[Suivi lecture] domi_troizarsouilles

 
  • domi_troizarsouilles

    Dévaliseur de librairies

    Hors ligne

    #221 14 Mai 2022 23:24:06

    Bonsoir tout le monde!

    Vous allez bien?
    Ici c'est toujours un peu galère: je ne me déplace qu'en béquilles et j'ai l'impression de faire un exercice cardio à chaque fois que je vais de mon salon à mon lit... où je passe beaucoup trop de temps à mon goût, mais j'ai encore vite mal au pied, donc je dois laisser ma jambe surélevée autant que possible, et il n'y a que dans ma chambre où j'arrive à me tenir suffisamment confortablement, mais ainsi je "tourne en rond"... et même les livres finissent par me donner mal de tête, sans doute une fatigue oculaire plus qu'autre chose, mais c'est navrant!
    Bref, je ne veux pas me plaindre, mais je râle quand même =D car demain je ne pourrai pas aller à mon cours de piano, à cause de ce f* pied!
    Bah oui, on ne joue pas du piano avec les pieds bien sûr... mais mon cher et tendre a une autre activité demain et ne pourra donc pas me conduire, donc c'est mort.
    Voilà voilà!

    Côté lectures, j'ai comme d'habitude plusieurs choses en cours, dont certaines sont désormais à moitié abandonnées... Mais je peux vous citer Alma, tome 1 : Le vent se lève de Timothée de Fombelle - ça parle, entre autres choses, de la "traite des nègres" (je sais que ce n'est plus politiquement correct d'en parler ainsi, mais c'est ainsi que j'ai "appris"), et on voit autant les différentes tribus se faire la guerre pour s'asservir les unes les autres, que le navire négrier se préparer à "accueillir" un nombre croissant de futurs esclaves à vendre dans un espace trop petit et ultra-confiné. J'avoue que je ne comprends pas pourquoi ce livre est classé "jeunesse": les choses sont tellement bien suggérées, tellement poignantes que j'en ai la nausée après quelques pages seulement, c'est une "aventure" impossible à lire d'une traite tant c'est dur... alors un enfant?? À côté de ça, j'ai entamé le très bon Everything, everything de Nicola Yoon et ça sent déjà le coup de :heart::heart::heart:! Enfin, je dois aussi noter Les sept morts d'Evelyn Hardcastle, entamé pour une lecture commune sur le challenge Les Pages de Belle... mais alors, j'avance pas car je n'accroche pas du tout! Je vais m'entêter encore un peu, mais je ne suis même pas certaine de le terminer...


    Et voici maintenant les avis longs de mes trois dernières lectures... et c'est du lourd!

    Abîmes de Sonja Delzongle,
    publié chez Denoël en 2021, éditions de l'Épée pour la version ebook, celle que j'ai lu. Un polar vertigineux dans les Pyrénées, captivant de bout en bout (mais j'ai lu des avis très contrastés), pour moi 18/20.

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    Synopsis : Janvier 1999. Viktor Mendi, un homme d'affaires, et son épouse s'écrasent avec leur avion de tourisme dans le massif pyrénéen du Mont-Perdu, à la frontière franco-espagnole.
    Vingt-quatre ans plus tard, leur fils, Antoine, arrive dans la région. Auparavant en fonction chez les chasseurs alpins, il vient d'obtenir sa mutation dans la gendarmerie du village natal de son père.
    Très vite, sa supérieure, la redoutable capitaine Elda Flores, comprend que sa nouvelle recrue lui cache quelque chose. Quel secret obsède Antoine ? D'où lui vient cette défiance envers les habitants du village ? Quels liens entretient-il avec la communauté qui vit en autarcie dans la forêt voisine, et notamment avec la mystérieuse Miren ?
    Lorsqu'un berger découvre dans son pré, sept bonhommes de neige, disposés autour du message "Ont vous auras", tracé dans la poudreuse, le village est saisi d'effroi.


    Mon avis :
    Je viens de terminer ce livre et j'ai juste envie de dire : « Waouh ! »
    Je l'avais repéré dès sa sortie en librairie, mais à l'époque je n'avais pas encore lu « Le dernier chant » de la même autrice, qui se trouvait toujours dans ma PAL depuis sa sortie, et je ne voulais pas trop cumuler avant de savoir si cette plume me plairait. Or, après la lecture de ce Dernier chant (mon avis est ici), je me suis trouvée moins enthousiaste : c'est que ce livre-là m'avait plutôt bien plu, mais avec un certain nombre de réserves sur quelques points, que je craignais de retrouver ici… Dès lors, quand j'ai vu que « Abîmes » était disponible dans le catalogue de Lirtuel, cette bibliothèque virtuelle belge francophone (gratuite) où j'emprunte de temps en temps un nouveau livre alors que j'ai une PAL plus que débordante, je n'ai pas hésité : c'était l'occasion de le découvrir tranquillement…
    Et donc : waouh !

    C'est un livre très difficile à résumer, car il y a tant et tant de rebondissements, qui s'imbriquent les uns dans les autres en faisant tournoyer les personnages (et la tête du lecteur), c'est impossible d'en dire un minimum sans être déjà à la limite du spoiler.
    Pourtant, le ton est donné dès le prologue : on y rencontre brièvement Viktor Mendi, homme d'affaires ruiné, prêt à prendre le départ dans son petit avion, avec son épouse, pour un suicide à deux programmé, aux alentours du Mont-Perdu, à la frontière franco-espagnole dans les Hautes-Pyrénées.
    24 ans plus tard, leur fils Antoine, qui avait une dizaine d'années au moment du drame, et qui a en quelque sorte « grandi tout seul » entre ses grands-parents vivant dans un village de ces Hautes-Pyrénées, non loin du Mont-Perdu, et en compagnie de ce qui ressemble furieusement à un ami imaginaire (même si ce ne sera jamais appelé ainsi) ; Antoine donc, devenu chasseur alpin, parvient à se faire muter auprès de la section rurale de la Gendarmerie, dans ce village où il a en partie grandi, avec le but caché de comprendre l'accident (car à ce moment il ne sait même pas encore que c'était un suicide !) de ses parents, dont il n'a pourtant jamais été proche, il a même le souvenir d'avoir toujours été plutôt mal-aimé…

    Partant de là, l'autrice nous dresse toute une galerie de personnages rudes et bien campés, qui parviennent très vite à susciter des sentiments forts, tant ils sont criants d'une certaine vérité de l'âme humaine, et ce n'est que le début… À ce moment-là, il y a bien une certaine confusion (voulue ?) entre tant et tant de personnages, et on ne sait pas encore trop bien qui sera plus important qu'un autre, ou pas – ils le seront tous peu ou prou, à des degrés divers ; disons que ce début tranquille permet de bien les ancrer dans ce qui n'est encore qu'un début d'histoire. Pourtant on identifie très vite assez bien « Ceux de la forêt », un groupe qui vit dans une certaine autarcie, dans un esprit (pourtant pas religieux) qui évoquerait bien un peu une secte ; tandis qu'on fait connaissance avec « Ceux d'en-haut », ceux du village donc – un village très divisé entre bergers-chasseurs qui tuent (le loup pourtant protégé, mais pas que) à tout-va et qui ne sortent jamais sans leurs armes, avec le maire du village en tête de file, et leurs opposants écolos et végans extrémistes ultra-provocateurs par tous les moyens, menés par la propre fille du maire..

    Parmi eux tous, ressortent toutefois comme personnages vraiment principaux, la capitaine de gendarmerie Elda Flores, présentée comme « redoutable (…), une géante brune », et Antoine, à la recherche de sa vérité, tout en veillant aux autres affaires du village, à la limite de l'insubordination cependant. Ainsi, tandis qu'Antoine prend des risques parfois inconsidérés, Elda Flores ne cesse de tenter de démêler les fils de cette histoire qui n'en finit pas de lui échapper, avec une obstination, une conscience professionnelle et un souci de « ses hommes » qui ne peuvent que forcer une certaine admiration – sentiment pourtant cassé par sa culpabilité inlassable de n'avoir pu sauver des vies lors d'une catastrophe une vingtaine d'années plus tôt, quand elle était alors jeune gendarme sous les ordres de son propre père ; et sentiment renforcé dans une certaine douceur quand on voit (car, sous la plume de Sonja Delzongle, on le voit réellement) la tendresse bourrue qu'elle a pour son gigantesque chien, au nom improbable (la touche d'humour l'air de rien, qui m'a bien fait rire pour le coup !)… de Botox !

    Tous ces personnages, sans être stéréotypés, ont cependant des traits parfois exagérés, et participent ainsi à créer tout un climat dès que l'on ouvre ce roman, tandis que les choses se précipitent peu à peu, à la suite d'un premier meurtre – d'un loup apprivoisé. Je pense sincèrement que ce choix d'avoir dressé des personnages parfois un peu rugueux participe à cette ambiance très pyrénéenne, très abrupte, où la (haute) montagne – avec toute sa beauté et sa dangerosité, les deux étant inextricablement, toujours liées – est un personnage à part entière. Une montagne qui a façonné les hommes et les femmes qui l'habitent, à son image…
    Sous la plume toujours précise et très visuelle, cinématographique même mais sans effets inutiles ; une plume qu'on sent réellement amoureuse de ce décor majestueux, on voit la montagne, on sent la montagne, on vibre avec la montagne ! On souffre sur les chemins de rando (qui, dans cette partie sauvage des Pyrénées, s'apparente très vite à de l'alpinisme de haut niveau) ; on s'enfonce dans cette neige d'altitude de février, malgré les raquettes, car le réchauffement climatique est en train de tout bouleverser ; on se sent gelé quand l'un des personnages, ayant sous-estimé la solidité d'un lac pris dans la glace, se retrouve prisonnier de l'eau glacée.
    Quoi qu'il en soit, moi qui aime beaucoup les Pyrénées (même si je n'y ai plus été depuis plusieurs années désormais, et je suis loin d'avoir le niveau d'expérience en montagne de nos protagonistes !), rien pour ces descriptions qui accompagnent et subliment l'intrigue, jamais lassantes ni écrasantes, mais qui magnifient encore davantage un décor déjà époustouflant, je me suis réellement régalée !

    Quant à l'intrigue, justement… Comme je disais plus haut, il est quasi impossible d'en parler sans divulgâcher d'emblée, donc je m'abstiendrai d'en dire trop.
    Il faut cependant savoir que la plume de Sonja Delzongle, en plus d'être précise avec ses personnages et magnifique quand il s'agit de la montagne, est aussi dure et acérée, et n'hésite pas à aborder divers sujets très dérangeants. La dangerosité de la montagne, ce sont aussi les avalanches… surtout quand elles sont provoquées, et allons-y avec des nombres ahurissants de morts ! Sur le coup, j'en étais presque dégoûtée ; pourtant, c'est un risque comme un autre, et il suffit d'un fou inconscient pour ravager tant et tant de vies, sans même parler des dégâts matériels – ne se passe-t-il pas la même chose chaque été en bordure de méditerranée, notamment, parce qu'un seul inconscient a laissé traîner son mégot de cigarette là où il ne fallait pas en pleine canicule ? C'est tout pareil pour une avalanche, même si c'est relativement plus rare… mais tout de suite beaucoup plus meurtrier !
    Outre cet aspect « écologique » (au sens du respect de la nature, sans aucune idéologie politique quelle qu'elle soit), l'autrice aborde d'autres thèmes très durs, dont le pire est sans aucun doute la pédophilie, et elle ne nous épargne pas certaines scènes, plus ou moins suggérées, plus ou moins montrées, et de toute façon glaçantes !

    Je dois ajouter que, à travers tout cela, j'ai apprécié quelques petits « trucs » qui participent indirectement au plaisir de la lecture :
    - le découpage en chapitres courts, qui donnent un bon rythme à l'ensemble ;
    - une complicité implicite avec le lecteur, quand on voit, à l'une ou l'autre reprise, au fil de l'avancée de l'enquête, Elda Flores esquisser plusieurs hypothèses avec ses collègues… tandis que nous, lecteur, on sait pertinemment qu'elle a tout faux, puisque le narrateur omniscient nous a permis de « voir » la vraie, bonne piste, du moins le croit-on…
    - le fait que, en parfait thriller bien construit, toutes les pièces du puzzle sont mises à la disposition du lecteur, parfois certes de façon tellement bien masquée qu'il faudra attendre la fin pour s'en rendre compte, mais d'autres étaient plus faciles à décrypter ! Ainsi, par exemple, j'ai très vite eu un doute à propos de l'identité du « Messager », qui s'est avéré exact… mais en version bien pire que ce que j'avais imaginé !

    Tout cela donne un livre vertigineux, qui met les Pyrénées en avant-plan comme un véritable personnage principal, aux côtés de quelques protagonistes plutôt rudes mais touchants dans leur vérité. Dès le prologue abrupt, le lecteur est entraîné dans une succession de rebondissements imbriqués les uns dans les autres, au rythme de chapitres courts dans lesquels apparaît parfois un clin d'oeil de l'autrice, qu'il faut saisir, malgré des thématiques très dures et glaçantes, grâce à une plume précise et acérée, toujours très visuelle sans effets inutiles. Un régal !




    Lire les morts de Jacob Ross,
    publié chez Sonatine en 2020, lu en version ebook. Bienvenue dans les Caraïbes avec ce polar atypique! 17/20

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    Synopsis : Personne ne peut empêcher les morts de parler. Camaho - une île des Caraïbes. Michael " Digger " Digson vit seul dans une maison coloniale, héritée de sa grand-mère. Il subsiste en faisant de petits boulots. Mêlé à une rixe, il est arrêté par le commissaire Chilman. Ce vieux flic anticonformiste est en train de mettre sur pied une équipe faite de petits voyous, à qui il propose une seconde chance : entrer aux homicides.
    Un peu réticent, Digger accepte finalement de le rejoindre. Avec l'intention d'enquêter de l'intérieur sur la disparition de sa mère lorsqu'il était enfant. Alors que Digger s'avère particulièrement efficace dans la lecture des scènes de crime, Chilman, proche de partir à la retraite, lui fait promettre d'élucider un étrange affaire, qui l'obsède depuis des années. Poète reconnu, Jacob Ross nous offre ici un roman noir aussi atypique que son héros, écrit dans une langue remarquable.


    Mon avis :
    Voici un polar que j'avais repéré dès sa sortie, à cette époque magique où je renouais peu à peu avec le plaisir de lire après une « pause » de plusieurs années… Cependant, il s'est très vite retrouvé enfoui quelque part dans ma PAL virtuelle (merci mon tsundoku !), d'où je le ressortais quelquefois pour le contempler quelques instants sur l'écran de ma liseuse, avant de systématiquement choisir un quelconque autre "concurrent". Il aura fallu un double challenge géographique (l'un sur Livraddict, l'autre sur Babelio) pour que je me décide enfin à lire ce polar aux accents d'ovni, qui nous transplante avec virtuosité dans les Caraïbes.

    C'est tout à la fois un roman noir et étrangement lumineux, une histoire sombre mais empreinte d'une certaine légèreté. C'est le drame de ces îles caribéennes plus ou moins abandonnées depuis qu'elles ne représentent plus d'intérêt économique pour l'Occident, se refermant sur elles-mêmes et dans leurs pires travers : domination de l'homme sur la femme, violences domestiques diverses et variées au quotidien, embrigadement dans des Églises aux noms farfelus mais qui assurent une véritable mainmise sur leurs membres (à nouveau : sur les femmes en particulier) d'une façon qui n'est pas sans rappeler les sectes, trafics de drogue avec les îles voisines qui donnent ainsi une espèce de « légitimité » à cette île autrement insignifiante ; mais c'est aussi le soleil omniprésent (à part quelques tempêtes et autres pluies ravageuses mais qui ne font jamais que passer), la mer que l'on entend chanter, les marchés où l'on aurait l'impression de sentir les odeurs des fruits multicolores et des épices, de voir les montagnes de légumes qu'on aurait envie de préparer, des poissons grillés à grignoter sur place pour presque rien (et qui mettent réellement l'eau à la bouche !), et les marchand.e.s qui s'interpellent, rient et papotent ou abordent le client (qu'elles connaissent depuis toujours) avec verve ou sévérité. C'est toute une ambiance qui ne se dément jamais, et qui imprègne le roman à travers toutes les pages, au détour d'un chemin, d'une plus ou moins longue description, d'un détail de la vie courante qui saisit tout à coup.

    Cette imprégnation est renforcée par un choix éditorial que j'admire : il semble que l'auteur a choisi, dans sa langue originale anglaise de Grenade, d'écrire la narration (à la 1re personne du singulier cela dit) dans un langage courant tout à fait correct, parfois même à la limite du soutenu, tandis que tous les dialogues sans exception se déroulent dans le créole anglophone de son île d'origine. Et voilà : Sonatine (qui est de plus en plus reconnu pour la qualité de ses parutions, semble-t-il) a pris l'option de « rendre » cet esprit en traduction française, dans une narration sans souci d'une part, et dans une retranscription artificielle voulue pour les dialogues, d'autre part, grâce à des aménagement linguistiques réalisés en accord avec l'auteur, disent-ils, agrément d'un mélange de créoles caribéens - et tout cela est annoncé dès le début du livre dans une très appréciable « note de l'éditeur ».
    Certes, le résultat s'éloigne de ce français courant auquel on est habitué, dès lors ça peut parfois sembler ardu à lire, pourtant ça reste parfaitement intelligible pour le lecteur francophone, ça chante en effet et ça ajoute incontestablement à cette « couleur locale » magnifiquement défendue par l'auteur : je dis bravo !

    Ainsi, on rencontre le jeune Michael Digson, appelé Digger, fils illégitime du (puissant) préfet de police, qui a refusé de lui payer des frais d'université, contraignant le jeune homme à vivoter de petits boulots sans avenir. En début de roman, il se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment : témoin impuissant du passage à tabac d'un jeune écolier, il se fait appréhender par la police, alors qu'il cherchait à venir en aide à la victime. C'est ainsi qu'il est repéré par le vieux commissaire local, Chilman, à la limite de la retraite, qui s'est mis en tête de créer une unité de police composée de talents atypiques. Digger ne veut d'abord pas en entendre parler, mais entre son besoin d'argent (notamment pour reconstruire la maison qu'il habite, héritée de sa grand-mère maternelle) et son souhait de découvrir la vérité sur la disparition de sa mère lors d'événements durs des années plus tôt, il finit par accepter ce recrutement inattendu.
    Mais Chilman ne fait pas que lui offrir un job : il lui propose aussi une formation en forensique (qu'on aurait tort de résumer à la seule médecine légale – voir par exemple l'article ici : http://criminologie.site.koumbit.net/ar … forensique ) pendant un an en Angleterre, lui permettant ainsi de devenir celui qui « lit les morts ».

    C'est que Chilman a une obsession : un cold case qu'il veut à tout prix élucider, mais il n'a pas pu arriver au bout de ses investigations, se heurtant encore et toujours à une impasse, au cours de sa carrière qui se termine désormais. On peut dire qu'il « se sert » réellement de Digger, mais on sent aussi qu'il apprécie ce jeune homme qu'il a vu "grandir" en tant que policier et homme intègre. Il lui adjoint alors une jeune femme lumineuse (quand je parlais de lumière !), toujours habillée de couleurs vives et imprimés joyeux, pleine de bon sens et qui ne s'en laisse pas conter : une certaine K. Stanislaus, dont on ne verra le prénom prononcé qu'une seule fois, et qui n'est par ailleurs jamais utilisé.
    On l'a compris : les personnages sont très bien campés, sans jamais tomber dans le stéréotype, et participent sans aucun doute à l'ambiance de l'île, tant on sent qu'ils en font partie, et qu'ils l'aiment profondément, même s'ils reconnaissent qu'elle n'est pas aussi paradisiaque que les touristes étrangers (mentionnés çà et là) semblent heureux de croire…

    Ainsi, on suit les plus ou moins grosses affaires de Digger et de son nouveau supérieur Malan (lui aussi recruté par Chilman autrefois) ; on le voit vivre ses relations compliquées avec une amie, jeune femme qu'il veut aider dans son désarroi domestique, ou avec sa petite amie qui se joue peut-être bien de lui ; on le voit dans son quotidien qui le transforme petit à petit… mais surtout, on le voit s'intéresser, et même de plus en plus à ce cold case qui ne cesse de le tarauder.
    Hésitant dans ses recherches au début, mais de plus en plus convaincu de la nécessité de dévoiler la vérité, il s'entête dans ses recherches, au risque de sa nouvelle carrière et peut-être même de sa vie, remuant la boue et bien des choses en cette ville de San Andrew, et notamment (ça ne s'invente pas !) la puissante « Église baptiste spirituelle des Enfants de la Licorne », dont le révérend est un proche du ministre de la Justice…

    Roman à tiroirs mais centré sur ce cold case particulier, qui lève un tas d'autres problématiques ; roman sombre et lumineux tout à la fois, disais-je plus haut, véritable chant d'amour de l'auteur pour son île ; dans une langue « aménagée » qui participe néanmoins à recréer cette ambiance tropicale caribéenne qui fait rêver sans pour autant cacher les dessous moins reluisants du quotidien ; ce livre est un enchantement, et je serai heureuse de lire la suite des aventures de Digger et K. Stanislaus, déjà publiée en anglais, et dont j'espère une traduction française prochaine !





    La bête de Anders Roslund et Börge Hellström,
    publié aux Presses de la Cité en 2010, édité en poche (chez Pocket) l'année suivante - lu en GF pour ma part. Une claque bouleversante, âmes sensibles s'abstenir! 18/20

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    Synopsis : Certains crimes méritent-ils vengeance ? Lorsque Bernt Lund parvient à s'évader du quartier pour délinquants sexuels de la prison d'Aspsås, le commissaire Ewert Grens et son adjoint Sven Sundkvist, de la police de Stockholm, craignent le pire. Quatre ans auparavant, Lund a en effet violé et assassiné deux fillettes, sans jamais manifester le moindre remords pour ses actes. Leurs peurs se révèlent fondées : le corps d'une enfant est retrouvé peu de temps après dans un bois, portant la signature de Lund. Tandis que la nation entière s'indigne de l'impuissance des autorités face au meurtrier en fuite, Fredrik, le père de la petite victime, décide de se faire lui-même justice...

    Mon avis :
    Un polar cru, très noir et bouleversant.
    Je m'y attendais bien un peu, car j'avais lu – ou du moins survolé - plusieurs critiques avant de me lancer moi-même dans ce livre que j'avais choisi dans le cadre du challenge géographique « En 2022, je voyage… » sur Livraddict, qui double les points des romans écrits à quatre mains, et qui met la Suède à l'honneur ce mois-ci. Mais je ne savais pas que ce serait à ce point-là.

    Il faut d'abord relever la narration de ce livre détonnant. Les auteurs ont choisi un découpage en chapitres (très) courts, aux allures de roman choral : on reste certes aux côtés d'un narrateur omniscient, mais qui se penche au plus près des quelques protagonistes que l'on croise, on a vraiment l'impression de se trouver tout à coup partager leur vie quelques instants ou quelques jours – et cette façon d'aborder les choses atteint son paroxysme dérangeant quand on approche du prédateur pédophile qui va tout déclencher : là, on a carrément l'impression de plonger dans sa tête, même si le narrateur garde une infime distance (dans le sens où il ne passe jamais à la 1re personne du singulier) qui n'en semble dès lors que plus terrible.
    C'est une écriture acérée, précise, très directe, sans aucun doute volontairement provocatrice par moments (on ne compte pas le nombre de « p* » qui émaillent les chapitres dans lesquels les auteurs se mettent dans la tête du prédateur pédophile !), certains disent même « chirurgicale » (même si je n'aurais pas choisi ce mot-là, je crois qu'il peut convenir aussi). C'est une écriture très visuelle aussi, qui suggère bien davantage qu'elle ne montre, qui montre bien davantage qu'elle ne dit, et quand elle suggère ou montre, on est pris aux tripes. Gravement.

    L'histoire de base est pourtant assez simple : un prédateur pédophile rôde… Après le meurtre horrible de deux petites filles qu'il a réellement outragées, et ne présentant aucun remord pour un acte qui relève de la barbarie bien plus que d'une déviance mentale, un dénommé Lund se retrouve incarcéré. Mais parce qu'un quelconque psychiatre a considéré sa déviance comme « légère », Lund est accompagné par seulement deux gardiens lors d'un transfert pénitentiaire, et parvient à s'échapper… Bien entendu, il récidive dès qu'il peut, et cette fois la victime violée, violentée et finalement tuée est une petite fille de 5 ans, Marie – dont les auteurs avaient partagé des bribes de quotidien avec le lecteur, ce qui rend les choses encore plus horribles, si seulement c'est possible. C'est alors que le père de Marie, excédé par l'impuissance (ou l'incompétence ?) des services de la Justice, non par esprit de vengeance mais pour éviter que les vies d'autres enfants soient détruites à leur tour (sachant que le pédophile va recommencer), et aussi parce que, pris dans ce deuil impossible, il considère que sa propre vie s'est arrêtée le jour où on a retrouvé le cadavre de sa fille, il décide de mettre fin aux agissements du violeur en série…

    La première partie du livre nous parle essentiellement de ces événements-là, avec en parallèle une histoire de prison où on rencontre quelques personnages incarcérés plus ou moins forts, leur haine de ceux qu'ils appellent « les pointeurs » (quels que soient leurs propres crimes à eux), le code d'honneur qui régit les rapports à l'intérieur de la prison, et le passé trouble voire dramatique de certains d'entre eux… On devine que ces deux parties de l'histoire vont se rejoindre tôt ou tard, on ne sait trop comment, et pour le coup, ça a été un fameux twist final que l'on sent pourtant venir… mais je ne peux en dire plus.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    La question que je me pose cependant encore et toujours : en tuant Fredrik, sans savoir qu'il s'agissait de Fredrik, Lillmasen a-t-il réellement tué un innocent, ou l'a-t-il « libéré » ? Comment peut-on survivre au meurtre de son enfant, surtout dans de telles conditions ?



    La deuxième partie quant à elle, qui pourrait sembler plus détachée encore (en tout cas, il n'y est plus question d'un quelconque nouveau meurtre), s'apparente davantage à tout un questionnement sur la Justice : entre le jeune procureur arriviste qui veut condamner le père justicier à la perpétuité, en vertu des lois qui ne permettent en aucun cas de se faire justice soi-même quelles que soient les circonstances ; l'avocate qui veut plaider la légitime défense et à qui les textes de Loi donnent tout autant raison ; les policiers dégoûtés par un système qui broie celui qui a en quelque sorte "fait leur boulot", mais qui continuent quand même parce que c'est leur métier et, comme dirait l'un, ils ne savent rien faire d'autre ; et en parallèle, les dérives que le retentissement du procès (et plus encore de son issue) vont entraîner ici ou là, auprès de gens qui n'ont rien à voir l'histoire mais qui décident tout à coup de rendre justice eux aussi, sur un voisin exhibitionniste (mais autrement bien « sage ») ou contre un clochard qui insulte tous les patients de « p* »… Où est l'acceptable humainement ? Où est l'acceptable légalement ? A-t-on le droit de rendre justice soi-même ? Et quid de la peine de mort dans des cas extrêmes comme celui des prédateurs pédophiles récidivistes ?

    Parmi les quelques commentaires que j'ai donc lus, nombreux sont ceux qui soulignent comme ce livre fait réfléchir sur le sens de la Justice, et notamment sur ces quelques questions que je viens de soulever. Pour moi, et je n'ai pas honte de le dire, les choses sont beaucoup plus tranchées.
    J'avais un peu plus de 20 ans au moment de la tristement célèbre « Marche blanche » (1996), à la suite de la découverte des corps de Julie et Mélissa, et le sauvetage miraculeux des deux victimes suivantes d'un certain Marc Dutroux, avant qu'il ne soit trop tard… Ce sont des événements qui ont marqué tout un peuple (dont je fais partie) et au-delà, qui marquent à vie, même si je n'étais pas concernée, même si je n'étais même pas encore mère ! (D'ailleurs, les auteurs se sont-ils inspirés un tant soit peu de cette histoire ? Il y a certaines similitudes troublantes… à croire qu'on n'apprend jamais rien de rien ! pour qu'un système judiciaire suédois, même fictif comme ici, répète les erreurs du système judiciaire belge, une dizaine d'années plus tard, ce livre ayant été publié en 2004 en Suède…)

    Mais pour revenir à ce livre : les descriptions de l'état dans lequel on a retrouvé les corps de deux petites victimes du prologue, puis de la petite Marie, sont poignantes et horribles… mais, à force d'avoir lu plusieurs polars et autres thrillers, je me suis rendu compte (non sans un frisson) que, même si c'est dur, « ça passe », ce n'est même pas pire que ce que j'ai pu lire ailleurs ! En revanche, je me suis retrouvée les larmes aux yeux plus d'une fois, incapable de poursuivre ma lecture, à chacun de ces courts chapitres où les auteurs mettaient le père ou la mère de Marie en scène, après la découverte du corps – en particulier, ce n'est guère un grand spoil, tous mes poils se sont hérissés, de mon crâne jusqu'aux orteils, en entendant le cri de la mère, lorsqu'elle vient identifier le corps à la morgue… Et zut, voilà que j'en pleure encore !

    Bref, tout ça pour dire : oui, on peut se poser des tas de questions sur la Justice en lisant ce livre, extrêmement bien construit en ce sens, je dis bravo aux auteurs ! Mais pour ma part, sans vouloir me substituer à la Justice (qui, au final, n'est jamais qu'un organe humain, avec ses forces et ses faiblesses, et surtout son indispensable nécessité dans nos démocraties), je sais que, si un type tel qu'un Lund (ou un Dutroux) faisait un tel mal à l'un de mes enfants, moi aussi je mets fin à ses jours si j'en ai l'opportunité, sans attendre un improbable procès qui ne va jamais le condamner que trop légèrement… La seule petite hésitation que je pourrais avoir serait liée au fait que j'ai trois enfants : est-ce que ça vaut la peine de laisser les deux autres « survivants » sans maman, une maman qui serait potentiellement en prison pour avoir débarrassé la terre d'une telle ordure pourtant humaine ? Une seule conclusion, en paraphrasant des mots qui ont déjà été dits et même chantés, mais qui doivent malheureusement être répétés encore et encore : « Malheur à celui qui blesse (ou pire : viole et tue) un enfant ! »
  • stephanius

    Lecteur professionnel

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    #222 15 Mai 2022 06:51:51

    Courage pour ton pied ça va aller. Et puis dit toi que grâce à ça pas besoi' d'aller à la salle de sport.
    Bon dimanche et bonne lecture
  • FloXy

    A moitié noyé sous sa PAL

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    #223 15 Mai 2022 11:33:59

    domi_troizarsouilles a écrit

    Bref, je ne veux pas me plaindre, mais je râle quand même =D


    L'histoire de ma vie :goutte:
    Courage ! :derder:


    Autant Nicola Yoon ne m'intéresse pas (je préfère ce que fait son mari David), autant je serai curieux de ton avis sur Les 7 morts d'Evelyn Hardcastle, un livre qui a l'air assez original mais qui ne plait pas à tout le monde, j'en ai pas mal entendu parler mais je n'ai pas encore osé sauter le pas... :grat:

  • domi_troizarsouilles

    Dévaliseur de librairies

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    #224 16 Mai 2022 22:50:32

    Hello,

    stephanius a écrit

    Courage pour ton pied ça va aller. Et puis dit toi que grâce à ça pas besoi' d'aller à la salle de sport.


    Ah ben c'est certain que, pour l'instant, pendant que ma jambe droit fond sous le plâtre, la jambe gauche en revanche prend du muscle! ;) et les bras, je me sens "Musclor" à chaque déplacement en béquilles ! (mais le coeur s'affole un peu trop vite à mon goût...
    Ça fait déjà presque 3 semaines, on m'en avait "promis" 6 dans cet état, puis kiné pendant je ne sais combien de temps, pffff...
    Mon médecin m'a dit que, quand on me retirerait le plâtre, j'aurais l'impression que ma jambe est un "spaghetti mou"... et j'ai éclaté de rire! Car "spaghetti mou", c'est ainsi qu'on appelle (parfois) mon p'tit dernier, qui est un champion pour se tortiller et échapper ainsi à tout et n'importe quoi! Et comme en plus il fait de la danse, il a une grande aisance avec son corps, c'est fou! Bref...


    FloXy a écrit
    domi_troizarsouilles a écrit

    Bref, je ne veux pas me plaindre, mais je râle quand même =D


    L'histoire de ma vie :goutte:
    Courage ! :derder:

    Autant Nicola Yoon ne m'intéresse pas (je préfère ce que fait son mari David), autant je serai curieux de ton avis sur Les 7 morts d'Evelyn Hardcastle, un livre qui a l'air assez original mais qui ne plait pas à tout le monde, j'en ai pas mal entendu parler mais je n'ai pas encore osé sauter le pas... :grat:


    Merci ;) et on a la même vie alors! :O
    Je ne savais même pas qu'elle avait un mari écrivain lui aussi... et la première chose que je me suis dit, c'est que ça doit être bien électrique parfois chez eux! Je n'imagine pas un seul instant avoir le même boulot que mon mari - même s'ils n'écrivent pas le même genre de choses, enfin j'en sais rien, pour ma part je ne connaissais pas du tout le mari!

    Quant aux Sept morts... , j'ai péniblement dépassé le premier tiers! Comme c'est une LC, je ne veux pas pénaliser les autres participants (d'autant plus que plusieurs autres ont abandonné, ce qui n'est pas un reproche, c'est sans doute moi qui suis "bête" de parvenir si difficilement à arrêter un livre quand j'aime pas trop...).
    Mais j'ai l'impression, en lisant ce livre, de faire partie d'un escape game grandeur nature où on m'aurait conviée sans me le dire, et sans me donner aucune "clé".
    Alors, déjà, je n'apprécie pas trop la méthode, et ça ne s'améliore pas au fil des pages, mais de toute façon, je déteste les escape games !


    Mais bref, revenons sur Nicola Yoon, puisque entre-temps j'ai terminé ce livre-là, et un autre dans la foulée:

    Everything, everything de Nicola Yoon,
    publié chez Bayard en 2016 (édition lue) - et entre-temps il est sorti, toujours en GF, avec l'affiche du film en couverture, et plus récemment en poche.
    Une très agréable romance jeunesse, mais parfois un peu trop légère: 18/20.

    <image>

    Synopsis : Ma maladie est aussi rare que célèbre, mais vous la connaissez sans doute sous le nom de « maladie de l’enfant-bulle ». En gros, je suis allergique au monde. Je viens d’avoir dix-huit ans, et je n’ai jamais mis un pied dehors. Un jour, un camion de déménagement arrive. Je regarde par la fenêtre et je le vois. Le fils des nouveaux voisins est grand, mince et habillé tout en noir. Il remarque que je l’observe, et nos yeux se croisent pour la première fois. Dans la vie, on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber amoureuse de lui. Et ce sera certainement un désastre.

    Mon avis :
    Voici un livre que j'avais repéré depuis longtemps, à cause de sa très jolie couverture (celle où le titre se trouve écrit en grand, au milieu de fleurs et papillons – pas celle qui reprend l'affiche du film, même si elle est sympa aussi) et parce que l'autrice, une fois n'est pas coutume, est originaire d'un pays un peu plus exotique que mes habituelles destinations : la Jamaïque.

    Oh, certes, ce livre ne se situe pas sur cette île, mais bel et bien aux États-Unis, où une jeune fille de tout juste 18 ans, Maddy, qu'on devine vive et intelligente, est en réalité prisonnière d'elle-même et de sa maladie, celle des « enfants-bulles ». Surprotégée par sa mère, seule survivante d'un drame dans lequel ont disparu son père et son frère ; assistée au quotidien par une infirmière d'origine latino pleine de bon sens, Carla ; Maddy a depuis longtemps appris à se contenter de ce qu'elle a, ne pouvant jamais sortir, vivant dans ce cocon d'air sans cesse filtré où les visiteurs sont peu nombreux, triés sur le volet et contraints alors à une longue « désinfection », comme son prof d'architecture, probablement le seul autre être humain admis à la rencontrer, et très occasionnellement, autrement qu'à travers un écran.

    Cela n'empêche pas la jeune fille de rêver, tout en restant raisonnable parce qu'elle n'a pas le choix, et de passer le reste de sa vie (outre une scolarité qui paraîtrait presque normale, si ce n'est qu'elle est à distance) dans les livres – on l'envierait presque, durant quelques instants au moins !
    Mais voilà : un jour, de nouveaux voisins s'installent, une famille pas tout à fait saine (mais ça, c'est pour l'intrigue secondaire) composée des parents, d'une jeune fille avec qui elle n'aura aucun contact de quelque sorte que ce soit… et Olly, un garçon de son âge, adepte d'escalade urbaine, décontracté, fan de mathématiques, et beau à tomber. Bien sûr, depuis toujours, sous la férule inquiète de sa mère, Maddy se protège de tout sentiment… parce que, après tout, l'amour (si c'est ça) peut-il tuer ?

    Ce livre est vraiment très agréable à lire, alternant différents registres de langage - presque soutenu quand c'est Maddy qui s'exprime, elle la lettrée qui est aussi la principale narratrice de ce roman, mais aussi un langage plus détendu propre aux e-mails… ou même aux tchats que les jeunes gens vont s'échanger avec une certaine passion dont ils ne semblent d'abord pas conscients eux-mêmes – mais aussi diverses illustrations qui font partie intégrante du texte, comme par exemple les relevés quotidiens de température etc. de Maddy, que la jeune fille annote, ou bien le dictionnaire qu'elle crée, en redonnant sa définition vécue de mots qui sont nouveaux pour elle, mais tellement banals pour qui vit dans un monde « normal ».
    Mais bon, soyons clairs : même si c'est une grande réussite à ce niveau-là, ce n'est pas non plus une révolution. Aussi agréable que soit l'histoire, avec des personnages forts et très typés sans tomber dans le cliché, des sentiments parfaitement explorés et décrits avec une très grande justesse, on reste dans de la littérature jeunesse… qui m'a semblé parfois un peu trop légère.

    En effet, on sait que Maddy a une vie toute particulière à cause de sa maladie, qu'elle a été préservée (autrement dit interdite) de tout contact social direct avec d'autres enfants puis jeunes gens de son âge, de telle sorte que sa relation avec Olly bouleverse tout son monde bien établi. Cependant, on nous laisse aussi entendre qu'elle est intelligente, qu'elle connaît (du moins en théorie) tout un tas de choses sur la vie et les sentiments grâce aux très nombreux livres qu'elle ne cesse de lire… Et pourtant, quand elle expérimente peu à peu la naissance de tels sentiments, de tels émois et autres bouleversements, on n'a plus l'impression d'être aux côtés d'une jeune fille de 18 ans, même malade et assez inhabile en société… mais face à une gamine façon princesse disney qui aurait vécu dans sa tour, sans rien apprendre ni rien voir du monde, mais absolument rien, même par écran interposé ! Ça manque tout à coup de crédibilité, comme si l'autrice avait voulu en faire « trop » et, sans que ça devienne lassant, on se dit quand même que cette fille ne peut pas avoir tout à fait 18 ans…
    Sa relation très fusionnelle avec sa mère m'a aussi un peu dérangée. Est-ce parce qu'une jeune fille vit dans une bulle (et ici, au sens littéral), que les hormones ne font pas leur boulot d'éloignement, de doutes, de révolte même, quand survient la puberté ?! Qu'elle ait appris à accepter sa situation, parce qu'elle n'a vraiment pas le choix, c'est une chose… mais là, Maddy est en permanence à la limite de sembler un peu lisse, ce qui contribue à la décrédibiliser.

    Avec tout ça, j'avais deviné dès la moitié du livre (peut-être même un peu plus tôt, mais c'est vers la moitié que je m'en suis vraiment rendu compte) ce qui est devenu bien plus tard un retournement de situation théoriquement très inattendu… mais je l'avais tellement vu venir (avec certes quelques détails manquants) que la surprise a été complètement ratée ; or, j'imagine que ça joue sur l'appréciation finale du livre.

    Bref, c'était une très agréable romance jeunesse, explorant avec grande justesse les sentiments naissants entre deux ados peu épargnés par la vie. Cependant, la protagoniste principale en particulier semble parfois un peu trop lisse, plus princesse disney que jeune adulte réfléchie, ce qui décrédibilise bien un peu une histoire autrement très sympathique. On apprécie aussi la forme, entre langage presque soutenu, dialogues de tchat et autres animations graphiques toujours très à-propos.





    Alma, tome 1 : Le vent se lève de Timothée de Fombelle,
    publié chez Gallimard Jeunesse en 2020, lu en GF (le mieux pour les quelques très belles illustrations!).
    Un roman dur et poignant, indispensable mais pas si jeunesse que ça, sur la tristement célèbre "traite des nègres" : 18/20

    <image>

    Synopsis : (c'est celui de Babelio et du 4e de couverture, car celui sur la fiche BBM, c'est un peu "nawak"...)
    1786. Le jour où son petit frère disparaît, Alma part sur ses traces, loin de sa famille et de la vallée d'Afrique qui les protégeait du reste du monde.
    Au même moment, dans le port de Lisbonne, Joseph Mars se glisse clandestinement à bord d'un navire de traite, La Douce Amélie. Il est à la recherche d'un immense trésor.
    Dans le tourbillon de l'Atlantique, entre l'Afrique, l'Europe et les Caraïbes, leurs quêtes et leurs destins les mènent irrésistiblement l'un vers l'autre.


    Mon avis :
    Voici un livre que j'avais repéré au moins depuis sa sortie, peut-être parce qu'il est resté très longtemps en évidence au rayon jeunesse de ma librairie, si bien que j'ai fini par l'acquérir dans le but de l'offrir tôt ou tard à mon fils aîné, grand lecteur, qui pourrait aimer ce genre d'histoire. Mais ceux qui me connaissent le savent : j'ai tendance à garder « cachés » les livres qui me tentent moi aussi, et celui-ci est resté dans ma PAL sans que je le passe jamais à mon fils, finalement (qui a reçu bien d'autres livres entre-temps, rassurez-vous !) – tout en haut de ma PAL cependant : comment cacher au fond d'une bibliothèque un livre avec une si jolie couverture ? sans même parler des quelques illustrations intérieures qui, sans participer à la narration même, la ponctuent en quelque sorte, et très joliment !

    En revanche, je ne m'attendais pas du tout à une telle histoire… le 4e de couverture nous parle d'une aventure sur l'esclavage (ces deux mots vont-ils vraiment ensemble, au fait ?) ou d'une histoire à la recherche d'un trésor au départ de la Rochelle, pourtant il s'agit de bien autre chose. Certes, des éléments qui évoquent ces deux points y sont, mais clairement, ce tome-ci est centré sur les premiers pas d'une telle « aventure », en l'occurrence ce qu'on appelle (je ne sais même pas si c'est politiquement correct) la « traite des nègres », qui a arraché des dizaines de millions d'Africains à leur terre d'origine, pour les amener –dans des conditions souvent épouvantables- vers ce Nouveau-Monde, pour enrichir toujours plus quelques hommes fortunés, Blancs européens bien propres sur eux, qui débattaient dans leurs salons de l'humanité ou non de ces futurs esclaves noirs, mais l'auteur souligne aussi les conflits entre villages en Afrique même, à la suite desquels les vainqueurs vendaient les vaincus aux navires négriers…

    Tout commence par une histoire presque idyllique, dans un paradis sur terre qu'on devine très vite menacé, mais à ce moment-là il ne l'est pas le moins du monde. Et puis, à cause de l'inconscience d'un enfant, ou peut-être son âme aventurière exaltée par les belles histoires qu'imagine et lui raconte sa grande soeur Alma, tout se précipite, et l'horreur du monde de cette fin de XVIIIe siècle se met en marche jusque dans cette région reculée et jusque-là préservée d'Afrique, quand Alma et son père, séparément et sans se concerter, se mettent à la recherche de leur frère ou fils, le petit Lam…
    En parallèle, dans notre lointaine Europe, les navires négriers font le plein de richesses qui leur permettront d'acquérir une bien plus « précieuse » cargaison le long des côtes de l'Afrique : des esclaves ! à vendre sur les marchés de Saint-Domingue et ailleurs dans ce nouveau-monde plein de promesses, plein de richesses… On y suit un gamin des rues, un certain Joseph Mars qui a réussi à se faire embarquer sur « La douce Amélie », et ne cesse de faire front au capitaine impitoyable, avec la promesse de le mener à un trésor…

    Paradoxalement, si la partie africaine est déjà bien terrible car on devine que ça va mal se terminer, et ça va même de mal en pis, c'est le voyage du deux-mâts de la Rochelle vers les côtes africaines qui m'a semblé la plus terrible, la plus glaçante.
    C'est que le début (africain) du livre nous est narré presque comme un conte, ce paradis perdu où une famille vit heureuse et en harmonie avec une nature qui lui donne tout ce dont elle a besoin, loin du monde et préservée, on l'a compris. Et même quand les choses se compliquent, on reste dans une certaine poésie, grâce aux « dons » des membres de cette famille (dont je ne peux dire plus sans risque de divulgâcher !). En revanche, l'histoire de ce navire en route fait froid dans le dos, quand on entend la façon dont le capitaine traite ses hommes, ses calculs d'un profit toujours plus élevé prenant en compte les futurs esclaves comme des marchandises parmi d'autres – et de grande valeur, même si on peut se permettre d'en perdre quelques-uns au cours de la traversée de l'Atlantique !

    Mais le pire pour moi, peut-être parce que c'est suggéré tellement habilement, et d'une façon extrêmement visuelle, a été quand le capitaine ordonne au charpentier de bord de construire des espèces de plateformes à mi-hauteur dans les cales, pour pouvoir entasser un maximum de futurs esclaves, en comptant qu'on pourrait en placer 3 par mètre carré… Faut-il davantage de précisions pour comprendre à quel point j'ai eu la nausée à ce moment-là, et me suis trouvée incapable de continuer ma lecture pendant plusieurs heures ?...

    Je ne comprends même pas comment ce livre peut être considéré comme lisible « à partir de 11 ans », comme indique l'éditeur lui-même (voir https://www.gallimard-jeunesse.fr/97820 … /alma.html ), tant le sujet est dur et poignant ; admirablement évoqué sans fausse pudeur, et dès lors d'autant plus insupportable. Oui, peut-être peut-on aborder un tel sujet à 11 ans, c'est peut-être même indispensable car ça fait partie de notre Histoire (bien honteuse)... mais alors, il faut que ces jeunes soient "accompagnés" - pour pouvoir poser leurs questions, ou se décharger si besoin est.

    La suite du livre mêle ces deux mondes, c'est donc la traversée de l'Atlantique, au cours de laquelle l'auteur parvient à mêler la dureté de ce capitaine sans coeur, la sensibilité pourtant masquée de certains membres de l'équipage, ou ce mélange inimaginable de colère et de désespoir qui gronde auprès des prisonniers qui savent trop bien qu'ils ne reverront jamais leur terre, à jamais perdue…
    Mais là, l'auteur se permet tout à coup en presqu'écart et s'éloigne de sa propre narration, pour poser ces questions qui devraient tarauder la fille et seule héritière de la fortune de l'armateur du navire négrier, qui porte son nom : « Comment est-il possible que ce jour-là, un cerveau si jeune, si limpide, aux milliards de neurones si parfaitement connectés, ne pense pas un instant aux cent cinquante esclaves qui travaillent sur ses terres de Saint-Domingue, aux cinq cent cinquante captifs enfermés sur La Douce Amélie, et à tous les autres ? Comment [ne peut-elle pas] ouvrir enfin les yeux sur l'immensité des drames qui vivent ces hommes et ces femmes ? Sur la fin de la liberté, la fin de tout un monde ? Sur les maisons et les parents disparus par millions ? Sur tous les enfants perdus ? »

    C'est le seul passage où l'auteur se laisse aller à sa propre indignation de façon aussi directe – pour moi, avec raison – mais, comme je disais plus haut, cette indignation ne cesse de ressortir à travers toutes ces situations du quotidien « aventureux » que vivent Alma ou Joseph. C'est poignant, ça prend aux tripes, ça donne la nausée, et il faut parfois s'interrompre dans sa lecture sous peine de suffoquer. Mais en même temps on se laisse bercer par le chant de l'une des dernières représentantes du légendaire peuple oko, et on espère que tout ça finira le moins mal possible… je ne vais pas résister longtemps avant de me jeter dans le deuxième tome !

  • stephanius

    Lecteur professionnel

    Hors ligne

    #225 17 Mai 2022 10:41:19

    Merci pour ton passage sur mon suivi.

    Beaucoup de jeunesse chez toi aujourd'hui. Alma me tente bien.

    Bonne lecture
  • Kah Rane

    Mécène des éditeurs

    Hors ligne

    #226 17 Mai 2022 17:12:01

    Bonsoir Domi :)

    Comment vas-tu ?
    De mon côté, je n'ai pas à me plaindre, juste hâte d'être à jeudi pour bénéficier de mon jour de repos :lol:
    Par contre, grâce au taf, j'ai de belles gambettes à faire pâlir la moitié du pays, j'aime beaucoup :lol:

    Concernant ma lecture actuelle, comme tu dois le savoir, je morfle un peu hein.
    Beaucoup de romances, dont je me serais bien passé puisque ce n'est pas du tout ma tasse de thé.
    Par contre, quand il y a un peu de violence, je suis client mais c'est tellement rare par l'autre "thématique" du roman que je n'ai pas le temps d'en profiter pleinement.

    Enfin, concernant Le prophète de Khalil Gibran, figure-toi qu'il repose dans ma PAL et je ne m'en souvenais pas :lol:
    Faut croire que les grands esprits se rencontrent :lol:

    En tout cas, c'est cool que ton petit dernier fasse de la danse.
    Perso, on aimerait mettre la nièce à une activité hors scolaire afin de l'aider à gérer son hyperactivité mais sa mère ( ma soeur ) n'a soi-disant pas le temps de l'inscrire quelque part.
    Cela commence à m'énerver car ma frangine exprime de plus en plus le fait qu'elle n'aime pas sa fille et j'estime que cette dernière ne le mérite pas.
    Je peux comprendre qu'elle soit dure mais de là à lui exposer une certaine indifférence, je ne suis pas trop d'accord.
    Heureusement qu'il y a ma mère et moi pour s'occuper d'elle car la gosse serait malheureuse, c'est sûr :/

    D'ici là, je te souhaite une belle fin d'après-midi, d'excellentes lectures et à très bientôt :)
    Des poutous :pink:

    Dernière modification par Kah Rane (17 Mai 2022 17:12:23)

  • domi_troizarsouilles

    Dévaliseur de librairies

    Hors ligne

    #227 20 Mai 2022 13:13:48

    Hello!

    J'ai momentanément abandonné l'idée de rattraper mon retard dans mes commentaires sur ce suivi, je n'arrive décidément pas à être régulière! :fouet:
    Depuis mon dernier passage, j'ai lu trois livres... enfin, plus exactement: un lu, un pour le book club de ce week-end donc je vais attendre avant de partager mon avis, et un abandon...

    stephanius: avec plaisir ! Oui en effet j'ai eu deux lectures jeunesse coup sur coup, ce n'est pas forcément "prémédité", ça s'est présenté comme ça... D'habitude ce n'est pas ce que je préfère (même si j'en lis volontiers), et je te confirme que Alma vaut le coup!

    Kah Rane: j'ai (enfin!) réagi sur ton suivi... un pavé, désolée d'avance (si tu ne l'as pas encore lu!)


    Voici donc un livre qui a eu beaucoup de succès, mais une fois n'est pas coutume =D , j'accroche beaucoup, beaucoup moins!
    (N.B.: Telesia_, si tu me lis, ce livre m'a beaucoup fait penser au Silence de la ville blanche, on peut en reparler si tu veux... mais je ne le mentionne pas dans mon commentaire, car je n'aime pas comparer mes lectures, alors j'évite quand j'y arrive! ;) )

    Bref, voici:

    Le gardien invisible de Dolores Redondo,
    publié chez Stock en 2013, plusieurs rééditions en poche depuis lors - lu en ebook, qui a gardé la couverture du GF. Une relative déception: 14/20

    <image>

    Synopsis : Le cadavre d’une jeune fille est découvert sur les bords de la rivière Baztán dans une étrange mise en scène. Très vite, les croyances basques surgissent : et si toute cette horreur était l’oeuvre du basajaun, un être mythologique ? L’inspectrice Amaia Salazar, femme de tête en charge de l’enquête, se voit contrainte de revenir sur les lieux de son enfance qu’elle a tenté de fuir toute sa vie durant. Jonglant entre les techniques d’investigation scientifique modernes et les croyances populaires, Amaia Salazar devra mettre la main sur ce gardien invisible qui perturbe la vie paisible des habitants d’Elizondo.

    Mon avis :
    J'avais repéré le livre « La face nord du coeur » dès sa sortie en librairie… mais ce jour-là j'avais été raisonnable : je ne l'avais pas aussitôt acheté, et me suis rendu compte à peine plus tard que ce livre était le 4e roman d'une série, donc j'avais bien fait de ne pas craquer ! Il apparaît aujourd'hui que ce 4e livre selon la chronologie des publications, est en réalité un préquel, un « HS 0 » de la saga, mais j'ai quand même voulu lire la trilogie (car il s'agit « officiellement » d'une trilogie avec son extra accolé) dans l'ordre de parution, et me voici donc avec ce « Gardien invisible ».

    Et c'est une déception…
    Pourtant, il y a beaucoup de bonnes choses dans ce livre, et je crois même que je pourrais lire le 2e tome. Mais c'est surtout une déception par rapport à ce que j'en attendais (à savoir, en premier lieu, une enquête policière !), en quelque sorte aggravée par toute une série d'à-côtés qui m'ont plus ou moins dérangée : la couverture que je trouve horrible (pour le GF original en français) et tellement peu adéquate par rapport au contenu du livre, qu'on se demande si l'éditeur l'a seulement lu ; au moins une faute d'orthographe (c'est de plus en plus fréquent, même à compte d'éditeur, et ça m'agace !!) ; une incohérence de traduction ; et une allégation particulière de l'autrice qui m'a vraiment choquée.

    Certes, oui, on a toute une série de meurtres, tous plus marquants les uns que les autres, avec à chaque fois une mise en scène sans aucun doute horrible, mais « gentillette » par rapport à ce que j'ai pu lire ailleurs. Pour autant, l'enquête ne va jamais vraiment décoller. On nous présente l'inspectrice à qui on confie l'enquête, Amaia Salazar, comme une personne particulièrement compétente, car formée auprès du FBI - ce que certains lui jalousent… et d'une certaine façon je les comprends, même si, comme par hasard, ceux qui lui en veulent bien un peu sont présentés comme des personnages peu sympathiques, mais ils posent quand même la question : les flics espagnols doivent-ils donc aller en stage aux États-Unis pour tout à coup devenir bons ?...

    Mais surtout, elle a fui le village de son enfance où elle a été malheureuse, ce qui donne une histoire refoulée qui ne cessera de refaire surface par bribes, au point d'apparaître comme la véritable histoire principale, au détriment de l'enquête même, qui manque singulièrement d'action ou de vrais rebondissements. Oh ! il y en a, des rebondissements, et plutôt même bien trouvés, comme autant de vraies ou fausses pistes qu'on aimerait suivre en tant que lectrice passionnée par les polars ; hélas, ils se retrouvent tout à fait dilués dans l'histoire d'Amaia, restant ainsi secondaires, et perdant tout intérêt.
    Eh oui ! quand la jeune femme se retrouve à Elizondo, ce village de son enfance, empreint de légendes et autres mythes locaux, elle est plus que jamais engluée dans ses propres problèmes, ses cauchemars récurrents, ses questionnements incessants, et parmi eux l'obsession portée surtout par son mari (follement amoureux et qui ne se dédira jamais, ma foi c'est l'homme idéal !) de devenir parent… le personnage d'Amaia bénéficie ainsi, malgré pas mal d'aspects cliché, d'une analyse psychologique fine, entourée de sa famille (une tante aimante et un peu voyante, une soeur aînée ultra-autoritaire et la puînée mal mariée, et les beaux-frères) qu'elle retrouve à cette occasion, et qui vont lui permettre d'avancer, pas tellement dans son enquête, mais sur sans son propre cheminement de « rédemption », de réconciliation avec elle-même et avec son passé.
    Et l'enquête, dans tout ça ? eh bien, c'est son boulot, et on en parle parce qu'il faut bien, mais ce n'est clairement pas l'intrigue principale.

    En réalité, passé la déception de voir une enquête aussi peu intéressante, l'histoire même d'Amaia et de son village est plutôt sympathique, et on y croit vraiment. En outre, elle donne l'occasion à l'autrice de se lâcher à propos de tout ce qui est mythologies et autres traditions de ce pays basque espagnol qu'elle semble chérir plus que tout, et particulièrement le personnage mythique du « Basajaun », espèce de mi-homme mi-bête, être bien un peu monstrueux qui inspire la peur a priori, mais qui est aussi un esprit protecteur des forêts et de ceux ou celles qu'il décide de prendre sous son aile, sans jamais tout à fait se montrer. Cela donne lieu à un certain nombre de passages explicatifs, qui peuvent sembler longs si on ne s'y intéresse pas ; pour ma part, j'ai plutôt bien aimé, mon reproche serait plutôt qu'une partie de ces explications sont données sous forme de dialogues… ou plutôt, ce sont des paragraphes entiers d'explications, devant lesquels on a mis un tiret pour faire croire que c'est un morceau de dialogue, sauf que personne ne parlerait jamais ainsi ! Oui madame Redondo : un dialogue, c'est du langage oral ! ça n'empêche pas que le niveau de langage puisse être de qualité, mais cette forme de « cours magistral » avec un tiret devant pour faire croie que, ça ne passe décidément pas ! J'ai levé les yeux au ciel à plus d'une reprise…
    Je note quand même que, à côté de ces monologues trop travaillés pour sembler un tant soit peu naturels, on a quand même un grand nombre de dialogues qui, quant à eux, fonctionnent tout à fait bien !

    Par ailleurs, comme je disais plus haut, la forme m'a aussi posé problème. « le gardien invisible », est-ce le fameux basajaun, ou est-ce le meurtrier (si ce dernier n'est pas le basajaun) ? Un certain flou est laissé à l'appréciation du lecteur… mais en aucun cas je ne l'identifie à cette espèce de fantôme au visage effacé que le GF nous propose ! (et qui a été repris pour l'ebook) Quant aux différentes éditions poche qui ont suivi (en français), elles me laissent tout autant dubitative : entre les forêts qui n'ont rien de typique, ou l'édition la plus récente qui propose une main de femme alors que les victimes de notre tueur sont des jeunes filles de 13 à 16 ans (à cet âge-là, les mains n'ont pas autant de rides que sur la photo de la couverture du Folio 2021 !) – c'est vraiment lamentable !
    Voyez les éditions en question, de gauche à droite: Folio 2015, 2018 et 2021...

    <image> <image> <image>

    Avec ça, j'ai trouvé une (seule) faute d'orthographe, mais inadmissible quand on sait que c'est du niveau primaire : la différence entre é et er pour un verbe conjugué… ou pas. Je cite (et ça ne s'invente pas) : « Certes, il ne méritait pas d'être féliciter (sic), il n'avait pas fait du bon travail, (…) » - eh bien, le correcteur non plus n'a pas fait du bon travail !

    Enfin, il y a une certaine confusion au niveau de la traduction autour de Baztán. Ce dernier mot semble désigner autant une région de ce pays basque, dont la capitale est Elizondo, jusque-là ok. Mais Baztán désigne aussi la rivière même... uniquement dans cette région-là, car en réalité il s'agit du fleuve Bidas(s)oa, qui ne serait appelé « río Baztán » que par certains dans cette région-là, et même pas officiellement (voir par exemple https://www.visitnavarra.es/fr/web/gues … du-baztan/ ou https://www.lacsdespyrenees.com/vallee-Baztan.html ). Or, la traductrice a choisi une certaine facilité, en disant « le » Baztán quand il s'agit de la région, de la forêt, du décor en général ; mais ça devient tout à coup « la » Baztán quand il s'agit explicitement de la rivière. C'est hélas une facilité qui m'a gênée, je n'avais d'abord pas compris pourquoi c'était parfois au masculin, parfois au féminin ; et quand j'ai saisi l'astuce, la traductrice en moi a aussitôt pensé : mais pourquoi n'a-t-elle pas écrit « la rivière Baztán » dès lors qu'il s'agissait de ça ? Après tout, ça aurait même fait davantage couleur locale, puisqu'en espagnol on laisse systématiquement le mot « río » devant le nom du fleuve… et un éditeur qui se permet des fautes d'orthographes peut bien payer quelques milligrammes d'encre supplémentaire pour un mot en plus de-ci, de-là !

    Cela étant dit, la forme de l'édition française n'est pas du fait de l'autrice, et je dois reconnaître que, à part l'aspect « instructif » sur tout ce qui concerne ces croyances basques, on sent un certain travail de recherche, notamment dans les passages où sont mis en scène nos deux scientifiques spécialistes en plantigrades – car il y a un soupçon de passage d'ours, à plusieurs reprises ; après tout, nous sommes sur les contreforts des Pyrénées, donc ce n'est pas impossible ! Il y a tout un passage sur les analyses qu'ils font en labo : outre les classiques analyses et comparaisons d'ADN dont tout le monde a entendu parler grâce aux séries télé, peut-être aussi du PCR (merci le covid ! même si ce livre a été écrit avant), mais encore du HPLC par exemple, j'ai presque eu l'impression d'entendre mon mari répéter l'un de ses cours ! Et, comme dans ce cas-là, je n'y ai rien compris, mais ça donne une touche d'authenticité scientifique à l'histoire… et l'autrice au moins semble avoir compris ce qu'elle raconte – bref, c'est appréciable !

    Ce qui l'est moins, c'est l'écriture en général : elle est certes fluide, mais je l'ai trouvée parfois un peu trop plate, comme si l'autrice ne trouvait son plein épanouissement que dans les parties qu'elle adore – clairement, elle ne parle pas de la même façon de sa vallée, de sa forêt, de son basajaun, de la même façon qu'elle parle de cette enquête qui stagne et qui ne présente finalement qu'un intérêt très, très secondaire. Aucun des personnages ne m'a réellement touchée : Amaia est trop enfoncée dans ses problèmes et en même temps trop « fière » (même si elle travaille sur elle pour se montrer autrement, encore une fois merci le FBI ?) pour sembler vraiment sympathique ; ses soeurs sont soit une harpie, soit une pauvre petite chose qui ne donnent pas envie d'être copines avec elles non plus ; son mari est extrêmement lisse ; ses différents adjoints auraient pu être intéressants, notamment le jeune Jonan, mais il est bien trop peu exploité. Seule sa tante Engrasi présente un certain intérêt…

    J'aurais pu néanmoins me contenter de ça, car comme je disais plus haut, il y a beaucoup de parties intéressantes dans ce livre, et comme c'est précisément dans ces parties-là que l'autrice laisse aller son talent, c'est vraiment agréable. Hélas, elle propose un (très bref) passage, l'air de rien à la fin d'un chapitre, mais tout à coup j'ai eu envie de hurler ! Je cite (c'est dans la bouche de la femme d'un des collègues d'Amaia que l'autrice met ces mots) : « Je crois qu'aucune femme en âge d'avoir des enfants ne peut se sentir complète si elle n'en a pas, et ça, je t'assure que ça peut être un poids énorme, secret et un manque insupportable. Je t'aime, mais moi, si je n'avais pas d'enfants, je me sentirais incomplète, dit-elle en fermant les yeux. Malgré l'état d'épuisement dans lequel se termine chaque journée. »
    Mais c'est quoi cette idée insupportable sur la « femme incomplète », au XXIe siècle ?? On nage en plein délire ! Pourtant, je suis moi-même mère, et de trois monstres (et un ange) que j'aime plus que tout, et il est vrai que je n'imagine plus ma vie sans eux. Mais sérieusement, même s'ils ont (largement) contribué à ce que je suis aujourd'hui, et même à la façon dont je me définis, je refuse de dire que je serais devenue « complète » grâce à leur naissance !! comme si une femme ne pouvait être une femme entière (car c'est bien de cela qu'il s'agit) si elle n'a pas accouché ?!? Quelle absurdité ! et quel manque de respect inadmissible envers toutes les femmes qui liraient ça, mais qui ne veulent pas (quelles que soient leurs raisons, c'est leur corps, leur vie bien complète !) ou qui ne peuvent pas en avoir ! J'ai été vraiment outrée de lire ça… quel lamentable « message » cette autrice fait-elle passer ainsi !

    Bref, je pensais lire un roman policier en Espagne, j'ai découvert un roman psychologique aux allures de fantastique en Pays basque, avec en particulier la figure mythique du basajaun, et l'histoire principale du chemin de réconciliation d'une jeune femme traumatisée dans son enfance, avec une enquête policière plate et sans réel intérêt en arrière-plan. Cela donne néanmoins lieu à quelques passages très intéressants sur la mythologie et les traditions basques, mais ça ne suffit décidément pas à faire un bon livre. Avec en plus une couverture que je trouve très moche, au moins une faute d'orthographe et une traduction un peu confuse notamment sur le Baztán, ce livre a fini de s'enfoncer avec une réflexion sur l'idée selon laquelle une femme ne serait pas « complète » si elle n'est pas mère : je trouve inacceptable de véhiculer un tel message de nos jours, même pour moi la mère passionnée par ses enfants !




    Le jour où il n'y eut plus de nuit d'Irène Krassilchik,
    publié chez Librinova en 2022, lu en ebook.
    Abandon à 44% !! La couverture était pourtant sympa...

    <image>

    Synopsis : Des événements vraiment insolites, dont on ignore la cause, rassemblent dans un appartement les habitants d’un immeuble qui ne se connaissaient pas ou alors très vaguement. S’agit-il de la fin du monde, ou en tout cas de la fin d’une vie dite normale ? Dans ce rassemblement hétéroclite de gens différents en âge, situation sociale, sexualité et centres d’intérêt, rapprochés par leur interrogation commune sur l’absence de nuit et le sens de ce qui leur arrive, la situation évolue dans des directions imprévues, avec des rebondissements étonnants, parfois cocasses, à la limite de l’imaginable. S’agit-il de science-fiction ? Ou d’une hallucination ? Ou d’une réalité déjà là, mais que nous n’avions pas pu ou voulu connaître ? C’est en tout cas la survenue d’un grand chambardement.

    Mon avis :
    Roh mais qu'est-ce que je n'aime pas abandonner un livre ! mais là, vraiment, je n'en peux plus… Je suis péniblement arrivée à 44%, en le lisant par petits bouts car ça me sapait chaque fois très vite le moral, et je n'avais jamais envie de le reprendre. J'ai essayé pourtant, encore et encore, d'autant plus que je lisais ce livre en tant que « lectrice Librinova », or le respect de l'auteur – même si je n'accroche pas – est quelque chose d'important à mes yeux. Mais là, décidément, non !

    C'est long, c'est long, c'est long ; il n'y a pas vraiment d'action, juste une longue logorrhée du narrateur, qui observe depuis son appartement situé en hauteur, toute une série de phénomènes étranges : tout commence quand les gens dans la rue, au lieu d'adopter une allure de foule « normale », se mettent à se heurter les uns les autres ; au début c'est effrayant et peu à peu on a des blessés puis des morts. Entre-temps, tous les habitants de l'immeuble, sous la férule de la propriétaire qui l'habite également, se rassemblent chez ce narrateur improbable, sans qu'il trouve rien à redire, et les phénomènes continuent de se multiplier : le soleil ne se couche plus et personne n'est plus jamais fatigué ni n'a plus jamais faim, les enfants de l'une ou l'autre famille connaissent une croissance super-accelérée, un chien se transforme en loup puis redevient chien ; à l'extérieur tout est inondé et les morts se multiplient, puis on passe à quelques incendies dans les immeubles voisins. Autant dire que ça a un côté très sombre, quand on y réfléchit un peu – l'autrice touche à ce qui ressemble au désormais bien connu dérèglement climatique, mais la façon de nous présenter les choses est pour moi à la limite de l'acceptable. Bon sang ! elle raconte ce passage sur la crue avec le même détachement que tout le reste, et ces corps qu'on jette dans l'eau bien présente pour s'en débarrasser… et moi je voyais les images des (graves) inondations qui ont ravagé la Belgique et l'Allemagne l'été passé. Comment peut-on écrire avec cette apparente insensibilité, sur des sujets aussi dramatiques ?

    En effet, tout cela nous est raconté sans aucune explication – on accuse de-ci, de-là un président qui ne sait plus que dire et ne sait que faire, sans que ça devienne un écrit pamphlétaire, mais c'est tout – et, surtout, sans aucune émotion ! On nous annonce des faits incroyables sans une once de sentiment, comme si tout cela était la nouvelle normalité et qu'il ne faut pas vraiment se poser de questions. En outre, le narrateur ne cesse de répéter (est-ce une excuse ?) que ses idées ne parviennent plus à se fixer, que ses pensées passent et disparaissent aussitôt, ce qui semble toucher tout le monde et donner des conversations plutôt décousues… mais bizarrement, ça ne l'empêche pas de relater tous ces événements avec précision ! Pourtant on ne le voit jamais écrire, dans l'histoire, alors comment fait-il, sachant que ses pensées sont fugaces, ne laissant donc aucun souvenir ?…

    Bref, je ne comprends absolument pas ce que l'autrice essaie de raconter à travers tout cela et au final je m'ennuie profondément ! Elle ne propose aucun « univers » science-fictionnel construit, juste un lent délitement de tout ce qu'on connaît, mais qu'elle nous sert sur le ton d'une indifférence intergalactique… et désolée, je regrette vraiment, mais je sature complètement de cette non-ambiance bien un peu sombre et sans issue.




    Il vous reste maintenant à lire Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher et nous rejoindre pour le Book Club de ce week-end!

    ;)

  • Kah Rane

    Mécène des éditeurs

    Hors ligne

    #228 20 Mai 2022 18:34:38

    Bonsoir Domi :)

    J'espère que tout va bien ?
    De mon côté, j'ai appris dans le courant de l'après-midi que mon contrat pro est prolongé donc, tu ne peux pas savoir comment je suis content de reprendre le travail mardi.
    Toutefois, la semaine prochaine, je tire la gueule.
    Un jour férié tombe jeudi et ce jour, c'est déjà mon jour de repos...
    Donc, je l'ai dans l'os :lol:
    Et ça sera pareil pour le 14 juillet :lol:
    Bien la peine que je reprenne le travail si c'est pour me voir sucrer mes jours fériés quoi xD
    Par contre, pour le 15 août, c'est bon, j'aurais droit à mon week-end de trois jours et là, j'en aurais bien besoin car j'ai su que la mairie de ma ville allait me rappeler pour remplacer mon binôme qui partira en vacances.
    Il sera absent du 1er au 26 août donc, gros risque que je passe à 40h par semaine mais bon, pour 21 jours, je pense pouvoir gérer.
    Je croise juste les doigts pour ne pas travailler sous canicule car même si je serais autorisé à prendre des douches sur mes sites, voilà quoi :/

    Sinon, merci à toi de m'avoir confié votre petite famille et sache que tu as beaucoup de chances.
    Jusqu'à maintenant, je voulais avoir des loulous pour leur consacrer du temps et surtout, voir leur évolution personnelle.
    Ma mère m'a toujours dit que je ferais un excellent père et cela s'est confirmé lorsque je m'occupe de ma nièce...
    et il faut bien que quelqu'un s'en charge car ma soeur ne se cache plus en disant qu'elle ne lui aurait pas donné la vie si elle avait su que le père irait au paradis deux mois avant sa naissance.
    Je trouve ce genre de propos assez horrible de la bouche d'une mère même si je peux comprendre que la gamine soit hard à gérer.
    Mais bon, là, c'est la faute de ma mère.
    Sous prétexte que la petite a perdu son père, ma maman aurait tendance à la couvrir de cadeaux à la moindre occasion et forcément, la môme devient capricieuse...
    ...
    Sauf avec moi où elle sait que là, le gain de cause ne sera pas de son côté.
    Avec mon beau-père, on tente de cadrer la gamine au maximum et lorsque je suis seul avec elle, la petite se tient super bien.
    Je lui apprends la politesse actuellement et désormais, elle dit bonjour à toutes les personnes qu'elle croise, je suis très fier d'elle car à la base, ce n'était pas gagné.
    Actuellement, Abigaëlle ( ma nièce ) se montre très curieuse car c'est l'âge, et forcément, je fais de mon mieux pour répondre à toutes ces interrogations.
    Mais bon, c'est une vraie pipelette la gamine et elle est increvable.
    J'ignore d'où elle tire cette énergie mais la vache, elle devait être une centrale électrique dans une vie antérieure ou un truc du genre, je ne vois que ça comme explication :lol:

    Tu sais, si tu regardes bien, les nouveaux parents sont devenus généralement cons.
    Ben ouais, avant de songer à se vider les boules et d'écarter les cuisses, ils ne songent pas qu'un enfant, ça donne du boulot et hélas, pour la plupart, un môme, c'est un accessoire pour être à la mode devant les copains et les copines.
    Cela explique pourquoi beaucoup de gosses sont livrés à eux-même ou alors, pour acheter leur amour et se donner un semblant de sentiment de parentalité, on leur cède tout au moindre caprice.
    Résultat, nous avons plein de petits cons dans nos rues, qui manquent de respect à tout le monde et cela m'énerve.
    Et concernant ces parents qui ne veuillent pas gâcher le peu de temps libre qu'ils ont à disposition à cause de leur gosse, j'ai un exemple sous les yeux...
    ...
    je te le donne en mille...
    ...
    Ma soeur :lol:

    Madame n'a pas le temps de prendre sa gamine en week-end parfois, à cause du boulot mais elle a le temps de se libérer des après-midi pour se faire sauter par son dépuceleur.
    On rigole ??? :lol:
    Après, je ne vais pas discuter sa vie sexuelle, elle est libre de faire ce qu'elle veut mais putain, fait passer ta gosse en priorité.
    On voit clairement que la gamine est en souffrance et ma soeur ne va pas se remettre en question ???
    Je reconnais que cette situation me fatigue beaucoup mais pour la petite.
    Elle n'a rien demandé, ce n'est pas de sa faute si son père est décédé et elle ne mérite pas cette petite haine.
    Heureusement qu'on est là à côté pour lui consacrer du temps parce que la pauvre...

    Bref, je vais arrêter mon pavé ici.
    J'espère ne pas avoir fait trop de mauvaises tournures de phrases car si c'est le cas, mille excuses :)
    Mais bon, ça sort du coeur quoi et puis j'aurais tendance à exprimer mes sentiments concernant la situation de ma louloute, preuve que je me sens un minimum concerné par l'histoire quoi :/
    J'ai toujours rêvé d'avoir un neveu ou une nièce et maintenant que j'ai cette chance, je tente de faire de mon mieux.
    Je ne suis pas le meilleur des tontons car c'est ma toute première, elle me forme et même si elle est hard à canaliser, je l'aime cette gamine.

    D'ici là, je te souhaite une belle soirée, d'....
    ...
    Il est drôlement mignon le petit gars sur ta dernière lecture là...
    Mais bon, tu es une pro en terme de romance lgbt, quand je dis que je devrais éplucher ton compte dans ce domaine de lecture, je suis sûr que je m'en sortirais avec de très belles expériences littéraires...
    Donc, je disais, je te souhaite aussi d'excellentes lectures avant de te dire à très bientôt :)
    Des poutous :pink:

    Dernière modification par Kah Rane (20 Mai 2022 18:37:33)

  • zoeline

    Puits de lecture

    Hors ligne

    #229 21 Mai 2022 08:02:09

    salut
    merci de ton passage sur mon post, et je pense que c'est toi qui ma remis le pied à  l'étrier pour la lecture
    c'est quand tu veux pour une lecture commune
    je te souhaite un bon week end
  • cerisia

    Dévaliseur de librairies

    Hors ligne

    #230 25 Mai 2022 20:47:47

    Coucou :) merci d'être passé sur mon post, je te souhaite un bon week-end prolongé si tu as la chance de faire le pont !
    Bonne lecture :)