Le capitaine
Michel Carnal1967

Synopsis

Moyenne

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MOYEN

Ça m’avait quand même laissé un brin préoccupé cet entretien avec Girard. Ce qui se tramait au Service 7, ce n’était pas tellement dans mes cordes et je n’aimais pas beaucoup « travailler » les compatriotes. Mais voilà, dans l’existence on ne fait pas toujours exactement ce que l’on veut. Le tout était de le faire le moins mal possible.

Il n’empêche que je ne me sentais guère à l’aise dans cette affaire. J’avais l’impression d’y être un peu comme un intrus auquel on a cru bon de donner tous les mots de passe. Cela me gênait.

C’est pourquoi j’étais plutôt morose sur mon petit balcon sans avoir rien d’autre à faire que de fumer, de regarder le Nil et d’attendre l’heure du dîner.

Mais le tabac était âcre, le fleuve boueux et les rumeurs de la ville qui montaient vers moi comme le bruissement d’une mer avaient quelque chose d’équivoque et d’hostile.
Pourtant, d’ordinaire, c’était le meilleur moment, au Caire, les débuts de soirée. Le soleil disparu, la fraîcheur venait et la pénombre rendait au paysage un peu de son romantisme. Pour un rien on pouvait se croire ailleurs…

Je n’allais pas tarder à y être, au fait, puisque j’embarquais pour le Yémen, l’ex Arabie-Heureuse, le surlendemain, après tout.

J’ai jeté mon mégot par-dessus la barre d’appui. Au-dessus de moi, les milans planaient dans le ciel vert. Si je pensais à la petite baronne, je n’y pensais pas suffisamment pour avoir envie de lui téléphoner.

Elle vint très tard à la salle à manger alors que les dîneurs, peu nombreux d’ailleurs, commençaient à quitter leurs tables.

J’avais expédié ma poularde demi-deuil, ma salade forestière et mon délice Saint-Hubert à ma place habituelle le long d’un mur où évoluaient des danseuses gentiment impubères. Près de moi un couple d’Egyptien – lui bedonnant et lunettes fumées, elle vieillissante et endiamantée, - dévoraient des baklavas sans échanger un mot. Plus loin un nègre fumait un cigare aussi bagué que ses doigts gras. Sur l’estrade de l’orchestre les pupitres dormaient sous leurs housses. Ce n’était pas très gai, mais je ne connais pas de palaces qui le soient davantage.

1 édition pour ce livre

1967 Editions Fleuve (Noir - Espionnage)

Française Langue française | 217 pages | ISBN : 9782265134065

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1 chronique de blogueurs

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1 commentaire

  • ellalecrivain Le 21 Novembre 2019 à 22:35
    Moins de 300 pages mais j'ai mis du temps à le lire. Il m'a manqué de l'action, des rebondissements (il n'y a que 4 temps forts dans ce récit). Je n'ai pas réellement saisi où l'auteur voulait en venir avec cette histoire surtout avec cette fin triste. Un peu déçue de ma lecture, je m'attendais à un super moment

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