La pluie comme elle tombe
Serge Perez1998

Tous les soirs, avant l'extinction des feux, je sortais du dortoir et me dirigeais sous la pluie vers le bloc des garçons. Là, j'approchais d'une fenêtre sans faire de bruit tout en me tenant suffisamment éloignée pour que mon corps reste noyé dans l'obscurité, de sorte qu'il était impossible de me distinguer de l'intérieur du bloc. Je restais là, immobile derrière un arbre, et je regardais le garçon allongé sur son lit. Je lui envoyais des messages, des choses extraordinaires auxquelles je pensais très fort et qu'il aurait pu intercepter, je lui disais de penser à moi, que j'étais là, dans l'obscurité, là où il ne pouvait pas me voir, je lui disais que c'était le lendemain le grand jour ou alors très bientôt, qu'il fallait qu'il vienne me retrouver.