Augustine Rouvière, cévenole
Raymonde Anna Rey1977

Voici livrées en un peu plus de deux cents pages toutes les clés d’une mystérieuse et fascinante contrée. L’héroïne nous amène aux rivages du temps présent ; une fois arrivés à l’étape de ce pathétique voyage nous aurons saisi l’essentiel de la saga cévenole, l’essence de son histoire…et la fragilité de son devenir.
A Sainte-Croix, en Vallée Française, nous sommes au cœur du pays camisard. La montagne résonne encore du sacrifice des ancêtres, mais, malgré le lourd tribut payé à la Cause, demeure protestante. C’est cette foi qui lui a permis de résister – mot clé en cette région – aux plus dures épreuves car elle n’est pas qu’une simple adhésion à un dogme, elle est « la poésie de l’expérience humaine, la philosophie de l’histoire de sa vie » (Stevenson).
Une vie immense de simplicité, de dignité. Cévenole. Cette vie c’est celle d’Augustine Rouvière dans ce qu’elle nomme « le pays de l’harmonie ». Il a pourtant fallu un acharnement séculaire pour s’implanter et se maintenir sous cet horizon de moyenne montagne et de « quartiers » découpés à la serpe dans les flans pentus du serre.
Aujourd’hui la vallée, à l’image de sa filature et d’une éphémère prospérité, paraît s’être engourdie d’un irréversible sommeil. Les sirènes et les secousses du monde moderne ont mis à mal un précaire équilibre, celui d’une austérité, d’une pauvreté, partagées par ‘l’ensemble de ses habitants . Cévennes des résidences secondaires : les vomissures terreuses des faïsses éventrées symbolisent un abandon souligné par des façades muettes dix mois sur douze. Le drame de la montagne cévenole et la vie d’Augustine se superposent… Jacques Cabanne