Le piègePierre Gicquel1975

Le sergent pénétra en trombe dans la paillote, puis s'arrêta, totalement médusé par le spectacle qui s'offrait à lui : le caporal Bou-lingue, bras étendus, imitait le ronflement d'un hélicoptère au-dessus du blessé.
- Tu es fou ou quoi ? demanda-t-il.
Boulingue tourna légèrement la tête.
- Chut ! fit-il.
- Vas-tu m'expliquer ce que cette connerie signifie ?
- Roââârrr, bzzzz I continuait le gorille en balançant doucement son buste, il croit que c'est l'hélicoptère qui arrive pour l'évacuer.
Batice ne tarda pas à s'apercevoir que personne ne pouvait rien pour le radio.
- Tu peux cesser tes singeries, il est mort.
- Vous êtes sûr ?
- Tout ce qu'il y a de plus sûr.
- II était temps, je commençais à le trou-ver idiot.
- Ah ! soupira Batice avec indifférence. Cette attitude eut le don d'énerver Boulingue.
- Vous êtes un homme sans cœur, déclara-t-il.
- Il va falloir l'enterrer, dit pensivement le sergent, tu vas t'en charger.
- Non, refusa le caporal, avant de clamecer, il m'a fait jurer de ne pas l'enterrer dans la rizière.
- Nom de Dieu ! éclata Batice. Si tu veux transporter ce cadavre sur ton dos, tu es libre.


Source : Gerfaut