La grande débâcle de la collaboration
Philippe Bourdrel2006

Des dernières exactions de la Milice, de la Gestapo française et des divers groupes collabos aux procès devant la Haute Cour de justice, en passant par les exécutions sommaires à la Libération, Philippe Bourdrel narre avec talent et minutie quelques-unes des pages les plus noires et sanglantes de la France du siècle passé. Le regard froid de l'historien ne nous épargne rien, sans en rajouter toutefois dans l'indignation. Les faits se suffisent à eux-mêmes. Accablants pour la plupart de ces hommes qui, par idéologie, opportunisme ou intérêt, se sont fourvoyés dans la voie de la collaboration la plus abjecte. L'auteur n'est pas tendre non plus pour les résistants de la vingt-cinquième heure, car la justice des vainqueurs est rarement la Justice. Historien et éditeur, Philippe Bourdrel est l'auteur, entre autres ouvrages, de La Cagoule, 30 ans de complot (Albin Michel), Histoire des Juifs de France (Albin Michel), L'Épuration sauvage (Perrin). Extrait du livre : «DEBOUT, ET NOUS SAUVERONS LE PAYS !» La Milice aux Glières C'est également en mars 1944 que se produit l'un des drames les plus lamentables des quatre années de l'Occupation. À moins de trois mois du débarquement et des premiers jours de la Libération, la Milice de Joseph Darnand s'associe aux troupes allemandes pour lancer l'assaut des maquisards retranchés au plateau des Glières, dans le massif du Petit-Bornand, en Haute-Savoie. Cette collaboration militaire franco-allemande contre des Français est un événement que l'on salue dans les milieux de la Wehrmacht. La Résistance en Haute-Savoie, on la doit pour une grande partie à des anciens du 27e bataillon de chasseurs alpins que le commandant Vallette d'Osia a regroupés sous l'égide de l'Armée secrète après la dissolution de l'armée d'armistice. Quelque 250 hommes en tout, mais un peu plus de la moitié seulement sont correctement équipés. Les premiers maquis où les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) tiennent également leur place, vont progressivement s'enrichir de l'apport des réfractaires au Service du travail obligatoire. Nombre d'entre eux, qui viennent de plusieurs régions, débarquent à la gare de Saint-Pierre-de-Romilly avant d'être transférés au camp de triage que l'Armée secrète a établi à la montagne de Domptaz. Vallette d'Osia est arrêté en septembre 1943 par la Gestapo ; il échappe à l'attention des deux gardiens qui l'accompagnent en brisant avec ses menottes la vitre du compartiment du train qui vient de s'ébranler, saute, se retrouve, fort commotionné, sur un talus, et disparaît. Pas pour tout le monde, puisqu'on le retrouve à Londres où il explique la nécessité de soutenir, par des parachutages d'armes, le maquis des Glières, désormais sous le commandement du capitaine Romans-Petit, chef des maquis de l'Ain. Londres accepte, mais sous réserve que les maquisards dispersés en Haute-Savoie soient regroupés en un point unique, facile à ravitailler. Ce sera le plateau des Glières. Le parachutage le plus important aura lieu le 11 mars 1944.