mais les défauts sont trop gros: 14/20

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    Synopsis : Gabin est le rat des villes.
    Parisien, bavard invétéré, il réalise de brillantes études de droit dans le but de devenir avocat. Lorsque son grand-père, qu'il n'a pas vu depuis plusieurs années, lui propose de passer l'été dans sa ferme sur les Côtes anglaises, il y voit l'occasion de se la couler douce au bord de l'eau. Bien entendu, Paul Rossignol, récemment veuf et un peu bourru, lui a prévu un tout autre programme : traite des vaches, ramassage de légumes, sciage du bois...
    Durant cet été plein de surprises, Gabin va faire la rencontre d'Isaac.
    Isaac est le rat des champs.
    Peu bavard et taciturne, le jeune homme travaille dans la ferme de Mr Rossignol depuis plusieurs années. Il ne voit pas l'arrivée de Gabin d'un bon œil et se retrouve très vite agacé par sa maladresse et son babillage incessant.
    Même s'ils viennent de deux univers différents, Gabin et Isaac apprendront peu à peu à s'apprivoiser.


    Mon avis :
    Quand j'ai vu passer une proposition de LC de ce livre, je n'ai pas pu résister ! Eh oui ! Valentine Stergann a écrit l'un de ces livres que je retiens comme un gros coup de coeur malgré ses clichés, en l'occurrence Les ours mal léchés s'apprivoisent à Noël, et je suis toujours partante quand on me propose une nouvelle lecture M/M : ça ne pouvait donc que faire mon bonheur ! Hélas, la sauce n'a pas tout à fait pris, cette fois… Certes, je ne parlerais pas de déception (quoique…), c'est plutôt que j'en espérais beaucoup mieux, sans doute trop, et ce livre ne s'est pas hissé à cette hauteur attendue. Cependant, la plume de l'autrice reste tellement agréable à lire et entraînante que je suis en train de me demander si je ne vais quand même pas lire la suite, et sans trop tarder…

    Je ne dois pas entrer loin dans les détails pour savoir ce qui n'a pas marché pour moi dans ce livre : l'un des deux héros, et seul narrateur, m'a agacée du début à la fin ! On a donc Gabin, 23 ou 24 ans (c'est dit précisément, mais je ne sais plus, et au fond ça n'a pas une folle importance) : citadin heureux à Paris, il vient de réussir ses études en droit avec succès. Il décide toutefois, dans une espèce de coup de tête que toute sa famille lui reproche (un mère surprotectrice, un père dont on parle bien peu, et une grand-mère très vive), de répondre à l'invitation de passer 3 mois chez son grand-père, le paria de la famille, car il a quitté sa femme pour vivre un nouvel amour loin de tous. Or, désormais veuf et prenant peu à peu de l'âge, Paul (le grand-père, donc), ne peut plus gérer seul la ferme qu'il tient depuis plusieurs années dans les Cornouailles, et a engagé depuis plusieurs saisons le ténébreux Isaac, qui a le même âge que Gabin à un an près (d'où ma confusion)…

    Et voilà donc le problème : Gabin lui-même ! Ce personnage avait sans doute un capital de sympathie important, mais l'autrice en a fait une véritable caricature ambulante ! D'abord, c'est lui le seul narrateur – en soi, ce n'est pas un problème, je ne suis pas particulièrement demandeuse pour une romance (comme c'est tellement souvent le cas) où on entend la voix de chacun des deux protagonistes à tour de rôle. Le problème, ici, c'est qu'il est extrêmement bavard, qu'il le sait et que son entourage ne cesse de le lui répéter, si bien que le lecteur le comprend d'emblée et aurait pu trouver cela amusant, voire « mignon », même si très vite ça devient « trop » ! De plus (hélas !), Valentine Stergann a cru bon d'intercaler, en italique pour les distinguer de la narration principale, toutes les pensées, souvent très puériles, qui passent par la tête de Gabin… Et ainsi, elle enfonce son personnage, qui apparaît très rapidement dans toute sa splendeur d'adu-lescent, avec tous les clichés : ses deux meilleurs amis (tout aussi parisiens) à qui il est relié par ce cordon ombilical qu'est la 4G, mais surtout son vague mal-être de jeune intello qui ne sait que faire de sa vie, malgré ses études brillantes en droit et ce projet de devenir avocat, qui ressemble davantage à un chemin tout tracé parce que ça se fait, qu'à une réelle vocation.

    Il est vrai que, dans un passage en particulier, on comprend que Gabin cache une véritable détresse, de se trouver si démuni face à la vie, et la masque en permanence dans ses logorrhées et pensées qu'il exprime spontanément sans jamais avoir l'air de réfléchir… Mais pour moi, ce genre d'état d'âme reste quelque chose que j'ai du mal à appréhender – peut-être parce que je suis désormais trop âgée et n'arrive plus à me mettre dans la peau d'un jeune de la moitié de mon âge (et même un peu moins) dans notre époque certes compliquée ; ou peut-être parce que, au même âge, j'ai dû « me battre » parce que je sortais d'un milieu bien moins favorisé que celui d'où semble issu notre Gabin, et que je n'ai donc eu ni l'occasion ni le temps de me poser toutes ces questions existentielles (même si le recul me dit que ça aurait peut-être été utile, si seulement… mais c'est un autre sujet). Bref, Gabin est l'archétype d'un anti-héros de notre époque, mais tellement exagéré qu'il en devient réellement soûlant.
    En tout cas, j'ai infiniment préféré Isaac, qui ne passe pas ses journées à se faire des noeuds au cerveau, malheureusement il n'est jamais considéré qu'à travers le regard de son exact opposé, notre peu à peu amoureux Gabin… Un narrateur extérieur aurait peut-être fait la différence ?

    Un autre gros bémol à ce livre a été la façon dont l'autrice traite le côté sexuel de la relation entre nos deux protagonistes. On est clairement dans une romance douce et gentille, qui se veut non érotique ; or, d'une certaine façon, cet aspect-là a manqué. Ce n'est pas que je veuille à tout prix de l'érotisme dans une romance ! on peut tout à fait s'en passer… mais ici ça ressemble davantage à une certaine maladresse qu'à un choix bien défini pour une romance de type « soft ». En effet, on a plusieurs scènes où les deux protagonistes commencent à se caresser etc., c'est même chaque fois bien explicite je trouve. Et puis, dès qu'il faut passer sous la ceinture... paf c'est comme si on nous fermait la porte au nez! Or, après avoir réellement chauffé l'ambiance, à chacune de ces scènes de préliminaires, l'autrice donnait tout simplement le sentiment qu'elle ne savait pas trop comment mener les choses dans une relation M/M, et du coup elle n'en dit rien... Elle aurait dû, soit rester dans la suggestion sans parler (du tout) de ces caresses qui font monter le désir de nos personnages et que le lecteur le ressent réellement (comme dans toute bonne romance descriptive), soit oser entrer dans un érotique léger, tandis que ici, on reste bloqués dans le « trop peu mais pas assez ». Un tel résultat est carrément frustrant !

    Tout cela étant dit, la plume de l'autrice, malgré les aspects agaçants liés au fait que Gabin soit la narrateur, et cette indécision face aux scènes potentiellement plus descriptives, reste vraiment très agréable à lire, bondissante et non dénuée d'un humour fin toujours présent (même si ici, il est servi à la louche). Ainsi, malgré ses quelques (gros) défauts développés plus haut, ce livre est bel et bien une « lecture-doudou », légère et sans prise de tête… sauf pour notre narrateur qui manque cruellement de maturité. On peut espérer que les tomes suivants lui en apporteront au moins un peu !

    Dernière modification par domi_troizarsouilles (14 Mars 2022 12:48:17)

  • stephanius

    Lecteur professionnel

    Hors ligne

    #200 14 Mars 2022 15:04:28

    Ho j'avais vu une bouteille à la mer à l'époque mais je n'en ai aucun souvenir.

    Comme je ne suis pas du tout romance je ne connais pas ton autre livre. Bonne lecture