Sigolene de Troclar
Maurice Chalier et Bénédicte Chalier2023

Sigolène avait passé une enfance heureuse sous l’œil bienveillant de son père Chramsicus, chef militaire de la ville d’Albi. Elle adorait la douceur de la résidence secondaire de sa famille à Troclar, sur les berges du Tarn. Mais à douze ans, convention de l’époque, elle doit se marier. Elle épouse un garçon de quinze ans, Gislulfus, union négociée dans l’intérêt des deux familles. Dix ans plus tard, elle perd son mari et reste seule à la tête du «mund», pactole offert traditionnellement par le prétendant aux épousailles. Elle souffrira encore de la mort de son amie, Frigonde, la sorcière qui lui a appris à connaitre les plantes médicinales et qui remplace pour elle, une mère absente. Alors commence pour la veuve un véritable calvaire. Harcelée par des prétendants pour se remarier, victime de tentative d’enlèvement par des aristocrates désargentés, elle choisira la protection de l’église. Elle construira sur les terres de Troclar, le premier monastère pour femme. Elle y partagera les pratiques rigoureuses d’hygiène corporelle reçue de son éducation franque. Sa connaissance des plantes et ses prières assidues sauveront ainsi des lépreux, des aveugles, des aliénés. Pour prier, un oratoire et une église en seront le cadre. Nous retrouvons aujourd'hui à Troclar les vestiges de cette activité. La famille de Chramsicus donnera à l'église trois de ses enfants. Sigolène abbesse, Sigivald évêque d'Albi et Gisload l'abbé. Le troisième frère Babo devient sous Dagobert duc d'Albi. Dans ce siècle très religieux, ces aristocrates francs en tireront un réel prestige.
Maurice Chalier signe ici, avec son épouse Bénédicte, son troisième roman historique. L’action se passe sous la dynastie mérovingienne dans la première moitié du VIIème siècle à Albi et à Lagrave autrefois appelée Troclar. Que faisait-donc Chramsicus et donc sa fille Sigolène à Albi? Le père, leude de Brunehaut, avait été envoyé de Metz à l'oppidum d'Albi pour diriger la garnison militaire, chargée de contrôler la frontière entre l'Aquitaine et la Septimanie voisine ( le Languedoc tenu par les Ostrogoths). Vous ferez connaissance de cette Brunehaut, souvent présentée comme la première reine de France, elle assurera la régence de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, pendant trente-huit années. D'origine wisigothe et arienne de religion, elle se convertira à la Sainte Trinité pour pouvoir épouser le roi Sigebert, garantissant ainsi une alliance entre les Wisigoths et les Francs . Vous vivrez dans ce roman sa fin de vie qui est un véritable cauchemar. Dans ce récit vous passerez par Bruniquel, château mythique, à la limite du Tarn et du Tarn et Garonne, au bord de la rivière Aveyron et voulu par régente elle-même ( Il s'agit du château où a été tourné le film "le vieux fusil" avec Philippe Noiret). Vous y retrouverez l'odieux roi de Neustrie, Clotaire II qui déteste la régente, et son fils, le célèbre roi Dagobert. Avec ses édits fondamentaux, Dagobert va recréer le cadastre. Il respecte, à ses débuts, le peuple qui l'accueille avec sa cour, optant pour un dédommagement financier des hôtes qui le reçoivent. Vous rencontrerez Frédégaire, auteur mystérieux de l'histoire, qui apportera par ses chroniques des renseignements sur la politique générale de ce siècle. Il complétera ainsi les "Vitae", écrites par les moines hagiographes, chargées de transmettre à Rome le bilan des miracles pour les candidats à la sainteté.
. Les auteurs font d’une future sainte, une femme de caractère, éduquée, parlant latin, capable de se battre les armes à la main et de pratiquer les travaux ordinaires du quotidien. À l'image de toutes les femmes franques elle accompagne les missions militaires dangereuses. Aristocrate, elle débattra avec Frédégaire de la qualité de son latin. Exempte de toute prétention, elle descend dans les cuisines pour aider à réaliser une recette d'Apicius
Pourquoi la choisir? Parce que sa vie est un roman réellement passionnant.