Le talent
Eline Weg2025

Alice Dumoulin grandit dans l’ombre de son père Arnaud, écrivain célèbre, mais distant et méprisant. Dès l’enfance, elle tente de gagner son amour en imitant ses écrits. Rejetée, elle développe une passion contrariée pour l’écriture, hantée par le doute, l’illégitimité et le besoin maladif de reconnaissance.
À la mort de son père, elle hérite d’un objet étrange : un stylo ancien, que l’on dit transmis de génération en génération. En l’utilisant, Alice découvre qu’il libère en elle une écriture fulgurante, intuitive, presque médiumnique. Mais chaque séance la laisse épuisée, en proie à des visions et à une perte progressive de mémoire et d’identité. Les manuscrits qu’elle rédige connaissent un succès foudroyant. Mais très vite, elle sent que les mots ne viennent pas d’elle, que le stylo «?écrit à sa place?».
À mesure qu’elle s’abandonne à cette force obscure, Alice s’isole, son esprit se dégrade, et son entourage s’inquiète. Le stylo l’obsède, jusqu’à la posséder. Elle tente de s’en débarrasser, sans succès. L’objet semble porter une malédiction familiale : plusieurs membres de sa lignée ont disparu dans des circonstances similaires. Alice réalise qu’elle n’est pas la seule à avoir été dévorée par ce «?talent?» transmis, imposé, ou parasité.
Son imposture attire l’attention d’Aurore Euflix, romancière influente et jalouse du talent d’Alice. Aurore découvre des originaux manuscrits dans le bureau d’Alice, et menace de révéler au monde qu’elle n’a jamais réellement écrit ses livres. Alice tente de l’en dissuader, allant jusqu’à l’affronter avec une arme. En vain. Acculée, elle livre à Aurore l’identité d’un prétendu «?nègre?», Antoine Derepierre, avant de rédiger dans l’ombre sa propre confession.
Condamnée par la maladie, Alice choisit de se suicider après avoir envoyé son récit aux éditions Les Pages blanches, sous un pseudonyme, et offert le stylo à Aurore dans une mise en scène vengeresse. À la conférence de presse prévue pour dénoncer Alice, Aurore renonce étrangement à ses accusations et loue le génie de la défunte. Le piège a fonctionné.
Mais la véritable fin se joue ailleurs. Seule chez elle, Aurore essaie d’écrire. Le stylo ne répond pas. Aurore sombre à son tour dans la frustration, l’isolement, la maladie. Un jour, elle tombe sur un livre publié anonymement : Le Talent Maudit. Une histoire glaçante qu’elle reconnaît.
Dans une scène finale, l’étui à lunettes contenant le stylo atterrit par hasard dans un centre de tri, entre les mains d’une employée des ordures. Elle envisage de l’offrir à sa fille… qui rêve de devenir écrivaine.
Le cycle est-il enfin brisé, ou sur le point de recommencer??