Petite histoire du bouddhisme
Jean-Noël Robert2008

Synopsis

Moyenne

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MOYEN

Pour qui a toujours vécu dans un pays marqué par l'une ou l'autre des traditions religieuses dites «monothéistes» - centrées sur un dieu unique -, que ce soit le judaïsme, le christianisme ou l'islam, le bouddhisme apparaît comme déroutant, voire aberrant. La perplexité qu'il suscite se révèle dans le vocabulaire qu'on utilise à son sujet.
C'est ainsi que beaucoup d'Occidentaux, surtout lorsqu'ils sont attirés par l'étude du bouddhisme, répugnent à lui donner le nom de «religion» ; ils préfèrent en parler comme d'une «philosophie». La principale raison invoquée pour ce choix lexical est qu'à la différence des monothéismes le bouddhisme ne reconnaît pas un Dieu éternel, créateur du ciel, de la terre et de tout ce qui l'habite, à commencer par les hommes. Il existe entre un tel être et ses créatures un abîme infranchissable : la différence entre l'absolu et le relatif. Qui plus est, ce Dieu peut dire «Je» ; il s'agit d'un dieu personnel et souverain. Pour le bouddhisme, nous le verrons, l'une des illusions les plus fondamentales de la pensée ordinaire est la croyance invétérée en un «Moi». Que les hommes puissent dire «je» en croyant que ce «je» désigne quelque chose de réel - et éternel de surcroît - est la marque de l'ignorance où ils sont plongés. Pour les religions monothéistes, cette mise à l'écart de l'idée de Dieu, lorsqu'elle n'est pas perçue comme blasphématoire, est mise au rang des idées philosophiques. H y a une relation si étroite entre «religion» et «Dieu» qu'on ne saurait concevoir l'une sans l'autre, d'où l'hésitation à définir le bouddhisme comme religion.
Ceux qui, issus d'une religion monothéiste, se sont tournés vers le bouddhisme ont souvent été séduits par l'absence de ce Dieu si personnel et encombrant ; ils ont aussi été sensibles à ce qui rapprochait le bouddhisme de l'idée occidentale de philosophie et ne pouvaient guère admettre qu'il soit une religion au même titre que celles qu'ils abandonnaient.
Il y a un autre argument contre l'emploi du mot «religion». Il s'agirait, aux yeux de certains, d'un terme forgé en Occident pour inclure de force dans une même catégorie des phénomènes non occidentaux en réalité essentiellement différents de ceux qui nous sont familiers. De très bons spécialistes ont soutenu qu'il était abusif, par exemple, de parler de l'ensemble des traditions, des pratiques, des doctrines de l'Inde connu sous le nom d'«hindouisme» comme d'une religion au même titre que celles que l'on connaît en Europe ; et à plus forte raison pour le bouddhisme, système encore plus singulier.
On fera ici deux réponses à ces objections issues de milieux différents mais revenant d'un côté comme de l'autre à refuser au bouddhisme le nom de religion.
Tout d'abord, il n'est pas très logique de refuser l'appellation de religion, sentie avant tout comme trop centrée sur l'Europe et le christianisme, pour lui préférer celle de philosophie, qui est encore plus européocentrique, puisque la philosophie désigne un courant de pensée bien spécifique né en Grèce et qui s'est développé essentiellement dans le monde méditerranéen. Le pur exercice de la raison qui caractérise la philosophie est un concept étranger au bouddhisme.

2 éditions pour ce livre

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2018 Editions Librio

Française Langue française | 92 pages | Sortie : 14 novembre 2018 | ISBN : 9782290174005

2008 Editions Librio (Document)

Française Langue française | 94 pages | Sortie : 6 février 2008 | ISBN : 9782290002254

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1 commentaire

  • LittleDolls2134 Le 04 Novembre 2020 à 15:36
    il est toujours bon de se cultiver sur les religions.

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