Défense à Dieu d'entrerDidier Long2005

À quatorze ans, Didier Long entre à l'École technique privée Michelin, autrement dit dans le saint des saints de l'industrie française, pour y passer un bac technique. Son avenir est tout tracé : il sera un bib, comme son ingénieur de père. « Le capitalisme à la papa me sauvait des mobylettes volées, des mauvais coups à répétition, des copains de la cité, de la brigade des mineurs chez qui mon père avait dû aller témoigner toute honte bue, lui le bib honnête, de ma pseudo-innocence. » Rangé des mobylettes, il découvre la vie d'atelier, la musique et l'amour, est quitté par son premier flirt et tente de mettre fin à ses jours. Sa tentative de suicide lui fait rencontrer Dieu : « ce qui m'avait fasciné dans l'Évangile, c'était le christianisme des premiers temps : l'histoire de ces pauvres gars suivant un improbable rabbin sur les routes poussiéreuses de Galilée, au milieu des éclopés, des pauvres, des malades, des anciens collabos et des timbrés que Jésus guérit. » Son baccalauréat en poche, il quitte Michelin pour le Foyer de jeunes travailleurs de Thiers dans l'objectif de décrocher un BTS. Sa foi se renforce au contact de la « France profonde » : il sera moine. Accepté au monastère de la Pierre-qui-Vire, il quitte les siens, devient frère Marc, s'habitue « à ces coutumes et à ces gestes ritualisés si étranges aux gens du monde » et entre dans dix ans de silence et de solitude. Il n'en sortira que pour l'amour d'une femme, une journaliste rencontrée à l'occasion d'un reportage sur le monastère… Audacieux témoignage sur une existence hors normes, le récit de Didier Long est d'une grande sincérité.