Une théorie féministe de la violenceFrançoise Vergès2020

Synopsis

De nos jours, dans notre Occident moderne et progressiste, il est difficile d'imaginer de politique publique qui ne fasse mention des droits des femmes. Selon un retournement particulièrement cruel, les gouvernements n'en retiennent que l'aspect le plus franchement répressif, à savoir la lutte contre les violences faites aux femmes. Dans ce livre, et après avoir signé un pamphlet pour un féminisme décolonial, Françoise Vergès propose de prendre à bras-le-corps ce pont aux ânes des violences.
Elle propose de retourner la question : qui produit la violence ? Quelques hommes violents et délinquants sexuels, qui sont d'autant plus exposés à la vindicte publique qu'ils sont noirs, arabes ou musulmans ? Ou est-ce avant tout l'Etat, son armée, sa police, ses prisons, ses appareils idéologiques ? Dit comme cela, la réponse semble s'imposer, pour autant qu'on s'inscrit dans la politique d'émancipation.
Il est beaucoup plus difficile de tirer toutes les conséquences de ce principe louable : accuser l'Etat et le système d'abord. On sera vite tenté de s'arrêter en chemin par un " je sais bien, mais quand même " : comment protéger les victimes ? Que faire des agresseurs si l'on s'attaque à la police et aux prisons ? L'urgence n'est-elle pas d'abord d'enregistrer les plaintes pour viol, ou d'empêcher un homme de tuer sa femme en imposant l'éloignement de l'agresseur ? Et pourtant, Vergès montre qu'il est plutôt urgent de dissocier la protection et la violence de l'Etat.
C'est pourquoi il s'agit de commencer par montrer combien la soi-disant protection de l'Etat est elle-même partie prenante de la spirale de la violence qu'il s'agit d'enrayer. Cette folle mécanique, c'est la production de masculinités toxiques par la prison ; c'est la persécution des hommes racisés et la violence en retour qui s'abat sur les femmes racisées ; c'est la guerre civile préventive dans les quartiers populaires et la guerre civile tout court dans le Sud global ; c'est la destruction des familles populaires et racisées sous les coups de boutoir du néolibéralisme et du racisme.
Dans ce contexte, une politique de la prévention est à penser à travers le démantèlement de ces structures, à travers une autre idée de la justice (plutôt réparatrice que punitive), à travers la reconnaissance des mères prolétaires et racisées comme sujet féministe, à travers une politique de paix civile.

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2 éditions pour ce livre

2020 Editions La Fabrique

185 pages

6 novembre 2020

ISBN : 2358722049

2020 Editions La Fabrique

185 pages

Format : ePub

ISBN : 9782358722315

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2 commentaires

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  • avatar Anaïs DF
    18 / 20 Le 09 Août 2022 à 13:07 Anaïs DF

    Un essai critique du féminisme carcéral et punitif grandissant dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que des politiques de protection, qui interroge sur les racines de la violence et comment mener une lutte féministe intersectionnelle et antiraciste. Quel plaisir de lire un essai à contre-courant des analyses actuelles qui promeuvent le recours à une justice patriarcale!

  • avatar evey_trinity
    17 / 20 Le 30 Avril 2021 à 11:24 evey_trinity

    Très dense et complexe, c'est un livre qui fait réfléchir et qui appelle à la nuance, dans cet océan d'essais feministes tranchés. A lire.

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