Adieu Venise, Adieu FrancaPatricia Nusselein1968

Du plus loin qu'elle se souvenait, Franc voyait une route dans la vallée en contrebas.
Les oliviers l'ombrageaient par taches noires et les carrosses sautaient de tache noire en tache noire tandis que montait le roulement sourd du galop des chevaux et des grosses roues ferrées écrasant les pierres du chemin poudreux.
Et elle, acagnardée contre le mur de la terrasse, dominant la vallée, qui guettait.
Elle guettait comme aujourd'hui...
Seize ans depuis deux jours...Elle guettait comme elle avait guetté à quinze ans, à douze ans, à dix ans...Tous les mois...
Elle soupira et se demanda si, toute sa vie, ainsi, à chaque fin de mois, elle attendrait la venue de son père?
Il lui parlait de Venise, il rirait avec sa grande barbe qui l'entourait d'un collier d'or. Pendant trois jours, la villa serait bruissante, éclatante. La pétarade des chevaux éclaterait. Puis il repartirait...inconnu...