Alexandrine : La Défroquée
Madeleine Mansiet-Berthaud2012

Alexandrine de Tencin, qui vit le jour à Grenoble en 1682, semblait avoir son avenir tout tracé. Son frère aîné hériterait de la fortune de leurs parents tandis que ses deux soeurs et son plus jeune frère seraient élevés comme elle, dans un couvent. Ainsi son destin fut-il scellé lorsqu’à l’âge de 16 ans son père la contraignit à prendre le voile. Tantôt malade des drogues qu’elle ingérait pour supporter sa condition ou attirer sur elle la compassion, tantôt révoltée par une telle injustice, la jeune fille privée de liberté et surtout du droit de choisir sa vie, devint sombre et calculatrice. Intelligente, habile à dissimuler ses sentiments, dans l’ombre elle préparait sa revanche et apprenait à intriguer. Renoncer au monde et à ses plaisirs? Jamais! Son ambition était trop grande de s’y faire un nom, une place, de briller dans les salons. Mais il lui fallait quitter cet habit de nonne pour triompher de la cruauté des hommes, de leur pouvoir d’asservissement sur les faibles. Le jour vint où elle fut rendue à la vie civile et son entrée dans le monde fut fracassante ! Tout ce qu'elle n'avait pas connu entre les murs du couvent, elle allait le vivre, intensément! La politique, l'ambitieuse la faisait sur l'oreiller. Dans un luxe de débauches, elle intriguait pour arracher aux hommes leurs secrets. Sous une douceur apparente elle allait ourdir les plus sordides complots. La politique et l'amour étaient devenues ses deux passions, l'une servant l'autre. Ainsi travaillait-elle sans relâche à l'ascension de son frère dans la hiérarchie ecclésiastique.
Et pour tous, Madame de Tencin demeurait " La Défroquée ".