Nouvelle histoire de la France, tome 17 : La France des Années folles
Jacques Marseille

En 1931, au moment où s'ouvre, dans le bois de Vincennes, l'Exposition coloniale, la France, sûre du franc qu'avait rétabli Poincaré, confiante dans les valeurs du travail et de l'épargne, donnait l'impression d'avoir surmonté les traumatismes de la Première Guerre mondiale, cette "héroïque boucherie" où le sang de près d'un million et demi de ses fils avait été versé. Douces à ceux qui avaient survécu au pire, les "Années folles" entretenaient l'illusion que la France avait retrouvé son rang de grande puissance, que le "Boche" paierait, que les bouleversements que vivait le reste du monde se heurteraient ici à la sagesse ancestrale des terroirs. Certes "la garçonne" et les bolcheviks scandalisaient les porteurs de rentes et les propriétaires. Mais à la ville comme à la campagne, la solidarité des tranchées maintenait encore pour un temps l'illusion de l'harmonie sociale.