[Suivi lecture] domi_troizarsouilles

 
  • Grominou

    Modératrice

    En ligne

    #161 02 Janvier 2022 04:21:39

    Je suis curieuse, quel classique a été un flop?
  • zoeline

    Bookworm

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    #162 02 Janvier 2022 15:48:31

    Bravo
    tu m'impressionne quel chouette bilan, tu m'impressionne....mais comment fais-tu?
    je te souhaite une bonne année avec de belles lectures
  • atick

    Dompteur de pages

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    #163 02 Janvier 2022 19:05:08

    Wow ton rythme de lecture est impressionnant! Bonne année et encore de bonne lecture pour 2022 ;)
  • Bouledechat

    Passionné du papier

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    #164 03 Janvier 2022 13:41:55

    Impressionnant bilan... ! O_O:cool:

    Je te souhaite autant de belles découvertes et de belles lectures pour 2022 ! :-)
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #165 06 Janvier 2022 22:09:33

    Bonsoir à tous!

    Ma toute nouvelle participation au challenge ABC 2022 va "m'obliger" (du moins dans un premier temps) à être plus régulière sur mon suivi, puisque seules les chroniques publiées ici ou sur un blog perso son acceptées. Vous le savez: je mets exactement la même chose (à un ou deux mots près, selon les circonstances) sur Babelio, qui est plus facile et rapide à gérer pour les chroniques quand on n'a pas de blog, mais je vais jouer le jeu! ;)

    Mais avant, je vous réponds quand même quelques mots:

    LaurineR : merci beaucoup :heart:, j'adore écrire et à une époque (qui me semble de plus en plus lointaine) j'ai même écrit tout un roman... mais qui n'est pas publiable en l'état! J'avais entamé quelques démarches pour le faire relire/corriger... et puis est survenu le covid et c'est reparti pour quelques années de "pause". En attendant, je me défoule dans mes commentaires de livres ;) - ce qui me permet aussi de garder une trace de mes lectures, je regrette même de ne pas avoir fait ça plus tôt (avant fin 2020)!

    Grominou : je me suis mal exprimée, je disais "flop" dans le sens où j'ai lu un seul Classique - c'est donc mon intérêt pour cette catégorie qui est un flop ;) ... mais en l'occurrence, le livre même a aussi été un flop ;) . C'était Les quatre filles du docteur March, de mémoire je n'ai pas du tout accroché au ton très moralisateur très empreint de bondieuseries - si tu veux tous les détails, je vois que j'avais publié mon avis: ici

    zoeline : la lecture est ma "soupape d'échappement" dans une vie beaucoup trop remplie, entre le temps plein au boulot (où on est une équipe très soudée mais constamment surchargée, avec depuis quelques mois une nouvelle cheffe - ce n'est pas la première ni la dernière, mais pour le coup on a décroché le pompon de l'incompétence!), trois enfants et un mari :lol: , ces trois enfants ayant des tas d'activités pour lesquelles je fais "taxi", tu vois le genre? À une époque je faisais un peu de sport (de l'aquabike) et j'ai très envie de reprendre... du coup je lirai un peu moins, on verra...
    Je te réponds personnellement, plus longuement, dès que les enfants auront repris l'école (en Belgique on est encore en congé cette semaine) et que j'aurais du temps (calme) pour moi! ;)

    atick et Bouledechat : merci, à vous également!




    Petit retour sur mes trois premières lectures de l'année:

    Happy Fucking Christmas, dear Janet de Lucie Britsh,
    publié au Cherche-Midi, lu dans la version GF 2021
    Une déception: 13/20

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    Synopsis : Voici Janet. Janet est triste. Pas seulement pour elle : pour le monde. Le monde, vous savez ? Ce show merdique qui est en train de très mal se terminer. C'est pourquoi Janet s'est isolée : elle travaille dans un refuge pour chiens, au milieu des bois. Là, au grand dam de son petit ami, elle peut éviter au maximum le contact avec les humains.
    C'est que, voyez-vous, Janet n'a pas envie de rendre les autres tristes. Elle n'a pas envie de se pointer dans une maternité et d'expliquer aux nouveaux parents que, d'une manière ou d'une autre, ils vont foutre la vie de leur gosse en l'air.
    Et cependant, il lui arrive parfois de se demander à quoi ça pourrait ressembler, de ne pas être triste. Aussi, quand son médecin lui parle d'un nouvel antidépresseur qui pourrait lui permettre d'être heureuse pour Noël, Janet, sur un coup de tête, tente sa chance. C'est le début d'une série d'événements improbables qui vont chambouler son quotidien et l'obliger à remettre en question sa vision radicalement pessimiste de l'existence.


    Mon avis : Ce livre inclassable était proposé dans ma librairie, dès le mois d'octobre, au rayon des romances de Noël. le résumé proposé par l'éditeur pourrait s'en approcher, et le chien de cette couverture, un tantinet tristounet (oui, oui, la répétition est voulue), a d'emblée été catalogué comme « trop mignon » par mon petit de 9 ans, ce qui encourage à l'achat. En outre, la mise en avant de l'éditeur, qui présente ce livre comme « provocateur, profond, irrésistible », semble boucler la boucle.
    Mais non, définitivement, ce n'est pas une romance de Noël ! de plus, avant de l'entamer moi-même, j'ai lu çà et là quelques commentaires nettement moins enthousiastes, dont plusieurs abandons… ce qui a commencé à me refroidir.

    Et puis je me suis lancée… et j'ai été jusqu'au bout, malgré les 100 premières pages parfois pénibles, mais j'étais comme poussée par une espèce de curiosité, qui heureusement se renouvelait, à me demander encore et encore : mais où l'autrice nous mène-t-elle ? quel est son propos, comment tout cela va-t-il finir ? C'est que toute l'histoire (si histoire il y a) nous est racontée à la 1re personne du singulier par une anti-héroïne poussée à l'extrême : Janet, gentiment asociale mais bien élevée quand même, qui traîne ce qu'elle appelle une tristesse, qu'elle revendique ; une tristesse constante, pas dramatique (entendez : pas suicidaire), une forme de lucidité désabusée peut-être (j'ai lu l'un ou l'autre commentaire parler de « mélancolie », mais pour moi c'est autre chose). Ainsi, elle s'oppose et résiste constamment à tous ceux –sa mère, surtout- qui passent leur vie dans un monde en rose-bonbon créé par les antidépresseurs et autres pilules permettant un bonheur tout chimique, et voudraient l'y entraîner. Sa vie amoureuse (car elle en a eu une) est morne et elle a rompu de son copain qui l'ennuyait plus qu'autre chose, pourtant elle aime le sexe (ou du moins s'y intéresse). Sa vie professionnelle est le seul véritable intérêt dans sa vie : elle fait partie d'une petite équipe exclusivement féminine qui s'occupe d'un refuge pour chiens abandonnés, quelque part dans les bois, où elle peut être celle qu'elle est réellement, éternellement non apprêtée, non maquillée et habillée comme un sac, loin des gens avec qui elle ne sait jamais trop bien comment interagir, mais apportant un minimum de réconfort à tous ces chiens qui sont arrivés là, souvent pour de si mauvaises raisons bien humaines, et qu'elle trouve tellement tristes eux aussi, et dont elle se sent si proche.
    Ainsi, lorsque sa mère lui vante un tout nouveau produit, une pilule spéciale Noël, à prendre dès novembre et qui lui permettrait de passer les fêtes avec bonheur, avant d'entamer un rapide sevrage (ou de passer –enfin !- à d'autres substances), elle hésite, hésite, hésite… et finit par plier et même se rendre aux réunions (façon AA ou WW) qui sont proposées en complément de ce traitement révolutionnaire.

    La vie de Janet va-t-elle réellement changer ? c'est ce que le lecteur se demande tout au long du livre, comme je disais plus haut, mais sachez qu'il n'y aura pas de grande révélation, et pour moi, c'est réellement une fin en eau de boudin qui ne m'a ni plu ni convaincue.
    Est-ce que pour autant je regrette mon achat ? Pas tout à fait… L'autrice dénonce, sous un trait d'humour noir souvent forcé, les dérives de notre monde moderne dans lequel tant et tant de nos contemporains s'abîment (d'une certaine façon) dans des paradis chimiques pour oublier que la vie n'est pas parfaite ; pour être plus sociable, plus agréable, plus encline à se faire belle, plus « dans l'air du temps » et dans une apparence de réussite sociale ; plus différent de soi-même au final. Elle dénonce tout autant un autre aspect de cette société de consommation, où les chiens - qui ne sont jamais considérés comme de vrais personnages, on n'est pas dans une intrigue animalière ! mais qui sont ultra-présents quand même - ; où les chiens, donc, ne sont devenus qu'un objet de consommation parmi d'autres, que l'on produit en masse (il y a quelques passages durs sur les éleveurs de races… et cette mode d'acquérir telle race plutôt qu'une autre) et que l'on jette pour n'importe quel prétexte ! le pire, vu le contexte, était sans doute cet exemple du chien que l'on a amené au refuge car ses ex-propriétaires devaient choisir : nourrir (et accessoirement soigner) leur chien, ou faire des achats pour Noël… et c'est un Noël ultra-consumériste qui a gagné !

    Si la démarche est louable et peut-être même utile (je n'ai que rarement lu de livres qui traitent de façon aussi tristement lucide de la surconsommation de médicaments menant soi-disant au bonheur, même si des allusions traînent çà et là dans pas mal de romans divers et variés), le ton ne m'a jamais séduite. Certains parlent d'humour, certes noir, mais moi je n'en ai pas trouvé la moindre trace. Quelques vérités bien assénées, oui, à dégager d'un ensemble extrêmement plat, où traînent quelques passages plus graveleux ou scatologiques, dans un langage généralement correct (on n'est pas non plus dans le quart-monde !) où apparaissent quelques vulgarités qui semblent « faire genre » plus qu'autre chose. Je me suis même demandé si ce n'est pas davantage un problème de traduction : certes je n'ai pas lu le moindre mot dans l'original (et ne souhaite pas le faire), et je n'ai relevé qu'une unique faute évidente (« common sense » se traduit par « bon sens », à la page 133, si du moins l'original parle bien de « common sense », et ce même si la traduction littérale « sens commun » est désormais aussi passée en français)… mais quelque chose en moi continue d'espérer que la langue originale rend le texte plus savoureux, plus conforme au profil vendeur proposé par l'éditeur !

    En outre, cette platitude, que les passages à connotation sexuelle ou carrément vulgaires sont peut-être sensés égayer, est aggravée par des allusions prétendument marrantes à l'encontre des Français. Je n'ai pas surligné les passages incriminés d'une quelconque façon, mais on trouve sans aucun doute une bonne dizaine d'occurrence, si pas davantage, où apparaissent des allusions prétendument marrantes, du genre : « ça fait sans doute français », « elles sont peut-être françaises », mais qui en réalité ridiculisent une autre nationalité que la sienne propre. Alors, soyons honnête : je ne suis pas concernée, puisque je ne suis pas française; à la limite je devrais peut-être même me réjouir, pour une fois que ce n'est pas un auteur français qui s'en prend aux Belges (comme certains, qui avaient cette même manie que la Britannique Lucie Britsch, mais alors à l'encontre des Belges, et vraisemblablement en se croyant très marrants car ils étaient en boucle !); ça aurait pu me faire sourire… mais même pas ! ça m'a donné l'occasion de me rendre compte que, quand c'est aussi lourd, que la limite entre pseudo-dérision et mépris à peine masqué est trop floue, décidément non, je ne trouve pas ça drôle même si pour une fois ce n'est pas contre ma nationalité- et ça ne me fait pas rire une seule seconde !

    On a donc bel et bien un livre inclassable, en aucun cas une romance, quelque part entre la littérature contemporaine et un certain drame, teinté de ce que certains, l'éditeur en premier lieu, appellent de l'humour, mais alors je suis passée à côté, car j'ai surtout trouvé une incomparable platitude parsemée de touches vulgaires ou scatologiques, qui a pour seul mérite de mettre en avant notre société de surconsommation qui semble ne plus vivre qu'à travers les pilules du bonheur, tout et mettant au rebut ces si précieux « meilleurs amis de l'homme » pour les plus mauvaises raisons possibles.





    Magister dixit de Sandro Galeazzi et Guillaume Grâces,
    publié chez les Nouveaux Auteurs, lu dans la version ebook 2020
    Une bonne surprise avec quelques réserves pour ma part: 15/20

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    Synopsis : «Entre Société secrète et recherche scientifique, un thriller sous haute tension." Femme Actuelle »
    Un thriller magistral entre anticipation, aventure, société secrète et recherches médicales
    Nico, biologiste belge, est entraîné par une société pharmaceutique dans un combat pour sa survie face à un complot sans limite. Chu, médecin dans une Chine reculée, découvre des cas d'infection étranges et se retrouve traqué par d’impitoyables triades... Philippe, journaliste raté devenu blogueur acharné, se lance dans des recherches effrénées sur la mainmise financières de treize sociétés...
    Lio, personnage maléfique, agit pour l’organisation secrète Magister ...
    4 histoires qui se télescopent sans répit sur fond de manipulation économique et politique.
    *Prix Femme actuelle du Thriller 2020


    Mon avis :
    J'avais repéré ce livre depuis très longtemps, mais ce n'est pas très étonnant : deux auteurs belges à peu près inconnus, qui écrivent un thriller de bonne tenue qui gagne même un prix de lecteurs (certes, Femme Actuelle n'est pas le Goncourt, mais au moins il a trouvé son public !), ma librairie ne pouvait que le mettre en évidence ! de plus, c'est un vrai pavé, presque 700 pages, et moi j'aime bien les pavés, donc ça ne pouvait que marcher… Bref, il était temps de le lire enfin !

    Maintenant que j'ai refermé la dernière page, je suis peut-être un peu moins enthousiaste. Il y a beaucoup de bon dans ce livre, mais aussi quelques défauts qui font que le plaisir est quand même un peu mitigé.
    Je commence par le plus évident, au risque de me répéter : les auteurs sont belges, et surtout, ils assument à 200% leur belgitude. J'adore ça ! J'ai lu dans l'un ou l'autre commentaire, ici ou là, qu'il y aurait des fautes de français… Sérieusement ? Moi je n'en ai trouvé aucune ; en revanche, oui, il y a quelques tournures de phrase qui avaient ce petit goût « de chez moi » - certaines que je pouvais reconnaître de façon évidente, d'autres moins, car certains professeurs de français en Belgique francophone continuent d'imposer une langue française uniforme, tandis que d'autres, déjà du temps de ma jeunesse, se plaisaient à souligner les différences locales, tout en insistant sur le fait que tout est permis tant que ça reste correct. Et pour les esprits chagrins : parle-t-on exactement le même français à Lille ou à Marseille, à Charleville-Mézières ou à Pau ? (je pense à l'éternel débat entre pains au chocolat ou chocolatines, et je ris !) Bref, je n'ai pas relevé ces quelques spécificités, mais indéniablement elles m'ont donné un sentiment de bien-être accrocheur.
    Et bien sûr, bien au-delà de la seule langue, la description même sommaire de certains lieux de Bruxelles a renforcé cette impression d'être en terrain connu, je pouvais visualiser certains lieux sans aucun problème car je les connais ! Ce don de pousser à la visualisation, de se sentir « chez soi » même quand on n'y est pas, va plus loin encore : quand on passe à un certain dépaysement (lors de l'intrigue en Chine par exemple), c'est un peu comme si un grand frère nous donnait la main pour nous y conduire, j'ai beaucoup apprécié cette sensation !

    Par ailleurs, j'ai rapidement été emportée par une histoire trépidante, au rythme soutenu, parfois même endiablé (vraiment !). Certes, dans les premières pages, l'intrigue m'a semblé à la limite d'une certaine fadeur, avec un héros très lisse, tout énamouré de sa femme enceinte, bien entouré par sa belle-famille, sans aucun côté obscur. Mais très vite ça se modifie, par de petites touches au départ, et puis c'est de plus en plus évident, offrant une histoire pleine de rebondissements, tandis que la tension va crescendo. On a même quelques retournements de situation ici ou là, mineurs mais qui entretiennent indéniablement le suspense. le tout est porté par une écriture que je qualifierais de « visuelle sobre ». En effet, elle permet au lecteur de se faire très facilement ses propres images, à la façon d'un film qui se déroulerait sur sa rétine au fur et à mesure de son avancée dans le livre, et on sent le potentiel de mise à l'écran que pourrait avoir ce roman. Pour autant, il ne tombe jamais dans un langage ultra-cinématographique comme j'ai parfois trouvé ailleurs : il ne ressemble pas à un pseudo-script. Au contraire, il reste toujours sobre, simple, allant à l'essentiel en quelques mots bien choisis, et cela suffit pour créer toute une suite d'images comme je disais plus haut.

    Pourtant, ce livre ne m'a pas tout à fait enchantée comme j'aurais pu espérer.
    En effet, le synopsis ne l'annonce pas, et à vrai dire je ne m'y attendais pas : ce livre est divisé en deux parties, qui auraient pu être deux tomes tant ils sont différents, même si bien évidemment ils se tiennent. La première partie se passe de nos jours sans trop de précision et tout est tout à fait plausible ; tandis que la seconde partie fait des allers-retours entre l'Angola et les comptoirs du Nouveau-Monde au XVIIe siècle, et un rebond dans les aventures de nos héros du premier tome, 16 ans plus tard, à la limite de l'anticipation car certains éléments qui ne sont que des prototypes actuellement, ou en tout cas que l'on trouve très peu, y sont exploités comme s'ils faisaient partie d'un quotidien normal (comme les voitures ultra-connectées et qui se conduisent sans intervention humaine). Or, je ne suis pas convaincue que la structure de ces deux parties ait été très bien choisie. L'histoire « principale » était clôturée dès la fin de la première partie, du coup on se demande ce que les auteurs peuvent bien encore raconter, on a un peu l'impression d'une surenchère. Quant aux chapitres historiques, ils sont réellement intéressants… et je pense réellement qu'il aurait été opportun de les introduire dès la première partie, car ils apparaissent comme un véritable fil rouge, qui aurait pu traverser tout le livre dans une espèce de mystère, qui ne s'éclaire de toute façon que tout à la fin.

    Mais surtout, de façon générale, et malgré les qualités citées plus haut, j'ai eu l'impression de « trop », de tout. J'ai déjà parlé de la surenchère que représente la deuxième partie du livre, qui n'était pas forcément utile (à part la partie historique, peut-être…). Mais il y a aussi un nombre incalculable de sujets abordés, qui tournent tous autour d'une organisation ultrasecrète dont le but ultime serait de diriger le monde en influençant les dirigeants officiels et, au-delà, de trouver la recette de la vie éternelle. Sous ce prétexte, les auteurs jettent dans leur filet tant de sujets potentiellement à scandale que c'en est trop : les firmes pharmaceutiques qui pourraient trouver des traitements contre les MNT (pour maladies non transmissibles, comme le diabète ou les cancers par exemple) mais qui ne le font pas ou alors à prix prohibitifs car sinon ce n'est pas rentable ; la révoltante mauvaise répartition des richesses dans le monde, quand les 8 personnes les plus riches possèdent autant que 3,6 milliards d'individus (pauvres) rassemblés ; le scandale des négriers au temps des colonies et toutes les exactions y liées. Mais c'est aussi une diatribe, certes soft mais bien présente, contre les croyances (chrétienne en particulier) qui auraient été créées pour éviter à « monsieur tout le monde » de penser ou de raisonner, prétendument à l'inverse de la franc-maçonnerie, qui est légèrement mise en avant mais avec des garde-fous ; etc.
    À côté de ça, on a aussi trop de morts tout au long de ce livre : on tremble sans arrêt pour les personnages, surtout dans la première partie, et c'est normal puisque c'est un thriller… mais là on est carrément dans l'excès, car ils tombent comme des mouches les uns après les autres ! On se demande même qui va réellement être présent dans la 2e partie (quand on se rend compte qu'on y est), et même là ils ne vont pas durer bien longtemps. Cela a aussi l'effet indirect que, si on s'est attaché à l'un ou l'autre personnage au début, finalement on les laisse « partir » et on décide presque involontairement de ne plus s'attacher à aucun, puisqu'ils vont de toute façon disparaître à leur tour dans des circonstances désagréables… ou pas… mais décidément : trop is teveel ! – expression très belge (ah ah !) mêlant français et flamand, qui signifie tout simplement « trop, c'est trop ! ».

    Cela dit, il faut reconnaître que les auteurs ont fait un véritable travail de recherche, très convaincante, comme en témoignent un certain nombre de faits réels cités en cours de narration et rassemblés en fin du livre, et étayés par une bien intéressante bibliographie qui semble tout à fait abordable.
    Ainsi, ce livre m'a séduite avec sa belgitude assumée, ses nombreux rebondissements et son écriture très maîtrisée ; il a réellement tous les atouts pour plaire aux amateurs de ce genre de thriller survitaminé. Ma propre réserve n'altère en rien ses qualités, dont une écriture visuelle sobre qui fonctionne mieux qu'un script forcé. Mais je retiens aussi quelques maladresses, qui auraient pu être évitées, et qui le seront sans aucun doute si les auteurs se décident à tenter une nouvelle aventure littéraire !





    Les gens heureux lisent et boivent du café d'Agnès Martin-Lugand,
    publié à l'origine chez Michel Lafon, puis chez Pocket, lu dans la version poche 2014 (reçu en surprise dans un swap :pink:)
    Une belle surprise : 16/20

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    Synopsis : « Ils étaient partis en chahutant dans l’escalier. […] J’avais appris qu’ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m’étais dit qu’ils étaient morts en riant. Je m’étais dit que j’aurais voulu être avec eux. »
    Diane perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. C’est peut-être en foulant la terre d’Irlande, où elle s’exile, qu’elle apercevra la lumière au bout du tunnel.


    Mon avis :
    Je n'aurais sans doute jamais choisi ce livre si je ne l'avais pas reçu dans un swap, car franchement, je trouve cette couverture horrible ! Entre éloge à la cigarette et femme paumée sans espoir, c'est d'un désenchantement qui fait peut-être très années 1960-70, sauf que l'histoire ne se passe pas dans ces années-là, et franchement ça ne me plaît pas… le pire, c'est que ça reflète au moins en partie ce qu'on trouvera dans le livre : notre héroïne fume, fume et fume encore. Les seuls points qui m'ont encouragée à le lire quand même, c'est, d'une part, que je fais confiance aux choix de ma swappeuse ;) et d'autre part, que ça m'a fait penser à la chanson « Sympathique » de Pink Martini (le lien YT pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas : https://www.youtube.com/watch?v=pp-wmEKWLSo ), chanson qui m'a toujours laissé une impression partagée. Elle est tout autant imprégnée de cigarette et vraiment ça me dérange, c'est presque épidermique (cela dit, je ne veux en aucun cas juger les fumeurs, c'est plutôt une douleur liée à des souvenirs… notamment de mon papa, qui a fumé toute sa vie, et le tabac faisait partie des éléments qui ont précipité son décès…) ; mais allez savoir pourquoi, j'aime bien cette chanson !

    Et voilà : ce livre m'a fait exactement le même effet !
    Un emballage presque repoussant, mais une curiosité… et on entre de suite dans cette histoire, dès les tout premiers mots ! L'autrice rend parfaitement ce que devient la vie après un deuil impossible – oh, Dieu merci (s'Il existe), je n'ai jamais connu un tel deuil ! et ne le souhaite à personne, mais en tout cas, elle le rend tout en sensibilité et profondeur. Les réactions, le laisser-aller, un certain refus de vivre de Diane, notre héroïne, semblent tout à fait plausibles et terriblement humaines.
    Sa soudaine décision d'aller vivre quelque temps sous d'autres cieux, en l'occurrence en Irlande, dans une certaine solitude et dans un vague hommage à son mari disparu (car il aurait aimé l'Irlande… à cause de son goût pour la bière !), est un classique et on se dit pourquoi pas ?

    On glisse alors, depuis un départ façon littérature contemporaine qui sonnait tellement juste, vers une romance que l'on voit venir comme le nez au milieu du visage et en clignotant… pourtant on n'entre jamais dans cette mièvrerie que j'ai parfois trouvée dans tant et tant de romances. Certes, j'ai appris à apprécier cette « littérature sentimentale », mais il faut bien avouer que le niveau moyen des romances n'est quand même pas synonyme de qualité littéraire exceptionnelle : entre les autoéditions bourrées de fautes d'orthographe ou syntaxiques, et les histoires –même à compte d'éditeur - répétitives sans relief, on se dit que la réputation désastreuse des séries Harlequin ne s'est pas faite pour rien.
    Cela dit, j'ai aussi, parfois, trouvé de véritables perles littéraires… et alors, sans aucune hésitation, ce livre-ci en fait partie ! le niveau de langage, sans être particulièrement soutenu ou recherché, est clairement à la hauteur de bien d'autres romans classifiés comme de la « vraie » littérature, grâce à un vocabulaire qui ne dévie jamais vers le gnangnan, une mise en place des éléments qui n'a pas l'air forcée pour que tout arrive au premier baiser, et une héroïne forte malgré toutes ses faiblesses. En outre, malgré la dureté du sujet, c'est toujours très agréable à lire : léger mais juste dans les moments durs, adéquat et sans exagération dans les moments légers, c'est vraiment très bien dosé ! Et, par-dessus tout, l'intrigue de départ – ce deuil impossible - reste là comme en filigrane, jamais oublié, et en même temps il évolue : la douleur de Diane, son incapacité de jamais revivre « comme avant », son avancée dans une maturité inévitable aussi, restent prégnantes sans exagération, toujours touchantes sans jamais tomber dans la mièvrerie.

    Quant aux personnages, j'ai ressenti une certaine admiration pour Diane, sans tout à fait réussir à m'attacher à elle. Je ne pourrais dire si c'est parce que ce personnage ne se veut pas attachant, ou si c'est un réflexe spontané de non-implication, une espèce de superstition qui me protégerait de jamais me trouver dans une situation similaire à la sienne. du côté d'Edward, ça n'a pas été le grand amour non plus : on aime son côté bad boy, mais il est quand même ultra-cliché, et c'est sans doute lui, plus que n'importe quel autre élément du roman, qui aurait pu précipiter toute l'histoire dans une romance façon chick-lit de bas étage ! En revanche, j'ai beaucoup apprécié les personnages secondaires : Félix, même s'il est lui aussi assez cliché, et Judih notamment, sont vraiment bien travaillés, et avec ça terriblement sympathiques, on a envie de les rencontrer ! J'ai aussi beaucoup aimé le vieux couple d'Abby et Jack, plus en retrait, mais eux aussi ont quelque chose de très touchant et juste (j'ai beaucoup répété ce mot, mais je n'en trouve pas d'autre qui exprime aussi bien les choses) qui apporte une petite touche humaine supplémentaire à tout le roman.

    C'était donc un livre qui ne paie pas de mine, à cause de sa couverture beaucoup trop enfumée à mon goût, mais qui révèle un véritable petit bijou de sensibilité et de profondeur, traitant d'un deuil impossible d'une façon extrêmement juste, en glissant dans une romance à la limite du cliché, mais en gardant le cap initial malgré tout, avec aussi des personnages secondaires très sympathiques.




    Et pour finir, les petites nouvelles:

    - J'ai terminé cet après-midi La dame de Reykjavik de Ragnar Jónasson : je n'ai pas encore rédigé le commentaire (j'espère le faire d'ici demain, on verra... ma fille est chez une copine en pyjama-party de fin de congé, du coup le petit se sent seul et est hyper-collant, car ils sont habituellement très complices, du coup il est tout perdu quand elle n'est pas là!), mais en tout cas j'ai beaucoup aimé cette approche très humaine (malgré son côté plutôt pessimiste,  aussi) de la retraite... et une enquête policière "lente" mais qui marche!

    Je viendrai ajouter mon avis dès qu'il sera rédigé, et aussi les commentaires des deux livres de mon top 5 que je n'ai pas encore mis dans ce suivi.

    - En parallèle, je lis 13 à table ! (2022), davantage pour ce que ça représente que par réelle motivation - je n'ai jamais vraiment accroché aux nouvelles, et là certaines me plaisent, d'autres moins... ;
    et La petite ville des grands rêves de Fredrik Backman, que j'avais repéré en librairie et finalement acheté en ebook... et puis oublié, mais Stracx (que je remercie au passage! ;) ) me l'a proposé en LC, du coup ce livre évite la noyade au fin fond de la PAL! On y parle hockey, hockey et encore hockey jusqu'à l'indigestion et au-delà, mais c'est aussi une analyse (roman bien sûr, hein!) très fine et très juste d'une petite société avec tous ses atouts et ses défauts, vraiment je ne regrette pas!

    Belle soirée à tous!

  • Grominou

    Modératrice

    En ligne

    #166 06 Janvier 2022 22:36:45

    Grominou : je me suis mal exprimée, je disais "flop" dans le sens où j'ai lu un seul Classique - c'est donc mon intérêt pour cette catégorie qui est un flop icon_wink ... mais en l'occurrence, le livre même a aussi été un flop icon_wink . C'était Les quatre filles du docteur March, de mémoire je n'ai pas du tout accroché au ton très moralisateur très empreint de bondieuseries - si tu veux tous les détails, je vois que j'avais publié mon avis: ici


    Ah oui, j'avais mal compris, en effet je me souviens que tu n'avais pas trop apprécié!  Quant à moi, c'est un classique qui ne m'attire pas du tout, surtout parce que je connais déjà l'histoire grâce aux nombreuses adaptations, et aussi que ça me semble très jeunesse.  D'ailleurs tu peux imaginer ma déception quand il a été choisi pour le book club «classique américain» (thème que j'avais moi-même suggéré!) et que j'espérais  un Steinbeck, un Hemingway, etc!

    Quant à moi je ne me fixe pas de quantité à atteindre, mais j'en lis un ou deux par année, je pense.  En 2021, George Sand: :-1: Maupassant :ok: et j'ai abandonné Joyce en cours de route!:lol:

  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

    Hors ligne

    #167 08 Janvier 2022 22:11:07

    Grominou a écrit

    Grominou : je me suis mal exprimée, je disais "flop" dans le sens où j'ai lu un seul Classique - c'est donc mon intérêt pour cette catégorie qui est un flop icon_wink ... mais en l'occurrence, le livre même a aussi été un flop icon_wink . C'était Les quatre filles du docteur March, de mémoire je n'ai pas du tout accroché au ton très moralisateur très empreint de bondieuseries - si tu veux tous les détails, je vois que j'avais publié mon avis: ici


    Ah oui, j'avais mal compris, en effet je me souviens que tu n'avais pas trop apprécié!  Quant à moi, c'est un classique qui ne m'attire pas du tout, surtout parce que je connais déjà l'histoire grâce aux nombreuses adaptations, et aussi que ça me semble très jeunesse.  D'ailleurs tu peux imaginer ma déception quand il a été choisi pour le book club «classique américain» (thème que j'avais moi-même suggéré!) et que j'espérais  un Steinbeck, un Hemingway, etc!

    Quant à moi je ne me fixe pas de quantité à atteindre, mais j'en lis un ou deux par année, je pense.  En 2021, George Sand: :-1: Maupassant :ok: et j'ai abandonné Joyce en cours de route!:lol:


    ,

    Coucou,

    Je devrais en lire davantage, des classiques, mais je n'ai jamais vraiment accroché...
    Ah je comprends ta déception, j'avais oublié que c'était toi qui avais proposé le thème de ce BC, et de mémoire je n'avais rien proposé, mais à vrai dire ce n'est pas non plus ça que j'aurais choisi comme "classique américain", même si finalement j'avais bien participé à ce BC - sans ça je n'aurais lu aucun classique, en fait!
    Ma plus grande ambition est de retenter Zola: j'en ai lu l'un ou l'autre autrefois à l'école, et je n'en ai pas un si mauvais souvenir que ça! mais ça date de si longtemps... Mon mari, qui adore les romans de cape et d'épée (à vrai dire, pour le peu qu'il lit, ce n'est que ça!), a essayé de me faire lire Les trois mousquetaires ou Le comte de Monte-Cristo: je n'ai jamais réussi à aller au-delà des 100 premières pages du premier, mais j'aimerais bien tenter le second.
    Reste à voir si j'arriverai à caser ces livres-là dans mes autres lectures, j'ai déjà tellement d'envies lecture et une PAL démesurée! :O




    Là-dessus, voici comme promis les deux livres de mon top 5 de 2021, dont je n'avais pas encore mis mon commentaire ici:

    Je suis ton soleil de Marie Pavlenko,
    publié à l'origine chez Flammarion Jeunesse, puis  J'ai Lu, lu dans la version poche 2020

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    Synopsis : Déborah démarre son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui s'acharne à les dévorer. Mais ce n'est pas le pire, non.
    Le pire est-ce sa mère qui se met à découper frénétiquement des magazines ou son père au bras d'une inconnue aux longs cheveux bouclés?
    Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l'aide, des amis, du courage et beaucoup d'humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.


    Mon avis :
    J'avais repéré ce livre car une copinaute l'a lu il y a quelque temps : je l'avais aussitôt glissé dans ma WL ! Et puis surprise : je l'ai reçu dans un swap longue durée (un swap de toute l'année en plusieurs envois), en cadeau inattendu, et c'est un swap qui me tient à coeur (les autres aussi, mais disons que celui-là est particulier), du coup c'est avec un brin d'émotion particulière que je l'ai ajouté à ma PAL… mais il a encore fallu un challenge auquel il correspondait trop bien, pour que je prenne enfin le plaisir de le lire !

    Et quel plaisir !
    On rencontre ainsi Déborah, jeune fille qui entre en terminale, généralement pas mauvaise élève mais en train de perdre pied à cause de l'éloignement impromptu de sa meilleure amie, et la découverte de la double vie de son père… En dire davantage serait du spoil, pourtant cette brève introduction ne dit que très mal tout ce qu'on peut trouver dans ce livre extraordinaire, tous ces sujets qu'il aborde avec toujours une grande justesse: les livres, les valeurs de l'école quand elle est là pour aider, un chien-clochard à qui on s'attache sans trop s'en rendre compte, l'amitié et pas toujours celle que l'on croyait acquise, la dépression, l'Art, ou encore l'amour qui ne suffit pas forcément à combler certains vides, mais aussi l'amour naissant dans toutes ses incertitudes et ses espoirs.

    Déborah est ainsi entourée de toute une palette de personnages forts, décrits en quelques coups de pinceau tellement nets qu'on les saisit aussitôt. On aime Éloïse et on souffre avec Déborah de cette amitié de toujours qui subit les hauts et les bas de l'adolescence ; on apprend à connaître Jamal et Victor, et on se plaît en leur compagnie ; on râle contre le père, ce peut-être-mauvais père menteur et incapable d'affronter une situation qui dégénère, mais qui n'a finalement pas tout à fait tort dans ses aveux. Bien sûr on se prend d'affection pour Isidore, le labrador baveux que la mère de Déborah a recueilli dans la rue, mais dont la jeune fille s'occupe réellement au jour le jour, ce qui donne quelques scènes réellement hilarantes, comme une certaine rencontre avec une dame au legging rose fluo dans le parc… Mention spéciale à Carrie la libraire, convaincue par son métier et qui encourage la soif de lecture de Déborah, ou à Mme Chemineau, cette prof de philo a priori un peu revêche, mais qui fait son métier avec une passion et un dévouement qu'on aimerait voir chez tous les profs !

    On pleure d'émotion, on rit aussi sincèrement par moments. Ce livre qui traite des petits et grands drames de la vie, les aborde avec tact et délicatesse mais sans dramaturgie inutile, on se rend compte que les larmes coulent sans pouvoir les retenir, car ces sujets sont parfois durs… Et malgré cette dureté, ces sujets sont abordés avec une finesse saupoudrée d'humour, et c'est alors un humour léger et fin, mais réellement dévastateur, à rire aux larmes.
    C'est assez difficile à décrire tellement c'est bien écrit, et c'est bien rare que je ne trouve pas trop mes mots pour décrire l'enchantement qu'a pu provoquer une lecture. Une seule chose à dire : lisez-le !





    Lie to love de Marie H.J. et K. Jarno,
    publié chez Black Ink, lu dans la version ebook 2021

    <image>

    Synopsis : Qui est vraiment Axel, alias mister 39 points ? C’est la question qui taraude instantanément Noah lorsqu’on lui impose le petit ami de sa sœur durant les vacances familiales. Normalement, il se réjouirait du bonheur d’Olivia, mais tout dans son couple sonne faux. Axel est beaucoup trop mystérieux pour paraître digne de confiance, et beaucoup trop sexy pour être honnête. Alors oui, c’est plutôt sympa et agréable de passer son temps à emmerder cet arriviste qui n’est pas non plus en reste pour se défendre. Très agréable même... Mais si les mensonges séparent, les non-dits relient, et à ce jeu, pas sûr que Noah remporte la partie.

    Mon avis :
    Préparez vos mouchoirs ! Bien au-delà d'une simple romance bien prenante, avec quelques scènes érotiques davantage suggérées que décrites, on a aussi une belle histoire qui touche à des thèmes forts : les relations intrafamiliales pas toujours simples, et la maladie quand on sait qu'elle est incurable et, pire encore dans nos sociétés, qu'elle touche un jeune garçon… Si on sourit quelquefois au début, s'amusant de la joute verbale permanente entre les deux personnages principaux, on entre peu à peu dans quelque chose de beaucoup plus profond, et on s'arrête désormais toutes les deux pages pour éponger les larmes d'émotion qui ne cessent plus de couler toutes seules !

    C'est assez compliqué de résumer en quelques lignes sans divulgâcher, et le synopsis est un peu « à côté » de ce qu'on trouve réellement dans ce livre, mais je tente quand même une petite approche. Noah, exilé en Écosse depuis plusieurs années auprès de sa tante maternelle et le mari de cette dernière, revient en France pour des vacances, dans sa famille avec qui il est en conflit. Les relations avec son père sont plus que tendues, sa mère est très câline mais semble surtout désarmée face au conflit latent entre ses deux hommes, et Noah adore autant qu'il surprotège sa pourtant grande soeur, l'intello de la famille qui elle seule semble avoir su combler les exigences de réussite du père. Quand elle arrive à cette fête de famille avec son petit ami, Axel – que Noah appelle « Mister 39 points » par dérision, référence au Scrabble car le mot « axel » vaudrait 13 points, et puis on espère le placer en « mot compte triple » - ; bref, Noah a très vite le sentiment qu'il y a quelque chose de malsain, de faux dans cette relation entre sa soeur et Axel, et se prendra d'une profonde inimitié envers cet intrus, autant qu'il cherchera à le déstabiliser. Mais Axel semble prendre cela comme un jeu, et la relation entre les deux jeunes hommes s'annonce bien problématique…

    Et c'est ainsi qu'on retrouve la plume enchanteresse et envoûtante de Marie H.J., que j'ai appris à apprécier à travers diverses romances qui m'ont toujours beaucoup touchée, associée à celle de son complice K. Jarno, dont j'ai également lu diverses romances, qui m'ont peut-être un peu moins fait vibrer, mais qui avaient quant à elles une certaine légèreté souriante très appréciable également. L'union de ces deux écritures, habituées au même genre, toutes deux habiles, mais quand même relativement différentes, donne donc un résultat époustouflant. C'est un florilège de sentiments qui sont créés petit à petit, tout sonne juste et réaliste, sans pathos exagéré mais un défilé d'émotions.

    Un tel livre mériterait de se retrouver sans aucun souci au rayon plus renommé de la « littérature contemporaine » (que certains appelleraient même "grande littérature"), tant les thèmes abordés peuvent parler à tout un chacun, au moins autant que tous ces romans à tendance feel good tellement à la mode actuellement, mais dont beaucoup n'atteignent pas l'intensité que l'on trouve ici !
    La relation – certes à caractère sexuel, mais pas que ! – entre les deux protagonistes classe pourtant ce livre au rayon moins prestigieux de la littérature dite « sentimentale » alors que, dans l'ensemble de ce livre, cette histoire d'amour est en réalité un « plus », un bonus vraiment appréciable.

    C'est bien simple : j'ai entamé ce livre ce samedi fin de matinée sur un coup de tête, il n'était même pas prévu dans ma « liste à lire » de ce mois-ci… et ensuite je n'ai plus pu le lâcher ! J'ai passé un excellent moment de lecture, ce livre est une très belle, magnifique réussite de la plume de deux auteurs à suivre !




    Et maintenant, je passe à mes deux dernières lectures, pour lesquelles j'ai finalement trouvé le temps d'écrire un commentaire... entre-temps j'ai encore fini un autre livre :O (vive les vacances!) mais celui-là n'est pas encore commenté...
    Bref, voici:

    La dame de Reykjavik de Ragnar Jónasson,
    publié aux éditions de La Martinière, lu en version ebook 2019.
    Une belle surprise: 16/20.

    <image>



    Synopsis : Soudainement poussée à la retraite, Hulda, inspectrice de 64 ans, est autorisée à rouvrir le cold case de son choix, le temps de voir arriver son jeune remplaçant. Elle se penche sur le cas d’Elena, une jeune russe retrouvée noyée il y a un an à 30 km de Reykjavik. Traitée par un collègue négligent, la mort de cette demandeuse d’asile est sur le point d’être classée. Mais Hulda refuse de laisser Elena tomber dans l’oubli… L’atypique inspectrice se jette à corps perdu dans cette enquête.

    Mon avis :
    Voici un Policier de plus que j’avais repéré depuis un moment, mais qui serait resté dans ma Wish List encore bien longtemps, si je ne m’étais pas réinscrite au challenge annuel « Je voyage », dont la formule a quelque peu changé cette année – mais en tout cas, pour moi, le pays à l’honneur en ce mois de janvier est l’Islande, pays qui a fait sa place parmi les fameux « polars nordiques », et pourtant, étonnamment (ou pas), je n’en avais encore lu aucun !

    J’avais survolé des avis contrastés sur ce livre précis, mais j’avais gardé l’impression que tous insistent peu ou prou sur une certaine lenteur de l’enquête (en bien ou en mal), et sur la personnalité de l’enquêtrice (idem)… et en effet ce sont les deux éléments qui ressortent principalement, et moi en tout cas, je suis dans l’équipe « pour » !
    C’est que ces deux aspects principaux se rejoignent, très logiquement, dans le thème principal que ce roman traite en filigrane et avec des retours constants en avant-plan : l’approche de la retraite. Cette retraite que l’on n’imagine même pas à 20 ans (et ciel que « les vieux » nous irritent alors à ne parler que de ça !), qui se profile dans un horizon lointain à 30 ans, dont on commence à parler avec une pseudo-légèreté inquiète à 40 ans, puis que l’on commence à espérer tout en la craignant à (presque) 50 ans – après, je ne sais pas, je n’ai pas encore vécu ces âges-là… mais j’ai vu mon père qui ne faisait plus qu’en parler, les dernières années, dans ce mélange d’impatience, de tous ces projets qu’il réaliserait une fois « libéré » (et dont il a effectivement réalisé un certain nombre), mais aussi ces quelques coups de blues, cette angoisse de « ne plus servir à rien », jusqu’à la fin…

    De plus, ici, l’annonce de la retraite est très brutale : notre inspectrice Hulda s’attendait à travailler encore quelques mois, après tout elle n’a que 64 ans et elle sait qu’elle devrait partir dans quelques mois… mais cette fin de carrière inéluctable semble encore aussi lointaine que possible. Ainsi, quand son supérieur lui signifie que son remplaçant, un « petit jeune » soi-disant brillant tout juste sorti de l’école de police, va arriver dans les prochaines semaines et qu’elle est priée de prendre congé pour lui laisser la place plus tôt qu’elle ne croyait, elle le vit – évidemment – (très) mal. Ses affaires en cours, à elle la bourreau de travail qui a tout donné à son métier, certes souvent en solo car elle a toujours eu du mal à travailler en équipe ; bref, toutes ses affaires en cours ont déjà été redistribuées, mais son chef faussement magnanime lui propose de rouvrir une affaire classée de son choix « pour s’occuper ». Entre fureur et déception, elle le prend au pied de la lettre, et rouvre un peu par hasard un dossier vieux d’un an, sur la mort d’Elena, une jeune Russe en attente de régularisation de ses papiers en Islande. Très vite, Hulda se rend compte que l’enquête, qui a considéré cette mort comme accidentelle (ou suicidaire), a été bâclée, alors que son instinct lui dit qu’il s’agit bel et bien d’un meurtre.

    Et on voudrait qu’un cold case soit une enquête rapide et trépidante ? Forcément elle ne l’est pas ! si elle a été à peine survolée un an auparavant, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle soit tout à coup résolue en deux coups de cuillère à pot dans un spectacle permanent, alors que tout le monde (ou presque) semble avoir oublié cette jeune étrangère, et qu’elle n’a laissé quasi aucune trace dans le centre pour réfugiés où elle a été brièvement hébergée. Mais malgré tous les obstacles, Hulda s’entête et avance dans son enquête ; avec elle on soupçonne l’un et puis l’autre, ils sont quelques-uns quand même à avoir tout à coup le profil du coupable potentiel, et comme on a vraiment l’impression de mener l’enquête aux côtés de Hulda, on épouse ses doutes, ses questionnements, et on se prendrait presque à ressentir son instinct !… À un moment donné, je me suis même demandé si son ami Pétur, veuf comme elle, médecin retraité qu’elle a appris à apprécier dans leur club de randonnées, était vraiment tout à fait net !?

    Le suspense est maintenu grâce à une alternance de chapitres assez courts : la plupart traitent de cette ultime enquête de Hulda et de son cheminement – y inclus toutes ses pensées donc, et quelques passages plus personnels comme son dîner avec Pétur, on colle au plus près de son quotidien. Les autres chapitres parlent tantôt d’une petite fille malheureuse et de sa maman dépassée, tantôt d’une jeune femme en danger, sans autre précision : ces chapitres-là se veulent toujours énigmatiques au début, mais peu à peu s’éclairent pour arriver à diverses révélations qui jalonnent tant la vie privée que la nouvelle enquête de Hulda. On est bien d’accord : ce n’est pas un suspense insoutenable, il n’y a que très peu de scènes sanglantes et il faut vraiment s’enfoncer dans le livre et dans une Islande réellement hostile pour avoir à peine un aperçu d’une quelconque violence plus physique, mais il y a bien « quelque chose » qui pousse à tourner les pages.
    Et puis cette fin ! Sans vouloir spoiler, la révélation du tueur n’est pas une surprise surgie du néant car il faisait effectivement partie de ces quelques personnes qu’on avait pu soupçonner, mais le dénouement final, sans être spectaculaire, est quand même ahurissant, je ne m’y attendais vraiment pas ! Et pourtant, d’une certaine façon, il est logique, dans la lignée de ce à quoi l’auteur nous avait préparés depuis le début.

    Mais donc, au risque de me répéter, bien au-delà de la seule enquête policière, qui fait partie de ces enquêtes « soft » mais non moins intelligente, j’ai beaucoup aimé cette approche d’un âge de la vie si peu exploité dans la littérature, et plus encore quand il s’agit de polars ! On est très loin des clichés habituels : on a une mamie (sans petits-enfants) aux commandes, mais ce n’est pas non plus une Miss Marple avec son tricot et ses chats (je dis n’importe quoi, je n’ai jamais lu Miss Marple, j’avoue !) ; pour une fois c’est une femme du métier, effacée mais opiniâtre, qui a juste le malheur d’avoir son âge. C’est une approche extrêmement humaine, terriblement juste ; on ressent au cœur les désillusions professionnelles de Hulda, son engagement inutile et bien un peu désespéré face à une hiérarchie incompétente qui agite un autoritarisme dont le seul résultat est de provoquer des erreurs par ignorance (ciel que je me suis identifiée à Hulda dans ces passages-là !), et son désir urgent d’arriver quand même à un résultat, et ses espoirs avec Pétur, car malgré tout la vie ne s’arrête pas avec la retraite…

    Je n’irais pas jusqu’à dire que Hulda aurait été attachante, ni aucun des autres personnages de ce livre qui associe une certaine froideur extérieure telle qu’on peut l’imaginer dans un pays si sauvage, dont on entend le vent nous souffler aux oreilles par-dessus les landes de lave séchée, à une simplicité des relations où (presque) tout le monde s’appelle spontanément par le prénom… au point qu’on ne connaîtra jamais celui d’Elena (la jeune Russe) et qu’on oublie très vite celui de Hulda, de toute façon imprononçable. En revanche, on l’accompagne avec grand plaisir dans cette ultime enquête dans laquelle elle donne tout ce qu’elle peut encore, partagée entre regrets et remords – de ne pas avoir su prendre certaines opportunités peut-être, d’avoir eu ce caractère solitaire qui a sans doute été l’une des causes de son peu d’élévation dans la hiérarchie malgré sa capacité de travail, d’avoir eu l’histoire qu’elle a eue, et d’avoir posé certains choix à certains moments – mais soucieuse d’avance malgré tout, en touchant au passage la problématique de l’immigration, de façon presque subtile mais sans concession.





    Et pour terminer en beauté (vraiment!):

    13 à table ! (édition 2022), d'un collectif d'auteurs,
    publié chez Pocket, lu en poche 2021

    <image>

    Présentation : 13 à table ! propose ses meilleurs souvenirs de vacances...
    Un livre acheté = 4 repas distribués


    Mon avis :
    Voici un petit livre que l’on achète bien davantage pour ce qu’il représente (c’est marqué en jaune fluo, bien distinct sur la couverture : 1 livre = 4 repas aux Restos du Cœur !) que par réel goût ou intérêt pour ce que ça raconte – je n’avais même pas conscience qu’il y avait un nouveau thème chaque année, ici les souvenirs de vacances. J’avais certes déjà repéré ce type de livre les années précédentes, mais j’étais alors en pleine panne de lecture et ne fréquentais guère les librairies, jusqu’à l’an passé du moins… mais mon retour à la lecture était encore trop neuf, et je n’avais même pas envisagé d’acquérir ce petit recueil. Cette année, j’ai sauté le pas, et je ne le regrette pas !

    Bon, il faut d’abord savoir, aussi, que généralement je n’aime pas les nouvelles et les évite donc autant que possible ; je me sens mieux dans un roman suffisamment long (200 pages est un minimum presque absolu), pour avoir le temps de bien faire connaissance avec les personnages, de bien entrer dans une intrigue. Ce réel besoin date de l’enfance, ce souhait impossible qu’un livre qui plaît ne finisse jamais ! Tout ça pour dire que je suis très mauvaise juge du genre, puisqu’il ne m’attire pas et je pars donc avec un a priori négatif, mais en plus, par la force des choses, je suis restée novice en la matière, malgré mes nombreuses lectures par ailleurs…

    Alors, en lisant des critiques çà et là d’autres lecteurs, je me rends compte que résumer et/ou commenter chacune des nouvelles ne semble pas être l’exercice choisi pour la plupart… et j’ai envie de dire « ouf ! », car j’ai déjà oublié une partie de ces nouvelles, ou alors le titre ne m’évoque plus rien. Il faudrait alors replonger dans les pages, 15 fois… non merci !
    Je vais donc me contenter d’un « top 3 » et d’un « flop 3 », en précisant d’emblée que ce sont bel et bien des ressentis strictement personnels, et que je ne cherche pas à plaire (ou non) à l’un.e ou l’autre auteur.e, si par miracle ils ou elles me lisent ! Mais de façon générale, je peux dire que j’ai trouvé une qualité littéraire supérieure à ce que j’attendais : la plupart de ces nouvelles, même les plus « légères », sont bien écrites, en tout cas elles ont réussi à capter et conserver mon attention sur peu de pages, certes, mais dans un genre que je n’apprécie pas (vous l’avais-je déjà dit ?), ce n’était donc pas gagné d’avance !

    Dans le flop 3 (on m’a dit autrefois de toujours commencer par le négatif), dans l’ordre ou le désordre, je note « Le fugitif » de Tonino Benacquista, car j’ai vraiment du mal avec cet amalgame qui est proposé entre un figurant déguisé en soldat allemand de la 1re guerre mondiale, et le souvenir d’un fils (français !) perdu lors de cette même guerre par des paysans du coin… Se réconcilier entre nations autrefois ennemies, et avancer ensemble pour construire un avenir commun, je dis oui ! ; mais tout mélanger au risque d’oublier, moi je dis non, et le point de vue quelque peu confus proposé par l’auteur m’a beaucoup gênée – ou alors je n’ai rien compris, ce que je n’exclus pas tout à fait, mais dans tous les cas ça reste un flop à mes yeux ! Dans la même catégorie, je mets « Dag Hammarskjöld » de Jean-Paul Dubois et « On ne joue plus » de François d’Epenoux, qui ne m’ont pas semblé intéressants du tout, car ce sont typiquement de ces souvenirs d’enfance très personnels (ou qui font « comme si » même s’ils sont fictionnels) qui ne peuvent toucher que les concernés.

    Dans le top 3, je crois que je rejoins plusieurs lecteurs avec « Génie et Magnificent » de Tatiana de Rosnay, cette histoire de ces deux vieilles dames, dont l’une plutôt acariâtre, qui se retrouvent dans une maison de retraite et… ;) Très bon point aussi, même si on est dans un drame bien dur, mais c’est tellement (tristement) réaliste, pour « L’Ascension » de Karine Giebel. Et j’ai apprécié la légèreté rafraîchissante de « Un faire-valoir » de François Bourdin.

    Pour terminer, j’ajouterai un « top ovnis », ces quelques textes surprenants pour une raison ou une autre, auxquels j’ai plus ou moins accroché : en premier lieu, la recette de Cyril Lignac, c’est sympa et ça plaît sans doute à beaucoup… mais je ne comprends toujours pas ce que ça vient faire dans un recueil de nouvelles (ou alors, si les livres de recettes de cuisine sont des recueils de nouvelles, j’en lis bien davantage que je ne crois !). De plus, c’est une recette que je ne ferai sans doute jamais : j’ai déjà un certain nombre de recettes de poulet avec du citron (ingrédient que mon mari n’aime pas, soit dit en passant), donc ok ce n’est rien de bien difficile et c’est tout à fait abordable, mais ce n’est rien d’original non plus ! Petite mention pour « L’Abat-Jour cramoisi du Vieux Sémaphore » d’Alexandra Lapierre, qui démarre comme un joyeux souvenir commun pour se perdre dans les incompréhensions familiales, mais alors, la chute est sans doute la plus inattendue de tout le recueil, et ma seule pensée a été (excusez l’expression, mais il n’y en a vraiment pas d’autre) : « Oh la salope ! » Et bien sûr, cet auteur dont je n’ai encore lu (et beaucoup aimé) qu’un seul livre, mais cette nouvelle m’a donné envie d’en lire d’autres : « Martine » de Romain Puértolas, délicieusement flippant et décalé !

    Bon ben c’est fait : j’ai réussi à évoquer au moins 9 de ces 15 nouvelles, je ne vais pas vous embêter plus longtemps !
    J’ai envie de conclure en périphrasant ce que disait, hum, je ne sais plus qui : ce que font les Restos est génial ! mais dans le fond, ce qui est vraiment terrible et malheureux, c’est qu’ils doivent encore et toujours exister, alors qu’ils ont été lancés presque comme une blague il y a 35 ans…
    Alors, n’hésitez pas, achetez ce petit recueil, car ici la lecture prend tout son sens : on compte sur nous !

  • Grominou

    Modératrice

    En ligne

    #168 08 Janvier 2022 22:53:37

    Pour Dumas, il y a aussi La Reine Margot qui est formidable!
  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

    Hors ligne

    #169 11 Janvier 2022 00:03:29

    Bonsoir,

    Grominou a écrit

    Pour Dumas, il y a aussi La Reine Margot qui est formidable!


    Merci pour le conseil, je n'y avais pas du tout pensé! Je vais investiguer de ce côté-là aussi alors...

    Et voici mes deux dernières lectures - je vous avais dit que j'allais être régulière!

    Harmonie imparfaite de Jay Northcote,
    publié par Jaybird Press, 2021, lu en ebook.
    Une romance M/M toute en douceur: 16/20.

    <image>

    Synopsis : Une harmonie imparfaite peut tout de même être magnifique…
    John Fletcher, ancien musicien, est coincé dans les limbes après le décès de son partenaire de longue date, deux ans plus tôt. Il s’est coupé de tout ce qui lui rappelle sa perte déchirante. Quand sa voisine le persuade de rejoindre la chorale locale, John redécouvre son amour de la musique et trouve une raison de recommencer à vivre.
    Rhys Callington, chef de chœur talentueux et charismatique, capture l’attention de John dès leur première rencontre. Il semble être son opposé : jeune, dynamique, et plein de vie. Mais le passé sombre qui s’accroche à Rhys l’empêche de poursuivre ses rêves.
    Malgré leurs dix-neuf ans d’écart, les deux hommes se rapprochent, et une relation fragile s’installe. Les fantômes du passé ainsi que les incertitudes quant à l’avenir menacent leur bonheur tout juste retrouvé. Mais pour que leur vie et l’amour qui naît entre eux trouvent l’harmonie qu’ils partagent à travers la musique, ils vont devoir commencer à suivre la même partition.


    Mon avis :
    Petit retour à une romance M/M entre deux livres plus « sérieux », j’ai choisi celui-ci à cause de la musique (quelle jolie couverture, n’est-ce pas ?) et parce qu'il pouvait correspondre à quelques critères pour l’un ou l’autre des challenges auxquels je participe. Et franchement, il n’y a pas grand-chose à en dire… C’est certes une romance à vague tendance érotique, comme on a assez souvent désormais, avec quelques scènes de sexe très explicites, mais rien de trop piquant, ça fait juste partie de la vie. En fait, l’ensemble donne surtout une impression générale de grande douceur.

    On a deux héros tellement semblables qu’on se demande si l’auteur n’a pas fait un copier-coller en changeant juste quelques détails ! John, 42 ans, est musicien (violoniste et pianiste essentiellement) mais a laissé tomber son boulot d’enseignant, qu’il aimait beaucoup, à la mort de son compagnon de plus de 20 ans, deux ans plus tôt – mort dont il se sent responsable. Il est revenu vivre dans la maison de sa mère, décédée elle aussi quelque temps plus tôt, et peine à se reconstruire. Au moment de l’histoire, il aide une vieille voisine, qu’il connaît depuis toujours, tout juste opérée des hanches, à divers déplacements. C’est ainsi qu’il la conduit aux répétitions de la chorale auxquelles elle participe tous les mercredis, et elle l’invite à y participer… ce qu’il se trouve à ne pouvoir refuser. C’est là qu’il rencontre Rhys, le très jeune chef de chœur, 23 ans, qui vit lui aussi de sa musique, mais a laissé tomber la composition et des promesses d’engagement à la mort de son petit ami – mort dont il se sent responsable. Il est revenu vivre dans la maison familiale, dans un garage aménagé, mais partage beaucoup de temps avec sa mère et son jeune frère.
    Les deux sont sympathiques, plutôt beaux gosses, très polissés (à la limite du lisse parfois), toujours prêts à aider leur entourage (ils vont notamment donner de mini-concerts gratuits dans un home où réside la grand-mère de Rhys), tandis que leurs démons intérieurs les empêchent d’avancer mais sans aucun impact sur l’extérieur. Je veux dire : aucun d’eux n’a la moindre tendance « bad boy », tout au plus Rhys est-il tatoué de partout et avec les cheveux teints en bleu, mais ça s’arrête là, et ces particularités physiques sont à peine exploitées. Et bien sûr, ils sont tous deux gays et l’assument entièrement – de façon joyeuse et exubérante pour Rhys, qui n’hésite pas à porter des t-shirts explicites (c’est l’auteur qui le dit !), de façon plus tranquille mais assurée pour John.

    On n’est clairement pas dans un M/M étourdissant – que ce soit par un sujet dont le côté dramatique ressortirait plus durement, par des scènes de sexe époustouflantes ou par des questionnements interpellants ! Il n’y a donc pas vraiment d’intrigue folichonne, pas de vrais rebondissements, on est bien davantage dans une romance « tranche de vie » où deux êtres blessés par la vie se rencontrent, s’aiment, osent peu à peu se reconstruire grâce à cet amour, et puis se posent des questions sur leur avenir. C’est d’ailleurs là qu’était la partie la plus « intrigante », avec les hésitations répétitives de John face à la grande différence d’âge entre eux deux, tandis que Rhys, avec la légèreté de sa jeunesse et l’assurance de son amour, voulait juste que tous deux aient une deuxième chance…

    Bref, ça se laisse lire tranquillement car c’est tout gentil. Les héros sont suffisamment attachants, de même que les quelques personnages secondaires mis en avant (avec mention pour leurs chiens respectifs – celui de la voisine de John, et celle de la mère de Rhys), pour retenir l’attention malgré un évident manque d’action. Et surtout, les références constantes à la musique sont agréables et touchantes quand on y est sensible – sans ça, à vrai dire, je me serais peut-être bien un peu ennuyée, car tout ça est un chouïa trop lisse à mon goût, mais finalement non ! Cela dit, malgré toute sa douceur tranquille, ce livre n’est pas non plus inoubliable : je recherche davantage de sensations quand je lis une romance…





    La petite ville des grands rêves de Fredrik Backman,
    publié chez Mazarine en 2021, lu dans la version ebook.
    Un coup de :heart: malgré quelques petits défauts: 19/20!

    <image>



    Synopsis : Ursa est une petite ville recluse à la lisière d'une immense forêt suédoise.
    La plupart de l'année, elle est recouverte d'une épaisse couche de neige, plongée dans un froid et une obscurité qui rapprochent ses habitants – ou bien les éloignent.
    Soumises à ce rude climat, la population et les activités ne cessent de diminuer. Mais, cette année, la ville est sur le point de vivre un étonnant renouveau : l'équipe junior de hockey sur glace, sur laquelle tous les espoirs reposent, va jouer son match le plus important de l'année. L'excitation est palpable. Un futur prometteur se dessine... jusqu'au jour où la star de l'équipe commet un acte violent et irréparable qui met tout en péril. La population est divisée : faut-il se taire et oublier, ou bien tout risquer pour rendre justice ?
    Lorsque l'avenir d'une ville se trouve en jeu, personne ne peut rester en retrait et être neutre. Tout le monde doit prendre parti. Et vous, de quel côté seriez-vous ?


    Mon avis :
    Magnifique, inoubliable et bouleversant !
    J’avais repéré ce livre dans ma librairie habituelle, à cause de sa couverture (hivernale) sobre que j’avais trouvée très belle, dans des teintes qui me plaisent. De plus, le titre intriguant mais accrocheur m’avait également attirée – il n’a pourtant rien à voir avec l’original suédois, « Björnstad », qui veut dire littéralement « la ville de l’ours », c’est d’ailleurs ce titre-là qui a également été retenu en traduction anglaise par exemple, et c’est tout à fait ça !
    Mais voilà : j’essaie de limiter mes achats de livres papier, après tout j’ai une liseuse. C’est ainsi que j’ai assez vite décidé de craquer quand même, mais en format électronique (et tant pis pour la si belle couverture), pour ensuite rapidement oublier ce livre quelque part dans ma Kindle, car il est relativement peu mis en avant par les différents médias même littéraires – et quel dommage ! Je ne remercierai jamais assez cette co-lectrice d’une lecture commune précédente, de m’avoir proposé qu’on le lise ensemble. Je n’ai que peu hésité, sachant que, sans cela, ce livre risquait bien de subir le sort de tant d’autres : se perdre à jamais (?) dans les tréfonds de ma PAL !

    Alors, autant le dire tout de suite : si vous n’aimez pas le hockey (sur glace) ou, pour le moins, si vous n’êtes pas intéressé par le sport (de haut niveau) au moins un tout petit peu, alors passez votre chemin, car ça parle de hockey, de hockey, et encore de hockey, jusqu’à l’indigestion et pire encore !
    C’est que nous sommes dans la petite ville (imaginaire) d’Ursa, cette fameuse Ville de l’Ours, aux confins de la Suède, au-delà c’est l’impénétrable forêt et le froid éternel. Une seule usine a fait vivre cette petite ville pendant de nombreuses années, mais comme partout ailleurs, les licenciements successifs en ont fait une fabrique à chômeurs, tandis que les écoles fermaient les unes après les autres, n’en laissant qu’une dernière en fonctionnement. Pour tous, il ne reste finalement que deux choses : le bar du coin, tenu par Ramona, une veuve peu commode qu’on apprendra à apprécier, et le hockey, dont le symbole est… l’Ours !
    Tout tourne autour de ce sport, qui fait vivre quelques hommes (entraîneurs, manager etc.) en leur offrant un salaire, mais surtout qui fait battre les cœurs de toute une ville, quand l’équipe des juniors parvient à se hisser au niveau d’une demi-finale nationale. Plus que jamais, ce sport qui « n’est qu’un jeu » cristallise toutes les attentes, tous les rêves de toute une communauté pourtant bien disparate, entretenant le fol espoir que toute la ville pourrait renaître d’une victoire – on rouvrirait des écoles, un lycée sportif même, et on relancerait l’usine !
    Mais survient le drame… et la question qui déchire tous ces gens qui se connaissent tous depuis l’enfance, qui ont usé leurs culottes sur les mêmes bancs d’école, qui ont eux aussi fait partie du club de hockey avant de devenir adultes, qui sont amis même pour certains, car cette petite ville fonctionne comme un village ; bref, il leur fait maintenant choisir leur côté : être loyal au héros local (car même si l’accent est mis sur l’équipe avant tout, il y a malgré tout l’une ou l’autre star au sein de cette équipe) en dépit de son acte innommable, ou oser affronter ses amis, voisins et collègues pour soutenir la vraie victime (qui, en plus, n’aime pas le hockey) ?

    À travers ce thème dramatique central, même s’il survient assez tard dans le livre, l’auteur aborde de façon magistrale toute une série d’autres thèmes du quotidien. Ces derniers ne semblent pourtant pas « forcés », comme on a parfois l’impression d’avoir une surenchère dans certains livres. Ici, l’auteur nous parle tout simplement de la vie, et s’il la concentre sur une toute petite ville autour d’un sport précis, connu pour être un sport d’équipe, d’engagement, mais qui n’exclut pas une certaine violence (et tous ces aspects sont extrêmement bien rendus sans faux-semblants !), ce n’est que pour mieux faire ressortir toutes ces choses qui font la vie de tout le monde, de chaque lecteur, au final.
    On a ainsi une multitude de personnages, difficile de parler d’un et un seul personnage principal – ni même deux ou trois, ni non plus l’équipe de hockey, car bien sûr on connaît les 6 joueurs, mais certains d’entre eux sont davantage mis en avant que d’autres ; et par ailleurs, on a tous les personnages « annexes » : les quelques adultes qui entourent ces juniors, mais aussi les familles de tout ce petit monde du hockey. Les deux qui se dégagent sont évidemment Kevin, la star locale et Maya, la fille du manager, entre qui le drame va se jouer. Mais leurs meilleur.e.s ami.e.s, respectivement Benji et Ana, ont aussi un énorme rôle à jouer. Et peut-on parler de toute cette histoire sans évoquer Amat ?

    L’auteur n’a pas tout à fait pu éviter les clichés : parmi les thèmes abordés, il y a les différences de statut social, différences qui s’effacent sur la patinoire, mais qui ressurgissent dès que l’on sort de l’aréna, et plus encore quand survient le drame. Or, ici, il a fait fort : entre Kevin la star, issu d’un milieu extrêmement privilégié, mais dénué de toute forme d’affection, avec un père psychorigide et une mère bien lâche ; et le jeune Amat au potentiel trop caché, issu de l’immigration, sans père, et dont la mère lutte pour survivre, tout en enrobant son fils de son indéfectible amour maternel qu’il lui rend bien, on n’est pas bien loin du stéréotype… qui s’exacerbe encore davantage quand chacun choisit son camp. On entendrait presque La Fontaine nous souffler aux oreilles ce qu’il disait déjà il y a 4 siècles : « Selon que vous serez puissant ou misérable… ».
    Parmi les autres thèmes, que je ne vais pas vous embêter à lister ici, j’ai beaucoup aimé l’approche de l’homosexualité de l’un de ces nombreux personnages – dire de qui il s’agit, serait divulgâcher si vous n’avez pas lu le livre ! On ne décèle que petit à petit cet aspect du personnage en question, et surtout, on comprend à quel point c’est difficile pour lui, un peu comme le pendant de ce qu’a vécu Maya, dans cette société cristallisée autour de son équipe très masculine de hockey, où il faut être « un homme » (au sens le plus péjoratif possible du terme, alors). Et pourtant, par petites touches et avec au moins autant de pas en arrière, mais parce que l’amour peut surgir de n’importe où quand on s’y attend le moins, peu à peu ce personnage se laisse à aller à être lui-même, et c’est réellement beau, il n’y a pas d’autre mot !

    Ce qui est appréciable aussi, indéniablement, c’est que aucun de ces personnages n’est tout à fait blanc ou tout à fait noir (La Fontaine n’aura pas eu raison, finalement, si le lecteur est juge) ! Ils ont tous leurs démons, leurs secrets même pour leurs meilleurs amis, leurs doutes peu ou prou exprimés, leurs moments de révolte parfois à contretemps (ah la mère de Kevin !) – ils sont humains, tout simplement, façonnés par un état d’esprit propre à une toute petite ville relativement isolée, et c’est là qu’on voit ceux qui refusent d’affronter leur propre vérité en se complaisant dans ce qu’ils ont, et ceux qui sont capables d’aller au-delà des préjugés, de ce qui fait mal, tout en restant accrochés à cette ville qui est la leur. Ils sont tous touchants, même ceux qu’on devrait cataloguer comme « mauvais », ils ont tous raison selon leurs propres critères… mais seuls quelques-uns feront les choix qui leur donne une vraie valeur humaine, et qui leur permettra d’avancer, d’être capable de se regarder dans un miroir en somme… (pour cela, mention à Leo, le petit frère de Maya, qui ne joue finalement qu’un tout petit rôle dans toute cette histoire, mais ô combien important !)

    Ce livre est donc un véritable coup de cœur ! Et parce que c’en est un, je peux me permettre de relever quelques petits défauts.
    Parlons par exemple de l’écriture : elle est très fluide et surtout très directe, mais aussi, elle a quelque chose d’obsédant, et je pense que « ça passe ou ça casse ». On a par exemple la répétition de l’onomatopée « Bam. Bam. Bam-bam-bam. » On comprend très vite (ce n’est guère un spoil) que ça évoque le palet que Kevin envoie au fond de son mini-goal (ou la crosse contre le palet, mais ça revient au même) car, non content d’être la star locale et très doué, ses richissimes parents lui ont installé une mini-patinoire dans le jardin, où il s’entraîne tous les jours dès l’aube. Et ce « Bam » revient encore et encore, de façon obsédante comme je disais. Ou bien regardons le mot « hockey » : ma liseuse m’apprend qu’il y a précisément 295 occurrences – sur un livre de 464 pages (selon les sites de vente), ça fait plus d’une occurrence toutes les deux pages ! C’est très répétitif, on ne peut pas y échapper… et clairement c’est délibéré de la part de l’auteur !
    Je ne pourrais dire si j’ai vraiment apprécié ce procédé, c’est quelque peu déconcertant et parfois lassant, mais de façon indéniable, ça participe au « charme » de ce roman.

    Par ailleurs, il y a çà et là quelques longueurs, de ces passages que l’auteur semble avoir ajouté pour entretenir une certaine tension, retardant ainsi le moment de dévoiler ce que le lecteur attend ; il joue avec les nerfs du lecteur, la plupart du temps avec succès, mais là aussi tout à coup on se lasse, et vraiment c’est difficile de dire pourquoi, d’un instant à l’autre, on bascule d’un état d’expectative impatiente à ce sentiment de « trop long ».
    Mais en même temps, ce livre est une mine à citations, c’est là qu’on entend l’écriture directe, car plus d’une phrase peut toucher tout un chacun selon sa sensibilité du moment, selon son propre vécu : comme ça parle de tant de sujets de la vie, tout le monde peut y trouver son compte. Pour moi, sans surprise pour ceux qui me connaissent, j’ai été particulièrement interpellée par plusieurs allusions à la parentalité, et quelques-unes à la musique.

    Bref, c’est un récit touchant, centré sur le hockey qui cristallise tant et tant de passions humaines, dont la plus terrible est sans doute une forme de « dernier espoir » pour une ville au bord de la faillite… jusqu’au drame, obligeant chacun à prendre parti même quand la vérité fait mal à toute la communauté.
    Et vivement la traduction française de la suite de ce roman !

  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

    Hors ligne

    #170 17 Janvier 2022 09:52:37

    Bonjour tout le monde!

    Ce sont 4 livres dont je dois vous parler aujourd'hui ;) - mais rassurez-vous: non mon rythme de lecture n'a pas augmenté tant que ça, c'est juste que je lis actuellement des livres courts, et les 2 derniers au moins ont été "faciles"! Pas vraiment des déceptions (à part le tout dernier), mais je suis clairement redescendue dans le niveau d'appréciation après le coup de coeur qu'avait été La petite ville des grands rêves (voir le post précédent ;) )...

    Quant à mes lectures en cours : je suis à peu près au milieu de Queen of hearts, tome 1 : L'histoire de la reine de coeur, livre que j'avais offert à mon grand de 14 ans pour Noël et qu'il m'a proposé de lire. Il est question de la vie de la Reine de Coeur du Pays des Merveilles ("Coupez-lui la tête!" - ça vous parle? ;) ), quand elle est encore jeune princesse, orpheline de mère et détestée par son père... C'est pas mal mais ce n'est pas non plus un page-turner...
    En parallèle, j'ai entamé Johannes Cabal, tome 1 : Le Nécromancien, car je l'ai emprunté à la bibliothèque sans trop savoir pourquoi. Un énième livre complètement loufoque, pas forcément ce que j'ai envie de lire actuellement, je ne suis pas certaine de le terminer... sauf qu'il est l'un des rares que j'aie trouvés qui réponde à une consigne bizarroïde d'un challenge (merci Kah Rane si tu me lis!): Des cornes sur la couverture du livre.

    Je vous dirai donc dans un prochain post, et en attendant, voici donc mes avis précédents:

    Jeux de mains... du duo belge d'auteurs Yves Laurent,
    publié chez Esfera en 2017, lu dans la version GF. Un tout bon 17/20!

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    Synopsis : « Ce coup-ci n'était qu'un "essai" afin de m'assurer que je n'avais pas tout à fait perdu la main, mais, pour ma prochaine victime, je lui réserve une véritable petite œuvre d'art. Mon vieux Corduno, il va falloir te préparer à en baver grave. »
    Après deux années d'interruption, le tueur en série qui donnait des cauchemars au célèbre Inspecteur Principal David Corduno et à son équipe, décide de refaire surface afin de poursuivre sa danse macabrement perverse. Le point commun de la sixième victime avec les précédentes ? Une nouvelle phalange emportée, mais à la main gauche, cette fois. Le sang-froid de Corduno va être mis à rude épreuve au cours de cette enquête bruxelloise ponctuée de traits d'humour et de bains de sang. Mais pourquoi le meurtrier semble-t-il si bien connaître son traqueur ?


    Mon avis :
    Une (bonne) enquête policière avec pas mal d’hémoglobine, et aussi quelques scènes de sexe explicites, le tout dans un ton belgo-bruxellois très accentué, ça vous tente ? Alors vous avez trouvé le bon livre ! On y croise un tueur en série réellement psychopathe, un policier très doué qui se retrouve ainsi face à sa première série d’échecs, et son équipe très humaine, très amie, très soudée qui l’entoure chacun avec ses spécificités. Bref, que du bonheur !

    Évidemment, ce qui précède était la version courte, car je dois bien l’avouer : malgré un sentiment très positif qui persiste deux jours après avoir terminé ce bouquin (eh oui, pour une fois j’ai un peu tardé à rédiger mon avis), les quelques regrets qu’il a suscités sont toujours bien présents eux aussi – et je dis bien regrets, pas défauts, car il s’agit bien d’un ressenti tout à fait personnel, et ici il est exacerbé par le fait que l’essentiel de l’intrigue se déroule « chez moi », à Bruxelles, où je vis désormais depuis plus de 20 ans, où a toujours vécu mon mari, et où sont nés mes trois enfants.

    D’abord, comme dans de nombreux livres très « localisés », je regrette que l’éditeur n’ait pas proposé de carte pour présenter ma ville ! Il est quand même question de plusieurs des communes de Bruxelles-Capitale, ainsi que de plusieurs communes de la périphérie (flamande) – pour moi qui vis ici, c’est du quotidien ; pour un Namurois (Namur étant la « capitale de la Wallonie », or je suis namuroise et y ai vécu plus de 25 ans, n’allant alors à Bruxelles que de façon très épisodique pour faire du shopping…) ou un Français ou un Québécois, qui, les uns comme les autres, ne connaîtraient Bruxelles que de très loin, mais qui se risqueraient à lire un tel livre ; bref, pour des non-initiés, tout cela ferait peut-être « couleur locale », mais ça génèrerait aussi pas mal d’incompréhensions, qui peuvent entraîner une certaine frustration – d’autant plus que la situation géo-linguistique de la Belgique, et de Bruxelles en particulier, est compliquée ! Je ne demande pas une introduction géo-politique à mon pays, juste une petite carte bien faite aurait été déjà bien utile.

    En revanche, l’éditeur (en concertation avec les auteurs j’imagine) a fait le choix de proposer ce livre avec un double marque-page : l’un très sympathique qui rappelle la couverture, c’est toujours appréciable, et l’autre, double-face, qui reprend, je cite, les « expressions belges ». Si, au début, j’avais trouvé l’idée formidable, à l’usage je suis nettement plus dubitative. En effet, ces expressions belges sont un florilège certes alphabétique mais complètement aléatoire (et dès lors pas forcément opportun) d’expressions populaires issues du flamand, de mots typiquement bruxellois, ou parfois bruxello-wallons qui sont utilisés au jour le jour, mais aussi de mots d’usage courant qui ne sont même pas tout à fait des belgicismes ! J’ai notamment été bien étonnée de trouver dans cette liste des mots tels que « souper » - après tout, on soupe aussi dans certaines régions de France ! – ou « nonante » - que nos amis suisses ont également adopté, et qui soit dit en passant, est beaucoup plus logique (d’un point de vue mathématique) que l’imbuvable quatre-vingt-dix !

    Mais surtout, ce que je veux dire avec tout cela, c’est que les auteurs usent et abusent de ce mots et expressions… donnant à Bruxelles (et à la Belgique) une teinte très particulière, qui est certes agréable et fait sourire tout le long du livre quand on connaît, mais qui a malgré tout un petit côté artificiel et peut faire penser aux non-initiés que les Belges ne savent décidément pas parler un « bon français » - ou, pire, pourrait leur faire penser que ce livre est truffé de « fautes ». Alors, je les rassure (mais ils liront moins mon avis qu’ils ne liront ce livre) : non, on ne parle pas comme ça, comme nos personnages, au quotidien à Bruxelles ! Le langage que les auteurs mettent dans la bouche de nos personnages existe certes, mais se rencontre surtout dans certains quartiers plutôt populeux, et auprès d’une population d’un âge plus avancé que celui de nos héros. Ainsi, il paraît forcé et peu naturel, quand il apparaît de façon ainsi exagérée dans les dialogues de nos protagonistes.
    En outre, je reconnais que j’utilise moi aussi un certain nombre de ces expressions (et, s’il en est que je n’utilise pas spontanément, aucune ne m’était inconnue), mais certainement pas au rythme soutenu de nos personnages, et encore moins dans un contexte professionnel quel qu’il soit ! Pour ne donner que quelques exemples : cette liste contient « -ke : (suffixe) petit » (vous avez pensé à Manneken Pis, non ?) – eh bien, tous les jours, spontanément, j’appelle mon petit, dont le prénom est Julien, « (mon) Juleke » ! C’est normal et c’est mignon (enfin, ça l’est pour nous). En revanche, cette liste cite aussi « smeirlap : saligaud, cochon, ordure », que pour ma part je n’utilise jamais, à moins d’être très, très, très, très (vous avez compris) en colère contre la personne que je désignerais ainsi ; d’ailleurs, la traduction vous donne déjà une idée – en réalité, c’est un mot 100% flamand (ce qui n’est pas signalé), et en flamand donc, c’est une grave insulte qu’il vaut mieux ne pas prononcer à haute voix… Oh ! et je fais régulièrement du « stoemp » pour ma famille… mais ce n’est pas exactement de la « purée de pommes de terre aux légumes », même si ça y ressemble, de loin! Le mode de préparation est différent, et souvent très « familial » (comme tous les plats typiques, c’est aussi un moyen de cuisiner les restes, qui peuvent être très variés) et le degré d’écrasement est très grossier, laissant de gros morceaux bien visibles…

    Tout cela étant dit, au risque de me répéter : je dis oui à une langue française qui n’a pas honte de ses racines propres, de ses spécificités régionales même empruntées à une autre langue, et qui les utilise sans faux-semblants… mais j’adhère plus difficilement à ce choix des auteurs d’accentuer ces traits-là, dès lors de façon trop artificielle, au risque de flirter avec une certaine caricature. Mais comme je disais : je pense que c’est un choix parfaitement assumé des auteurs, et je le respecte tout à fait ! même si ça me donne un petit sentiment de malaise en pensant à l’image que ça peut refléter de ma chère ville, auprès de ceux et celles qui ne connaissent pas, et qui feraient l’erreur de prendre ce livre et les expressions de ses personnages au pied de la lettre…

    À part ces détails géo-linguistiques, auxquels je suis très sensible comme vous l’aurez compris, ce livre est vraiment un tout bon polar qui balade le lecteur comme il balade notre équipe de policiers. Les auteurs ont opté pour une histoire toujours très visuelle, et réellement je suivais la petite équipe tout au long de sa progression dans l’enquête à travers la ville (puisque les noms de rue sont cités clairement, puis on tourne à gauche ou à droite, on s’y croit vraiment !). Comme l’équipe de policiers, on a des doutes sur certains personnages… et si, pour ma part, je n’avais pas deviné qui était le tueur, je n’ai pas non plus été surprise, car tout à coup on se rappelle l’un ou l’autre détail qui avait frappé lors de la lecture, de ces détails parsemés çà et là l’air de rien, sans réelle mise en exergue, mais suffisamment interpellants sur le moment, pour revenir en force au moment de la révélation.

    Les personnages ne sont pas ultra-travaillés, on n’est clairement pas dans un thriller psychologique (même si, dans certains passages, on n’en est pas loin), mais ils ne sont jamais lisses non plus et parviennent à susciter un réel attachement : on ressent véritablement la rage mêlée d’accablement d’un David Corduno humilié, confronté à ses premiers échecs dans une brillante carrière de policier ; on a envie d’accompagner son ami de toujours et collègue Michel, malgré ses propres failles dans sa vie privée et le fait qu’il soit moins présent qu’il ne voudrait dans un contexte difficile ; on rencontre avec plaisir les amies de Sascha ; et mention pour « Le Fabe » et son esprit parfois décalé d’informaticien – à la limite du cliché, j’en ai connu de ces informaticiens au mode de pensée tellement « différent » du commun des mortels qu’on en reste parfois pantois, mais ici c’est exploité intelligemment.

    Pour clôturer, il faut aussi révéler la petite histoire : je lis ce livre bien « tard » car je ne l’ai découvert qu’à la parution du second tome ! J’étais en pleine panne de lecture lors de la sortie de ce premier opus, et l’ai donc complètement manqué ; or, je reprenais peu à peu goût à la lecture lorsque j’ai découvert le second, lors d’une de mes désormais habituelles déambulations en librairie – librairie dans laquelle les nouveautés belges sont toujours mises en avant, et je n’en remercierai jamais assez mon libraire ! Moi qui ne lis presque jamais deux tomes d’une même série à la suite, je sens bien que je ne vais pas tarder à lire « … Jeux de vilains », j’ai hâte de retrouver cette bien sympathique équipe dans une nouvelle enquête !





    Vers l'ouest de Xavier Jaillart,
    publié chez Scrinéo en 2015, lu en version ebook. Avis entre bon et mitigé: 15/20.

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    Synopsis : De nos jours, David Berg, comédien parisien, hérite de son vieil oncle Djydek une maison dans les Orcades, en Ecosse. Fraîchement débarqué sur l'île, il tombe amoureux du lieu, entre autres... Mais l'insolite comportement des autochtones cache un mystère... Pourquoi Djydek a-t-il quitté son Brésil pour venir mourir ici?
    Quelque part au milieu de des brumes de Scapa Flow, cette histoire renvoie a une autre histoire, enfouie, oubliée, une histoire qui a commencé à Varsovie...


    Mon avis :
    J’ai découvert ce livre car il m’a été proposé dans le cadre de mon abonnement à Boobox : le titre et la couverture m’avait interpelée, et généralement Scrinéo est une bonne référence, si bien que je n’avais pas trop hésité. Cependant, comme souvent, il a fallu un challenge spécifique pour que je me plonge dedans.
    Ce livre raconte deux histoires complètement différentes, on se doute d’emblée qu’elles vont se rejoindre d’une façon ou d’une autre (sinon pourquoi les intercroiser ainsi, un chapitre l’une, le chapitre suivant l’autre, et ainsi jusqu’à la fin ?), mais évidemment ça reste mystérieux presque jusqu’au bout… et clairement, on est dans deux histoires différentes, et même deux niveaux de narration complètement différents, l’un qui était à la limite de me déplaire, l’autre qui m’a complètement embarquée. Autant dire que l’ensemble me laisse un avis mitigé, à la limite de l’indécision.

    On a ainsi, d’une part, l’histoire de David Berg, jeune intermittent du spectacle qui porte un regard assez désabusé sur la vie et les choses en général, et qui ne semble pas poussé par une quelconque ambition personnelle et professionnelle – pour moi, ça commençait mal : c’est le genre de héros sans consistance qui me hérisse dès les premières pages. David a hérité de la maison en Écosse, du vieux taxi londonien et du compte en banque d’un oncle qu’il a rencontré une seule fois et dont il ne sait rien. Sans emploi à ce moment-là, il décide de prendre possession de son héritage et découvre peu à peu que son oncle Djydek faisait des recherches sur un sujet qui lui échappe, recherches qu’il aimerait comprendre et éventuellement poursuivre, comme un trésor à trouver. L’enquête dans laquelle il se lance est aléatoire et donne très vite lieu à une vague romance avec la serveuse du seul pub du coin, avec quelques allusions sexuelles gentillettes. Jusque-là, rien de transcendant, et l’enquête ne m’a pas convaincue, trop diluée dans un style auquel je n’ai jamais réussi à accrocher.

    Ce sont des phrases à rallonge avec mille virgules, insistant sur des détails descriptifs peut-être utiles, mais qui m’ont surtout donné envie de lire en diagonale, au risque de louper les passages importants. Et ces phrases sont empreintes de ce que certains appellent de l’humour, et qui aurait pu en être, si seulement ce n’était pas, presque systématiquement, à l’encontre des habitudes anglaises ou écossaises, ou bien contre telle ou telle profession – bref, toujours rire aux dépens de l’Autre, est-ce ça de l’humour ? – et, par ailleurs, trop répétitives. Pour citer un tout petit exemple : quand l’auteur place un « il est, n’est-il pas ? » dans un de ses dialogues avec un autochtone, ok ça fait sourire ; la 2e fois, on se dit gentiment qu’il pourrait varier les plaisirs quand même ; la 3e fois et les suivantes, on hausse les yeux au ciel avec un vague énervement « mais c’est quoi cette vanne pourrie qui revient encore et encore ? »
    Ou un autre passage, qui rassemble ces deux traits que je reproche au style de l’auteur : « Ce n’est plus un archétype, c’est une caricature de bibliothécaire, avec sa visière sans casquette, ses lorgnons retenues par une ficelle à la boutonnière d’un pull-over de laine à losanges vert caca d’oie et jaune pisseux, ses manches élimées d’où dépassent deux mains desséchées par les tonnes de parchemins et de grimoire qu’elles ont, tous les jours depuis quarante ans, manipulées au ralenti comme on sort un ostensoir de son tabernacle. »
    Sérieusement, qu’est-ce qu’une telle description apporte à cette enquête autour des recherches de l’oncle Djydek ?? Qu’on le laisse en paix, ce pauvre vieux bibliothécaire qui s’habille mal, et qu’on avance dans les recherches ! (qui, bien évidemment, n’avancent pas davantage)

    D’autre part, on a l’histoire complètement différente d’un certain Jaroslaw, adolescent juif de 17 ans, que nous rejoignons en pleine 2e guerre mondiale, lors d’une rafle dans le ghetto de Varsovie où il vit, jusqu’à ses pérégrinations à travers toute la Pologne (en passant par Auschwitz) et au-delà, toujours « vers l’ouest »… Autant David Berg avait un côté quelque peu horripilant à mes yeux, autant Jaroslaw a aussitôt su trouver ma sympathie. Ce qu’il vit est innommable, on le sait, et pourtant il poursuit sa route avec une conviction toute liée à sa jeunesse, profitant des occasions qui se présentent à lui avec intelligence, n’oubliant pas d’être un jeune homme capable d’apprécier ces petits moments de bonheur (et d’amour) que l’on peut trouver même en pleine guerre. Il va de l’avant en toutes occasions, même dans les moments durs où ses yeux débordent de larmes, et où on a envie de pleurer avec lui, tant l’horreur et/ou l’ironie du moment s’entremêlent devant nos yeux…
    Et dans ces chapitres-là, c’est carrément un autre auteur que j’ai découvert. Il parvient à souligner le drame que Jaroslaw et ses proches vivent dans une Pologne occupée et ultra-surveillée, par des mots simples, des petites touches qui esquissent à peine les choses et qui pourtant disent tout – comme ce passage où les ouvriers du chemin de fer polonais se rendent compte de ce que transportent ces trains à bestiaux qui vont vers l’est, c’est sans commentaire… et cette brève évocation (in)humaine est relatée de façon tellement simple et bouleversante à la fois !

    Dans ces chapitres historiques, qui témoignent de l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire sans doute, à travers l’histoire d’un jeune homme terriblement humain, l’auteur a trouvé le ton juste qui touche au plus profond sans grandes fioritures ; il a complètement perdu cette espèce de gouaille franchouillarde que l’on trouvait avec David Berg, pour un style beaucoup plus simple mais tout à coup tellement prenant ! et on lit ses chapitres-là en tournant les pages sans plus pouvoir arrêter, puis on soupire à chaque fin de chapitre quand on retrouve l’autre histoire, tellement moins intéressante ou touchante !

    Sans vouloir divulgâcher, j’ai aussi été un peu déçue par la fin, avec un sentiment de « tout ça pour ça » ? On espère seulement que David Berg va pouvoir un peu « grandir » désormais…

    C’est donc réellement un livre à deux vitesses que j’ai découvert, entre une certaine irritation face à un anti-héros moderne sans consistance, occupé à une enquête assez creuse que l’auteur ne parvient pas à rendre intéressante, et l'émotion que procure une histoire prenante dans un contexte historique dur, pour lequel ce même auteur a sur trouver le ton le plus juste, bouleversant et humain malgré les situations inhumaines. Je reste très partagée…





    Les frères Steele, tome 1 : Une loi implicite d'Eden Finley,
    publié chez MxM Bookmark en 2020, lu dans la version ebook. Une sympathique romance M/M: 16/20.

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    Synopsis : Avoir un jumeau n'est pas toujours une partie de plaisir...
    Il y a des avantages à se ressembler comme deux gouttes d'eau... surtout pour mon frère Anders à qui je ne peux rien refuser. C'est pourquoi je me retrouve régulièrement à rompre avec ses petits copains à sa place. Rupture simple et efficace garantie.
    Jusqu'à Reed.
    Il est tout ce que j'ai toujours souhaité chez un compagnon. Sans m'en rendre compte, je cède à la tentation. Et si je panique, ce n'est pas parce qu'il est un homme, mais parce qu'il est convaincu que je suis mon frère...
    S'il apprend la vérité, alors je le perdrai. Simple et efficace.


    Mon avis :
    Parmi les romances M/M, je demande : quelques scènes torrides, un ton léger et sans prise de tête, des rebondissements qu’on voit venir (ou pas), et un message constant pour le respect de la communauté LGBTQ+... et voici ce livre, qui me laisse l’impression d’une gentille histoire à vague tendance érotique (sans que l’érotisme soit prédominant), pleine de respect pour la différence, et pour tout le monde au final !

    Les frères Steele, c’est Anders(on), comptable et gay assumé, mais qui souffre encore d’un grave traumatisme vécu quelques années plus tôt ; et Law(son), son jumeau monozygote et hétéro, qui tient un dojo où il enseigne les diverses techniques d’auto-défense et autres arts martiaux notamment à des groupes de jeunes de la communauté LGBTQ+, pour leur donner les moyens de se défendre dans un monde qui a encore tant de mal à accepter toute différence. Law l’hétéro donc, ou peut-être pas, ne vit plus que pour protéger son frère depuis « l’accident » ; son frère, son jumeau, son autre moi, quitte à s’oublier lui-même. Par exemple, tandis qu’Anders multiplie les aventures sans lendemain, des histoires de maximum quelques semaines à un mois, mais est incapable d’avancer dans une quelconque relation, c’est Law qui se fait passer pour lui le temps d’une rupture, avec tous les risques plus ou moins embêtants que cela peut supposer… Un Law toujours célibataire car, de son côté, il ne trouve décidément pas chaussure à son pied.
    Mais un jour, une cliente d’Anders lui propose de rencontrer son locataire, Reed, un jeune prof de d’anglais nouveau dans la région et dans la profession, également gay, pour qu’il se fasse des amis voire plus… mais Anders panique, et c’est Law qui va à ce rendez-vous, sous son « masque Anders » bien sûr…

    On a ainsi toute une série de rebondissements, que l’on voit venir pour la plupart, pour ça on peut dire que l’autrice a quelque peu manqué de subtilité – même si certains épisodes du passé d’Anders tardent à être révélés, et surprennent par leur gravité, puis l’un ou l’autre épisode sont quand même plus inattendus, tout en trouvant parfaitement leur place dans l’enchaînement des événements.
    À travers cette histoire, ce livre aborde avec douceur et même une certaine tendresse le problème de la différence dans un pays (et probablement dans un monde) qui n’est pas encore vraiment prêt à l’accepter, même quand toute une série de mesures sont mises en place. C’est une évidente sensibilisation à tout ce qui entoure la communauté LGBTQ+. Le thème de la gémellité sert ici la cause, tout en jouant de façon intelligente sur ce lien particulier qu’il peut y avoir entre deux frères jumeaux monozygotes, et la vision que les autres ont sur eux. Malgré les sujets abordés assez graves, le ton reste toujours très léger, avec des personnages pas trop fouillés, mais suffisamment pour être attachants, et ainsi les pages défilent sans qu’on les voie passer ! Un petit bonheur de lecture tranquille, sur un sujet toujours sensible même dans nos pays industrialisés, même de nos jours.





    Fête de famille fatale de Juliette Sachs,
    publié chez City en 2020, lu en version ebook. Une déception: 11/20.

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    Synopsis : Pour sa première réunion de famille en compagnie de Marc, son nouveau petit ami, et de ses beaux-parents coincés, Camille a tout prévu : les cours de bridge pour plaire à belle-maman et les bouquins de philosophie pour impressionner beau-papa. Évidemment, rien ne se passe comme prévu ! Les choses se corsent encore lors de la fête du village. Alors qu’elle sert une coupe de champagne à l’un des pensionnaires de la maison de retraite, il s’écroule, mort. Pour se disculper, une seule solution pour Camille : démasquer elle-même l’assassin. Mais qui essaye par tous les moyens de lui faire porter le chapeau ? Et pourquoi l’ancienne petite amie de Marc est-elle aussi envahissante et insupportable ? Autant de mystères à résoudre si Camille veut sauver ces fêtes de famille… et sa peau !

    Mon avis :
    Une déception ! et les notes quand même assez élevées qui sont données à ce livre me laissent perplexe…
    À vrai dire, ça commençait mal : on apprend d’emblée, grâce à quelques notes de bas de page dès le 1er chapitre, que ce livre est en quelque sorte la suite de « On n’attire pas les hirondelles avec du vinaigre ». Certes, je pense que les deux livres peuvent se lire indépendamment ; autrement dit, ce second tome n’est pas incompréhensible si on n’a pas lu le précédent… mais c’est quand même dans ce dernier que le lecteur avisé aura pu faire connaissance avec les personnages, ce qui ne semble pas inutile. Lecteur avisé, ou tout simplement informé ! mais la mention que ce livre-ci est une suite n’apparaît nulle part, si ce n’est dans les notes de bas de page précitées, ce qui est un peu pauvre, et « invisible » lors de l’acquisition du livre ! En effet, ni l’autrice ni l’éditeur ne semblent avoir trouvé utile de faire savoir aux lecteurs, de façon claire, que ce livre-ci a un prédécesseur ; pour moi c’est une forme de manque de respect envers le lecteur, et je trouve ça extrêmement dommage ! C’est du pur commerce, « lisez-moi ! » et vous vous débrouillez avec ça…

    Car oui, il faut bien le dire, ce livre est très vendeur. La couverture est tout à la fois attirante et sympathique, mais aussi intrigante, avec ce verre de champagne en avant-plan, les lampions, l’esprit de fête malgré ce homard à l’œil triste… et cette fiole de poison qui laisse entrevoir un autre aspect sur lequel les ventes jouent beaucoup : du cosy mystery !
    Et c’est bien là qu’intervient la deuxième grosse déception : non ce n’est pas du cosy mystery, ou si c’en est, alors il est noyé dans une histoire qui s’apparente bien davantage à de la chick-lit qu’à tout autre genre, avec une vague enquête policière qui commence réellement à plus de la moitié du livre, et qui ne prend pas plus de 20 à 30% du roman au total – je n’ai pas fait de statistiques exactes, mais je pense ne pas être loin du compte. Pire : enquête ou pas, j’avais compris dès sa première apparition qui était le tueur, son mobile et son procédé ; c’était tellement flagrant qu’on se demande comment l’autrice a encore pu trouver 20% de son livre à tourner autour de l’évidence qu’elle expose elle-même. Quoi qu’il en soit, on est très, très, très loin d’une Agatha Raisin par exemple !

    S’il faut comparer à un personnage emblématique d’une littérature légère mais agréable, alors on serait plutôt du côté de chez Bridget Jones… mais en version encore plus décérébrée que l’originale (si seulement c’est possible ! je précise pourtant : j’ai beaucoup apprécié le roman de Helen Fielding lorsque je l’ai découvert il y a une vingtaine d’années, peu après sa sortie en français), d’ailleurs Camille ressemble furieusement à Bridget : journaliste sans envergure, gaffeuse au possible, et qui répète à l’envi qu’elle ne s’intéresse à rien – ni à la philosophie comme son futur beau-père, ni à l’histoire comme sa future belle-mère, ni à la politique comme son compagnon, ni aux mathématiques ou aux sciences auxquelles elle ne comprenait rien à l’école dit-elle elle-même.
    Mais alors, dites-moi, elle s’intéresse à quoi, cette journaliste ? et de quoi peut-elle bien parler dans ses articles ?? de ses romans peut-être ? car là, ouf, on est presque sauvés : au moins elle lit !

    Cela dit, même si Bridget était un personnage ultra-stéréotypé, elle avait quelque chose d’infiniment crédible et attachant… ce qui n’est hélas pas le cas de Camille ! Elle est présentée comme une jeune quadragénaire, mais agit en permanence comme une ado à peine pubère. Elle se montre énamourée comme une gamine de son homme parfait (alors qu’ils sont quand même à 8 mois de relation ; certes c’est beau l’amouuuuuuuuur ! mais là on est dans l’adoration gnangnan, qui dès lors ne parvient pas à émouvoir d’une quelconque façon), ou bien surexcitée face à une ex qui s’avère une vraie peste… mais soyons sérieux : ma fille de pas tout à fait 13 ans utilise le mot « peste » à tort et à travers pour désigner les filles qui ne lui plaisent pas pour telle ou telle raison… mais à 40 ans, ça devient du domaine de l’ado attardée, et si après 8 mois de relation stable (ce qui semble être le cas) avec un homme merveilleux, on craint encore une ex certes entreprenante mais à moitié hystérique, au point de l’attaquer physiquement pour quelques mots malencontreux, alors il y a un problème…

    Est-ce de l’humour ? c’est en tout cas un autre argument de vente de ce livre. Eh bien, il faut croire que j’y suis peu sensible ! Certes, je reconnais que la plume est légère et ultra-fluide, et on se prend à sourire à plus d’une reprise – si on fait fi de toutes les invraisemblances relevées plus haut. Si cet humour, par ailleurs, a le mérite de ne pas se moquer des autres quels qu’ils soient (contrairement à plusieurs de mes lectures précédentes, ce qui m’irrite toujours beaucoup), mais au contraire brandit une espèce d’autodérision qui ne manque pas d’une certaine saveur, il est aussi carrément au ras de pâquerettes : c’est de l’humour « tarte à la crème », sans aucune subtilité, mais à tel point que même un Louis de Funès ultra-agité paraîtrait un enfant sage en comparaison…
    Je conçois que ça puisse plaire à certains, à beaucoup peut-être même si on considère la note globale qu’a obtenue ce livre sur les différentes plateformes de vente ou de lecteurs… mais il faut croire alors que je ne suis pas dans la bonne disposition d’esprit actuellement (et peut-être n’y serai-je jamais ?), et sans cette écriture que je reconnais agréable, je n’aurais peut-être pas été jusqu’au bout.

    Bref, au vu du succès qu’a remporté ce livre malgré tout, je pense qu’il peut trouver son public, mais clairement je suis passée à côté. Je retiens toutefois que sa couverture est vraiment sympathique, et la plume légère et ultra-fluide est agréable. Mais il faut oublier l’idée de trouver un cosy mystery humoristique, et se préparer à lire une chick-lit déjantée façon tarte à la crème – si j’avais su, alors la déception aurait peut-être été moins grande pour moi, en tout cas !