La Légende du GuerrierJean-Marc Savary et David Thiérrée2007

Ces dialogues tissent l'enseignement patiemment, maille après maille. Chaque verbe prononcé par le maître modifie Langdar imperceptiblement. Résolument. Souvent, le long des remparts, les deux hommes devisent inlassablement. -Langdar, tu n'es que le reflet de ton être véritable. Et ce pauvre fantôme fluctue au rythme de la marée de tes émotions ! Le corps si dense, si lourd, si présent, te coupe de ton origine radieuse. Tu en es l'esclave ! Mais ce venin comporte en lui le sérum ! -Comment le découvrir ? -En oeuvrant sur soi. -Comment ? -Il est des techniques… -Lesquelles ? -Respirer ! -Respirer ? -Le souffle anime corps et âme. Il te relie à l'Univers et te dote de sa force. Le souffle t'éveille. De ce jour, Langdar s'isole, médite et en éprouve des résultats que le maître ne commente jamais. Tout au plus ponctue-t-il les impressions de l'élève d'un malicieux : « intéressant ! » Une autre fois, Langdar s'émeut de ce qu'il ressent désormais, voire même pressent. Cela l'affole. -Vois-tu ces plaines qui nous entourent ? demande le maître en désignant les paysages du haut d'une tour. Tu accèderas à un degré supérieur lorsque tes pensées seront semblables à cela. -Mais il n'y a que neige ! -Dissous le vénérable Langdar dans cette glace et écluse ton crâne de ce qui l'encombre, le harcèle, le dupe ! Seul, ce miroir te placera sur le chemin héroïque ! Langdar entend le maître plus qu'il ne l'écoute réellement. Toutefois, lorsqu'il franchit une étape étonnante et qu'il en fait part, il reçoit comme réponse : -Preuve que ce monde n'est qu'illusion, sourit le maître.