[Suivi Lectures] Aealo

Parfois la seconde chance, ça paie

Je n'ai jamais pu résister à la tentation d'aller voir les choses qui n'existent pas.

<image> La saga du Sorceleur m’a toujours attiré : tout d’abord visuellement avec les jeux vidéos (auxquels je n’ai pas joué n’étant pas un gamer) et pendant longtemps, j’ai cru que les livres étaient tirés du jeu (ce qui ne donne pas souvent de bons livres…) et ensuite avec les livres, quand j’ai compris que c’était l’inverse. :goutte: Mais ignorant tout du jeu, j’avais peur de ne rien comprendre à l’univers. Un pote m’a prêté Sorceleur, tome 1 : Le dernier voeu de Andrzej Sapkowski il y a quelques années et ça ne s’est pas bien passé… J'en étais sorti un peu amer et surtout très très mitigé. Je n’ai pas aimé ce format ‘’nouvelles’’ décousues là où je m’attendais à une vraie grande histoire. Depuis cette première lecture, j'ai fini par me dire que j'étais peut-être passé à côté de quelque chose. On ne sait jamais. Et puis est arrivé ce BC et je me suis dit allez pourquoi pas, alors quit à la retenter autant la retenter à plusieurs…

Voici l’ordre de mission :
Geralt de Riv est un personnage étrange, une bizarrerie de la nature, un mutant qui, grâce à la magie et à un long entraînement, mais aussi grâce à un mystérieux élixir, est devenu un meurtrier parfait. Ses cheveux blancs, ses yeux nyctalopes et son manteau noir effrayent et fascinent. Il parcourt des contrées pittoresques en gagnant sa vie comme chasseur de monstres. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipulateurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur. Car Geralt est plus qu’un guerrier ou un mage. C’est un Sorceleur. Il est unique.

Au cours de ses aventures, il rencontrera une autoritaire mais généreuse prêtresse, un troubadour paillard au grand cœur, et une magicienne capricieuse aux charmes vénéneux. Amis d’un jour, amours d'une nuit.
Mais au bout de sa quête, peut-être pourra-t-il prononcer son dernier vœu : retrouver son humanité perdue…

Et mine de rien, cette seconde lecture s'est révélée plus porteuse que la première…

Haut la main, l’élément qui m’a plus conquis, c’est son univers! J'ai pris conscience cette fois de toute sa dimension, de tout son potentiel! Je comprends que celui-ci ait été développé côté jeu vidéo car il a tout pour! Le côté obscur de celui-ci est un régal ! Cette impression que traverser les forêts semble être presque un suicide tant il existe un nombre énorme de créatures habitant les ténèbres !
D’ailleurs cette ambiance colle à la peau de l'univers et est, elle aussi, une des plus grandes forces de ce livre.
Du coup, un univers complexe composé d'un bestiaire sombre et à haut potentiel dans une ambiance oppressante : quel plaisir!
Franchement je ne saurais pas me lasser de complimenter ce côté du livre! Sur ce plan-là, je n'ai qu'une envie c'est d'en voir plus, d'en connaître plus, d'en comprendre plus! Du coup, c’est sans doute l’argument principal qui me poussera à la lecture de la suite des tomes.

Les gens aiment bien inventer des monstres et des monstruosités. Ça leur donne l'impression d'être moins monstrueux eux-mêmes. Quand ils boivent comme des trous, qu'ils escroquent les gens, les volent, qu'ils cognent leurs femmes à coups de rênes, laissent crever de faim la vieille grand-mère, qu'ils assènent un coup de hache à un renard pris dans un panneau ou criblent de flèches la dernière licorne qui subsiste sur terre, ils aiment se dire que la Moire qui entre dans les chaumières au point du jour est plus monstrueuse qu'eux. Alors ils se sentent le cœur plus léger. Et ils ont moins de mal à vivre.

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Toujours à propos de l’univers, on trouve dans ce tome 2 nouvelles comportant une idée périlleuse mais rondement menée : des "ré-écritures" de contes !
J'ai franchement adoré l'idée de "réécrire" des contes ou en tout cas de les reprendre et de les remettre au goût et aux couleurs de l'univers de Sorceleur.
Car en effet, Andrzej Sapkowski réussit haut la main cet exercice difficile en revisitant La Belle et la bête et Blanche-neige à sa sauce. Du coup, on échappe aux parodies maladroites qu’on croise trop souvent. A l’inverse, Andrzej Sapkowski en a extrait le jus mais recolore l’ensemble à sa façon ! Ce que je trouve être un tour de force personnellement.
Rien que de penser aux versions Disney tellement paradoxales par rapport à celles présentes dans ce tome, ça m'a fait presque rire (même si ce n'est pas l’ambiance du livre nous sommes d'accord)! Mais la façon qu'a eu Andrzej Sapkowski de les reprendre, j'ai trouvé ça tout simplement génial (et pas qu'au sens familier du terme).

La vertu, par les temps qui courent, est plus rare qu'un dragon de roche.

Mais la relecture a beau être une réussite, à sa façon, elle n’en reste pas moins emplie d’un certain nombre d’éléments qui m’ont laissé plus mitigé…
A commencer par les personnages… Avec lesquels, il faut le dire, j'ai globalement eu un peu plus de mal...
Déjà au sens général, qui dit recueil de nouvelles (mais je reviendrai sur ce point) dit souvent "manège" au niveau des personnages... Et ça ne rate pas car s'il faut parler de "personnages sur la longueur du livre", il n’y en a que 3 (Geralt, Jaskier et Nenneke) et encore…
Si je m'arrête déjà à eux et bien, je n'ai rien contre eux mais ce ne sont pas des personnages auxquels je n'ai pu n'y m'attacher vraiment, ni m’identifier (peut-être vaut-il mieux de ce côté-là :D). Rien qu’en prenant Geralt, personnage principal, à la fin de ce tome je n'ai pas l'impression de le connaître beaucoup plus qu'au début. Oui il a son code, oui il est solitaire, oui il agit pour un mieux, oui il n'aime pas ce qu'il est, oui oui oui mais l'ensemble reste relativement flou malgré tout je trouve. Alors oui je sais que ça donne un côté "mystique/mystérieux" au personnage mais si on reste trop loin d'une image et il est difficile d'en apprécier les traits... Et dans ce cas, je n'ai rien contre le personnage de Geralt mais c'est trop peu...
Pour Jaskier c'est déjà plus tendu... Il sent à plein nez le personnage présent pour "mettre l’ambiance" et "faire sourire"... En somme, ça donne un binôme qui a déjà été vu peu trop pour moi : celui du héros taiseux/froid/renfermé et de l'accompagnant pseudo-encombrant/maladroit/bavard... Je ne suis déjà pas toujours fan de ce genre de personnage mais je trouve que le personnage de Jaskier force encore le trait... Du coup, j'ai du mal car j'appréciais Geralt seul en début de livre. Mais surtout je trouve que Jaskier n'apporte pas souvent grand chose dans ses interventions orales ou physiques et tout ce qu'il mérite la plupart du temps ce sont des claques. Bref Jaskier, à part me faire sourire 3 ou 4 fois, je m'en serais bien passé...
Pour Nenneke, je ne saurais même pas dire grand chose, c'est un peu une aide et une "confidente" pour Geralt même si on ne peut pas nier un côté même un peu maternel dans leur relation. A part ça et bien c'est tout. Elle en est presque au même niveau que ces personnages qu'on ne voit que le temps d'une nouvelle et puis au revoir.
Pour les personnages de "nouvelles" c'est très compliqué d'en parler... Donc je ne m’étendrai pas dessus histoire de pas divulgâcher.
Au final, un attachement globale aux personnages qui n'est pas top donc, il manque un approfondissement. Du coup, je comprends les gens qui n'accrochent pas à ce tome et ne vont pas plus loin. Je trouve même qu'il serait difficile de recommander ce livre, car ce ne seront pas les personnages qui vous donneront envie de les suivre dans leurs aventures ou à peine (mais est-ce suffisant pour tout le monde, je doute!). La faute, en partie, au format "nouvelles".

- J'ai le sentiment que la mort qui me menace ne te bouleverse pas trop.
- Stregobor! dit Gerald. Ainsi va la vie. On voit toutes sortes de choses quand on voyage. Des paysans qui s'entre-tuent pour une borne au milieu d'un champ, que les escouades de deux régiments fouleront le lendemain pour massacrer les uns et les autres. Le long des routes, des pendus se balancent aux arbres ; dans les forêts, des bandits coupent la gorge des marchands. Dans les villes, on trébuche à chaque pas sur des cadavres abandonnés dans les caniveaux. Dans les châteaux, on se transperce à coup de poignard, et lors des banquets, c'est sans arrêt que l'on voit l'un ou l'autre convive rouler sous la table, empoisonné. Je m'y suis habitué. Alors pourquoi une mort qui menace quelqu'un devrait-elle me bouleverser, de surcroît, quand il s'agit de toi?

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Car en effet, pour moi, le principal problème qui relie ensemble une bonne part de tous les autres, c'est le format... Certes, ce format "nouvelles" permet de visiter rapidement plusieurs facettes, légendes et histoires de l'univers mais il montre très vite ses limites...
En effet, comment développer un (anti)héros de manière complète et solide si on opère par morceaux. Certes ce n'est pas impossible mais c'est plus compliqué... La preuve avec Gerlat comme je l'expliquais plus haut. Il en va de même pour ses relations avec les autres personnages. Le temps d'une nouvelle, certains personnages passent très bien car l'auteur a mis le paquet pour ceux-ci mais à la fin du livre, on ne sait toujours pas grand-chose du personnage principal. Le problème du "zapping" des histoires.
J'ai d'ailleurs eu énormément de mal à rentrer dans cette lecture car le début étant tellement flou qu'on ne sait pas, on ne comprend pas où on met les pieds. Le problème n'est pas de prendre par la main, c'est juste qu'on ne dit tellement rien ou presque à propos des repères (Geralt, ses relations, cartes…) qu'on met un temps de dingue à se repérer ne serait-ce qu'un peu. Et lorsque ce flou s'éternise, ça n'aide pas... Quand après 100 pages je n'avais pas d'idées beaucoup plus claires (jamais très nettes en tout cas) sur où on était et avec qui, ça ne peut qu'handicaper l'appréciation du livre.
Du coup, ne pas savoir où on était durant la première histoire, puis se retrouver ailleurs au repos avec d'autres personnes sans comprendre le lien ni comment on est arrivé là, ce n'est pas simple. Puis replonger encore ailleurs sans savoir où et comment alors qu'on était dans un temple, ce n'est pas terrible comme sensation...
Puis une fois fini, il est temps d'aller "s'ennuyer" dans le calme (du temple) paradoxal par rapport à la plupart des histoires. Là encore ce rythme de intensivité-platitude ne m'a pas aidé en début de lecture.
Ça donne un peu près une idée du "rythme" du livre que j'ai trouvé plutôt chaotique.

Heureusement les miettes de repères laissées ont fini par m'aider et j’ai pu commencer à profiter enfin un peu de la lecture (mais tardivement hélas...). Car ce n’est que lorsque j’ai pris mes repère dans ‘’l'histoire’’ que j’ai enfin commencé à profiter complètement de celle-ci de son ambiance!

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J'ai presque envie de dire vivement le tome 3 pour avoir une "vraie histoire qui tienne tout un livre". Mais je pense que le tome 1 est passé, la plongée dans le tome 2 sera beaucoup plus facile ! Plus de table rase au démarrage, ce ne sera que du bonus par rapport au tome 1. ^^

Bon je pense que vous aurez compris que je sors de cette lecture "positivement mitigé". (Amis des phrases pas françaises bonjour ! :angel:)
C'est-à-dire que je vois les défauts et avec certains j'ai même du mal puisqu'ils m'ont plombés une partie de ma lecture. Mais personnellement un univers obscur comme celui-là m'attire énormément (ça vous étonne? :angel:) et j'ai envie d'en découvrir plus à son propos (de son bestiaire, du traitement pour devenir Sorceleur...). Et puis, sur la fin ce livre m'accroche de plus en plus ! Je suis du coup assez curieux de la suite malgré tout en fait. J'y vais donc curieux certes mais aussi avec l'espoir de ne pas être déçu... :goutte: