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#1851 31 Juillet 2022 20:31:41
✉ Le courrier ✉
@LebazardElora : Si je parviens à le placer un moment, je voudrais bien parvenir à lire Quand vient la horde cette année. D'autant que @iamthelandscape me l'a proposé dans notre LDPA.
Disons que le problème que j'ai eu avec la saga du Bourbon Kid, c'est que ce côté "n'importe quoi" n'était justement que du "n'importe quoi". Dans ces cas-là j'ai un peu l'impression d'être pris pour une bille. Or, quand je vois des livres comme La maison des feuilles qui parviennent à donner une sensation de chaos incroyable mais dans laquelle on comprend que tout a été réfléchi, le simple "n'importe quoi pour faire du n'importe quoi", personnellement je ne saurais plus...
Mais je comprends que ce soit un bon divertissement quand on veut déconnecter mais j'en attendais autre chose... :chaispas:
Tu as déjà lu d'autres de Claire Berest? J'ai sauté sur Artifices après avoir découvert sa plume mais je ne l'ai pas encore lu.Dans la tête d’une obsession...
Quand mon mari me rejoint enfin, je referme mon livre. Systématiquement, quand mon mari entre dans la pièce, je pose mon roman, je coupe la radio, je lâche ma copie, j'éteins la télévision. Par réflexe, je m'arrête. Je me mets à sa disposition.
Alors ça ne m’arrive pas souvent mais lorsque je suis tombé sur ce livre en librairie je n’en avais absolument jamais entendu parler, absolument nulle part. C’est donc rempli de curiosité que je suis sorti de ma librairie Mon mari de Maud Ventura sous le bras.
Et à peine quelques semaines plus tard, plus moyen de penser ou regarder livre sans voir passer celui-ci à tout bout de champ ! O_o
Je ne l’ai lu qu’un peu plus tard, le temps de laisser retomber un tout petit peu la vague (et encore... XD)
Alors voici ce quatrième de couverture qui m’avait intrigué lorsque je l’ai lu :
C'est une femme toujours amoureuse de son mari après quinze ans de vie commune. Ils forment un parfait couple de quadragénaires : deux enfants, une grande maison, la réussite sociale. Mais sous cet apparent bonheur conjugal, elle nourrit une passion exclusive à son égard. Cette beauté froide est le feu sous la glace. Lui semble se satisfaire d'une relation apaisée: ses baisers sont rapides, et le corps nu de sa femme ne l'émeu guère. Pour se prouver qu'il ne l'aime plus - ou pas assez - cette épouse se met à épier chaque geste de son mari comme autant de signes de désamour. Du Lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses " fautes ", les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre, elle le trompe pour le tester. Face aux autres femmes qui lui semblent toujours plus belles, il lui faut être la plus soignée, la plus parfaite, la plus désirable.
Ce qui m’avait plu c’est que le contexte que'on semblait dresser là me paraissait complètement louche... Pour ne pas dire loufoque à première vue...
Je voyais déjà le côté « petite maison parfaite avec jardin » dans une banlieue résidentielle à l’américain tirée d'une pub des années 50, la vie parfaite qui sent bon la superficialité et le plastique...
La « perfection » tellement « parfaite » qu’elle en sonne absurde...Dans ma vie, le mauvais goût est toujours resté un péril constant, car j'ai vite compris que l'argent de mon mari ne m'achèterait ni l'élégance ni les bonnes manières.
Je n’étais pas si loin que ça...
En effet, on semble avoir mis les pieds dans le cliché du « foyer parfait » d’un autre temps... Avec les clichés de la « perfection » de cette époque : pavillon avec jardin, la belle voiture, la petite famille, les enfants et surtout la « petite femme » qui gère tout comme il faut car elle est amoureuse de son mari évidemment.
C’est justement cette fameuse « petite femme amoureuse de son mari » qui nous raconte tout à la première personne. Nous apprenons très vite tous les détails de sa vie. Nous allons la suivre tout au long de la semaine et ainsi découvrir comment elle vit et voit sa vie, son mari, sa famille, son mari, son boulot, son mari, ses activités, son mari...
Elle nous raconte surtout à quel point elle n’a qu’un seul but dans la vie : être parfaite et satisfaire son mari.Depuis l'adolescence, je répète le même schéma : j'aime tellement fort que je me consume dans mon propre amour (en analyses, en jalousie, en doutes) - si bien que lorsque je suis amoureuse, je finis toujours par être un peu éteinte. Quand j'aime, je deviens sévère, triste, intolérante. J'installe une ombre de gravité sur mes amours. J'aime et je veux être aimée avec tellement de sérieux que cet amour devient vite épuisant (pour moi, pour l'autre). Bref, j'ai l'amour malheureux.
Il faut dire ce qui est, au début je trouvais ça tellement cliché et exagéré que s’en était drôle et presque « attendrissant » en un sens.
Puis rien ne bouge dans cette « vision » qu’elle a dans son mari. Rien ne change dans les choses qu’elle fait, ni leur comment, ni leur pourquoi.
On commence à comprendre que ce qu’on percevait comme « cliché » est réellement « obsessionnel » finalement, et on commencerait à utiliser le terme « abusif ». Du coup, ce côté « amusant » migre doucement vers le « mais ce n’est pas normal ».
Nous continuons alors de découvrir toujours son quotidien ainsi que les idées et les motivations réelles qui vont avec. De plus en plus, on perçoit la place que son mari occupe dans sa tête, toutes les choses qu’elle fait pour lui de manière direct et surtout indirecte, toutes les pressions qu’elle vit à tous point de vue, toutes les manipulations qu’elle met en place, toutes les machinations pour toujours tenter d’être parfaites. Pourtant ce n’est même pas comme si c’était efficace : son mari semble ne réagir que peu voire pas du tout, de même qu’il semble de rien voir des efforts surhumains de sa femme.
C’est ainsi que l’ambiance et le ton qui n’ont toujours pas changé dans le texte, deviennent carrément source de gros malaise pour le/la lecteur/rice... Malaise qui à son tour ne va cesser de grandir... Il est allé jusqu’à me faire dresser les hypothèses les plus folles pour tenter d’expliquer le pourquoi de cette « obsession » pour son mari.Mes écouteurs sur les oreilles, je réécoute notre conversation de ce matin. Je l’ai enregistrée avec mon téléphone portable posé sur la table du petit-déjeuner (à quoi sert la fonction dictaphone, sinon à cela ? Je suis sûre que tout le monde le fait). Le bruit des cuillers et des bols des enfants m’empêche de tout entendre. Heureusement qu’ils chuchotent à table, ou bon nombre de mes enregistrements seraient totalement inaudibles.
Je guette les réponses évasives de mon mari, me concentre sur les choix de ses mots quand il m’annonce qu’il aimerait retourner à la piscine après le travail et qu’il a un dîner ensuite.A la fois drôle et malaisant, un fragile équilibre d’humour grinçant mais qui est maintenu jusqu’au bout je trouve.
Si cet équilibre vous fait peur sur les 350 pages que fait ce livre, dites-vous que vous ne verrez pas passer les pages. La plume est d’une fluidité saisissante qui additionnée au côté « incroyable » de ce personnage, de son obsession et de ce qu’elle fait pour son mari, donne un véritable page-turner. On lit 30-50 pages sans les avoir vu ou presque.Voici donc un livre intelligent par sa démarche et les questions qu’il amène (et pas forcément celles qu'on croit).
En effet, je trouve la démarche de Maud Ventura à la fois élégante et subtile car en poussant dans les extrêmes certains curseurs des composants du couple et de la relation à la fois intime et publique au sein de celui-ci (au point de pouvoir paraître clichés au début), elle amène le malaise.
Pourtant ce malaise n’est pas anodin, il permet au lectorat de prendre conscience de son propre malaise et laisse le loisir à celui-ci de se poser la question de « ce qui cloche », du « pourquoi ça le met mal à l’aise ». N’est-ce pas là une belle méthode pour laisser le lectorat s’interroger lui-même ?Je sais que c’est idiot, mais plus mon mari fait des courses importantes, plus j’ai l’impression qu’il m’aime. C’est comme s’il investissait dans notre couple. Comme le primeur qui pèse les petits sachets en papier, je peux quantifier son amour chaque dimanche à son retour du marché grâce au montant du ticket de caisse abandonné au fond du cabas.
Mais parmi le panel de thématiques et d’interprétations, il est possible que certaines personnes puissent n’interpréter le livre que par un seul des prismes ou ne voir qu’une ou deux thématiques seulement (ça ne veut pas que rien ne m'a échappé non plus). Ce serait dommage mais laisser le lectorat s’interroger lui-même sur les sujets qui le concerne (la condition de la femme, la dépendance affective, la pression sociétale, le désir, les classes sociales, la manipulation affective, l’amour et de la passion idéalisés...) c’est le risque dans ce cas-là.
Car il faut le dire, Maud Ventura laisse le lectorat à ses réflexions à nouveau, ce qui pour moi, fait l’intelligence de la démarche.
Une réflexion pertinente par une dénonciation subtile.
* Une autre lecture ? Misery de Stephen King - Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ce n'est absolument pas le même genre, ni la même thématique mais si je pense obsession, ambiance glauque et relation à deux, c'est ce livre qui me vient de suite.Dernière modification par Aealo (31 Juillet 2022 23:51:39)
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#1852 15 Août 2022 21:03:34
Hello :)
Alors pour commencer : non je ne suis pas responsable de ton achat de Scurry :lol: Enfin peut-être un petit peu !
J'ai aussi acheté puis les trois premiers tomes de la saga (trois tomes qui se suffisent à eux-mêmes, d'autres "saisons" viendront). Les dessins sont toujours aussi beau et l'histoire toujours aussi chouette.
Je n'ai pas lu Blackwater, j'avoue que j'attends que la hype redescende.
Pas mal ton bilan Mid-Year Book Freak Out ! J'avoue que je n'en ai pas fait, même si je me suis fait une liste "d'ambitions livresques" d'ici le 31 décembre (et depuis que j'ai fait cette liste j'ai déjà lu 2 livres dans le lot, c'est pas mal). ET je crois déjà connaître ma résolution pour 2023 :angel:
Sinon concernant mon mari j'ai deux questions :Spoiler (Cliquez pour afficher)
qu'as-tu pensé de la fin ET quelles étaient tes hypothèses pour expliquer ton attitude ?
Mon avis rejoint le tien à 100 % et je dirais même que ce livre m'a... obsédée !
À bientôt -
#1853 18 Août 2022 18:13:38
Je te réponds très bientôt
<image>
En Bref...
<image>>> Tout au milieu du monde de Julien Bétan, Mathieu Rivero et Melchior AscarideAprès la lecture de Eurydice déchaînée, je ne voulais pas trainer avant de lire un autre ouvrage de Melchior Ascaride ! Or, dans ma précipitation, il n’est ici « que » illustrateur.
Et bon sang ! On sent la différence !
Le visuel est une fois de plus très riche, très agréable et très prenant ! Mais c’est tout...
Au final, on a bien le voyage de quête. Par contre, le mystique se veut être là notamment par le vocabulaire « primitif » et « imagé » utilisé. Mais à cause de celui-ci, je me suis retrouvé en train de relire des paragraphes car je ne comprenais pas ce qu’ils racontaient... Et leur (re)relecture ne m’éclairaient pas plus la plupart du temps... :goutte:
Par contre, l’attachement aux personnages a du rester accroché dans un arbre car je le l’ai pas trouvé...
Au final, ce n’est pas clair, ça en devient laborieux et c’est décevant. Face à un tel potentiel de départ, c’est dommage...
>> Charlie de Stephen King
<image>J’essaie de lire un Stephen King chaque année, et vu que j’avais zappé ça l’an passé, je tenais à en lire au moins un cette année. Puisque sortait l’adaptation de celui-ci au cinéma, je me suis dit pourquoi pas ?
Autant le dire de suite, on est loin des meilleurs King selon moi. Ça ne fait pas de Charlie un mauvais King, c’est même un bon King.
Une fois encore il taille ici de supers personnages toute en complexité et en profondeur avec des relations qui nous touchent, notamment celle entre Charlie et son père qui est encore une fois très forte. Et puis ce livre possède aussi un des grands points forts de King, un très bon méchant ! Comme toujours, on accroche à certains personnages, on en déteste d'autres mais on les comprend, eux et leurs motivations !
Mais ce livre possède plusieurs défauts qui le plombent quelque peu : il est un peu daté, ce qui ne l’aide certainement pas mais surtout, il est bien trop long pour ce qu’il nous raconte ! Certes, je comprends que King ait voulu nous faire sentir la situation glisser sans cesse vers l’irrémédiable fin que le lectorat ne pourra que voir venir, mais le rythme prend trop son temps. Au point même que beaucoup de longueurs semblent inutiles.
<image>
>> Nuits silencieuses de Till LindemannJe n’étais pas au courant de cette sortie. Grande découverte qui m’enchanta lorsque je suis tombé dessus en librairie.
Vous l’aurez compris : je suis grand amateur de Rammstein et la perspective de lire de la poésie venant du chanteur du groupe piquait ardemment ma curiosité.
Mais cette avidité de bizarrerie s’est vue tellement vite remise à sa place que j’en ai été refroidi presque aussi sec. En effet, même si on y retrouve des thèmes et des genres par moments similaires à ceux de Rammstein, je ne suis jamais parvenu à rentrer dans cette lecture. Ce n’était pas qu’une question de compréhension, mais de sensibilité aussi. De bien nombreuses fois, je me suis senti « en dehors » de ces thèmes, de cette lecture même de manière générale.
Très inégal, beaucoup de poèmes soit me sont restés occultes, soit m’ont laissé de marbre...
Das ist pech !
>> Ce sport qui rend fou de Gilles Simon<image>Lecture absolument pas prévue au programme à la base... Certes j’ai fait du tennis dans une autre vie, mais il est indéniable que le sport n'est absolument pas mon registre. Surtout en lecture ! J’ai commencé cette lecture chez une connaissance qui venait de le finir. Et si j’ai dit oui malgré ce décalage avec mes lectures « habituelles », c’est que ce livre m’a presque de suite happé. ^^
Je ne connaissais pour ainsi dire pas Gilles Simon et encore moins sa réputation mais avoir le point de vue d’un joueur du circuit qui prend l’écrit pour parler de l'intérieur ce celui-ci, ça ne pouvait qu'être intéressant! Bon, il faut reconnaître qu'il est fort question du tennis français et de son circuit mais pas que. Il aborde aussi l’international et surtout les Grands Chelems.
Une voix venant de l’intérieur était une perspective qui m'a de suite plu! D'autant plus que dans l’ensemble les analyses qu’il fait sont très intéressantes et paraissent pertinentes (de l’extérieur) : les pourquoi des échecs des Français, le système de « copie de ce qui marche chez les autres », les différences de considérations, la différence entre « dans le moule » et « hors sentier », l’image problématique donnée par certains joueurs...
Malgré qu’on sente une once d'amertume, cette lecture s’est faite toute seule (style très oral), alors que ce n’est pas mon « univers ». Franchement intéressant.
>> Une immense sensation de calme de Laurine Roux<image>Bon sang ! J’avais tellement espoir avec ce livre ! Je l’avais mis dans la liste des 60 livres à lire cette année ! C’est dire s’il me faisait envie !
On était bien dans cette ambiance froide, glaciale, cette impression d’être plongé au cœur même des forêts russes et de leur légendes !
Et puis ce fut tout...
Après ça, ce ne fut plus que la sensation d’être coincé dans un film d’art et essai en noir et blanc sur la solitude et l’isolement du fin fond des froides contrées russes. Ce n’est même pas que c’est contemplatif car on ne s’arrête pas tant que ça sur les paysages... C’est simplement qu’il ne se passe pas grand-chose (pour ne pas dire presque rien) mais surtout à un rythme d’une lenteur proche de l’hibernation... Sur un livre de 120 pages, ça fait un choc quand même !
De plus, l'écriture est appréciable mais elle m'a semblé très froide (le cadre l'est déjà assez pas besoin d'en ajouter). Or, avec un tel cadre, une telle écriture, ça aurait pu marcher mais les personnages étant également d’un comportement glacial et taiseux, ce n’est pas ça non plus qui est parvenu à me faire accrocher aux personnages non plus.
Alors ça a sans doute un charme pour certaines personnes (vu la note qu’il a !) mais avec moi, ça n'a pas pris avec moi. Ou alors je suis passé à côté de quelque chose...
Au final, une ambiance glaciale jusqu’à l’ongle, pour une histoire pas mal mais extrêmement lente et dont je me souciais peu. -
#1854 23 Août 2022 14:20:15
:cachecache:
J'suis beaucoup trop à la bourre ici. :'S
Et à chaque fois, je fais l'erreur de terminer avec ton suivi alors que c'est généralement celui pour lequel j'ai le plus à rattraper ! XD
Pourtant tu m'avais prévenue...C'est pas faux... D'autant que les prochains ne devraient plus tarder...
... mais je n'ai pas su écouter. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. :DT'aurait-on déjà fait sortir de force de libraire ou de bibliothèque pour comportement inapproprié?
Je fais ça discrètement. XD
Bon du coup, les avis, je les ai quand même lus au fur et à mesure.
J'ai failli prendre Walden mais je ne pense que ce soit une lecture que j'apprécierai. Je l'ai feuilleté et j'avoue que je n'ai pas su dépasser l'aspect "rébarbatif" du texte.
Je suis certaine que ce soit être très intéressant mais oui, il me fait un peu peur en fait.
On en avait déjà parlé mais j'aime beaucoup ce bilan de mi-parcours.
Mais ça a du être compliqué de faire des choix ! :'S
J'approuve celui de La Maison des Feuilles. :cool:3| Une nouvelle sortie de cette année que tu n’as pas lu, mais que tu veux lire
Je n'ai pas acheté tant de livre de 2022... Mais parmi ceux-ci, ceux qui me font le plus envie (parce que je ne saurais choisir) ce sont Quand vient la horde de Aurélie Luong, de la fantasy en Corée médiévale rien que ça, et Le Tombeau Scellé, tome 1 : Gideon la Neuvième de Tamsyn Muir, Fantasy-SF avec de la nécromancie rien que ça aussi!
Déjà, tu fais bien de préciser : tant de livre de 2022. XD
Et tu m'a rappelé que j'avais également envie de lire Quand vient la horde, il est dans ma WL mais je l'avais zappé.
Pour L'été où tout a fondu, on en reparlera vite ! :angel:
Idem pour Les Maitres Enlumineurs !
Et je n'en peux plus d'attendre le jour merveilleux où tu liras Notre-Dame des Loups. XD
Pour Mon Mari,A la fois drôle et malaisant, un fragile équilibre d’humour grinçant mais qui est maintenu jusqu’au bout je trouve.
Je suis bien d'accord. Je n'ai pas été "happée" comme la plupart des lecteurs ici mais maintenir cette ambiance comme ça est une belle prouesse.
Concernant Tout au milieu du monde, il ne me tentait pas plus que ça et je vais passer mon chemin...
C'est dommage parce que je l'aurais bien pris juste pour les illustrations. Mais j'ai bon espoir que Melchior Ascaride nous ponde un nouveau récit. :D
Charlie, je le lirai certainement un jour, ça fait d'ailleurs un sacré bout de temps que je n'ai pas lu de King.
Mais je vais peut-être commencer par ceux que j'ai dans ma PAL. XD
Je vais également passer mon chemin pour le recueil de Lindemann. :sifflote:
Je te souhaite de belles lectures, à très vite ! =) -
#1855 16 Septembre 2022 14:25:36
Je vous réponds très viteCertains livres sont des épreuves
Il est impossible de se souvenir de l'obscurité. Voila pourquoi les spéléologues désirent retourner dans ces profondeurs invisibles d'où ils reviennent à peine. C'est une accoutumance. Personnes n'est jamais satisfait. L'obscurité ne satisfait jamais. Surtout si elle emporte avec elle quelque chose, ce qu'elle fait presque à chaque fois.
<image>Il existe des lecteurs/rices soit curieux/ses, soit amateurs/rices de bizarreries littéraires. Si vous êtes d’une de ces 2 catégories, il est plus que probable que vous ayez déjà creusé des sujets tels que les listes de livres « étranges/mystérieux » ou encore les tops des livres possédant « une réputation bizarre ». Dans ce cas, vous aurez sans doute retrouvé La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski dans toutes ces listes.
Comme vous l'aurez compris c'est ainsi que j'en ai entendu parler. Mais venons-en au quatrième de couverture :
"Je fais encore des cauchemars. D'ailleurs, j'en fais si souvent que je devrais y être habitué dePuis le temps. Ce n'est pas le cas. Personne ne s'habitue vraiment aux cauchemArs."
Ainsi parle Johnny Errand au Seuil de cette Maison des feuilles, et de poursuivre sa mise en garde :
"Ca ne se prodUit pas immédiatement, mais sans prévenir vous vous apercevrez que les choses ne sont pasTelles que vous pensiez qu'elles étaIent."
Livre subversif,Livre défendu, le lecteur est prévenu... et bien entendu tenté. Dans
son introduction,
Johnny Explique comment il a trouvé un mysté
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u
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J’ai l’habitude lire les quatrièmes de couverture au moment de la découverte du livre, ne serait-ce que pour savoir si ça me tente ou non, puis je ne les relis plus jamais à partir du moment où je les ai achetés pour me laisser le maximum de surprises. Mais ce livre est le seul livre pour lequel je n’ai jamais lu la moindre ligne de résumé avant de le lire. Ayant juste connaissance de sa réputation de livre inclassable et de son aura de bizarrerie, ça me suffisait amplement pour vouloir au moins en tenter la lecture et dans ce cas, je préférais ne savoir absolument rien du fond de son contenu.
Alors j’ai conscience qu’à ce point de la chronique, soit vous connaissez ce livre et vous en connaissez du coup la réputation, soit vous n’avez absolument jamais entendu parler de ce livre et vous ne savez pas de quoi il est question ici. J’y viens.Cela s'applique non seulement à la maison mais au film lui-même. Dès le début du Navidson Record, nous sommes entraînés dans un labyrinthe, et errons d'une cellule en celluloïde à l'autre, nous efforçant d'apercevoir le plan suivant dans l'espoir de trouver une solution, un centre, un sens global, pour ne découvrir qu'une autre séquence, menant dans une direction complètement différente, un discours qui ne cesse de se déboîter et de nous faire miroiter l'éventualité d'une découverte tout en se dissolvant en chemin dans des ambiguïtés chaotiques trop brouillés pour qu'on puisse jamais les embrasser complètement.
Il faut savoir que la première édition française de La Maison des Feuilles date de 2002. Or, 20 ans plus tard, nous n’en sommes qu’à 3 éditions (la 3ème est toute fraîche de ce mois d'août) de ce livre, ce qui n’est pas énorme me semble-t-il. Pourquoi de tels délais se demandent ceux qui n’en ont jamais entendu parler ?
Parce que La Maison des Feuilles est un des livres, si pas LE livres le plus WTF que vous puissiez trouver ! En tout cas, c’est le livre le plus WTF que j’ai jamais lu !
Et je suis content de l’avoir lu en LC avec @Melody Pond et @Catysprint, car pour moi ça a rendu l’expérience de lecture encore plus surprenante !
Mais venons-en aux faits : une des particularités de ce livre et qui fait une bonne part de sa notoriété, c’est la forme de son texte. Selon les pages, vous pourriez vous retrouvez à devoir retourner le livre pour parvenir à lire certains passages, à lire le texte qui « contourne » des notes annexes, des notes annexes qui s’étendent sur plusieurs pages en prenant ainsi la place d’une autre partie du texte, de lire un texte prenant la « forme de ce qu’il vous raconte », de n’avoir que quelques mots sur un page presque vide, de lire un texte que s’étend littéralement sur 2 pages, de lire une annexe qui vous donner l’impression de lire un « puit » au travers de plusieurs pages... Et encore bien d’autres jongleries du genre. Tout ça dans un seul et même livre !Ceux qui explorent le labyrinthe, et dont le champ de vision est profondément restreint et fragmenté, sont désorientés, tandis que ceux qui contemplent le labyrinthe dans son ensemble, que ce soit en le surplombant ou en l'étudiant sur un plan, sont émerveillés par sa complexité. Ce qu'on voit dépend de l'endroit où on se trouve, ce qui fait que, dans le même temps, les labyrinthes sont simples (il n'existe qu'une seule structure physique) et doubles : ils incorporent simultanément l'ordre et le désordre, la clarté et la confusion, l'unité et la multiplicité, l'art et le chaos. Ils peuvent être perçus comme un chemin (un passage linéaire mais détourné vers un but) ou comme un motif (un dessin absolument symétrique)... Notre perception des labyrinthes est ainsi intrinsèquement instable : changez la perspective, et le labyrinthe semblera changer.
Cette forme n’est pas une lubie superflue, bien au contraire ! Mark Z. Danielewski a mis plusieurs années à créer puis rédiger ce livre d’une complexité incroyable à sa manière !
Parce La Maison des Feuilles ne nous raconte pas qu’une seule histoire. Ce livre est une matriochka. Il contient une histoire dans une histoire dans une histoire dans une histoire dans une...
Afin de ne pas trop en dire (si tant que ce soit possible vu l’ampleur de l’œuvre), il est difficile de dire combien « d’histoires/points de vue » il contient réellement. Ou plutôt il est sans doute possible de les compter, mais je n'en ai pas envie personnellement. :angel:
D’ailleurs ce n’est pas un hasard si ce livre est un objet d’étude et de cours universitaire à travers le monde. C’est une pièce unique dans son genre.
Comment fait-on pour lire autant d’histoires en parallèle ? Faut-il absolument tout lire au sein du livre ? Toutes les polices de caractères ? Toutes les annexes ? Bonnes questions ! Et ce n’est qu’une partie de celles que vous vous poserez en lisant !
D’autant plus que ce n’est pas le livre qui vous y aidera : une forme hors du commun, pas de table des matières ou de notice de lecture, pas de mode d'emploi du livre et seul la première page tentera de vous prévenir : Ceci n'est pas pour vous.
Serait-il possible que le livre « joue contre toi » ?
La question reste ouverte...Pourtant ce n’est pas tout.
Tout ceci baigne dans une ambiance extrêmement forte !
On baigne souvent entre le glacial et le glauque mais elle n’est jamais complètement la même selon le fil que vous suiviez. Peu importe où vous vous trouviez dans l’histoire.
Les répits potentiels sont rares, où que vous soyez, quelque soit le fil que vous suiviez, la maison vous rattrape toujours.
Elle semblerait presque être un personnage à part entière tant cette atmosphère est pensante et parait ne jamais vraiment relâcher sa pression sur les épaules des yeux qui la contemplent !
Ce n’est pas un hasard si ce livre est considéré comme un livre d’horreur. Il n'y a pourtant ni monstres cachés, ni fantômes, ni morts-vivants ici. Juste une maison.Vous voyez que le vide est le soi-disant familier, or votre maison est infiniment familière, infiniment répétitive. Couloirs, corridors, pièces, sans cesse et encore. Un peu comme la maison de Dante après un bon nettoyage de printemps. C'est un lieu sans objet et sans vie; Cicéron a dit : "une pièce sans livres est comme un corps sans âme." Ajoutez donc l'âme à la liste. Un lieu sans vie, sans objet, sans âme. Sans dieu, également. L'abîme pré-divin de Milton ou dans l'univers nietzschéen post-divin.
Si visuellement, La Maison des Feuilles ressemble à un espèce de Frankenstein littéraire avec son aspect de morceaux de textes en apparence collés ensemble, Mark Z. Danielewski ne s’est pas arrêté là. Il ne s’est pas contenté de varier les formes, il a également varié les styles des plumes en fonction des caractères de police et donc des « couches de matriochka ». Chaque couche/fil étant écrit par une plume différente, les tons et vocabulaires sont extrêmement différents. Une belle performance tant c’est net et appuyé.
Si avec tout ceci, vous parvenez à avoir plusieurs fois la même expérience de lecture...
D’ailleurs c’est bien simple, en ayant fait des choix de lecture très similaires, nos expériences de lectures avec la LC furent malgré tout différentes et ce, malgré leur positivité commune. Ça peut vous sembler normal mais je parie qu’il en serait pourtant de même si vous lisiez ce livre tout seul plusieurs fois d’affilée, tant ce qu’on en perçoit lors d’une lecture ne peut qu’être partiel vu son ampleur.D’ailleurs lorsqu’on lit ce livre, on ne peut que comprendre qu’il soit étudié et analysé. On pourrait passer des heures à décortiquer les formes et leur liens avec le texte, à analyser la symbolique de certains points, à se pencher sur les métaphores que cachent certaines images et certains objets, à parler des diverses références faites au sein du livre... et bien plus encore tant le potentiel à analyser est énorme, parfois pour seulement un seul fil, une seule couche ! Alors tous/toutes ensemble... Je vous laisse imaginer...
Avec tout ça, je pense que vous l’aurez compris ce n’est pas là le genre de lecture relax qu’on emmène sur la plage pour se détendre.
Ce livre requiert de l’attention et de la concentration pour ne pas se perdre, pour ne pas s’emmêler les pinceaux, pour « s’organiser » dans sa lecture. (Il requiert potentiellement aussi une loupe pour certaines polices de caractère).J'espère, je crois, que les armes me feront du bien, m'accorderont une sorte de contrôle à la con, surtout si je sens l'apathie en moi devenir trop lourde et trop épaisse, m'avertissant que quelque chose approche à nouveau, rampe lentement vers ma chambre, non le fruit de mon imagination mais une chose aussi tangible que vous & moi, qui ne cesse de gratter, d'haleter et de gronder d'une terrible rage, mais qui toujours reste devant ma porte, et attend, sans doute un mot ou un ordre ou une autre sorte de signe pour enfin déclencher la violente et désormais inévitable confrontation - une chose dont la férocité n'a d'égale que ma tristesse. Jusque-là, rien, même si je sors toujours le Taurus et le Heckler & Koch de la malle, les charge, et garde le doigt sur la détente. Parfois pendant quelques minutes. Parfois pendant des heures. En visant la porte ou la fenêtre ou un coin du plafond plongé dans l'ombre. Je me couche même avec dans mon lit, planqué sous mes draps bleu ciel. J'essaie de dormir. J'essaie de rêver dans la mesure où je peux me rappeler mes rêves. Au moins, je ne suis pas sans défense à présent. Au moins j'ai ça. Une arme dans chaque main. Prêt à faire feu. La sécurité enlevée.
Parler de ce livre comme d’un OLNI serait le minimiser et surtout limiter ce qu’il est.
La Maison des Feuilles repousse une part des limites de ce que peut être un livre.
Ce livre est tant de choses à la fois...
C’est une lecture, certes. Un effort, certainement. Une épreuve, en quelque sorte. Une énigme, aucun doute. Une atmosphère, oh que oui. Un mystère, bien sur. Une expérience, et non des moindres !
Il continue de me « hanter » encore bien des mois après sa lecture.
Je ne suis pas certain qu’avec tout ceci je vous aurez donné envie de le lire et j’ai conscience aussi que c’est clairement le genre de lecture qui ne plaira pas à tout le monde non plus.
Pourtant il en vaut tellement la peine !
Bon, je vous laisse, je vais mesurer la taille des pièces chez moi...
* Une autre lecture du genre ? (Si tant est que ce soit possible)
Tu aurais dû t'en aller de Daniel KehlmannDernière modification par Aealo (02 Octobre 2022 15:43:44)
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#1856 16 Septembre 2022 18:50:15
Je n'avais jamais entendu parler de ce livre O_O et je ne suis pas certaine d'avoir envie de m'y plonger après ce que tu dis (entre la forme et l'ambiance… je suis plutôt :'S ) mais si jamais il croise ma route peut-être ?
Bon week-end :) -
#1857 16 Septembre 2022 18:58:57
Je l'avais vu dans les prochaines sorties de Monsieur Toussaint L'Ouverture et à l'opposé de My, ton billet me donne encore plus envie de le lire ! -
#1858 17 Septembre 2022 09:11:45
Bravo pour cet avis. :clapi:D’autant plus que ce n’est pas le livre qui vous y aidera : une forme hors du commun, pas de table des matières ou de notice de lecture, pas de mode d'emploi du livre et seul la première page tentera de vous prévenir : Ceci n'est pas pour vous.
C'est vraiment ça en fait. Démerde-toi avec ce que tu as devant toi. =D
J'adore, t'es complètement paumé au départ, tu te sens un peu comme Gandalf quand il fouille les archives au Gondor.
Mais c'est une expérience tellement unique.Ce livre requiert de l’attention et de la concentration pour ne pas se perdre, pour ne pas s’emmêler les pinceaux, pour « s’organiser » dans sa lecture. (Il requiert potentiellement aussi une loupe pour certaines polices de caractère).
Et des bras costauds quand tu dois retourner le livre dans tous les sens. XD
Je suis contente moi aussi de l'avoir relu avec vous car comme tu le dis dans ta critique, chaque lecture est une nouvelle expérience. D'autant plus que ce n'était plus très frais dans ma mémoire. :sifflote:
Je pense que la prochaine que je vois la nouvelle édition en librairie je l'achète, j'hésite à chaque fois mais je me dis que je risque de le relire un jour alors... autant l'avoir chez soi. :angel: -
#1859 17 Septembre 2022 15:05:19
A force d'avoir vu Aealo et Melody parler de ce livre, j'ai été tentée de le prendre et je l'ai reçu la semaine dernière mais il y a une chose qui me chiffonne, c'est que la première de couverture ne recouvre pas le livre complètement. Je me doute que c'est pour rappeler le thème du livre comme quoi la maison est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur mais le livre va finir par s'abîmer.
<image>
Je me console en me disant que je l'ai payé 2€ moins cher que ceux qui l'auront maintenant à cause de la pénurie de papier mais bon...
"En raison de la crise du papier et de l’énergie, et afin d’être fabriquée avec le même soin, nous sommes contraints d’augmenter le prix de la réimpression de La Maison des feuilles, et nous en sommes désolés. À compter du 12 octobre 2022, le prix de vente passera à 29,50€."Dernière modification par BLUEFOX (17 Septembre 2022 15:12:54)
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#1860 01 Octobre 2022 18:44:22
Coucou par ici
Enfin je prends le temps de lire ton superbe avis sur La maison des feuilles ! Quelle lecture marquante !
J'adore le fait que tu aies mis le mot maison en bleu partout :)
Pour les autres personnes qui liraient mon post, je confirme que cette lecture est vraiment déroutante, différente, hors du commun, et que nous avons eu tous les trois des ressentis différents. Et non ce n'est pas du tout un livre de plage : moi je le lisais avec une loupe parfois (les notes de bas de page sont très petites) :lol:
Ce livre va me faire cogiter longtemps, je pourrais le relire des dizaines de fois et l'analyser pendant des années, c'est sûr.
Ton avis est super bien écrit. Je poste mon menu dans deux semaines sur le blog (il est déjà bien prêt ;) )
Grâce à toi je découvre l'existence de Nuits silencieuses et j'ai très envie de le lire même si ton avis est assez négatif. Mais peut-être qu'il faut le lire en VO , Je ne suis pas assez à l'aise avec l'allemand pour ça...
Bonne lecture, à très bientôt (on s'appelle quand tu veux !)
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