Marie-Madeleine Mercier, nourrice de Louis XV
Odile Caffin-Carcy2002

Versailles, 15 février 1710 : « C'est un prince », annonce le chirurgien Clément à Louis XIV qui, comme toute la Cour, a assisté à l'accouchement de la duchesse de Bourgogne.
De ce jour, commence la carrière de Marie-Madeleine Mercier, d'emblée soumise aux contraintes rigoureuses de sa charge : interdiction de voir son mari pendant deux ans, obligation de conserver sa santé et de protéger celle du petit duc d'Anjou, orphelin après la mort - que d'aucuns prétendent suspecte - de ses parents et de son frère aîné. En décrivant la vie quotidienne de Mme Mercier, l'auteur nous apporte nombre d'informations sur les usages du temps - mesures d'hygiène et pratiques médicales parfois étonnantes, présence du père à l'accouchement, changement de couches en public, ou « remuer », vie monacale dans l'« hôtel des nourrices ». Les compensations sont à proportion de la charge : louis d'or et bijoux à la percée de la première dent, don du mobilier et de la layette de k'enfant à son sevrage, titre de femme de chambre du prince jusqu'à son passage « aux hommes » à l'âge de sept ans.
L'histoire de la nourrice de Louis XV est aussi celle d'une ascension sociale exceptionnelle puisque Marie-Madeleine devient première femme de chambre de Marie Leszczynska, reine de France par son mariage avec Louis XV en 1725, tandis que M. Mercier reçoit pour sa part la charge de contrôleur de la Maison de la Reine.
Du confinement de l'appartement des Enfants de France jusqu'à l'appartement de la reine - centre d'intrigues -, Odile Caffin-Carcy nous introduit dans les lieux privilégiés de Versailles, donne à comprendre les moments les plus intimes de l'éducation des princes et porte sur certains aspects méconnus de la Cour des éclairages inédits.