Des amis, rien de plus
Jennifer Sucevic

Un mec et une fille peuvent-ils être de simples amis ?
C’était ce que je pensais avant, mais je n’en suis plus si sûr. Emerson et moi, nous nous sommes rencontrés au lycée, et depuis, nous sommes très soudés. J’ai toujours réussi à la reléguer à la section de mon cerveau intitulée : les filles avec lesquelles je n’imagine pas coucher. Ce qui n’était pas gagné d’avance, parce que très honnêtement, à moins de faire partie de ma famille, elles ont toutes une chance avec moi.
Heureusement, les groupies de hockey fans des Red Devils, ce n’est pas ce qui manque à la fac, ce qui me constitue un vivier de choix. J’essaie seulement de faire en sorte qu’elles ressemblent le moins possible à Em.
Alors… tout devrait bien se passer dans le meilleur des mondes, pas vrai ?
Non, pas vrai du tout.
Ça me gêne de l’avouer, mais ces derniers temps, j’ai du mal à dresser le mât. Sauf quand une image d’Em me passe par la tête. Alors là, aucun problème de circulation sanguine. Cette situation est franchement embarrassante. Et bien sûr, Em ne s’en doute pas un instant. Il ne faut surtout pas que ça change. Ce que j’ai appris avec le temps, c’est que l’amitié est bien plus difficile à gérer que les plans d’un soir.
Mais les complications ne s’arrêtent pas là, parce qu’il se trouve qu’Em est vierge. Et elle veut que ce soit moi qui… m’en occupe. Croyez-moi, je me suis empressé de rejeter cette idée avant qu’elle puisse prendre racine dans ma tête. Em ne s’en rend peut-être pas compte, mais deux personnes qui restent amies après avoir couché ensemble, c’est à peu près aussi rare qu’une licorne à perruque qui pète des paillettes. Si ce n’était pas si exceptionnel, tout le monde le ferait, non ?
Tout juste.
D’après moi, si Emerson est restée vierge aussi longtemps, elle peut très bien attendre que nos chemins se séparent l’an prochain.
Malheureusement, ma meilleure amie n’est pas de cet avis.
En d’autres termes, je suis baisé.
Et pas comme je l’aimerais.