Moi, le suprême
Augusto Roa Bastos1974

Découvert à la fin du XVe siècle par le navigateur vénitien Sébastien Cabot (1477-1557), le Paraguay est un pays d'Amérique du Sud enclavé entre le Brésil, la Bolivie et la République Argentine. Colonisé par les Espagnols sous la direction des jésuites, il dépendait de la vice-royauté du Pérou. Après l'expulsion des jésuites en 1767, il fut rattaché à la vice-royauté du Rio de la Plata. Le dictateur José Gaspar de Francia (1766-1840) en, a fait un Etat indépendant en 1811, un Etat qui a dû lutter par la suite pour s'affirmer contre ses voisins (18651870) et garantir sa possession du Chaco que lui disputait la Bolivie (1932-1936).

C'est le personnage de Francia qu'Augusto Roa Bastos met en scène dans Moi, le Suprême. Francia, homme de progrès nourri des idées inspiratrices de la Révolution française, haï de l'aristocratie _terrienne matée par lui, dicte ses mémoires et commente son oeuvre et son règne dans un prodigieux discours où il tempête, ironise, déclame, avec force jeux de mots, exclamations, digressions - et au fil ,de ces pages bouillonnantes où s'insèrent des passages empruntés aux ennemis du dictateur, c'est un fragment d'histoire de l'Amérique latine qui surgit en filigrane. Avec ce roman, Augusto Bastos s'impose comme un des grands écrivains latino-américains du XXe siècle.

Titre original : Yo, el Supremo (1974)