Bonjour !
J’ai lu deux livres dans le cadre du challenge, dont déjà un changement !
A – Ashton, Edward – Mickey7 [CHANGEMENT]
Lien fiche bbmPremier changement… J’ai été tentée par ce livre du fait de l’adaptation cinématographique à venir. J’ai l’impression qu’elle sera assez fidèle malgré la différence de titre (Mickey17 donc 17 versions de Mickey et non 7).
« De toutes mes morts, celle-là s’annonce comme la plus stupide. » (incipit)
Mickey est un consommable, un employé jetable, c’est-à-dire que son job est de mourir dans des missions périlleuses en vue de coloniser une planète inhabitable en l’état. A chaque mort, il « renait », disons qu’un nouveau corps est produit avec les derniers souvenirs qu’il a téléchargé. A savoir si c’est vraiment le « même », je ne me prononce pas, c’est un des thèmes du roman.
A première vue, ça donne l’impression d’une immortalité mais 1. Mickey n’apprécie pas de mourir quand bien même ce n’est pas la fin pour lui. 2. Les consommables sont des parias. 3. Et pire que les consommables : les multiples. Car c’est un peu là l’élément déclencheur de l’intrigue. Un jour où Mickey est supposé mort par un camarade, ce n’est pas le cas. Contre toute attente, il est comme « sauvé/épargné » par une créature autochtone. Il revient à la base, mais la version 8 est déjà sortie de la cuve ! Or, c’est une hérésie et c’est impensable de garder les deux Mickey à bord de la colonie.
« Si je meurs maintenant, aucun autre moi ne sortira de la cuve. L’autre moi est déjà là, et, en dépit des apparences, Huit n’est clairement pas une continuation de moi.
J’ai même l’impression qu’il ne m’aime pas beaucoup. »
La planète étant inhabitable pour le moment, les ressources sont rares. En conséquence, tous les employés de la mission habitent un dôme avec des rations limitées… et un espace limité. Vous voyez donc que tout se complique pour Mickey7 qui n’avait déjà pas la vie facile !
L’intrigue explore principalement deux volets : la cohabitation des deux Mickey, la cohabitation des humains avec les vers de glace (créatures autochtones). Être sentients ou non ? Dangereux ? Les thématiques sur la colonisation sont explorées, car elles intéressent Mickey qui a une formation d’historien. Le tout est raconté avec un certain humour qui m’a globalement fait sourire. Il peut y avoir quelques longueurs, car parfois les chapitres font vraiment avancer l’histoire présente, parfois ils se consacrent au passé (pourquoi Mickey a accepté ce job peu enviable, anciennes morts de Mickey, etc.) et j’ai trouvé que ces passages étaient parfois moins prenants que le reste du roman. Ils nous aident à mieux comprendre l’univers sans forcément faire avancer l’histoire.
Globalement, j’ai beaucoup aimé cette lecture que j’ai trouvé divertissante tout en touchant à des sujets importants (la colonisation, la fabrique de l’histoire, les peuples autochtones, etc.). Après, les réflexions ne sont pas hyper poussées non plus, mais j’ai vraiment apprécié qu’elles ne soient pas mises sous le tapis. La fin est une vraie fin, mais elle donne envie de voir ce qui pourrait se passer ensuite. Et effectivement, il semble qu’une suite existe. J’espère qu’elle sera traduite. Si c’est le cas, je serai au rendez-vous !
D – Dufour, Catherine – Les champs de la lune
Lien fiche bbm (attention, un spoil dans le résumé de la fiche)
Le récit s’ouvre avec des termes incompréhensibles pour le commun de mortels… mais ouf, il s’agit du carnet d’El Jarline, qui a pour fonction de s’occuper d’une ferme sur la lune. Et ouf, elle dit qu’elle va écouter les conseils de Trym, son compagnon, un chat doté de la parole, qui lui conseille de modifier ses rapports qualifiés de « trop techniques ».
« Ce chat est meilleur que moi en relationnel. Je vais donc essayer, dans mes rapports, d’aller au-delà des faits. Il est vrai que les faits sont répétitifs. Mais je dois en user, car je ne dispose de rien d’autres. »
Malgré cette profession de foi, je dois dire que l’entrée en matière a été parfois un peu compliquée pour moi. El Jarline est érudite, précise, elle utilise parfois des termes techniques et même si elle peut les expliquer, je ne suis ni scientifique, ni forcément intéressée par les plantes, et j’ai appris quelques mots de vocabulaires. Mais avec plaisir, et en me laissant porter de plus en plus aisément au fil des rapports.
Je dois le dire, ce qui m’a marquée, ce que j’ai préféré, c’est ce personnage d’El Jarline. A sa façon d’être centrée sur les faits, de faire des efforts (pour le relationnel, pour être comprise), le lecteur perçoit assez rapidement qu’il s’agit d’une humanoïde. Est-ce que c’est un roman d’apprentissage ? Pour moi, il y a de ça, car El Jarline va se nourrir des différentes rencontres et des relations qu’elle va avoir durant le récit et elle va évoluer.
Ce qui la préoccupe dans son rapport, c’est que l’écosystème dont elle s’occupe est menacé par une fissure (car la ferme est sous un dôme, sans lequel les espèces ne pourraient survivre) et par les minicolas, une espèce invasive. L’objet de ces rapports est le suivi de cette mission, et donc ce qui peut menacer cette mission. En allant au-delà, elle nous explique le contexte, l’organisation géographique et humaine de la vie sur la lune, parle de ses rencontres… notamment cette petite fille qui deviendra son apprentie au début, fillette touchante, qui mènera El Jarline a exploré son côté « humain ».
Globalement, le livre peut paraitre assez contemplatif et l’intrigue est ténue, du moins l’intrigue concernant l’écosystème… mais le récit va bien au-delà et le livre surprend à proposer l’éclosion d’un personnage, d’une manière que j’ai trouvé très habile. Au détour de ce portrait, se posent des réflexions sur l’humanité avec le recul qu’une humanoïde peut avoir. Il se dégage à la fois une certaine douceur (j’ai trouvé le personnage d’El Jarline attachant et bienveillant) et une atmosphère assez sombre vu les thématiques (l’écologie, l’humanité face à cette problématique). Une très bonne découverte.
Total = 2/26