Mauve le vierge
Hervé Guibert1988

Un enfant s'obnubile à chercher un secret dans la fresque que son père a laissée inachevée sur un mur de la maison. "Maintenant vous allez vous bander les yeux", lance le morpion au docteur qui doit l'ausculter. un vaurien séduit une dame pour obtenir d'elle une tête de cire dont il s'est toqué, qui représente Jeanne d'Arc, à moins que ce ne soit le petit Louis XVII dans la prison du Temple. L'insensé Lulu a une envie terrible de déguster deux doigts de son pote Cistou. Sur la buée de la vitre de la chambre 9 de l'hôtel Victoria, à Pise, Uriel écrit : "Va au diable."
Ces curieux personnages ne seraient-ils pas chaque fois Hervé Guibert, ayant changé ses identités pour mieux se déguiser, en homme vierge, en amoureux fiévreux, en victime d'un tremblement de terre, ou en disciple du grand philosophe qu'il accompagne jusqu'à la tombe ? Ce n'est pas tout à fait sûr, puisque trois portraits de femmes se dessinent aussi dans ces pages : la concierge Mémée Nibard, à qui il arrive de féeriques malheurs, la directrice fini mouche du musée de cire, et la jeune voisine, qui a ses raisons pour s'arrêter de jouer du piano.
Quoi qu'il en soit, Hervé Guibert poursuit sa marotte, de tout dire, sur lui et sur les autres, ce qu'on pense et qu'il ne faudrait pas, et parfois même un peu plus que la vérité.