[Suivi Lectures] Aealo

 
  • Cervus

    Lecteur fou

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    #1811 18 Avril 2022 16:26:57

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    Bonjour tout le monde,


    Avant tout, j'espère que vous allez bien.

    Vu la période littéraire que je suis en train de traverser, je ne peux qu'apprécier cette démarche de se fixer des lectures que je n'ai plus envie de reporter. Parce que depuis le début de cette année et donc l'attaque de cette liste, j'ai la sensation que le niveau de mes lectures est d'une positivité que je pense ne jamais avoir connu jusqu'ici. :pink:
    Du coup, les noms et titres pour l'an prochain commencent doucement à pointer le bout de leur nez. Quoi? Comment ça on est qu'en avril? :sifflote:
    Plus sérieusement, le rythme se tient difficilement - 60 livres c'était sans doute un peu beaucoup - et je suis légèrement en retard mais je ne me prends plus la tête que ça avec le rythme. On verra en fin d'année.

    Pour le reste peu de choses à raconter donc j'en viens aux lectures.

    LES PAGES TOURNÉES...
    J'ai terminé plusieurs lectures qui étaient en cours la fois dernière. Bon j'ai déjà déposé ici mon avis à propos de Watership Down de Richard Adams. Mais j'ai terminé également Coraline de Neil Gaiman et Les Livres de la terre fracturée, tome 1 : La Cinquième Saison de N. K. Jemisin dont les avis arriveront incessamment sous peu.
    J'ai terminé aussi Les oiseaux du temps de Amal El-Mohtar et Max Gladstone qui se déguste plus. :-)
    Mais entre temps, j'ai lu Dirty week-end de Helen Zahavi pour le Cercle de Lecture mais dont je ne suis pas encore remis complètement, je vais devoir prendre du recul pour poser un avis car le cas est très très particulier niveau thématique... :goutte:
    Côté graphique j'ai découvert Lady Mechanika, tome 1 : Le mystère du corps mécanique, 1ère partie de Joe Benitez qui est une petite déception. Disons que c'est sympa mais je m'attendais à mieux vu sa réputation. Je ne suis certain de tenter la suite... :chaispas:

    LIRE AU PRÉSENT
    - L'autobiographie : à quoi sert ce bouton ? de Bruce Dickinson : De nouveau, ça n'avance pas malgré l’intérêt que j'ai pour le sujet.
    - Mon mari de Maud Ventura : Le début commence très bien. Je suis très curieux de ce que ça augure pour la suite!
    - Par le fer ou le poison de Juliette Benzoni : La lecture avance, lentement. Une histoire à la fois. Le sujet est intéressant mais la lecture n'est pas folle.
    - Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau : Je n'en suis encore qu'au début mais bon nombre des idées que je lis me plaisent et me parlent! C'est de très bonne augure!
    - Widjigo de Estelle Faye : Il faut que je me lance dedans mais j'ai encore un mois pour le rendre. Donc il va vraiment falloir que je m'y mette.

    OUI J'EN PÀL LIS
    Toujours en "décalages" par rapport à ce que je m'étais fixé, mais les chiffres vont dans le bon sens, d'autant que j'ai commencé à élaguer la pàl et ça fait du bien! :-)
    Bon, malheureusement, j'ai du passer en librairie pour tout autre chose mais je suis tombé dessus et je n'ai pas pu résister :
    - Blackwater, tome 1 : La Crue de Michael McDowell : Je l'avais vu passer quelques fois ici et avec une telle couverture, et classé en horreur, il ne m'en fallait pas plus pour attirer mon attention.

    LE PROGRAMME! DEMANDEZ LE PROGRAMME!
    Je ne les oublie toujours pas, elles sont dans un coin de ma tête mais le mois d'avril est ultra chargé côté lecture.

    Début mai - LC - La maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski avec @Catysprint
    2022 - LC - Ravage, de René Barjavel avec @Takoubook
    2022 - LC - L’Âme du mal, de Maxime Chattam avec @lamelle21



    <image>(POING CULTUREL) Pas mal de bons films dernièrement côté ciné. J'ai pris Deux Moi en pleine face, mais vu ma situation actuelle, il n'y avait rien d'étonnant à ce que ça me fasse écho à ce point et me retourner. Pour le reste pas de claques mais dans le genre comédie romantisée légère sans en demander plus, histoire de se faire un peu de bien au moral, Zack & Miri font un porno (situation atypique), The Holiday (réellement positif) ou encore L'Amour en laisse (coréen et thématique spéciale à laquelle on accroche ou pas) étaient plutôt cools. Tandis que j'ai beaucoup aimé The Bronze (je n'avais absolument pas reconnu Bernadette de Big Bang Theory!) et Tenacious D in : The Pick of Destiny. Oui oui je sais que ça fait beaucoup de "léger" voire niais (dans l'esprit de certains/es) mais tout ça a réussi sont coup : faire du bien au moral. :-)
    La musique s'est vue migrer vers du "un peu plus doux" ces derniers temps (la faute à Woodkid? :angel:). J'ai découvert l'album Navigation de Brothers of Santa Claus dont je ne connaissais jusqu'ici que Dry que j'adore. Le plus agité que j'ai écouté dernièrement ce doit être Plaza Francia (projet regroupant Catherine Ringer et un membre de Gotan project), alors si vous avez des envie de tango ou d'ambiance hispano-argentine, je vous le conseille. ;) J'ai pas mal ré-écouté Feu de Nekfeu aussi ces derniers temps.


    <image>

    Et vous, comment ça va?



    Salut Mana_,

    Oui je plaide coupable. :D Le truc qui est fou c'est qu'en effet, je ne compte plus le nombre de fois où on m'a dit le plus grand bien de ces concerts, et tu viens le confirmer. Vu que je me mets à l'écouter, il va falloir que je guette les dates à l'occasion du coup. :angel: Ce n'est pas comme si ça me déplaisait. =D
    Et il n'y a aucun chauvinisme à affirmer que La musique de Woodkid est aussi le meilleur passage dans la série Netflix Arcane, c'est clairement vrai! C'est un point culminant à plus d'un titre dans la série et la musique de Woodkid ne fait que le renforcer encore plus!

    Curieux de voir ce que tu penseras de Les Maîtres enlumineurs du coup!

    Je suis parvenu à rentrer dans Les Livres de la Terre fracturée et à bien plus l'apprécier. Mais je lui reconnais les défauts que la plupart des gens lui trouve car c'est clairement un livre qui a plusieurs éléments sur lesquels "ça passe ou ça casse".
    Je me lancerai sans doute dans le tome 2 d'ici l'été. Par contre, j'ai un peu peur de la "formule narrative du tome 2" du coup. :goutte:

    Je te souhaite de bonnes lectures à toi aussi!



    Hello Melody Pond,

    Tu as raison de vouloir garder le maximum de "secrets/mystères" autour de ta lecture de Les maîtres enlumineurs, je le comprends entièrement. C'est pour ça que dans mes avis, il y a toujours bon nombre de choses que je en dis pas (afin d'éviter de gâcher la future lecture des autres). C'est pour ça que je dis tout ce qui me semble être argumentaire sans rien percer de qui soit de près ou de loin surprenant ou important.
    Nous reparlerons donc de Les maîtres enlumineurs quand tu l'auras lu! ;)

    Comment ne pas rédiger un avis sur Watership Down? :angel: Mais tu l'auras certainement déjà lu avant ce message. :D

    L'extrait du live que tu as mise de Woodkid est très jolie! J'aime beaucoup! Je n'ai pas encore écouté son premier album par contre.
    Tu confirmes aussi pour la scène... Je guetterai ça lors de la prochaine tournée.
    Je connais Rome pour avoir déjà essayer 2-3 albums mais pas l'album que tu cites. J'accroche pas trop, mais j'irai jeter une oreille sur cette album, on ne sait jamais. ;)

    En ce qui concerne Scorpions, comme toi j'ai été bercé par ce groupe et d'autres du même style par mon père.
    Inconsciemment, il m'a initié au Hard Rock, ce qui m'a amené au Metal. :D

    Pour Les livres de la Terre fracturée, c'est particulier certes, mais à plus d'un titre. Disons qu'il a fallu que j'atteigne un point au-dela duquel je me suis rendu compte quie la question d'arrêter ne se posait plus et que je voulais seulement avancer. Comme tu dis, le temps de m'immerger.
    D'ailleurs, tu parles de Fantasy mais j'avoue ne pas bien cerner le pourquoi de cette étiquette de genre pour ce livre. :grat: Tu peux m'expliquer?
    La SF oui car on est clairement dans un univers de type Post-apo avec des codes assez neufs. Mais la Fantasy je ne la vois pas trop.

    Expressions belges et françaises : tu parles d'un méga combo en effet! :ptdr:

    J'espère que tu as passé un bon week-end et que tu as pu te reposer un peu. =)

    A bientôt !



    Salut Bouledechat

    Je te remercie.

    Ce n'est pas grave pour The Crow, ça sert à ça aussi les avis. ;)
    Ah c'est bien simple, les 9/10ème des livres que j'achète sont des commandes que je fais par l'intermédiaire de la librairie où je reviens toujours et où j'ai mes petites habitudes . :D
    Parce que si je devais compter sur le hasard pour "trouver" la plupart de ces lectures en librairie, je ne les aurais jamais. :goutte: Du coup, c'est bien plus simple ainsi dans un lieu de confiance.

    J'ai plus qu'accroché à Watership Down en effet! :D
    Je comprends que cette lecture t'aie marqué car elle a mine de rien un petit côté "lecture cocon" voire "Madeleine de Proust".
    Il ne te "reste plus qu'à" te replonger dedans! :sifflote:

    Pour Les livres de la terre fracturée, pas d’inquiétude. Je ne peux que comprendre ton point de vue. même si en mordant sur ma chique, j'ai passé un stade où ça ne me gênait pour ainsi dire plus et où l'univers est devenu le principal moteur de ma lecture. Mais ce ne fut pas forcément évident en effet. Mais oui, au final, j'ai adoré aussi mais ça ne m'empêche pas d'être un peu sur la défensive vis-à-vis de ce qu'amènera le tome 2.

    Je te rassure, je compte bien écrire un avis à propos de Les oiseaux du temps. Il ne tardera pas car les deux prochains avis sont pour ainsi dire déjà écrits et celui-là est le suivant. ;)

    Content que Les maîtres enlumineurs te tente! :-)

    Tant pis pour Tick tick boom. Comme tu dis, les goûts et les couleurs.

    Je te souhaite de bonnes lectures à toi aussi!



    Salut Laurent49,

    Il faut dire que les couverture francophones sont bien plus jolies et attrayantes que celles d'origine.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    <image>


    Il faut juste savoir (et j'ai oublié de le dire dans mon avis) que c'est une trilogie mais qu'à l'heure actuelle on est toujours en attente de la date de sortie du dernier tome.



    Hello Mypianocanta

    Je perçois de plus en plus les choses de la même manière : j'ai déjà tellement de choses à lire que ce n'est pas grave.
    Après tout, comme je le disais à @Bouledechat, les avis, ça sert aussi à ça. :D

    On m'avait beaucoup vendu Watership down quand il était dans ma wishlist, je content de faire de même à mon tour! :D

    Je te souhaite une bonne semaine également !



    Coucou Grominou,

    Ah c'est drôle comme on peut être "harcelé" à propos de certains livres quand on ne les a pas encore lus mais comprendre vraiment pourquoi une fois qu'on les a lus! :D
    Avec Watership down, il y a clairement de ça!

  • LaurentVo

    Dompteur de pages

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    #1812 18 Avril 2022 17:22:14

    Merci pour l'info. Juste une trilogie c'est cool. C'est un format que j'aime bien :)
  • Cervus

    Lecteur fou

    Hors ligne

    #1813 18 Avril 2022 23:16:44

    De l’autre côté du miroir


    Le courage, c'est quand on a peur mais qu'on y va quand même.


    <image> Ca fait un petit temps que je veux me confronter à Neil Gaiman. Or, je n’avais pas fais le bon choix en commençant par Moi, Cthulhu, choix complètement irréfléchi, je plaide coupable. Du coup pour reprendre à zéro et démarrer en douceur (vu la quantité que j’ai de ses livres dans ma pàl), je me suis dit pourquoi pas commencer par du jeunesse avec Coraline de Neil Gaiman en l’intégrant à ma liste de l’année. De plus, il pourra sans doute passer pour le sujet du prochain cercle de lecture. Ni une ni deux, je me suis lancé.

    Qui est donc Coraline :
    Coraline vient de déménager et découvre son environnement, une étrange maison qu'elle et ses parents partagent avec des voisins peu communs : deux anciennes actrices et un vieux toqué éleveur de souris savantes. "Je suis une exploratrice !", clame Coraline. Gare pourtant : derrière la porte condamnée, un monde magique et effrayant l'attend.

    Je ne le fais jamais mais je tenais à souligner cette épigraphe qui m’a beaucoup plu :

    Si les contes de fées sont plus vrais que vrais, ce n'est pas parce qu'ils disent que les dragons existent, mais parce qu'ils disent que les dragons peuvent être vaincus.
    G.K Chesterton


    Et quelle citation plus juste pour commencer cette histoire ?
    Neil Gaiman prend ici une plume à l’aura de conte pour raconter cette histoire de petite fille qui va faire preuve de bien du courage pour parvenir à sauver ses parents et bien plus encore (réparer ainsi sa "faute"). Ce conte, sous ces attraits de « peur du noir », ferait bien d’inspirer bon nombre d’adultes malgré tout !

    En effet, quand je vois certaines critiques désabusées à propos de ce livre, elles me font doucement rire... S’il vous plaît mesdames, messieurs, on ne se moque pas. Ou plutôt à demi...
    Parce que certes, oui je pourrai avoir lu ce livre au premier degré, me tuant ainsi toute fantaisie de cette lecture.
    Et du coup, oui, je pourrais en faire une critique tout aussi premier degré en disant que « Ah mais non quelle bêtise ! Je n’ai pas eu peur ! » en argumentant « qu’on voit les fusils de Tchekov a des milliers de km à la ronde » et en ajoutant que « Oulà ! Mais Coraline parle beaucoup trop bien pour gamine de son âge ! (qu’on ne connait pas d’ailleurs) »
    Bla bla bla...

    <image>
    Mais franchement j’aurais mal pour moi si j’avais lu ce livre ainsi et surtout si j'en parlais avec de tels mots.
    Parce que ne serait-ce pas oublier que de un, Coraline est avant tout un livre jeunesse et donc qu’en effet, selon notre âge au moment de le lire, nous ne sommes sans doute plus le public cible...
    Mais surtout, de deux, ne serait-ce pas oublier notre esprit d’enfant à nous ?

    "Ah, c'est toi, dit-elle au chat noir.
    - Tu vois ? fit-il en retour. Tu n'as pas eu tant de mal que ça à me reconnaître, même si je ne porte pas de nom.
    - D'accord, mais comment ferais-je si je voulais t'appeler ?"
    Il fronçat le nez et se débarbouilla pour avoir l'air peu impressionné. "Appeler les chats, c'est très surfait. Autant appeler une tornade.
    - Oui, mais si c'était l'heure de dîner, par exemple ? Tu n'aurais pas envie qu'on t'appelle ?
    - Si, naturellement. Mais il suffirait de crier "A table !" Tu vois, on n'a vraiment pas besoin de noms.


    Parce que non ce livre ne m’a pas fait peur, bien sur ! A l’âge que j’ai à présent, je vais pisser la nuit sans ressentir le besoin d’allumer la moindre lumière ! Merci ! :D
    Mais pendant toute ma lecture, je n’ai pu m’empêcher de me mettre à la place du gamin d’une dizaine d’années que j’ai été et de penser à l’état dans lequel m’aurait mis cette lecture si je l’avais lu à ce moment-là...
    Si j’avais du me plonger dans ce monde parallèle où on ne peut pas « compter » sur le secours des parents...
    Si j’avais du imaginer ces personnages glauques avec leurs boutons à la place des yeux...
    Si j’avais du perdre tous mes repères en même temps que Coraline...
    Si j’avais du penser à ce monstre...
    Si j’avais du vivre cette tension installée habilement par Gaiman...
    Si j’avais du ne serait-ce qu’essayer de faire preuve d’autant de courage que Coraline elle-même. Et sur ce point je pense que j’aurais été content de l’avoir avec moi dans cette lecture.
    Et là, en pensant à tout ça, on pourra dire ce qu’on voudra mais ça match ! Je pense que gamin j’aurais allumé toutes les lumières pour me lever la nuit mais aurais-je seulement osé sortir de mon lit ? Je ne puis le dire...

    <image>

    "Police, j'écoute, fit une voix d'homme assez bourrue.
    - Bonsoir. Je m'appelle Coraline Jones.
    - Tu ne crois pas que tu devrais être au lit, à l'heure qu'il est, jeune fille ?
    - Peut-être, répondit Coraline, qui n'allait pas se laisser si facilement distraire, mais j'appelle pour signaler un crime.
    - Tiens donc. Et de quelle nature ?
    - Un kidnapping. Mes parents ont été emmenés de force dans un monde qui se trouve de l'autre côté du miroir du couloir.
    - Et tu sais pas qui ?" A sa voix, Coraline devina que l'agent de police souriait. Elle fit son possible pour s'exprimer comme une grande personne, dans l'espoir qu'il la prendrait enfin au sérieux.
    "Je crois que c'est mon autre mère qui les retient tous les deux prisonniers. Il se peut qu'elle veuille les garder pour leur coudre des boutons à la place des yeux, ou simplement pour m'attirer dans ses griffes. Je ne sais pas très bien.
    - Je vois. Ses redoutables serres crochues, c'est ça ? Hmmm... Tu sais ce que je te propose, moi, Coraline Jones ?
    - Non, quoi ?
    - Tu vas demander à ta maman de te préparer une grande tasse de bon chocolat bien chaud, puis de te faire un gros câlin. Rien de tel que le chocolat chaud et les câlins pour faire fuir les cauchemars. Et si elle fait mine de te gronder parce que tu la réveilles en pleine nuit, dis-lui que c'est un ordre de l'agent de police." Il parlait d'une voix grave aux accents rassurants.
    Mais Coraline n'était pas rassurée pour autant.
    "Je lui dirai quand je la reverrai", dit-elle avant de raccrocher.


    Avec tous les ingrédients qui s’y trouvent, Coraline possède une ambiance à couper au couteau pour ce genre de livre jeunesse. C’est le genre de livre idéal pour initier les plus jeunes aux lectures frissons, aux livres « qui font peur ».
    Mais avec un personnage comme Coraline, un compagnon comme le chat, des voisins aussi bizarres que drôles, un univers simple mais bougrement efficace, le livre ne laisse pas uniquement le noir prendre possession de son lectorat. Il met dans ses mains quelques armes pour ne pas le laisser démuni face à ce qui se cache dans l’obscurité.
    Pour moi, c’est une belle lecture, ça ne fait aucun doute.

    Alors, j’ai beau lui reconnaître ces belles qualités, pourquoi ne lui ai-je pas mis une meilleure note pensez-vous peut-être ?
    Là est sans doute la différence entre nous, je ne l’ai pas lu au bon âge...
    Alors ce livre ne peut donc pas prendre la dimension de madeleine de Proust qu’il semble avoir pour beaucoup de LAiens/nes...
    Mais ça ne retire absolument rien du bien que j’en pense.

    Il ne me reste plus qu'à voir le film d'animation à présent...

  • Melody Pond

    Lecteur-express

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    #1814 21 Avril 2022 13:27:07

    Salut par ici !

    Mais genre, ça fait 15 jours que je ne suis pas passée par ici ? Et en fait non, parce que je me souviens parfaitement avoir répondu à ton avis sur Les Maitres enlumineurs mais mon commentaire a disparu ? Ou suis-je devenue totalement folle ? O_o

    Concernant Watership Down,

    Oui ce sont des lapins, mais cela n’empêche pas d’avoir eu cette sensation de commencer en lisant Les animaux du bois de Quat’sous mais de continuer avec celle de L’Odyssée d’Homère (comment ne pas voir en Hazel un Ulysse à grandes oreilles) ou encore La Grande Evasion.


    Mais oui ! On a un sentiment très bizarre en commençant cette lecture, on se dit que ça va vraiment être niais et franchement... des lapins quoi. Mais non.
    Merci pour ce bel avis ! :D

    Je me demande quel sera ton avis final pour Mon mari. D'après ce que j'ai lu ici où là, les avis sur ce livre sont très mitigés.
    Oh Widjigo ! :heart: Il se lit assez vite, tu verras !

    Pour avoir écouté les autres albums de Rome par la suite, je peux te dire que son dernier est le meilleur de tous (pour moi) donc tu pourrais effectivement accrocher :)

    Pour Les livres de la terre fracturée :

    D'ailleurs, tu parles de Fantasy mais j'avoue ne pas bien cerner le pourquoi de cette étiquette de genre pour ce livre.  Tu peux m'expliquer?


    Non. XD
    On regroupe un peu tout et n'importe quoi en Fantasy, par facilité parfois mais je suis d'accord, la SF prend le dessus ici. C'est moi qui avait parlé de Fantasy pour ce bouquin ? Si oui, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. (C'est confirmé, je suis cinglée)

    Pour Coraline, tu lui as quand même mis une bonne note je trouve. C'est marrant parce que j'ai l'impression qu'on n'a pas eu la même approche. Je ne le percevais pas du tout comme un livre "frissonnant" mais davantage dans l'étrange et le surnaturel. Je me demande alors si ça ne donne pas un ressenti final complètement différent au final.

    A bientôt ! :)

  • Cervus

    Lecteur fou

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    #1815 28 Avril 2022 11:49:59

    Je te réponds un peu plus tard. ;)



    Ou comment rendre la physique cool


    Commençons par la fin du monde - pourquoi pas ? On en termine avec ça, et on passe à quelque chose de plus intéressant.


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    Alors non , en effet, je ne me souviens plus de la première fois que j’ai entendu parler de Les Livres de la terre fracturée, tome 1 : La Cinquième Saison de  N. K. Jemisin. Mais d’un autre côté, il y a eu un tel tapage autour de ce livre et de cette saga que ce serait impossible de se souvenir de la premier fois que j’en ai entendu parler ! :D
    Mais j'étais curieux de savoir enfin ce qu'il en était. Du coup, une seule place : la liste des 60 lectures pour cette année! (je ne sais plus, je vous en ai déjà parlé? :angel:)

    Mais avant de savoir si ça vaut le moindre caillou, de quoi ça parle :
    La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s'est d'ailleurs déjà produit plus d'une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d'interminables nuits auxquelles l'humanité n'a survécu que de justesse. Les gens comme vous, les orogènes, qui possédez le talent de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. Mais c'est tout l'inverse. Vous devez vous cacher, vous faire passer pour une autre. Jusqu'au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille. Vous allez les retrouver, et peu importe que le monde soit en train de partir en morceaux.

    Vous souvenez de vos cours de physique et des notions d’énergie thermique, d'énergie cinétique, de conversion d'énergie, de pression et de tous ces concepts pouvant paraître abruptes ou rébarbatifs ?
    Personnellement ce n’était pas mon cas mais je sais que ces notions ont plombé bon nombre d’étudiants de secondaire durant leurs années scolaires (système belge/peut-être à traduire dans le système français, je ne sais pas). Pour la plupart, soulagés de ne plus se les farcir une fois choisie une tout autre voie.
    Et si quelqu’un était parvenu à les convertir, les adapter dans un univers post-apo original ?
    (je ne saisis d’ailleurs toujours pas bien l’étiquette Fantasy qu’on lui met :grat:)
    C’est ce que N. K. Jemisin est parvenu à faire ici !



    « Tu es le verre que produisent les montagnes de feu, reprend-il tout bas. Un cadeau de l'immense Père Terre. Mais le Père Terre nous déteste, ne l'oublie jamais. Ses cadeaux se paient, et ils sont dangereux. Si nous te recueillons, si nous t'affûtons pour que tu sois assez tranchante, si nous te traitons avec le soin et le respect que tu mérites, tu deviendras précieuse. Mais si nous te laissons dans ton coin, tu couperas jusqu'à l'os la première personne à te heurter par accident. Ou, pire, tu exploseras, et tu feras du mal à beaucoup de monde. »


    Alors il me semble important de prévenir d’emblée le futur lectorat ou les potentiel/les intéressé/es...
    Cette lecture n’est pas forcément des plus évidentes pour y adhérer...
    En effet, ce livre fait assez peu de cadeaux pour commencer... Mine de rien, cette lecture est exigeante car d’emblée elle prend le parti de dérouter celui/celle qui tente de la suivre. Il va falloir être bien concentré et vous accroché afin de comprendre l’univers avec ses catastrophes, ses dangers, ses règles, son vocabulaire et ses personnages. Ca démarre assez vite, sans vous prendre par la main, à vous de suivre. Personnellement j’adore ce procédé mais j’ai malgré tout du m’accrocher.
    L’immersion se fait mais elle est assez brutale donc l’adaptation qu’elle requiert après choc est celle du contre-coup, ça demande du temps et de la concentration pour établir des repères. Il ne faut pas perdre le fil au risque de se perdre tout court (par rapport à d’autres lectures qui utilisent le même procédé d’immersion).



    <image>

    En témoigne presque immédiatement : la narration. Celle-ci est divisée en 3 voies, toutes 3 féminines. Ces paroles se relaient les unes après les autres.
    Jusque là pas de soucis.
    Mais comme le quatrième de couverture le laisse entrevoir, une de ces voies narrations heurte. Elle heurte par son utilisation de la 2ème personne du pluriel : le « vous ». Elle heurte d’autant plus que les 2 autres utilisent le classique « elle ».
    Les narrations se suivent et nous façonnent lentement cet univers. Et à peine s’est-on (ré)adapté à cet univers que revient le « vous » qui déstabilise.
    C’est un rythme atypique, auquel il faut se faire. Et en effet, ce n’est que petit à petit que cette acceptation s’est faite pour moi.



    Premièrement, garder les portes. Veiller à la propreté et à la sécheresse des caches. Obéir à la lithomnésie. Prendre les décisions difficiles. Peut-être alors, à la fin de la Saison, restera-t-il des gens pour se rappeler à quoi devrait ressembler la civilisation.


    Autre acceptation lente à laquelle il faut arriver : la totalité des personnages sont peu voire pas sympathiques. Attention, ça ne veut pas dire que vous ne pourrez pas vous y attacher mais je préfère prévenir que ça ne m’a pas semblé aussi évident que dans bien d’autres lectures.
    Certes, rien dans cet univers n’est là pour rendre les choses plus légères ou plus faciles (j’y reviendrai). Il ne peut donc en émerger que des personnages durs. Durs par leur vécu, par leur contexte de vie, par leur caractère, par leur lassitude...
    Vous l’aurez compris l’identification à un personnage ne fut pas chose aisée pour moi.
    Si on ajoute à ça, le lien très vite évident entre les personnages, le déboussolement n’en est que renforcé tandis que l’attache n’est clairement pas facilités.



    A leur retour, les éclaireurs décriront une dévastation totale... et une absence totale, ou quasi totale de survivants. C'est une certitude. Le déni ne sera plus possible. Il ne restera que la peur. Et la peur cherche les boucs émissaires.


    Il y a aussi cet univers qui est une lame à double tranchant.
    En effet, nous nous trouvons sur une planète Terre très sèche, dévastée, instable à plus d’un titre... où nos repères actuels n’existent plus. Une Terre au visage climatique finalement pas si différent de celui qu’on nous annonce pour les décennies/siècles qui arrivent. Donc une Terre au visage de notre Terre de demain...
    Alors sachant ça, je comprendrais que certains/es, qui recherchent peut-être plus l’évasion au sein de la lecture, ne veulent pas lire un univers dans ce genre-là. Parce que disons-le, il faut vouloir se la prendre dans les gencives cette planète ravagée aux airs de futur cadre de l’humanité...
    Il m’a été moi-même difficile de ne pas y penser par instant dans ma lecture, même simplement de penser, face à certains phénomènes « Et si on en arrivait là ? »...



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    À en croire la légende, le Père Terre ne détestait pas la vie, à l'origine.
    Les mnésistes racontent même qu'Il a fait tout Son possible pour en faciliter l'émergence déconcertante à Sa surface, il y a de ça très, très longtemps. Il a conçu des saisons prévisibles et régulières ; Il a veillé à ce que les vents, l'océan, les températures changent assez lentement pour que le moindre être vivant puisse s'adapter, évoluer ; Il a invoqué des eaux capables de se purifier et des cieux de s'éclaircir après l'orage. Il n'a pas créé la vie - le hasard s'en est chargé -, mais Il l'a trouvée fascinante, Il s'est réjoui de son existence, Il a été fier de S'offrir à une beauté aussi étrange et indépendante.
    Et puis les hommes se sont mis à Lui infliger des horreurs. Ils ont empoisonné Ses eaux au point qu'Il ne pouvait plus Lui-même les purifier, et ils ont tué une bonne partie des autres vies qui s'épanouissaient à Sa surface. Ils ont percé la croûte de Sa peau et se sont enfoncés dans le sang de Son manteau pour accéder à la moelle suave de Ses os.


    Alors je vous vois venir...
    Comment j’ai pu arriver au bout de cette lecture et vouloir lire la suite avec tout ce que je viens de développer jusqu’ici ?

    C’est là qu’intervient l’autre tranchant de cet univers ! ^^
    Si cette Terre semble déréglée, cela ne lui en donne pas moins une richesse folle une fois qu’on s’est fait à celle-ci.
    Déjà, comme je l’ai dit plus haut, les repères que nous connaissons n’existent plus, de quoi balayer les potentiels « déjà-vus » puisque une bonne part des terres ce sont rassemblées en une seule et unique (retour à cette bonne vieille Pangée ou presque) mais ce continent unique est instable.


    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    <image>


    De quoi donner du terrain à explorer ! Et les lieux sont variés, pas de doute là-dessus.
    Mais en parlant de l’univers, il n’y a pas que la géographie !
    On retrouve ici une mythologie, réinventée et ré-adaptée aux problèmes et aux phénomènes de ce monde.
    Je ne peux pas vous en raconter vous en dire beaucoup plus mais bon nombre de thèmes délicats et peu fréquents sont abordés par N. K. Jemisin, et ça fait du bien ! On sent que bon nombre parmi eux la touchent particulièrement lorsqu’on se renseigne sur l’autrice. Derrière cette dureté que j’évoquais plus haut, se cache en réalité une étonnante acuité de certains thèmes.



    "On n'est pas humains.
    - Si. On est humains.“ La voix d'Albâtre explose." Je me fous de ce qu'a décrété le conseil machin-machin, avec ses gros crétins bouffis de suffisance, je me fous des classements des géomestres et de toutes ces conneries. Ils se mentent à eux-même en disant qu'on n'est pas humains pour ne pas avoir à se sentir coupables de la manière dont ils nous traitent… “


    <image>

    Mais du coup, il vous reste peut-être une question : comment est-elle parvenue à rendre ces notions scientifiques « cools » ?
    Je ne considère pas ça comme un divulgâchage mais je préfère le mettre sous [ spoiler ] si vous souhaitiez lire en ayant le moins d’infos possible (dans ce cas, je suppose que vous n’aurez pas lu cet avis ^^).


    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    N. K. Jemisin a créé la notion d’orogénie...
    Orogénie : Capacité de manipuler les forces thermiques et cinétiques, ainsi que d’autres formes d’énergie, pour influencer les secousses sismiques
    Ce qui, vous l’aurez compris, confère des capacités dantesques, des pouvoirs titanesque à certains personnages !
    Mais tout grand pouvoir engendre contrôle, manipulation, tentative d’emprise...


    Voici donc un univers aussi sombre qu’original, aussi surprenant que rude, aussi chaotique que prenant.

    Parce que le constat est là : autant j’ai hésité à arrêté plusieurs en début de lecture, autant une fois dépassé un certain point de lecture, je ne voulais plus m’arrêter tant cet univers m’intriguait, me donner envie d’en savoir plus de comprendre.

    Alors en toute franchise, ouvertement vous conseiller de foncer à l’aveugle ce serait difficile pour moi... Parce que franchement, je vois complètement ce qui peut rebuter dans cette lecture et je ne peux certainement pas garantir qu’il vous plaira...
    Mais je ne peux décemment pas vous le déconseiller non plus tant cet univers m’a accroché, pour ne pas dire m’a mis une claque par son originalité et sa richesse ! Je trouve que ce serait dommage de passer à côté de ça...

    A vous de juger. ;)

    Dernière modification par Aealo (29 Avril 2022 00:44:03)

  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

    Hors ligne

    #1816 28 Avril 2022 17:39:21

    Déjà jugé et très sévèrement parce que j'ai tellement détesté la narration que j'ai abandonné à peu près à la moitié et tous les bons avis que j'ai vus et vois encore n'ont pas réussi à me donner envie de lui laisser une deuxième chance. (je crois que je suis trop exigeante sur le style)

    Bonne fin de journée
  • Mana_

    Administratrice

    Hors ligne

    #1817 29 Avril 2022 00:15:35

    Ma mère est comme My, je lui ai glissé dans les mains il y a quelques semaines et elle a du mal à rentrer dedans. Pas forcément le style, c'est une question d'ambiance, comme tu le dis si bien. De mon côté je suis contente que tu aies aimé, j'avais adoré aussi le premier tome et le second est pas mal ! ;)
  • Melody Pond

    Lecteur-express

    Hors ligne

    #1818 29 Avril 2022 15:11:49

    Hello !

    Le voilà cet avis ! :clapi:
    Et très bel avis, comme d'hab !

    Je suis d'accord avec toi pour à peu près tout, si ce n'est que je suis entrée plus vite dans l'histoire que toi.
    La narration est perturbante effectivement, c'est très inhabituel est déroutant. Tu as bien fait de t'accrocher. :)
    Et oui, elle met les lecteurs à rude épreuve, non seulement avec cette narration mais avec ses personnages qui ne sont pas hyper attachants, ils sont même assez froids.
    Est-ce qu'elle voulait qu'on aime son livre ? :grat: =D

    Bon je suis contente que ça l'a fait avec toi, mais je comprends aussi @Mypianocenta pour qui ça ne l'a pas fait. (Z'avez vu, je ne suis pas méchante)

    A bientôt ! :D

  • Cervus

    Lecteur fou

    Hors ligne

    #1819 02 Mai 2022 22:47:09

    Je vous réponds cette semaine. ;)



    Là où la SF rejoint la poésie


    La correspondance est une sorte de voyage dans le temps, tu ne trouves pas ?


    <image>

    Alors non, ce n’est pas La Grande Librairie qui m’a fait découvrir ce livre ! :D Mais je ne sais plus d’où j’ai appris son existence. Il est possible que je ‘ai vu passé sur les suivis, et encore... :grat: Il me semble que c’est à force de la voir passer sur LA, avec sa belle couverture, que j’ai arrêté de m’interroger et que j’ai fini par me pencher sur Les oiseaux du temps de Amal El-Mohtar et Max Gladstone. Il était depuis peu dans ma pàl mais je tenais tellement à le lire qu’il a vite trouvé sa place dans la liste des livres à lire cette année et remercie @iamthelandscape de m’avoir proposé de l’en sortir.

    Mais à présent, il est temps de conquérir d’autres temps :
    C’est ainsi que nous gagnons.
    Bleu et Rouge, deux combattants ennemis d’une étrange guerre temporelle, s’engagent dans une correspondance interdite, à travers les époques et les champs de bataille. Ces lettres, ne pouvant être lues qu’une seule fois, deviennent peu à peu le refuge de leurs doutes et de leurs rêves. Un amour fragile et dangereux naîtra de leurs échanges. Il leur faudra le préserver envers et contre tout.


    A tour de rôle, nous suivons Rouge et Bleu sur leurs missions respectives à travers les lignes temporelles où chaque mission se conclut par la trouvaille d’une lettre de l’autre.
    Mais je ne saurais pas vous en dire grand-chose en parlant comme ça.
    Il me semble impossible de parler de ce livre si je me limite au premier au premier degré...
    Cette lecture, ce fut une expérience...

    Après une mission plane un silence grandiose, définitif. Ses armes et son armure se replient en elle comme des roses au crépuscule. Une fois que les pans de pseudopeau ont repris leur place et guéri, que la matière programmable de ses vêtements s’est retissée, Rouge ressemble, de nouveau, vaguement à une femme.
    Elle arpente le champ de bataille, cherchant, vérifiant.
    Elle a gagné, oui, elle a gagné. Elle est certaine d’avoir gagné. N’est-ce pas ?
    Les deux armées gisent, mortes. Deux grands empires ont fait naufrage ici, chacun perçant de son écueil la coque adverse. C’est pour ça qu’elle est là. D’autres s’élèveront sur leurs cendres, plus adaptés aux desseins de son Agence. Et pourtant.
    Il y avait quelqu’un d’autre sur le terrain – pas un rampant, comme ces cadavres embourbés dans le temps qui jonchent son chemin, mais un véritable adversaire. Quelqu’un de l’autre camp.
    Peu d’agents tels que Rouge auraient senti cette présence contraire, mais elle est patiente, solitaire, prudente. Elle a préparé cet affrontement.


    Je n’en attendais rien de particulier, je ne savais même plus de quoi le livre parlait exactement, j’avais vaguement souvenir de correspondance à travers le temps.
    Mais de suite, dés la première page, la double plume a été source de surprise. Elle semble à la fois douce par sa forme avec les mots qu’elle utilise alors que nous sommes au cœur d’un bain de sang.
    Ca y est le déboussolement est là.
    Ce déboussolement n’était que le début...



    <image>

    Peu à peu ce déboussolement s’est changé en léger étourdissement prenant mes repères pour devenir finalement une douce ivresse confortable.
    J’avais plaisir à retrouver un peu de Rouge et Bleu tous les soirs, à m’amuser de croiser des choses étonnamment bleues ou rouges la journée, à me plonger dans les époques et mondes parallèles, à découvrir un peu plus de Rouge et un peu plus de Bleu...
    Ces improbable Montaigus et Capulets futuristes donnent envie de connaître la suite de cet amour grandissant malgré son impossibilité.
    Mais tout ça serait pourrait très bien ne pas marcher s’il se limitait à ça...
    Parce que pour raconter tout ça il y a le texte.


    Les mots peuvent blesser, mais ce sont aussi des ponts. À moins qu'un pont puisse également être une blessure ? Pour paraphraser un prophète : " Les lettres sont des structures, pas des événements. Les tiennes me fournissent un espace dans lequel je peux vivre."


    La plume de Amal El-Mohtar et Max Gladstone n’en est pas une, c’est un transport.
    D’une plume, ils font des ailes par la poésie et le lyrisme de leur texte.

    Si vous aimez les descriptions en détails qui vous montrent tout, vous expliquent tout et vous permettent de visualiser la moindre brique de travers, le moindre coup dans la porte, la moindre feuille de l’arbre...
    Ici, il faut oublier tout ça. Ce texte ne vous permettra de tout visualiser, il ne vous « expliquera » pas tout...


    Elle se lève et les brins d’herbe tombent de sa main comme des graines. Elle suit l’hirondelle, la regarde déposer une demoiselle dans le nid avant de s’éloigner.
    Elle grimpe, ôte l’insecte des brindilles boueuses, descend d’un bond. Dans le corps en aiguille de l’insecte à damier noir et bleu, elle lit une lettre.
    Son attention passe de la demoiselle au désordre qu’elle a causé dans ses pensées, poignées de vert et d’or entassées, inutiles, et elle ne ressent qu’une joie déchirante, tortueuse, quand elle ouvre la bouche pour la dévorer tout entière, ailes comprises.
    Des années plus tard, l’ombre d’une Fouilleuse parcourt l’herbe où Bleu était assise. Elle en cueille une poignée, puis se dissout.


    Ce texte possède quelque chose d’à la fois concret dans ce qu’il montre et pourtant de tellement immatériel dans ce qu’il contient. Je ne vous parle pas de cette sensation qu’on pourrait avoir en étant coincé derrière une baie vitrée. Non, non, rien à voir.
    Les missions sont là et elles ont là quelque chose de palpables presque familier par instant et pourtant on perçoit que ce ne sont que des lignes temporelles parallèles. Nous n’en aurons pas les détails mais ce n’est pas grave nous ne sommes pas là pour ça.
    Les formes matérielles des lettres sont les plus belles démonstrations de ce futur qui nous est inaccessible dont on ne peut qu’imaginer l’étendue des possibilités !
    Mais autant dans les lettres que dans les missions, il y a des moments comme « suspendus ». Aussi difficile que ce soit à expliquer, cette lecture donne une perception presque irréelle de ce qu’elle raconte, on se retrouve comme entre deux états. Des moments indescriptibles où on perçoit sans véritablement voir, où on sent sans véritablement toucher, où si on ferme les yeux on aurait cette sensation de semi-rêve où les définitions semblent inutiles, les explications semblent superflues, le temps semble ne plus avoir cours, les corps semblent flotté dans l’espace qui l’entoure...


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    Je ne cesse d’éviter de mentionner ta lettre. J’ai l’impression que d’en parler restreindrait l’effet qu’elle m’a fait, l’amenuiserait. Je ne veux pas faire ça. J’imagine que sous certains aspects, je suis davantage la fille de Jardin qu’elle ne le pense. Même la poésie, qui défait le langage pour lui donner du sens, même la poésie se pétrifie avec le temps, à la manière des arbres. Ce qui est souple, vif, doux et frais s’endurcit, se caparaçonne. Si je pouvais te toucher, poser mon doigt sur ta tempe et me couler en toi comme le fait Jardin… Alors peut-être. Mais cela n’arrivera pas.


    Et lorsqu’une telle double plume nous parle ainsi d’amour dans un univers trouble, elle donne un livre qui dégage une force et une beauté qui m’ont désarmé. J’en redemande.

    Alors j’ai conscience que cet univers pouvant sembler « abstrait » par instant et cette thématique de l’amour impossible pourraient très bien en freiner plus d’un et plus d’une. Mais je pense qu’il faut vraiment lui donner sa chance tant celui-ci est atypique.
    Il faut juste se laisser porter et les mots feront le reste.

    Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais je n’ai même pas fait le moindre jeu de mot avec des oiseaux ! :D
    C’est dire si j’ai été touché par ce livre ! ;)


    Je veux être un corps pour toi. Je veux te pister, te trouver, je veux être évitée, taquinée, adorée. Je veux être vaincue et victorieuse : je veux que tu me coupes, m’aiguises. Je veux boire un thé avec toi dans dix ans ou dans mille. Des fleurs poussent, loin sur une planète qu’ils appelleront Céphale, et ces fleurs ne fleurissent qu’une fois par siècle, quand l’étoile vive et le trou noir qui lui correspond entrent en conjonction. Je veux t’en faire un bouquet, cueilli sur une durée de huit cents ans, afin que tu puisses embrasser d’un regard notre engagement tout entier, tous les âges que nous avons façonnés ensemble.

  • Grominou

    Administratrice

    En ligne

    #1820 02 Mai 2022 23:12:03

    Oh je ne lis pas tout de suite ton avis, je pense lire ce roman prochainement!  Je reviendrai! =D