La petite gare qui avait enfin trouvé sa voie
Thomas Vilcot2022

D’humeur joyeuse, la gare de l’ouest sentait bon les grandes vacances.

Elle enjambait volontiers les jours de la semaine, pour se précipiter avec entrain sur les départs du week-end, et nous inviter au voyage.

Les grandes lignes qu’elle traçait pour nous ne manquaient jamais de panache. Chaque arrivée précédait un nouveau départ, sous les yeux amusés du temps, qui regardait la vie passer.

Cette gare devait son sacré caractère aux vents qui soufflaient plein ouest. Elle défiait du regard les récifs de la côte et les humeurs de l’océan, qu’on devinait tout là-bas, au bout de ses quais. Les pieds dans l’eau, elle contemplait la course du soleil et celle des voyageurs pressés.

La gare de l’ouest n’était que rencontres : celle de Loïk et de la petite Camille, que tout opposait pourtant, celle de Lulu et de sa nouvelle vie, qui n’attendait plus qu’elle. Il y avait aussi Hortense, Hugo, Léon et tous les autres.

Ils faisaient de cette petite gare ce qu’elle était. Elle qui n’avait pas sa langue dans sa poche.

Au fil du temps, elle s’était prise d’affection pour tous les couples qui aimaient s’y retrouver. Passionnée, elle se nourrissait aussi des rires des enfants et des sourires de grand-papy. Elle croquait la vie à pleine dents : celle des habitués, comme celle de ceux qui ne croiseraient qu’une fois son chemin.

Aujourd’hui, à son tour, elle avait décidé de donner de la voie, de prendre enfin les choses en mains. Parce que même les gares avaient le droit de croire en leurs rêves, et, surtout, de rêver plus grand.

Et cette drôle de gare avait plus d’un tour dans son sac de voyage…

Prenez garde à la fermeture des portes, attention au départ !