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Go ! C’est parti. Tout commence plutôt bien. Ils sont trois : lui qui conduit, elle qui patiente, et le (ou la) troisième, qui mûrit sagement en elle, à deux doigts d’éclore. Puis survient le bruit. À l’avant, comme tous les bruits. Il s’en soucie. On le rassure. Mais le bruit persiste, s’infiltre en lui. C’est lui le bruit, un bruit dans le grand moteur de l’humanité, une distorsion dans le grand son global. Alors, brusque, il s’y met, il court, sur l’autoroute du week-end, il court à contre-bruit, à perdre haleine, pour se libérer, le lâcher, le dissoudre. Et tous courent avec lui, une meute haletante de sprinters moites qui fraternellement le talonne, marathonne au coude à coude ; et tout en lui remonte, père, élans, mots, images. La course lui monte à la tête, comme l’alcool lui submerge le cœur, à grandes foulées, à belles goulées, il court cul sec, enquille les mètres, les kilomètres au grand comptoir bitumé de l’autostrade intérieure. Jusqu’à la ligne ultime. Court jusqu’à la lie. Là, s’arrête, souffle. Puis repart, purgé, léger, l’âme recarrossée. Go ! C’est reparti ! Vrai derviche-sprinter, Jacques Gamblin avale la voie intérieure en un monologue sans frein, en roue libre, la seule vraie. Entre Courir et voler il n'y a qu'un pas papa a reçu le Grand Prix de Littérature sportive, remis par l'Association des Écrivains sportifs (le premier lauréat fut Frison-Roche en 1943 pour Premier de cordée) et a également été adapté au théâtre par l'auteur seul sur scène.