À la recherche du temps perdu, tome 5 : La PrisonnièreMarcel Proust1967

Le narrateur a beau en avoir conscience, il est absolument insupportable avec Albertine (quand bien même Albertine n'est pas non plus une personne très fiable) et j'ai été à la fois ennuyé et agacé par les très longs passages qui les concerne tous les deux. J'ai au moins apprécié l'ironie du monologue du baron de Charlus sur la façon de reconnaître (ou non...) les homosexuels.

Je trouve le titre de ce tome trompeur, car, bien plus qu’Albertine, je crois que c’est plutôt le narrateur qui est le réel prisonnier de cet épisode. Quant au reste, comme toujours, il y a des passages qui m’ont transporté, ébloui. Au total un tome que j’ai bien aimé et qui incite à se plonger sans trop attendre dans la suite des choses.

J'ai un peu moins aimé la première partie de celui-là. L'obsession, la possessivité, la jalousie et la mysoginie du narrateur peut être lassante. En contrepartie, certains passages sont tellement sublimes, entre autres sur la force de l'art qui nous permet de nous rapprocher du divin, que finalement, on pardonne ses écarts à Marcel.

Sortant peu à peu des milieux mondains, le narrateur s'enlise dans un amour exclusif et malsain, où il est aussi prisonnier qu'Albertine qu'il retient captive. La mort de Bergotte et tout le passage qui décrit le concert de Vinteuil sont de magnifiques pages sur la création artistique, qui préfigurent la fin de la Recherche... Un beau tome, plus intéressant que le précédent.

J'ai moins apprécié ce tome à cause de la paranoïa du personnage principal et de sa façon de traiter Albertine. C'est tout de même un délice à lire. L'écriture est toujours aussi poétique, et les réflexions, notamment sur le temps, se font plus accrues. Le personnage est à demi sorti du milieu mondain et se retrouve aussi prisonnier que sa captive.