Petite Histoire de l'islam
Mohammad Ali Amir-Moezzi et Pierre Lory2007

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Notre objectif dans cette Petite histoire de l'islam est de revenir au fait religieux, aux doctrines, aux pensées et à leur histoire. En islam et chez ses fidèles - comme dans toute communauté religieuse qui fonde sa légitimité sur des textes qu'elle considère comme saints -, l'histoire des doctrines va de pair, voire détermine une large part de l'histoire tout court. Notre ouvrage cherchera à fournir quelques repères essentiels de ces doctrines et de ces interprétations des textes sacrés. Nous croyons que la clé de l'histoire, dans ses dimensions politique, sociale, économique, n'est autre, très souvent, que l'histoire de la religion, la structure de ses formes, ses manières de comprendre la réalité. Notre démarche aboutit à une évidence qu'il convient de rappeler, peut-être plus aux musulmans eux-mêmes qu'à d'autres : la diversité extrême de l'islam. Notre travail tente d'illustrer cette réalité indispensable pour une compréhension adéquate de cette religion et de son histoire, depuis ses origines jusqu'à nos jours. L'islam n'est pas monolithique. Il ne l'a jamais été. Comme pour toutes les grandes religions, cette pluralité est de différentes natures.
Elle est d'abord d'ordre historique. Sur ce plan, on pourrait dire qu'il y a trois islams :
- D'abord l'islam de l'origine, celui du prophète Muhammad († 632) ; objectivement, nous ne le connaissons que très peu. Ce que nous en savons provient presque exclusivement des représentations que cherchaient à en donner les auteurs musulmans dont les plus anciens écrivaient près de deux siècles après les événements. A cette époque, le mode de vie et de pensée des premiers musulmans était déjà loin. Cet islam des origines a été décrit en fonction de conceptions, de luttes, de doctrines bien plus tardives, issues d'une civilisation nouvelle.
- Il y a ensuite l'islam des clercs, les professionnels et les gestionnaires du religieux ; les élaborateurs de la loi canonique qui, alliés aux anciens commerçants devenus guerriers et conquérants, ont, à juste titre, ressenti le pressant besoin en réglementations d'immenses terres conquises, de colossales fortunes acquises, d'innombrables peuples soumis. Là encore, les sanglants conflits fratricides et les conquêtes auraient été des facteurs décisifs. Élaborer les lois de la guerre sainte, définir les limites de la foi et de l'incroyance, la volonté de faire de l'arabe la langue administrative, tout cela marqua les premières étapes de la lente prise de pouvoir des docteurs de la Loi, dès l'époque omeyyade (661-750). Cet islam, entraînant souvent les masses, se croyait autosuffisant ; satisfait de lui-même. Il se voulait fermé, puisque supérieur à toute autre culture.
- Enfin, on pourrait parler d'un islam des non-clercs : celui des historiens et historiographes, poètes, géographes, hommes de lettres, philosophes, mystiques, médecins, scientifiques, philologues et grammairiens, artistes et architectes... Beaucoup d'entre eux furent aussi théologiens, juristes, exégètes ou juges. Cependant, issus presque toujours de peuples conquis, ils ont été les représentants d'un islam ouvert, curieux, en quête de connaissance, de nouveautés, d'adaptations et d'assimilations. Découvreurs, traducteurs, commentateurs et transmetteurs de cultures antiques - gréco-alexandrine, syro-byzantine, iranienne, indienne... -, ce sont principalement ces derniers qui, en le payant parfois très cher, firent de l'islam, souvent à travers de sublimes travaux herméneutiques, une culture et une civilisation parmi les plus remarquables de l'histoire de l'humanité, plus particulièrement aux IXe et Xe siècles, sous le califat abbasside de Bagdad.
Ce dernier point révèle une autre pluralité culturelle, ethnique, géographique ; en effet, l'islam n'est pas seulement une religion mais aussi une civilisation qui, dans sa richesse et sa complexité, a servi de fondement, depuis de nombreux siècles, à plusieurs cultures ayant chacune son histoire propre, et qu'on a pris l'habitude d'appeler au singulier la civilisation musulmane. Mais comment peut-on parler au singulier lorsqu'il s'agit de terres qui vont du Maghreb à l'Indonésie, en passant par l'Afrique noire, les Balkans, l'Asie centrale ou le subcontinent indien ? Mis à part un nombre très limité de pratiques et de croyances communes, les choses divergent, parfois fondamentalement, d'une culture à l'autre. L'islam mauritanien est très différent de l'islam iranien et un musulman albanais se reconnaîtrait difficilement dans les croyances d'un Turkmène ou d'un Malgache. Considéré sous cet angle, il y a autant d'islams que de cultures existant entre musulmans. En outre, ceux-ci sont composés d'une majorité de sunnites - à peu près quatre cinquiè­mes -, d'une minorité de chiites - près du cinquième - et d'un tout petit nombre de kharédjites, surtout actuellement en Afrique du Nord. Chacune de ces familles est en plus parcourue de nombreux courants de pensée, tendances spirituelles, écoles juridiques et théologiques. Mis à part les intégristes wahhabites et leurs acolytes volontaires ou involontaires niant violemment ces pluralités, aussi bien lettrés et croyants ordinaires musulmans que chercheurs scientifiques ont toujours su que celles-ci constituent la principale raison des richesses innombra­bles de l'islam, de ses univers spirituels et intellectuels.

3 éditions pour ce livre

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2018 Editions Librio

Française Langue française | 91 pages | Sortie : 14 novembre 2018 | ISBN : 9782290173992

2007 Editions Librio (Document)

Française Langue française | 94 pages

2007 Editions Librio (Document)

Française Langue française | 96 pages

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