Bonjour !
J'arrive assez tardivement pour faire un recap de mes lectures de juin.
Les essais :ko: ->
« Calmez-vous madame, ça va bien se passer » Réceptions du féminisme de Marie-Cécile Naves
Ce livre offre un très large panorama des problématiques abordées par le féminisme contemporain. C'est une belle vue d'ensemble, très exhaustive, mais j'ai eu la sensation que tout était un peu en vrac, les chapitres passent d'un sujet à l'autre sans lien conducteur évident. Je l'ai lu en audio alors ça n'a surement pas aidé. En tout cas c'est une très bonne porte d'entrée au féminisme, quoique cela peut aussi donner le tournis :goutte:
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La Panique woke : Anatomie d'une offensive réactionnaire de Alex Mahoudeau
J'espère ne pas lancer de débat avec ce livre, car c'est un sujet très controversé, et ce n'est pas du tout mon intention de lancer une polémique ici :goutte:. Alex Mahoudeau propose une vraie prise de recul sur la polémique du "wokisme" qu'il décortique comme une mécanique politique. Une analyse très intéressante basée sur des recherches historiques, politiques et sociologiques poussées. L'auteur passe un peu vite sur certaines notions mais sa bibliographie étoffée permet d'aller faire nos propres recherches si besoin. Ce n'est pas une approche exhaustive et complète du sujet mais bien un angle de vue en particulier.
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Reinventing Organizations, vers des communautés de travail inspirées de Frédéric Laloux
Un livre sur lequel je me suis beaucoup appuyé pour mon mémoire, il y a un an, mais je n'avais jamais réellement été au bout (un essai de 500 pages ça fait mal quand même :faischaud). C'est un essai très inspirant qui remet en question nos façons de travailler, de collaborer, de manager : en lien avec le rôle que les entreprises jouent pour la société, la nécessité de concilier vie économique et limites planétaires, le rapport à la hiérarchie, la question du sens au travail, etc. Certaines pistes explorées sont très intéressantes, d'autant que l'auteur s'appuie sur des exemples très concrets. Cela dit, c'est parfois mêlé avec des idées issues du développement personnel et de la spiritualité New Age, deux sujets qui m'ont beaucoup intéressés il y a 4/5ans, mais auxquels j'ai tourné le dos depuis, et auxquels j'ai du mal à accorder la moindre crédibilité. De mon point de vue ça dessert donc les idées de l'auteur en rendant son argumentation un peu bancale, ou en tout cas très facilement contestable. C'est vraiment dommage parce qu'il propose des pistes d'amélioration vraiment pertinentes.
Les romans :grat:->
Les Graciées de Kiran Millwood Hargrave
J'ai été complètement happée par l'atmosphère rude et austère de Vardeu, petite île rocailleuse de Norvège. Ça manque de descriptions de paysages à mon goût, mais en tout cas l'ambiance froide, pesante et dépouillée est très bien transmise. Lorsque les femmes du village se retrouvent seules à la suite d'une tempête qui décime leurs hommes partis pêcher en mer, elles s'organisent pour survivre seules sur cette terre hostile, mais en 1617, un village entier de femmes qui se débrouillent sans hommes, cela attire l'attention...
Mes attentes en débutant ce livre n'était pas très juste, puisque je n'ai pu m'empêcher de faire des comparaisons avec un autre livre, qui part du même postulat :
La Ville des veuves intrépides. Même situation, autre pays et autre ambiance. Dans un petit village de Colombie presque tous les hommes sont tués ou emmenés par les guérilleros, les femmes se retrouvent seules. Le roman se concentre sur la débâcle qui va suivre, sur le cheminement de ces femmes qui vont tenter des choses, expérimenter : faut-il reprendre le même fonctionnement qu'avant en réattribuant les rôles ou inventer une nouvelle société ? Le ton est humoristique et décalé mais pose de vraies questions.
Dans Les Graciées, l'auteur passe très vite sur la façon dont les femmes se réorganisent. Le roman se concentre sur la relation qui va naître petit à petit entre Maren et Ursa. j'ai aimé suivre cette évolution et leur relation est magnifique, mais ça manquait un peu de relief pour moi, une grosse partie au milieu du livre est très lente et il ne se passe presque rien, j'ai failli lâcher mais j'ai tenu bon et heureusement car la fin en vaut la peine.
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Homo sapienne de Niviaq Korneliussen
C'était le livre du bookclub spécial mois des fiertés :
[Homo sapienne - Juin 2023] - Parlons du romanJe vous invite à aller voir la discussion si le livre vous intéresse car il y a eu beaucoup d'avis très différents.
On suit successivement le point de vue de 5 jeunes groenlandais en questionnement sur leur identité de genre ou leur orientation sexuelle.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé le travail sur la forme : on est parfois immergé dans le flot de pensées des personnages, parfois ils échangent par lettres ou par sms, chaque chapitre exploite un format différent et le style d'écriture évolue en conséquence. Les questionnements identitaires des personnages sont également intéressants, et c'est un beau travail de représentations, mais le livre est tellement court et chaque personnage a tellement peu de temps de parole, que tout ça va très vite et donne parfois lieu à des raccourcis, à des lieux communs ou à des clichés. J'ai eu beaucoup de mal à être touché par les histoires des personnages que j'ai trouvé tous plus agaçants les uns que les autres, de part leurs réactions que j'ai trouvé immatures, leurs comportements excessifs, leur manque de communication, etc.
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Les Salauds Gentilshommes, tome 3 : La République des voleurs de Scott Lynch
J'adore cet univers et c'est toujours un plaisir de m'y replonger. Les dialogues entre Jean et Locke sont toujours aussi incroyables, certaines répliques sont vraiment pépites. L'univers est à la fois rude et splendide. J'aime la subtilité et la parcimonie avec lesquelles l'auteur sème des informations à propos du background de son univers (sur l'ancienne civilisation Eldren ou sur le Trône Thérin). On sent que tout ça est très riche et bien pensé mais l'auteur ne cherche pas à en mettre plein la vue et distille tout ça petit à petit, laissant planer le mystère. On en découvre plus dans ce tome sur les Mages Esclaves et sur la ville de Karthain. Mais là où Camorr et Tal Verrar avaient des personnalités à part entière, j'ai trouvé Karthain assez fade et l'intrigue autour de cette ville m'a moins intéressée.
Enfin j'attendais avec impatience de découvrir Sabetha, puisque le suspens autour de ce personnage est soigneusement entretenu par l'auteur depuis le tome 1.
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Elle correspond bien à ce que je m'étais imaginé, j'ai beaucoup aimé son côté badass, indépendante et ambitieuse. J'ai trouvé sa relation "je t'aime, moi non plus" avec Locke bien justifiée, il y a de vraies raisons dernières, mais le côté très répétitif de leur jeu du chat et de la souris qui n'en finit jamais m'a un peu lassé.
Ce tome est plus "bon enfant" que les 2 autres mais il reste un régal malgré les quelques points négatifs que je soulève, ce n'est pas mon préféré de la saga mais l'amour que je porte à cet univers et à ses personnages est toujours aussi fort et j'attends avec impatience le tome 4, en espérant qu'il ne tarde pas trop :goutte:.