Bonjour !
@Julie Les éditions Goater sont celles qui éditent, en grand format, le roman que l’on va lire pour le mois des fiertés au Book Club (L
a séquence Aardtman de Saul Pandelakis).
@Seli Tu résumes bien
Le livre des Reines. :heart:
Voici mes dernières MAJ de mai et ma première de juin :
<image>Titre (avec lien BBM) : La petite montagne
Auteur : Elias Khoury
Pays : Liban [3/4]
Points : 10 + 5
Total : 530
Avis (facultatif) :
Ce livre raconte le quotidien des habitants d’un quartier chrétien de Beyrouth durant la guerre civile. J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Elis Khourys et j’ai globalement apprécié ma lecture. Je m’attendais cependant à une lecture plus « classique » alors que la structure narrative est éclatée. Il pourrait s’agir de plusieurs nouvelles liées par un fil rouge. En soi, ce n’est pas un mal, mais ce manque de clarté, nouvelles ou chapitres ?, m’a désarçonnée. Ainsi, j’ai adoré la première nouvelle, la deuxième aussi, puis j’ai commencé par être un peu perdue dans le texte à la troisième nouvelle. Donc, j’étais un peu plus perplexe, tout en continuant à me laisser porter par le style poétique de l’auteur. Parfois, j’avais du mal à visualiser clairement d’où venaient les personnages, etc. C’est donc une structure qui nécessite un peu d’attention et de se laisser porter, le style aidant. Un autre point que j’ai aimé, mais vu les thèmes des romans de l’auteur, je ne suis pas surprise, c’est son engagement. Ces nouvelles, centrées sur le quotidien de différents personnages, apportent une réflexion critique sur des thèmes comme la guerre et la colonisation. Et je trouve que le côté poétique invite le lecteur à prendre part à la réflexion, du moins il m’a souvent donné envie de fermer le livre juste pour penser (parfois pour une réflexion, mais pour essayer de garder cette poésie en moi). Une lecture un peu en dent de scie, mais qui me donne envie de découvrir davantage Elias Khoury. Je conseille en ayant en tête la structure du roman, si vous aimez la prose poétique et êtes touchés par le thème de la guerre au Proche-Orient.
- Quelle différence y a-t-il entre la guerre et la guerre civile ?
Durant les fugitives trouées de silence entre les tirs, Salem trouvait le temps de poser des questions. Il posait sa question sans attendre de réponse. Il disait que la réponse n'avait pas d'importance. Toutes les réponses se valent. L'important, c'est de poser la question. Entre deux questions, les visages se coloraient, les têtes se haussaient, par-dessus le sable et les décombres, A la recherche des rues étroites qui mènent à la mer.
<image>Titre (avec lien BBM) : La rivière de vie
Auteur : Ngugi Wa Thiong'o
Pays : Kenya ++nouveau pays sur la carte++
Points : 20
Total : 550
Avis (facultatif) :
J’ai dévoré ce livre en même pas deux jours. Ngugi Wa Thiong’o nous a quitté à l’âge de 87 ans le 28 mai 2025. C’est ainsi que j’ai sorti ce livre de ma pile à lire… et je n’ai pas pu le lâcher tout simplement. L’histoire se passe au Kenya où la colonisation a divisé une tribu en deux communautés : entre les partisans des rites ancestraux, et les partisans du christianisme. Et ils ne sont pas du genre à se tolérer et à vouloir se mélanger… ils se voient les uns comme des arriérés et les autres comme des traitres. L’intrigue à la Shakespeare m’a tenu en haleine, j’aurais voulu un tome 2. On suit Waiyaki, un jeune homme qui a bénéficié de l’enseignement des blancs avant de retourner dans sa tribu. J’ai trouvé ce personnage très attachant et j’ai pris plaisir à suivre son cheminement de vie et de pensée. Il tombe amoureux d’une jeune fille ayant la foi chrétienne, ce qui fait d’eux des sortes de Roméo et Juliette. L’auteur explore la colonisation dans tous ses aspects, l’ayant lui-même vécu. Il n’est pas manichéen, les deux clans étant patriarcaux, péremptoires, avec des personnages bons et mauvais, des vieux qui n’écoutent pas forcément les jeunes… On a souvent l’impression que le personnage de Waiyaki est en avance sur son temps, coincé entre deux mondes, vénérant l’éducation et souhaitant conserver l’identité kikuyu sans être réfractaire au changement. On a peur pour lui, l’intrigue se construisant comme une tragédie. Je ne vous dis pas si j’ai eu raison de flipper ou non. Je conseille si vous voulez lire un roman prenant, aimez les histoires d'amour impossibles (bien que ça ne soit pas une romance) et souhaitez réfléchir à la colonisation sans forcément lire un essai.
Mon seul « « bémol » » n’est pas vraiment lié au roman et n'en ai pas vraiment un, mais j’ai tiqué quand la circoncision et l’excision sont comparés comme s’il s’agissait de la même pratique (il a été écrit en 1965). Cette question est très importante pour la tribu qui veut maintenir ses traditions coûte que coûte. Mais ils ne voient pas cette question comme on peut la voir en 2025. De plus, les chrétiens et donc les colons réprouvent l’excision et la circoncision sans vraiment le justifier (c’est impur et basta) et ils ne le font pas par féminisme mais avec le côté moralisateur du colon/bon chrétien, sans respecter les identités locales. Par son intrigue, je trouve qu’on perçoit cette réflexion nuancée. Par ailleurs, les thèmes sont riches et on perçoit la nécessité d'avancer tout en s'extrayant de la vision du colon ce qui est assez complexe.
Avec le peu de connaissances qu'il avait, il élèverait la tribu, oui, il lui donnerait le savoir de l'homme blanc et ses moyens pour qu’à la fin la tribu soit assez forte, assez expérimenté pour chasser les colons et les missionnaires.
Quelqu’un ici avait conseillé son essai sur la décolonisation et ça sera donc ma prochaine lecture de l’auteur.
<image>Titre (avec lien BBM) : Organes invisibles
Auteur : Zaki Beydoun
Pays : Liban [4/4]
Points : 5+5
Total : 560
Avis (facultatif) : Organes invisibles, ce sont des nouvelles fantastiques que l’on peut qualifier de kafkaiennes… J’ai eu peur sur les 4 premières pages, ayant limite regretté mon achat. C’était très obscur à mes yeux et le rapport au corps masculin me gênait un peu, j’espérais que ça serait pas ça tout le long. Heureusement pour moi non (il fallait bien que le narrateur parle de son rapport au corps, j'avais peur que ça soit une obsession), il y a le rapport au corps mais aussi au monde, à la réalité... Et j’ai trouvé la suite vraiment géniale. Le narrateur se réveille et reçoit un appel du psy de sa femme. Cette dernière prétend qu’il ne la voit pas, qu’il la traite comme si elle était invisible, donc il accepte d’aller chez le psy où se trouvera sa femme. Je n’en dis pas plus, mais à partir de là, j’ai adoré toutes les nouvelles et je les ai trouvées très cohérentes. Je trouve même qu'il y a une intrigue et m'attendant à des nouvelles, j'ai vécu le ressenti inverse d'avec La petite Montagne : une agréable surprise quand j'ai vu que la dernière nouvelle nous offrait une chute pour l'intégralité des nouvelles, à mon sens. Qu’est-ce qu’exister ? Qu’est-ce que le réel ? L’auteur nous retourne le cerveau ! Et je l'ai trouvé drôle, malgré le sérieux des thèmes abordés.
Je suis maintenant certain que je dois la plus grande partie de ma vie intérieure, si ce n'est sa totalité, à une lecture inconsciente des pensées d'autrui. Mon rôle s'est réduit à les coordonner et à les coudre entre elles. Je comprends à présent pourquoi j'ai toujours agi envers moi-même comme si j'étais quelqu'un d'autre. Il est de plus en plus clair qu'il n'y a jamais eu, depuis le début, que les autres. Que ce que je pensais être moi n'était qu'un point d'intersection fictif dans l'espace des autres.
Ces nouvelles tiennent sur 76 pages. Ensuite il y a des nouvelles issues d'autres recueils je les ai trouvés plus inégales. Je suis contente de les avoir lues, mais j'aurais pu me contenter du cycle Organes invisibles. Si vous aimez vous faire des nœuds au cerveau, l'absurde et la philosophie, je vous le conseille !
<image>Titre (avec lien BBM) : Re :start
Auteur : Katia Lanero Zamora
Pays : Belgique
Points :20
Total :580
Avis (facultatif) : J’ai lu cette nouvelle aujourd'hui et elle ferait un bon épisode de black mirror. L’histoire se passe dans une sorte de village de remise en forme destiné à perdre du poids, version sectaire et bien toxique. Un jour, une des résidentes pète un câble et son amie, la personnage principale, va tenter de comprendre pourquoi. Les thèmes traités sont les injonctions faites aux corps des femmes et tout ce qui en découle comme les troubles alimentaires. La novella se dévore d’autant plus que l’autrice utilise les codes du thriller et nous offre une véritable enquête sur quelques pages. C'était très divertissant et en même temps glaçant.
TOTAL = 580 points + 1 nouveau pays sur la carte